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QUAND on apprit à Bagatelle « l’affaire » de Fort Sumter, ni Virginie ni Clarence ne se réjouirent, au contraire de beaucoup de Sudistes qui, puérilement, voyaient dans cette action une victoire de nature à impressionner les Nordistes. Elle ne fit que susciter leur colère et, tandis que l’Arkansas, la Caroline du Nord, la Virginie et le Tennessee rejoignaient la Confédération, le gouvernement fédéral appelait sous les armes les soixante-quinze mille miliciens qu’il pouvait armer. Aussitôt, six mille Sudistes se mirent en marche vers Washington, que seul le Potomac séparait de la Virginie désormais ralliée au camp sudiste. Envoyé sur le point menacé, un régiment fédéral du Massachusetts fut accueilli à coups de pierre par les habitants de Baltimore. Les armes à nouveau parlèrent. Cette fois-ci, douze morts restèrent sur le pavé. Le sang de ces inconnus, apposé comme un cachet rouge au bas de la liste des États séparés, rendait vaine toute espérance de conciliation.

C’était la guerre.

Tandis que, dans une euphorie puérile, les volontaires couraient s’enrôler à La Nouvelle-Orléans, on vit arriver à Pointe-Coupee le lieutenant-colonel Tampleton. Comme la grande majorité des officiers de l’armée régulière originaires du Sud, il venait d’adresser sa démission au ministre de la Guerre, suivant en cela l’exemple du colonel Robert E. Lee, dont le général Scott, chef de l’armée fédérale, avait pensé faire son successeur. Willy, courroucé comme quelqu’un qui a dû, pour l’honneur de sa caste, rompre un serment devenu équivoque, avait usé du même argument pour expliquer sa décision que la plupart de ses camarades, en s’inspirant d’une phrase de Robert E. Lee : « Malgré ma dévotion à l’Union, malgré le sentiment de loyalisme et de devoir que j’éprouve comme citoyen américain, disait cet officier, je n’ai pas été capable de me résoudre à lever la main contre mes proches, mes enfants, mon foyer. »

Avant d’aller se présenter au général Beauregard, chef de l’armée sudiste, Willy Tampleton se fit tailler un uniforme destiné à remplacer celui qu’il abandonnait. De bleu, le dolman de Willy devint gris, mais conserva au col les deux feuilles d’érable en argent, insignes de son grade. Pour cet homme qui comptait bien rejoindre au plus tôt le colonel John Impleton Mosby, de la cavalerie confédérée, la guerre ne pouvait être que de courte durée.

« Nous allons donner une bonne leçon aux Nordistes, afin qu’ils apprennent à respecter une frontière, et puis nous reviendrons ! »

Cet optimisme, à ses yeux justifié par la panique qui, disait-on, régnait à Washington, ne convainquit pas Clarence. Certes le Sud possédait les meilleurs West Pointers, les meilleurs cavaliers, les volontaires les plus enthousiastes, mais les usines, les fabriques d’armes et les munitions étaient au Nord et, si les Fédéraux réussissaient à bloquer les ports sudistes, comment s’approvisionnerait-on ?

Déjà, le 27 mai, six navires de guerre de l’Union s’étaient présentés à l’embouchure du Mississippi. Le Brooklyn fermait la « passe à loutres » et le Powhatan la passe sud-ouest. La Sabine, le Wyandot, le Crusader et le Waterwich montaient la garde devant Fort Pickens, toujours aux mains des Fédéraux. Ils obligeaient tous les bateaux étrangers à rebrousser chemin. Le gouvernement confédéré invitait bien les armateurs et les capitaines sudistes à prendre des lettres de marque pour jouer les corsaires, mais le commerce de La Nouvelle-Orléans se ressentait déjà du blocus, que Lincoln voulait rendre efficace et paralysant. Revenu de la surprise et de l’indignation provoquées par la prise de Fort Sumter, le Nord, méthodiquement, s’organisait pour la guerre et le New York Tribune écrivait, pour mettre en garde, semble-t-il, les pays étrangers que le libre-échange sudiste pouvait séduire : « Les nations d’Europe peuvent être assurées que Jeff Davis et compagnie se balanceront aux créneaux de Washington au plus tard le 4 juillet ! »

Ces menaces, ces rodomontades de journalistes, amusaient beaucoup les planteurs et leurs amis. Chaque jour, des fils de nobliaux du coton ayant pourvu eux-mêmes aux frais de leur équipement et montant leur meilleur cheval rejoignaient la cavalerie confédérée. La plupart de ces jeunes gens, excellents cavaliers, aussi habiles à manier le fusil de chasse que l’épée, s’en allaient, applaudis par les jeunes filles, encouragés par leur propre mère, comme si la guerre eût été un grand bal qu’il ne fallait pas manquer. La plupart d’entre eux emmenaient leur valet noir, promu ordonnance, afin que soient épargnées à cette graine d’officiers les besognes les plus rebutantes du soldat.

D’Artagnan partant pour Maastricht ne devait pas être plus fier que Tampleton le jour où il vint faire ses adieux à Virginie. Cette dernière glissa dans les fontes de la selle de Willy quelques bouteilles de son porto préféré et lui remit une écharpe de soie jaune, qu’il noua à la poignée de son sabre, comme un chevalier les couleurs de sa dame.

« Ça ne vous dit rien, Dandrige, de m’accompagner pour tirer quelques Yankees comme vous tirez les daims ? demanda Willy en quittant Bagatelle.

— Que deviendrait la plantation sans Clarence ? fit Virginie, répondant avant l’interpellé.

— C’est juste, observa le lieutenant-colonel, et qui veillerait sur vous ? »

Clarence crut percevoir un peu de persiflage dans cette phrase, mais il se tut. Ce jour appartenait aux héros du Sud partant pour la bataille… Il n’allait pas entamer une discussion avec l’homme qui avait conquis ses galons en pourchassant les Indiens !

Dès lors, à Bagatelle comme ailleurs, on s’installa dans la guerre. Grâce au télégraphe électrique et aux journaux, qui avaient tous délégué des rédacteurs à l’état-major de Richmond et dans les corps d’armée, les nouvelles arrivaient vite. Par contre, le service postal fédéral était interrompu et toutes les lettres venant d’Europe par le Nord et destinées au Sud s’entassaient à Washington, au service des rebuts. Quand on sut que le gouvernement de Napoléon III exigeait que tous les Français résidant à La Nouvelle-Orléans observent la plus stricte neutralité dans le conflit, Virginie se félicita que son mari soit au Mexique, occupé à d’autres tâches. Elle le savait à l’abri d’un cas de conscience qu’il n’eût pas manqué de se poser, surtout depuis que le prince Camille de Polignac avait rejoint les rangs sudistes tandis que les exilés, opposants du Second Empire, comme le prince de Joinville, le duc de Penthièvre, le duc de Chartres, le comte de Paris et le comte Régis de Trobriand{67}, rejoignaient ceux du Nord.

Après de brefs combats à Saint-Louis, lors de la capture par les Fédéraux d’une petite unité sudiste, la première vraie bataille fut livrée sur un cours d’eau appelé Bull Run, en Virginie, entre l’armée du Nord commandée par le général McDowell et celle du Sud emmenée par les généraux Beauregard et Johnston. Ce jour-là il y eut 481 tués, 1 011 blessés et 1 460 disparus. Ce fut une éclatante victoire pour le Sud et qui fit tout de suite bien augurer de la suite de la guerre. Le président Jefferson Davis, venu par chemin de fer de Richmond, était présent sur le front.

Cet échec, cuisant pour le Nord, incita aussitôt Lincoln à remplacer McDowell par McClellan et à autoriser le recrutement de 500 000 volontaires.

Le 10 août, à Wilson’s Creek, et le 21 octobre, à Ball’s Bluff, les Fédéraux recevaient encore deux leçons sanglantes, ce qui provoquait à Washington la création d’un comité fédéral, chargé d’enquêter sur « l’inactivité des armées de l’Union et des défaites trop nombreuses ».

Le Sud, bien sûr, pavoisait. Si les soldats de Beauregard manquaient d’équipement, des goélettes venant de Cuba, d’Europe et des Antilles commençaient à en apporter. Elles débarquaient leurs cargaisons dans la baie de Berwick, à Bayou Vista, forçant ainsi le blocus. Cependant, comme celui-ci handicapait sérieusement le commerce Orléanais, une expédition fut montée, au cours de la nuit du 11 au 12 octobre 1861, contre les navires fédéraux qui, à cause du mauvais temps, avaient dû repasser la barre à l’embouchure du Mississippi. On vit donc appareiller, à la nuit tombée, une escadre hétéroclite. Huit brûlots remorqués par un vieux rafiot, le Tug, descendirent le fleuve, précédant des bateaux armés, pour la circonstance, de quelques canons empruntés aux forts. Le Watson, le Calhoun, le MacRaë, l’Ivy, le Jackson et le Tuscarora encadraient un étrange bâtiment dont la forme générale rappelait celle d’une carapace de tortue. Pourvu d’une seule et forte cheminée plantée comme un arbre au milieu du dôme de fer qui tenait lieu de pont, ce dernier était capable de se propulser à treize nœuds. Baptisée Manassas, du nom d’une des récentes victoires sudistes, cette carcasse d’un ancien remorqueur avait été complètement fermée et blindée par des plaques de fer. Sous cette carapace, hommes et machines se trouvaient à l’abri. Le « cuirassé », pourvu d’un éperon de fer comme un espadon, était monté par des volontaires bien décidés, sous les ordres du commodore Hollins, chef de l’escadre improvisée, à attaquer les navires yankees. Ces derniers : Richmond, quatorze canons ; Prebel, quatorze canons ; Vincennes, dix-huit canons ; Waterwich, trois canons, virent venir sans crainte, à l’aube naissante, les unités adverses. Les marins de l’Union comprirent vite cependant qu’un danger sérieux les menaçait. L’engagement fut bref et confus, mais la victoire navale revint aux Sudistes.

Tandis que les frégates nordistes fuyaient devant les brûlots, le Manassas éperonnait le Prebel et le coulait après avoir ouvert dans son flanc une voie d’eau de vingt pieds de long. Un transport de troupes, atteint par un obus, subissait le même sort. Les Fédéraux choisirent de s’éloigner de l’embouchure. Sans s’en douter, les Orléanais venaient, pour la première fois dans l’histoire navale, d’utiliser un cuirassé. Le résultat paraissait fameux. Un officier de marine français, M. Ribour, commandant le Lavoisier, qui avait assisté au départ des bateaux et qui vit revenir à La Nouvelle-Orléans le Manassas l’éperon tordu mais victorieux, observa que cette « tortue » de fer ressemblait étrangement au navire de guerre conçu et dessiné par l’empereur Napoléon III lui-même !

Accueillis à La Nouvelle-Orléans comme s’ils étaient les vainqueurs de Trafalgar, les vaillants marins du cuirassé bricolé furent fêtés par la population.

Le gouvernement confédéré décida aussitôt la construction de deux unités du même genre.

Cependant, la guerre se déroulait en Virginie, c’est-à-dire fort loin de Bagatelle. En Louisiane, on se souciait surtout de trouver le moyen d’expédier le coton en Europe, d’autant plus que, aucune relation commerciale n’étant possible avec le Nord, les planteurs se devaient d’exploiter au maximum les débouchés européens. Or un des navires corsaires qui ravitaillaient le Sud, le Savannah, avait été saisi par les Fédéraux qui, au mépris, disait-on, des lois de la guerre, venaient de condamner à mort tout l’équipage. M. Jefferson Davis avait envoyé à Washington le colonel Taylor, fils de l’ancien président des États-Unis, pour demander à Lincoln un peu de clémence et le menacer de représailles sur les personnes des prisonniers fédéraux détenus au Sud.

Reçu par le général Scott, l’envoyé de Davis avait été traité courtoisement, mais ne rapportait pas de réponse. Il est vrai qu’il avait précisé que celle-ci ne serait acceptée que si elle était adressée au « président des États confédérés ». Ce dernier, tandis que ses troupes menaçaient directement Washington, lançait un emprunt de 100 000 dollars, organisait l’armée qui devait compter 400 000 hommes et créait une taxe de 50 cents par 100 dollars sur toutes les propriétés, immeubles, esclaves, marchandises, bestiaux, bijoux, argenterie, etc. On n’accepterait pas qu’un citoyen osât déclarer qu’il possédait moins de 500 dollars de biens.

Virginie, aidée de Clarence, fit scrupuleusement ses comptes et paya sans sourciller cet impôt sur le capital, qui devait renflouer les finances sudistes.

C’est à peu près à cette époque que Willy Tampleton vint en mission, envoyé par Beauregard, pour activer la création de fabriques d’armes à La Nouvelle-Orléans. Les treize mille fusils et les mille carabines Infield arrivés récemment d’Angleterre – depuis le début du blocus, cinq cent dix navires l’avaient forcé – ne constituaient, au dire de l’officier, qu’un maigre effort. Il se plaignait que les trois fabriques de La Nouvelle-Orléans soient incapables de produire de bonnes armes.

« Il nous faut des fusils rudimentaires, certes, pour nos jeunes recrues, mais, si nous avions plus de fusils Minié à canon rayé et plus de carabines Infield, on pourrait faire du bon travail. Je me demande si à Paris, à Londres, nos fameux commissaires ne passent pas leur temps au bal ! »

Clarence sourit. Il entendait exprimer là le ressentiment du combattant contre ceux de l’arrière qui ne font pas tout pour lui assurer les meilleurs moyens de se battre. Une telle attitude était vieille comme la guerre. Les archers de Guillaume le Conquérant devaient déjà penser qu’on ne leur fournissait pas assez de flèches !

Virginie, qui, jusque-là, écoutait d’une oreille discrète cette conversation technique, parut soudain s’y intéresser plus intensément. Elle laissa Willy Tampleton poursuivre un moment, puis intervint :

« Ces armes, Willy, il faut que vous les ayez… Je vais aller les chercher ! »

L’arrivée du général McClellan dans le salon de Bagatelle n’eût pas provoqué plus d’étonnement chez Dandrige et Tampleton.

« Et comment ça ? dit Willy.

— Eh bien, je vais me rendre en France et en Angleterre pour acheter des fusils, des canons, des… – que sais-je… – ce dont vous avez besoin… Vous n’avez qu’à préparer une liste, car je n’y connais rien !

— Mais ce serait folie que de risquer une traversée maintenant, avec le blocus. Savez-vous que les Fédéraux sont capables de tout…

— Je suis mariée à un général français, qui se trouve présentement au Mexique ; mon fils est à Paris, nous avons des affaires en France. Qui donc m’empêcherait d’y aller ? »

Dandrige savait déjà que la décision de Mme de Vigors était prise. On ne pourrait l’en dissuader.

« Mais c’est dangereux, je vous assure, insistait Tampleton.

— Moins dangereux que ces raids de cavaliers en territoire ennemi, dont vous vous êtes fait, avec Mosby, une spécialité, d’après ce que l’on m’a dit. Moi aussi, j’ai envie de me battre pour le Sud.

— Clarence pourrait aller en France à votre place, Virginie, avança Willy.

— Non, sa place est ici. Je peux acheter des armes comme on achète un jupon. Je ne peux pas diriger quatre cents esclaves et faire pousser le coton. C’est dit ! »

Le lieutenant-colonel Tampleton passa trois heures à rédiger une liste impressionnante d’armes et de munitions. Quand il eut fini, il tendit le papier à Virginie.

« Même si vous n’en obtenez que le quart, ce sera déjà bien… »

Après le départ de l’officier, Clarence revint sur le sujet :

« Croyez-vous que ce soit raisonnable, Virginie ?

— Tout à fait raisonnable. La guerre a ses raisons. En tout cas, c’est aussi raisonnable que l’expédition que vous projetez avec Barthew !

— Vous êtes au courant ?

— Mignette m’en a parlé.

— Ce que nous allons faire est sans aucun danger. Charger nos balles de coton sur un vapeur, descendre le fleuve et, de là, avec des chariots que j’ai retenus, transporter le coton jusqu’à Bayou Vista n’a rien d’un exploit… Et ça fera rentrer pas mal d’argent !

— Et qui vous l’achète, ce coton ?

— Un armateur de Rouen, ami des Mertaux. Le meilleur forceur de blocus, d’après eux !

— Pourquoi ne m’en aviez-vous pas parlé ?

— Parce que je considère que cela fait partie des soucis de l’intendant, non de ceux de la dame de Bagatelle.

— Je pourrais partir avec le coton… Quand comptez-vous l’expédier ?

— Dans une semaine…, mais je crains que la promenade en chariot de Oak Alley à Bayou Vista ne soit pas des plus agréables. À partir de Grand Bayou, il faudra traverser des marécages.

— J’irai avec vous, Clarence, c’est la meilleure solution. »

C’est ainsi que, huit jours plus tard, on vit un steamboat chargé de cinq cents balles de coton descendre le Mississippi. À Oak Alley, à deux miles et demi d’un village appelé Vacherie, le bateau fut amarré à la berge. Les esclaves de la belle plantation appartenant au frère de l’ancien gouverneur de la Louisiane avaient tous été mobilisés, pour transférer le coton sur les chariots que Dandrige et Barthew avaient eu bien du mal à rassembler.

En accueillant Virginie et son intendant, le maître de Oak Alley, un aristocrate à moustache blanche, qui les avait conviés à passer la nuit sous son toit, fit observer qu’il ne se trouvait plus un seul chariot dans la paroisse…

« Sans Edward Barthew et ses nombreuses relations, dit Dandrige, nous n’aurions jamais pu constituer un tel convoi, mais, si tout se passe bien, ce sera la preuve que nous tenons le moyen d’expédier notre coton malgré le blocus yankee. »

À l’aube, la longue file des quatre-vingts chariots se mit en route à travers la cyprière. Clarence et deux contremaîtres de Oak Alley, obligeamment délégués par M. Roman, allaient devant, précédant le cabriolet prêté par le maître de Oak Alley où Virginie se tenait à côté d’un cocher hiératique, dont la moue indiquait qu’il désapprouvait cette promenade sur des chemins défoncés, dans une forêt humide, bourdonnante d’insectes agressifs et où l’on pouvait rencontrer toute sorte de bêtes sinon féroces, du moins effrayantes.

À plusieurs reprises, les esclaves de Bagatelle, auxquels on avait confié des pelles et des planches, durent peiner pour tirer d’ornières glaiseuses des chariots embourbés, mais on parvint avant la nuit à Bayou Vista, ainsi que l’avait prévu Clarence. Le capitaine du Volontaire, un brick ventru, fut un peu étonné d’avoir à transporter en France, en plus du coton annoncé, une dame de qualité. Français, donc galant, il offrit aussitôt sa chambre à Virginie, dont les marins apprécièrent, lors de l’embarquement, la grâce hautaine et la silhouette juvénile.