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EDWARD BARTHEW n’était pas à proprement parler un Cavalier ; on l’aurait plutôt pris pour un produit de la civilisation démocratique et commerçante du Nord, s’il avait été plus attentif à ses affaires et moins joueur. Il était arrivé un jour de Boston, avec deux valises et une plaque d’avocat, qu’il avait lui-même clouée sur la porte d’une vieille maison de Bayou Sara. Plus tard, il avait loué un couple d’esclaves pour tenir son ménage, il avait commencé à recevoir des clients, de petites gens ou des planteurs qui préféraient aller soumettre leurs difficultés à un étranger au pays. On disait qu’à Boston les gens racontaient sur son compte de curieuses histoires, mais, en fait, personne ne savait rien de précis et, comme à Natchez il s’était tenu à l’écart de toutes les intrigues locales, sans s’intégrer à la société, on l’avait accepté tel qu’il était, taciturne, rogue et parfaitement indifférent au qu’en-dira-t-on…

Il faisait de fréquents voyages à La Nouvelle-Orléans où certains l’avaient rencontré en compagnie de femmes peu vertueuses. Ceux qui avaient eu recours à ses services paraissaient cependant satisfaits et les juges de la paroisse le tenaient pour fort habile et éloquent. Alors que beaucoup de juristes se mêlaient de politique et briguaient des mandats, il évitait soigneusement de divulguer ses opinions. On ignorait même s’il en avait. Ses amis n’en savaient guère plus sur son compte que le commun des mortels, mais louaient unanimement sa serviabilité bougonne et son courage.

C’est lui qui, au cours d’un incendie, avait sauvé, au péril de sa vie, les filles jumelles d’un épicier et, lors des inondations de l’automne 1828, organisé l’évacuation d’un quartier menacé, puis dirigé la construction d’une levée de protection. Il dilapidait, au jeu, le plus clair des honoraires qu’il empochait. On appréciait sur les show-boats sa façon de remettre en place les perturbateurs et, s’il ne cherchait jamais la bagarre, il savait, le cas échéant, se battre à coups de poing et de tabouret, avec une économie de gestes et de paroles qui lui valait le respect de tous.

Grand, brun et presque toujours vêtu de noir, il posait sur les choses et les gens un regard volontiers ironique et certains disaient reconnaître à ses cheveux, plaqués et luisants comme l’aile du corbeau, et à la mèche courbe, qui souvent lui retombait sur l’œil gauche, des ascendances indiennes. Il parlait d’une voix chaude et grave et seulement quand il avait quelque chose à dire. Ses mains, qui ne manquaient pas de distinction par leur forme, eussent gagné à être mieux soignées, ses chemises et ses cravates mieux repassées. Le docteur Murphy, un bourru de son genre, dont on redoutait la brutalité et l’exactitude du diagnostic et, surtout, la façon qu’il avait d’annoncer aux malades : « Tu peux faire l’économie des remèdes, tu n’en as plus que pour trois ou quatre jours à vivre », passait pour son meilleur ami. Ils occupaient leurs soirées à bavarder avec, en tiers, une bouteille de gin.

Clarence, sachant qu’il venait de Boston, lui avait confié le règlement de certaines affaires après le départ de son père. Il s’en était bien trouvé, appréciant la façon qu’avait l’avocat, au contraire de beaucoup de ses confrères, de mener les choses rondement en évitant les procédures inutiles, qui profitent surtout aux hommes de loi. Les deux hommes avaient quelquefois chassé ensemble, sans échanger plus de paroles qu’il n’était nécessaire. Ils s’étaient aussi rencontrés dans quelques bals de plantation où l’on ne manquait jamais d’inviter les célibataires. Edward Barthew savait les bonnes manières, dansait le quadrille correctement, mais, comme Clarence, préférait, le soir, siroter un bon whisky en regardant évoluer les autres.

Tel était l’homme, moins rustaud qu’il ne semblait, auquel le jeune Tampleton allait se mesurer pour une boucle de cheveux de Mlle Trégan.

Tout en terminant sa toilette, Clarence évaluait les chances du jeune Tampleton. Elles étaient minces à première vue. Il ignorait la qualité des maîtres d’armes de West Point, mais, ayant chassé avec Barthew, il connaissait le coup d’œil, la rapidité de tir de l’avocat.

Willy Tampleton, au contraire de celui qu’il avait provoqué, représentait le type même du Cavalier. Pur produit de l’aristocratie agraire du Sud, il en possédait tous les caractères moraux. Clarence Dandrige n’aurait pu mieux le définir que ne l’avait fait le marquis de Damvilliers, connaisseur en la matière, qui ne l’appelait que « le chevalier Willy ».

Né malingre, le garçon avait tout fait pour acquérir cette sveltesse virile du pur-sang anglais qui figurait en tête des canons de la beauté masculine dans le Sud. Les longues chevauchées à travers la campagne, le tir à Tare, les séances d’escrime et de lutte avec son frère aîné Percy et, plus tard, les exercices militaires avaient fini par lui donner cette perfection physique que les héritières au teint de magnolia appréciaient et qui – n’en déplaise aux parents et aux notaires – entrait en ligne de compte au moment de choisir un mari. À le voir resplendissant de santé, les joues bien lisses, l’œil d’un blanc candide, on devinait qu’il avait toujours trouvé sur sa commode, depuis qu’il était en âge de se vêtir seul, du linge frais et au pied de son lit des chaussures bien cirées. Au cours de son « tour d’Europe », Willy avait appris ce qu’est la véritable élégance. Il avait rencontré le beau Brummell, qui changeait de chemise trois fois par jour et faisait cirer ses bottes à la mousse de champagne. Mais, sagement, le jeune homme s’était aussi inspiré, pour atténuer les outrances du dandy, d’un autre mondain, le comte d’Orsay, lequel passait plus de temps dans sa bibliothèque qu’à sa toilette. L’uniforme des cadets lui allait à ravir et s’il voyageait sur le Prince-du-Delta en civil, c’était pour prouver qu’il se tenait au courant de la mode et savait s’y conformer. .

Willy Tampleton était persuadé, comme tous les fils de riche planteur, de son importance sociale. On lui avait enseigné le sens du devoir, celui des responsabilités et de l’honneur, en même temps que la manière de maîtriser ses sentiments. Il pensait aussi avoir une « âme complète » parce qu’il avait lu Walter Scott et Froissart et, comme Ivanhoé, se sentait toujours prêt à devenir un héros. Il savait corriger la douceur, quasi enfantine, de son visage par une gravité étudiée et se montrait volontiers mélancolique, car on lui avait dit et répété : « Ce qui importe dans un homme, c’est ce en quoi il est unique. » Unique, il pensait l’être, en tant que rejeton achevé d’une race qu’on ne trouvait nulle part ailleurs dans l’Union, celle des nobliaux du coton.

Clarence Dandrige, qui se rendait souvent aux Myrtes, la plantation des Tampleton, située au nord de Pointe-Coupee, connaissait bien cette famille si parfaitement « comme il faut ». Percy, le frère aîné de Willy, se préparait à succéder à son père. À sa manière, c’était aussi un vrai Sudiste. Plus fort et plus désinvolte que son cadet, un tantinet libertin, ce qui était admis, il se préparait à ses responsabilités futures en faisant travailler ses esclaves mieux que tous les autres planteurs. On lui connaissait déjà une demi-douzaine de bâtards mulâtres, qu’il ne manquerait pas de vendre, avec ou sans leur mère, le jour où il le déciderait. On devinait qu’au contraire de son frère il n’avait pas eu besoin d’exercices propres à stimuler la virilité et à développer la force musculaire. Épais d’épaules, bâti comme ses ancêtres paysans, qui abattaient un cyprès en cinq coups de hache, on le devinait capable de renverser un taureau par les cornes. En quelques générations, les bonnes manières et le savoir avaient donné aux Tampleton une allure aristocratique. Willy s’était appliqué à la parfaire, Percy à s’en accommoder. Il restait chez lui quelque chose de l’animalité joyeuse du terrien, de l’homme d’effort, dont l’ardeur au travail est égale à celle qu’il met au plaisir. Sa femme et sa mère regrettaient, toutefois, qu’il refuse l’usage d’un appareil pour casser les noix à table, même quand il y avait des invités.

Si Percy se montrait volontiers entreprenant avec les femmes, Willy paraissait devant elles plutôt timide et il devait mobiliser toutes les ressources de sa bonne éducation pour se comporter avec aisance en présence des princesses des plantations. Il fallait, estima Clarence, que Virginie Trégan lui eût fait une forte impression pour qu’il se fût mis un duel sur les bras, alors qu’elle ne s’était manifestement pas conduite comme une vraie demoiselle.

Dandrige, au moment de rejoindre les témoins de Barthew, se dit que, pour peu que l’affaire tournât mal, il faudrait expliquer au père Tampleton et à sa fille Corinne, à laquelle Clarence savait ne pas être indifférent, que le jeune coq avait préjugé la vigueur de ses ergots. Et le grand barbecue{21} organisé chaque printemps aux Myrtes pourrait bien être gâché, si le pauvre Willy se retrouvait, tout à l’heure, avec une balle dans la tête !

Le duel fut organisé sans difficulté. On se battrait sur le toit du bateau. L’un des antagonistes se placerait au pied des deux cheminées, le dos à la proue, l’autre au pied du mât où flottait la bannière de l’Union, dos à la poupe. M. Aubron proposa une paire de revolvers de Elisha Coolier, qu’il avait acquis à La Nouvelle-Orléans. Ces armes de précision étaient dotées d’un magasin à amorçage et pouvaient tirer cinq coups, si le silex remplissait bien son office.

Le capitaine Wrangler, désigné comme directeur du combat, avait demandé aux passagers, parmi lesquels l’annonce d’un duel à bord mettait quelque effervescence, de regagner leur cabine et de n’en plus sortir jusqu’à nouvel ordre. Puis il fit ralentir la machine et convoqua les intéressés. Le groupe composé de Willy Tampleton, de Edward Barthew et de leurs témoins parvint par la passerelle jusqu’au « terrain » choisi. Un médecin de Memphis, qui effectuait son voyage de noces, fut invité à monter avec sa trousse. Il essaya de se dérober en disant qu’il ne voulait pas être témoin d’un meurtre. On lui expliqua qu’en Louisiane, comme en Virginie, un homme qui en affrontait un autre à armes égales et dans les règles ne pouvait être qualifié de meurtrier. Le capitaine Wrangler, considérant sans doute que le Prince-du-Delta pourrait désormais s’enorgueillir du titre de premier vapeur ayant connu un duel, ne lui laissa d’ailleurs pas le choix. Il somma le médecin de remplir son office, ou de continuer, lui et sa femme, leur voyage à la nage.

Il fallut aussi penser au risque que pourraient constituer les balles perdues et l’on attendit qu’un vapeur qui descendait le fleuve se soit éloigné pour se mettre en place. Ed Barthew paraissait tout à fait à l’aise, plus souriant que d’habitude. Quant à Willy, dont le jabot flottait au vent et qui avait revêtu pour la circonstance un pantalon noir au pli impeccable, Clarence le trouva émouvant et déterminé.

Les armes furent chargées, le capitaine marqua les places des duellistes à vingt pas l’un de l’autre et les invita à s’y rendre. Spontanément, tous deux, en vrais gentlemen, voulurent se mettre face au soleil, ce qui constituait à cette heure matinale un handicap certain.

« Faites-moi ce plaisir, monsieur Tampleton, dit Barthew de sa voix de basse, c’est peut-être le seul que vous m’accorderez ! »

Willy acquiesça, trouvant ridicule d’en discuter.

« Ce sera probablement le dernier, monsieur, mais je ne voudrais pas tirer sur quelqu’un qui est aveuglé par le soleil.

— La dernière élégance, mon cher, fit Ed, celle qui peut racheter tous les manquements d’un homme, c’est de savoir mourir avec dignité !

— Je vous rappelle, messieurs, dit le commandant qui, prenant son rôle d’ordonnateur avec gravité, avait passé sa vareuse à galons et coiffé sa casquette, que vous devez tirer entre les mots « un » et « trois ». Que le Père-des-Eaux, qui a vu de plus cruels spectacles, soit témoin qu’il ne s’agit ici que d’honneur ! »

À cet instant précis, un flot de mousseline mauve émergea de la passerelle : Virginie, en robe de soie, apparut dans le soleil, devant tous ces hommes interloqués.

« Ce n’est pas ici la place d’une dame, fit le commandant, courroucé.

— C’est la mienne en tout cas. Et puis je dois remettre à M. Barthew ce qui lui revient. »

En trois pas, elle fut près de l’avocat, qui, le revolver à bout de bras, au long de la cuisse, la regardait venir, étonné et ravi. Il reçut, nouée par une faveur noire, une mèche de cheveux cuivrés, qu’il glissa dans sa chemise, à même la peau, après s’être incliné, comme sans doute il ne l’avait jamais fait devant une femme. Ce geste accompli, avec un sang-froid qui impressionna les témoins, Virginie vint près de Dandrige et dit simplement, mais pour être entendue de tous :

« Je serais désolée si l’un de ces gentilshommes ne pouvait tout à l’heure venir à notre table rompre le pain de l’amitié, monsieur Dandrige.

— Attention, messieurs, lança le commandant qui souhaitait en finir. Un, deux, trois ! »

Les deux détonations se confondirent en une seule. Tampleton trébucha, puis se laissa aller sur le plancher de bois en regardant d’un air incrédule la tache de sang qui se formait sur sa cuisse gauche. À l’autre bout du toit, du cylindre noir d’une des cheminées sortait un jet de fumée grise. La balle de Willy Tampleton était passée à quelques centimètres de l’épaule de Barthew, avant d’aller percer la tôle.

Le médecin, poussé par le commandant, s’était élancé vers le blessé. C’est alors que Clarence aperçut Virginie qui, ayant couru vers Edward Barthew, lui plaquait sur la bouche un baiser comme peu d’hommes, en des circonstances meilleures, pouvaient se targuer d’en avoir reçu. Mais personne n’entendit ce que Virginie dit à l’avocat curieusement troublé :

« Merci, monsieur, de ne pas avoir tué ce jeune daim, qui ne sait encore rien de la vie ! »

On connut très vite, à bord, le résultat du duel et le peu de gravité de la blessure de M. William Tampleton. Plusieurs dames lui rendirent visite, dès qu’il fut pansé, et roucoulèrent au chevet de cet intéressant Cavalier, qui avait répandu son sang pour effacer la honte d’une demoiselle frivole.

Clarence et Virginie finirent par se retrouver seuls à l’heure du bouillon, à l’avant du bateau. L’intendant paraissait d’humeur maussade.

« Vous êtes satisfaite, mademoiselle. Sans l’adresse et le sang-froid de Barthew, nous aurions pu avoir un véritable drame ce matin.

— Et pourquoi ne serais-je pas satisfaite, monsieur Dandrige ? Les hommes aiment avoir un prétexte chevaleresque pour se battre. Je le leur ai fourni. Le jeune Tampleton n’a eu que ce qu’il méritait. Je suis assez grande pour veiller moi-même sur mon honneur et ne pas laisser au premier venu, même s’il n’est pas le premier venu, le soin de défendre mes couleurs.

— On peut mourir, en effet, pour peu de chose, répliqua vivement Clarence, et il est bien certain que chacun mesure son honneur à son aune !»

Virginie, d’une façon déroutante, prit le parti de sourire.

« Je me suis laissé dire hier soir par maître Barthew qu’en cette matière vous ne manquiez pas de susceptibilité, monsieur Dandrige. Témoin cet Espagnol que vous avez, paraît-il, fort adroitement embroché, il y a deux jours, à La Nouvelle-Orléans… »

Clarence se tut. Ainsi, on savait, à bord, son histoire avec Ramirez.

« Voyez-vous, monsieur Dandrige, reprit Virginie d’une voix douce, le combat, c’est l’état naturel des hommes. Nous ne sommes là, les femmes, que pour leur faire oublier celui dont ils sortent et les préparer à celui qui les attend. »

Là-dessus, elle se leva. Dans le mouvement qu’elle fit pour arranger sa mousseline, Clarence vit qu’elle avait changé de coiffure. Tous ses cheveux étaient maintenant ramenés en chignon sur la nuque. « À cause de la mèche coupée », pensa-t-il, et il la suivit du regard, alors qu’elle se dirigeait vers l’arrière du bateau, où se trouvait la cabine de Tampleton.

Comme on approchait de Baton Rouge, le capitaine demanda par porte-voix aux passagers de bien vouloir évacuer la plage avant, car on allait bientôt manœuvrer la passerelle. Pensif, Clarence se dirigea vers le bar pour prendre un porto. Il y retrouva Barthew, qui, seul, s’octroyait un grand verre de gin.

« Content de vous en être sorti ainsi, Ed ?

— Vous en doutiez, Clarence ?

— Ces revolvers Coolier m’ont l’air meurtriers…

— Ils peuvent l’être et le petit Tampleton ne m’aurait sans doute pas raté avec une deuxième balle. Je suis allé lui serrer la main. Il boitera deux ou trois jours et je lui ai fait un cadeau qui l’aidera, je pense, à se remettre.

— Quel cadeau ?

— La mèche de cheveux de la jeune personne dont vous avez la charge en ce moment, Dandrige, et que vous feriez bien de surveiller de plus près si vous ne voulez pas que la Louisiane retentisse de combats héroïques !

— Vous avez donné à Tampleton le trophée auquel vous teniez tant ? fit Clarence gaiement, en homme qui apprécie le dénouement d’une aventure un peu comique.

— Le chevalier l’a bien mérité. Il le portera en médaillon, en souvenir de son premier duel. Moi, j’ai eu mieux que ça, enfin j’ai eu quelque chose qu’un homme comme moi apprécie davantage !

— Oui, j’ai vu Virginie vous donner ce baiser de femme… si j’ose dire… compétente, ce qui m’a bien étonné de la part d’une jeune fille ! Mais ce sont sans doute les manières de Paris, enseignées par la bonne tante Drouin ! »

Barthew vida son verre et se leva.

« Excusez-moi, Dandrige, je descends à Baton Rouge. J’y connais quelques personnes qui enlèvent leur chemise plus facilement qu’elles ne se laisseraient couper les cheveux… et c’est ce dont j’ai besoin en ce moment ! »

L’intendant de Bagatelle apprécia la sagesse de cette fuite promptement décidée. Il donna une tape amicale sur l’épaule du Bostonien.

« Je vais essayer d’organiser ce lunch avec Tampleton, mais je suis certain que Mlle Trégan regrettera votre débarquement prématuré. Que lui dirai-je ?

— Rien à dire, je pense. La fine mouche comprendra ! »

Ed Barthew, d’une démarche un peu lasse, fit quelques pas vers l’escalier. Puis, se ravisant, il revint vers l’intendant, l’œil gauche à demi caché par cette mèche rebelle qui, toujours, retombait sur son front, ce qui lui donnait un regard faunesque, et dit, sur le ton grave de la Sibylle de Cumes :

« Méfiez-vous, Dandrige, c’est une femme de proie ! »