Château de Saint-Germain.
Voyant se prolonger l’entretien du roi et de son cher connétable, la sénéchale avait été sur le point de quitter Saint-Germain ; mais c’eût été la pire des erreurs.
Elle préféra prendre patience, et se mit à rôder dans les couloirs. Diane rongeait son frein. Quoique tenue à distance, elle pouvait deviner de quoi parlaient ses amis : deux lots de hauts personnages devaient être constitués. Le premier – où figureraient notamment Annebault, Tournon, mais aussi les reines Éléonore et Marguerite ! – se verrait remercié, pour ne pas dire éloigné. Le second allait entrer en fonction ; l’on y trouvait les noms d’Aumale, de Saint-André, d’Humières, entre autres, ainsi que celui de La Marck, le gendre de Diane... C’est en tout cas ce qu’elle espérait.
— Vous n’êtes donc pas avec le roi ? s’étonna Charles de Guise, archevêque de Reims, en la trouvant dans un couloir, seule et désemparée.
— J’ai passé avec le roi toute la matinée, assura-t-elle.
Le jeune prélat n’insista pas, mais il perçut la colère rentrée de la grande sénéchale lorsque celle-ci lui décocha un trait pour le moins gratuit.
— Dommage pour vous que le roi ait promis à son père, sur son lit de mort, de fermer l’accès du Conseil aux princes lorrains...
Charles sourit aux anges. Car c’est justement là qu’il voulait en venir.
— Je ne suis pas prince lorrain, mais prince de l’Église, d’abord, et de France, ensuite. Mon frère aussi est prince de France... En somme, l’interdiction ne vaut que pour mon père... Tout au moins, si vous êtes d’accord avec nos vues...
Diane lui rendit son beau sourire.
— Quelque chose me dit, gloussa-t-elle, que nous sommes faits pour nous entendre.