Même la prescience a ses limites. Personne ne saura jamais tout ce qui aurait pu être.


Révérende Mère Darwi Odrade.


Le bras passé autour de ses épaules, Chani berçait doucement Paul en tremblant de joie et de soulagement. Les interdits des Fremen étaient si profondément ancrés en elle que même devant cette blessure mortelle, même en le voyant pratiquement mourir dans ses bras, elle n’avait pas versé une seule larme.

Dans la cathédrale des machines, Duncan s’efforçait d’absorber la révélation que Paul venait de lui faire.


— Moi…  ? Je suis le Kwisatz Haderach  ? Paul hocha faiblement la tête.


— Le dernier. Le Kwisatz Haderach parfait. Celui qu’ils cherchaient.

Le vieil homme qui incarnait Omnius adressa au robot indépendant un regard accusateur.

— Si cette affirmation est correcte, tu as commis une erreur, Erasmus. Tu n’as pas pris en compte le fait que les humains pourraient de nouveau détourner le cours du destin. Tu as dit que tes calculs prédictifs étaient exacts.

Le robot ne se départit pas de son calme. Il avait même l’air content de lui.

— C’est ton interprétation de mes calculs qui était erronée. Le Kwisatz Haderach ultime était bien à bord du non-vaisseau, comme je l’ai toujours dit. Tu en as tiré la conclusion simpliste que celui que nous cherchions devait être Paul Atréides. Quand le Danseur-Visage a trouvé le couteau taché du sang de Muad’Dib, tu as considéré, à tort, que c’était une confirmation.


L’esprit de Duncan voulait rejeter ce qu’il entendait. Même s’il était vraiment le Kwisatz Haderach ultime, que pouvait-il faire de cette information  ?


Avec une grimace dédaigneuse, le vieil homme regarda le corps paralysé de Paolo et le cadavre du Baron.

— Tous ces efforts consacrés à notre clone ne nous ont procuré aucun avantage. C’est un gâchis considérable.

Erasmus modela son visage de fluidométal en une expression de sympathie et s’adressa au nouveau venu.

— Je savais qu’il y avait une raison à l’attirance que j’éprouvais pour vous, Duncan Idaho. Si vous êtes réellement le Kwisatz Haderach, vous êtes en situation de pouvoir modifier le cours de l’univers. Vous êtes le point de basculement, l’annonciateur du changement. Vous pouvez décider de mettre fin à ce conflit qui oppose les humains et les machines pensantes depuis des milliers d’années.

Duncan comprit que Yueh, Jessica, Chani et Paul avaient désormais rempli leur rôle, et que c’était sur lui que se portait maintenant l’attention.

Erasmus se rapprocha du groupe.

— Kralizec signifie la fin de bien des choses, mais cette fin ne doit pas nécessairement être destructrice. Ce n’est qu’un changement fondamental. À partir d’aujourd’hui, plus rien ne sera pareil.

— Pas destructrice, dites-vous  ? (Jessica éleva le ton.) Vous avez dit que vos vaisseaux attaquent en ce moment même des mondes de l’Ancien Empire. Vous avez déjà anéanti et conquis des centaines de planètes!

Le robot resta imperturbable.

— Je n’ai pas prétendu que notre approche était la seule, ni même la meilleure.

Le vieil homme lança un regard furieux à Erasmus, comme s’il venait d’être insulté.

Soudain, l’atmosphère au-dessus de la grande métropole des machines fut déchirée par le fracas de l’air déplacé par un millier de long-courriers de la Guilde, apparus tels des nuages d’orage. La flotte d’immenses vaisseaux émergeant des replis de l’espace disposait d’un armement suffisant pour raser le continent.

Le déguisement d’Omnius se brouilla un instant, sa concentration distraite par ce spectaculaire retournement de situation. À travers la ville de Synchronie, les robots bourdonnants combattaient les vers des sables qui poursuivaient leur œuvre de destruction sauvage. Ils allaient maintenant devoir se défendre contre ce nouvel ennemi au-dessus d’eux.

Dans la cathédrale, Erasmus se transforma pour reprendre son aspect de brave vieille femme, comme s’il espérait avoir ainsi l’air plus convaincant ou compatissant.

— J’ai estimé les probabilités au-delà des limites de mes calculs initiaux. Je crois que vous possédez le pouvoir, Duncan Idaho - empêchez ces vaisseaux de la Guilde de nous détruire.


— Ah, je t’en prie, fit Omnius. Arrête de dire n’importe quoi. Duncan regarda autour de lui et croisa les bras.


— Je ne crains pas la Guilde ni ses Navigateurs. Si je dois mourir pour mettre un terme à tout ceci, alors je suis prêt.


Yueh ajouta courageusement  :

— Tous ici, nous sommes déjà morts une fois.


— Cela n’a aucune importance, dit le vieil homme qui ne semblait pas particulièrement inquiet. Qu’ils détruisent Synchronie. Je suis dispersé en de nombreux endroits. Ils peuvent bien anéantir cette planète, ce nexus, ils ne pourront jamais m’éradiquer. Je suis le suresprit, et je suis partout.

Il y eut un craquement sec au milieu de la grande salle, et une image floue émergea des replis de l’espace au-dessus des dalles maculées de sang. On distinguait dans cette transmission chatoyante une sorte de fantôme brouillé, qui se solidifia progressivement jusqu’à devenir une femme sculpturale d’une beauté classique parfaite. Puis elle se transforma en une sorte de nabot chétif à la tête hypertrophiée et au visage disgracieux. L’image bascula encore et ne fut plus qu’un visage de femme flottant dans l’air. On aurait dit qu’elle ne se souvenait plus exactement de ce à quoi elle devait ressembler.

Duncan comprit immédiatement de qui - ou de quoi - il s’agissait.


— L’Oracle du Temps!


Le visage pivota pour examiner les humains et les robots assemblés dans la grande salle, avant de se rapprocher de lui.

— Duncan Idaho, je t’ai trouvé. Je t’ai cherché pendant des années, mais ton non-vaisseau et ton… étrangeté t’ont protégé.

Duncan avait cessé de se poser des questions sur l’avalanche d’événements bizarres qui se produisaient autour de lui.


— Pourquoi venez-vous seulement maintenant  ?


— Tu n’es sorti qu’une seule fois de ton vaisseau, sur la planète Qelso, mais je n’ai pas été assez rapide pour te suivre. J’ai perçu de nouveau ta présence quand le non-vaisseau a été endommagé et capturé. Maintenant que les machines pensantes ont lancé leur attaque, j’ai pu remonter les fibres du filet tachyonique jusqu’à Omnius, et d’Omnius à toi. Je suis venue avec mes Navigateurs.

— Quelle est cette apparition  ? demanda le suresprit. Je suis Omnius. Quittez immédiatement ma planète!

— Autrefois, on m’appelait Norma Cenva. Maintenant, je suis infiniment plus que cela - beaucoup plus qu’un réseau d’ordinateurs ne saurait comprendre. Je suis l’Oracle du Temps, et je vais où il me plaît.

Dans son déguisement de vieille femme, Erasmus tendit le bras comme un enfant curieux, mais sa main ridée traversa l’image.

— Étonnant comme la plupart des humains intéressants sont des femmes, murmura-t-il d’un air pensif.

Il agita un instant les doigts dans le visage spectral, qui n’en fut pas modifié. L’Oracle continua de l’ignorer, et poursuivit  :

— Duncan Idaho, tu es enfin parvenu à ta révélation. Kwisatz Haderach, j’ai tenté de te protéger. Avant toi, Paul Muad’Dib et son fils Leto, l’Empereur-Dieu, n’étaient que des prophètes imparfaits. Ils se sont eux-mêmes rendu compte de leurs faiblesses. Mais à présent, à travers une confluence dans le cosmos, le nexus de tous les nexus, tu es devenu la singularité d’un nouvel univers, le point vital à partir duquel toutes choses se déploieront pour le reste de l’éternité. Les espoirs de l’humanité - et beaucoup plus encore - sont concentrés en toi.

Toujours aussi interloqué, Duncan demanda  :

— Mais comment  ? Je ne me sens pas vraiment différent.

— Le Kwisatz Haderach est un « raccourci du chemin », un personnage suffisamment puissant pour imposer un changement fondamental et nécessaire dans le cours du futur, non seulement pour le bien de l’humanité, mais aussi pour celui des machines pensantes.

— Oui, vous possédez le pouvoir, Duncan Idaho. (Erasmus semblait aussi encourageant que l’Oracle.) Je compte sur vous pour faire le bon choix. Vous savez ce qui conviendra le mieux à l’univers, et vous savez également que les machines pensantes peuvent contribuer à enrichir la civilisation tout entière.

Duncan s’émerveillait de cette prise de conscience de sa nouvelle identité, et de la façon dont ses pensées se déployaient autour de cette révélation stupéfiante. Après tant d’existences vécues comme ghola, il connaissait enfin sa destinée. Son esprit était totalement éveillé.

Il percevait le temps comme un vaste océan s’étendant dans le cosmos et, à l’aide de ses pouvoirs naissants, il se voyait capable d’analyser chaque molécule, chaque atome et particule subatomique. La prescience parfaite viendrait bientôt, mais pas tout de suite, pas trop vite, ou sinon, elle le conduirait à la même paralysie que celle qui avait affecté Paolo. Déjà, son esprit fonctionnait beaucoup plus vite que celui d’un Mentat, et il se sentait capable de se déplacer à des vitesses qui auraient stupéfié le Bashar lui-même.


Je suis le Kwisatz Haderach ultime. Il n’y en aura pas d’autre après moi.


L’image de l’Oracle trembla un instant, et reprit l’aspect de la femme magnifique.

— Après ta première mort, Duncan Idaho - alors que tu combattais pour sauver les Atréides et le premier Kwisatz Haderach -, les puissances de l’univers ont fait en sorte que tu sois ressuscité en ghola, et encore bien des fois après cela. L’Empereur-Dieu avait compris une partie de ta destinée, et il a contribué à ce que ce grand moment arrive. La fin de son Sentier d’Or est le commencement d’autre chose.

— Je suis lié au Sentier d’Or  ?

— Oui, mais tu es destiné à aller beaucoup plus loin.

Paul semblait recouvrer rapidement ses forces. Jessica était à ses côtés. Elle s’adressa à l’étrange apparition.

— Mais Duncan ne faisait partie d’aucun programme génétique! Comment a-t-il pu évoluer en Kwisatz Haderach  ?

L’Oracle poursuivit  :

— Duncan, à chacune de tes résurrections, tu t’es rapproché un peu plus de la complétude. Au lieu d’être développé dans un programme génétique, tu as suivi un processus d’évolution personnelle. À chaque réincarnation, tu as acquis de nouvelles connaissances et de nouveaux talents, et accru ton expérience - tout comme un sculpteur crée lentement une statue parfaite en taillant un grand bloc de marbre à petits coups de son ciseau. En te maintenant dans ton corps, tu as accompli un développement tachyonique, un voyage évolutionniste hyper rapide qui t’a propulsé vers ta destinée.

Duncan avait vécu d’innombrables existences pendant des milliers d’années. Non seulement les Tleilaxu avaient modifié ses gènes pour lui donner les capacités de combattre les Honorées Matriarches, mais ils avaient également combiné ses cellules afin qu’il puisse conserver le souvenir de toutes ses vies précédentes, sans exception. Disposant de tous ses souvenirs, il avait acquis une expérience et une sagesse sans égales. Ce Duncan Idaho en savait plus que le plus avancé des Mentats ou que le suresprit Omnius, et comprenait mieux la nature humaine que le grand Tyran Leto II lui-même.

À chaque renaissance, Duncan était resté le même individu tout en se perfectionnant et en filtrant constamment les impuretés, comme s’il passait à travers un tamis pour ne conserver que ses meilleures qualités, faisant de lui l’Élu. Il sourit en pensant à l’ironie de la chose. Il avait réussi uniquement parce que les Tleilaxu avaient interféré avec son patrimoine génétique, alors qu’il était certain que les Maîtres n’avaient jamais eu l’intention de créer un sauveur de l’humanité.

Dévorant les données, l’esprit mentat de Duncan confirma sa conclusion. L’Oracle du Temps avait raison.

— Oui, je suis effectivement le Kwisatz Haderach! (Il aurait aimé que Miles Teg soit à ses côtés.) Et qu’en est-il de la grande bataille, Kralizec  ?

— Nous y sommes engagés en ce moment même. Mais Kralizec n’est pas seulement une bataille… C’est un moment de changement. (L’image vacilla un instant.) Et tu en es le point culminant.

— Et le reste de l’humanité  ? Murbella… Ils ont besoin de savoir. Comment comprendront-ils ce qui s’est passé  ?

— Mes Navigateurs vont les informer, et peut-être même amener leurs dirigeants ici. Mais d’abord, je dois éliminer une menace dont nous aurions dû nous débarrasser il y a quelques milliers d’années. Un ennemi que je combattais déjà depuis dix mille ans lorsque tu es né.

L’Oracle se glissa vers Omnius. Le vieillard avait l’air indigné. Quand elle fut devant lui, sa voix résonna comme le tonnerre.

— Je dois faire en sorte que les machines pensantes ne puissent plus faire de mal à qui que ce soit. C’était ma mission autrefois, du temps où je n’étais qu’une simple femme, lorsque j’ai inventé le concept des générateurs de replis de l’espace et que j’ai découvert les propriétés d’expansion mentale du mélange. Omnius, je vais te supprimer.

Le suresprit se mit à rire, d’un rire chevrotant de vieillard. Son déguisement légèrement voûté se mit à grandir, et se transforma en géant penché au-dessus de l’image de l’Oracle.

— Tu ne peux pas me supprimer, car je ne suis pas une créature de chair. Je suis de Y information pure, et mon existence est répartie là où se déploie le filet tachyonique. Je suis partout.

L’image de la femme esquissa un sourire.

— Et moi, je suis beaucoup plus que cela. Je suis l’Oracle du Temps. À présent, entends mon rire. (Norma Cenva se mit à rire, longtemps et fort, d’un rire si étrange que même Omnius recula d’un pas.) On m’entend à travers les systèmes solaires et les âges de l’univers, à travers l’espace et le temps, bien plus loin que ton filet ne peut aller.


Omnius recula encore d’un pas. L’Oracle poursuivit  :


— J’ai d’abord paralysé ta flotte. Maintenant, je vais t’arracher comme la mauvaise herbe que tu es, et me débarrasser de toi.


— C’est impossible…


Le vieil homme commença à se dissoudre tandis que le suresprit ordinateur se retirait dans son propre réseau.

— Je vais t’extirper… chaque brin d’information de chaque nœud de ton réseau.

L’image nébuleuse de l’Oracle se déploya et enveloppa Omnius. Celui-ci faillit heurter Erasmus, qui s’écarta prestement de son chemin. Sur son visage de vieille femme, on pouvait lire un mélange de curiosité et de stupéfaction.

— Je vais t’emmener en un lieu où de telles informations ne seront plus compréhensibles, et où les lois de la physique ne s’appliquent pas.

Duncan entendit le cri de rage du suresprit, mais comme étouffé. Dans le grand hall, les robots-sentinelles au corps d’insecte qui avaient tenté de venir au secours d’Omnius semblaient étrangement lents et désorientés.

— Il existe de nombreux univers, Omnius. Duncan Idaho en a visité plus d’un, et il connaît l’endroit dont je parle. Je l’en ai sauvé il y a bien longtemps, lui et son non-vaisseau. Toi, par contre, tu ne pourras jamais t’en échapper.

Duncan observait ce combat incompréhensible qui se déroulait sous ses yeux. Effectivement, après avoir volé le non-vaisseau pour s’enfuir de Chapitre, il s’était enfoncé dans les replis de l’espace pour éviter d’être capturé, et s’était retrouvé dans un univers bizarrement déformé. Il en frissonnait encore.


— Plus rien ne peut te sauver, Omnius.


— C’est impossible! hurla le vieil homme, qui perdit son aspect humain et ne fut plus qu’une vague silhouette scintillante.


— Oui, c’est impossible. Merveilleusement impossible. L’air crépita de nuages d’électricité statique tandis que l’Oracle commençait à envelopper la machine pensante comme dans une sorte de filet. L’espace d’un instant, Duncan vit le visage de Norma se superposer à celui du vieil homme, puis les deux visages n’en firent plus qu’un  : celui de l’Oracle. La femme sourit, et l’air s’emplit de longues fibres étincelantes qu’elle rassembla autour d’elle comme on revêt un manteau élégant.


Puis elle s’arracha de la réalité et disparut dans le néant incompréhensible, emportant avec elle toute trace d’Omnius.

Pour toujours.


Le Triomphe de Dune
titlepage.xhtml
Le_Triomphe_de_Dune_split_000.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_001.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_002.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_003.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_004.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_005.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_006.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_007.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_008.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_009.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_010.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_011.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_012.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_013.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_014.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_015.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_016.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_017.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_018.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_019.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_020.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_021.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_022.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_023.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_024.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_025.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_026.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_027.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_028.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_029.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_030.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_031.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_032.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_033.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_034.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_035.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_036.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_037.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_038.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_039.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_040.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_041.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_042.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_043.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_044.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_045.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_046.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_047.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_048.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_049.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_050.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_051.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_052.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_053.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_054.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_055.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_056.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_057.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_058.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_059.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_060.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_061.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_062.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_063.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_064.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_065.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_066.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_067.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_068.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_069.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_070.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_071.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_072.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_073.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_074.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_075.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_076.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_077.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_078.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_079.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_080.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_081.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_082.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_083.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_084.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_085.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_086.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_087.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_088.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_089.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_090.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_091.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_092.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_093.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_094.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_095.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_096.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_097.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_098.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_099.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_100.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_101.html