Avançons-nous toujours sur le Sentier d’Or, ou nous en sommes-nous écartés  ? Pendant trente-cinq siècles, nous avons prié pour être délivrés du Tyran, mais maintenant qu’il a disparu, avons-nous oublié comment vivre sans une tutelle aussi sévère  ? Savons-nous prendre les décisions nécessaires, ou sommes-nous condamnés à nous perdre dans le désert pour y mourir de nos propres insuffisances  ?


Mère Supérieure Darwi Odrade, Réflexions sur mon épitaphe, Archives scellées du Bene Gesserit, enregistrées avant la Bataille de Jonction.


Dans un état d’agitation extrême, Garimi avait refusé de s’asseoir dans l’appartement privé de Sheeana, malgré plusieurs invitations à le faire. Même le tableau de Van Gogh accroché au mur ne semblait pas l’intéresser. Le vol des mines avait exacerbé des tensions jusque-là souterraines. Les fouilles fébrilement menées par des équipes de recherche n’avaient rien donné. Sheeana savait que la sévère Rectrice Supérieure avait ses propres soupçons, et un certain nombre de personnes à blâmer.

— Le Bashar et vous, vous avez conclu un bien mauvais marché sur Qelso, dit Garimi. Vous y avez laissé tous ces gens et tout ce matériel, et vous n’avez rien obtenu en échange!

— Nous avons reconstitué nos réserves.

— Et si de nouveaux sabotages détruisent nos systèmes vitaux  ? Liet-Kynes et Stilgar étaient les seuls capables d’assurer la conservation, le recyclage et les réparations nécessaires. Qu’allons-nous faire si nous avons besoin d’eux  ? As-tu l’intention de produire deux autres gholas  ?

Sheeana ne fit qu’augmenter la colère de sa compagne en répondant par un sourire amusé.

— C’est ce que nous pourrions faire, bien sûr, mais je croyais que tu soupçonnais tous les enfants gholas… Tu veux pourtant faire revenir Liet et Stilgar  ? Et puis, Liet avait peut-être raison. C’est peut-être leur destin à tous deux de rester sur Qelso.

— Il est maintenant évident que ce ne sont pas eux les saboteurs - bien que je ne sois pas entièrement convaincue en ce qui concerne Yueh.

Sheeana contempla un instant les taches de couleur dont l’artiste ancien avait fait une image d’une telle puissance. Van Gogh avait été un génie.

— J’ai pris les mesures nécessaires en fonction de nos besoins et de nos priorités.

— Il s’en faut de beaucoup! Tu t’es pliée aux exigences de cette bande de nomades assassins qui ne voulaient pas de Bene Gesserit sur leur planète. Nous aurions pu y fonder une nouvelle école - mais à présent, voilà que le vaisseau pourrait exploser à tout moment!


Ah, nous voici au cœur de ce qui la préoccupe réellement.


— Tu sais très bien que j’étais parfaitement d’accord pour que tu t’installes sur cette planète avec tes fidèles. (Elle eut un petit rire forcé.) Mais je n’avais aucune intention d’entrer en guerre avec les habitants de Qelso. Nous pouvons toujours former d’autres spécialistes des systèmes de support. Ce vaisseau va survivre, comme il l’a fait pendant des décennies.

Manifestement peu d’humeur à se laisser faire, Garimi répliqua  :

— Survivre  ? Mais comment  ? En créant un autre ghola pour nous sauver  ? C’est toujours ta solution, que ce soit une Abomination comme Alia, un traître comme Yueh ou Jessica, ou encore un Tyran comme Leto II. Pandore avait au moins eu le bon sens de refermer sa boîte.

— Et moi, je veux l’ouvrir toute grande. Je veux faire revenir le passé historique, surtout Paul Atréides… et Thufir Hawat. Nous pourrions certainement bénéficier des connaissances du Maître d’Armes de la Maison Atréides en matière de sécurité.

— Hawat a échoué de façon spectaculaire la dernière fois que tu as essayé de restaurer ses souvenirs.

— Eh bien, nous essaierons encore. Chani pourrait constituer un excellent levier en ce qui concerne Paul. Jessica est également mûre pour être réactivée. Même Leto II est prêt.

Une lueur de rage brilla dans les yeux de Garimi.

— Tu joues avec le feu, Sheeana.

— Je forge des armes. Et pour cela, le feu est nécessaire.


(Sheeana détourna la tête, signifiant à Garimi que la discussion était terminée.) Depuis le temps que j’entends tes opinions, je commence à les connaître par cœur. Je dîne avec les gholas, ce soir. Ils auront peut-être de nouvelles idées.


Furieuse, la femme aux cheveux noirs suivit Sheeana hors de l’appartement et dans les couloirs qui menaient au réfectoire. De façon inattendue, elles croisèrent Leto II qui sortait d’un ascenseur, seul et silencieux comme d’habitude. Le jeune garçon, qui avait maintenant douze ans, se promenait souvent ainsi dans le non-vaisseau. À présent, il regardait les deux femmes sans rien dire. Quel enfant étrange, toujours préoccupé et pensif…

Avant que Sheeana n’ait pu la retenir, la Rectrice Supérieure s’approcha de Leto d’un air menaçant. Garimi avait trouvé une nouvelle cible pour sa colère et sa frustration.

— Alors, Tyran, où est ton Sentier d’Or  ? Où nous a-t-il menés  ? Si tu avais une telle prescience, pourquoi ne nous as-tu pas mis en garde contre les Honorées Matriarches et l’Ennemi  ?

— Je ne sais pas. (Il semblait réellement perplexe.) Je ne me souviens pas.

Garimi le dévisagea d’un air dégoûté.

— Et si tu te souvenais, serais-tu l’Empereur-Dieu, le plus grand boucher de tous les temps  ? Sheeana croit que tu pourrais nous sauver, mais moi, je dis que le Tyran pourrait tout aussi bien nous détruire. C’est ce que tu sais faire de mieux. Je ne veux pas de toi ni de ton ego monstrueux, Leto II. Ton Sentier d’Or n’est qu’une impasse pour les aveugles, et il se termine dans un bourbier.

— Ce n’est pas le Sentier d’Or de ce garçon, dit Sheeana en agrippant le bras de sa compagne d’une poigne d’acier. Laisse-le tranquille.

Leto s’écarta d’elles et s’enfuit dans le couloir. Garimi lança un regard triomphant à Sheeana, qui n’eut que mépris pour cet accès de colère irrationnel.

Leto sentait ses yeux et ses oreilles brûler des accusations de la Rectrice Supérieure, mais il refusa de verser une larme. On ne doit pas gaspiller de l’eau pour essayer de noyer ses émotions, il savait au moins cela de l’ancienne Dune. En s’éloignant de Sheeana et de l’insupportable Rectrice Supérieure, ainsi que de tous ceux qui croyaient savoir ce qu’ils devaient attendre de lui, le jeune garçon réfuta en silence tout ce que Garimi avait dit, essayant d’occulter ce qu’il savait bien lui-même.


J’ai été l’Empereur-Dieu, le Tyran. J’ai créé le Sentier d’Or mais tant que mes souvenirs restent enfouis, je ne peux pas vraiment comprendre de quoi il s’agit! Malgré tout ce qu’il avait appris sur son existence antérieure, Leto ne se sentait rien d’autre qu’un garçon de douze ans qui n’avait pas demandé à renaître.


Il emprunta le tube de transport pour descendre dans les niveaux inférieurs, à la recherche d’un endroit où il pourrait se sentir plus en sécurité. Il envisagea d’abord de se glisser dans le souffle rugissant des salles de recyclage atmosphérique et des conduits de purification d’air, mais tous les accès en étaient barrés depuis que le Bashar Teg et Thufir, l’ami de Leto, avaient renforcé les mesures de sécurité.

Avant cette rencontre déplaisante avec Garimi, Leto avait prévu de rejoindre Thufir pour sa séance d’entraînement habituelle. Bien que l’autre ghola eût maintenant dix-sept ans, et qu’il fût très pris par ses obligations auprès du Bashar, il affrontait encore fréquemment Leto au combat. Malgré son jeune âge et sa petite taille, Leto était un adversaire redoutable, même contre quelqu’un de plus grand et plus fort que lui. Au cours des dernières années, chacun des garçons avait trouvé en l’autre un partenaire à sa mesure.

Mais pour l’instant, Leto avait besoin d’être seul. Parvenu au niveau inférieur du vaisseau, il se rendit à la porte d’accès principal de l’immense soute. Les imageurs de surveillance devaient déjà l’avoir repéré. Il avala sa salive. Il avait observé les vers des sables pendant des heures à travers le cristoplaz, mais il n’avait jamais osé y pénétrer seul.

Deux jeunes gardes, un homme et une femme, se tenaient dans le hall, surveillant l’accès du niveau. En voyant le garçon s’approcher, ils se raidirent.

— Cette zone est interdite au personnel non autorisé.

— Elle m’est interdite  ? Savez-vous qui je suis  ?

— Vous êtes Leto le Tyran, l’Empereur-Dieu, dit la jeune femme comme si elle répondait à une question posée par une rectrice.

Elle s’appelait Debray, l’une des filles des Bene Gesserit nées dans l’espace après l’évasion du non-vaisseau.

— Et ces vers font partie de moi-même. Avez-vous oublié vos leçons d’histoire  ?

— Ils sont dangereux, fit remarquer son collègue. Vous ne devriez pas entrer là-dedans.

Leto les fixa de son regard plein d’assurance.

— Si, c’est ce que je devrais faire, et surtout maintenant. J’ai besoin de fouler le sable, de sentir le mélange et les vers. (Il plissa les yeux.) Cela pourrait bien déclencher la restauration de mes souvenirs, comme le souhaite Sheeana.

Debray fronça les sourcils en réfléchissant à cette remarque.

— Sheeana a effectivement dit que tous les moyens devaient être envisagés pour réactiver les gholas.

Le garde se tourna vers sa compagne.

— Appelle d’abord Thufir Hawat pour l’en informer. Ça n’est absolument pas réglementaire.

Leto s’approcha de la porte massive.

— Je veux simplement jeter un coup d’œil. Je n’irai pas très loin. Les vers restent toujours au milieu, non  ? (Sans hésiter, il actionna la commande d’ouverture.) Je connais bien ces vers. Thufir comprendra. Lui non plus, il n’a pas encore récupéré ses souvenirs.

Avant que les gardes n’aient pu faire un geste, Leto se précipita dans la soute. Le sable sous ses pieds semblait crépiter, comme chargé d’électricité statique. Il faisait chaud et l’atmosphère était si sèche qu’elle lui brûlait la gorge. Les puissantes odeurs minérales et le parfum de cannelle lui emplissaient les narines. À l’autre bout de la soute longue de un kilomètre, les vers géants commencèrent à s’approcher.

Le simple fait de se tenir ainsi au milieu des sables transporta le jeune garçon en un heu qu’il avait étudié en détail dans la bibliothèque du non-vaisseau. La véritable Arrakis, qui s’était transformée de désert en jardin au cours de sa très longue existence. A présent, la chaleur sèche commençait à lui cuire la peau. Pour se calmer, il aspira profondément l’air imprégné de l’odeur du mélange.

Sans même chercher à éviter de faire du bruit, Leto s’avança plus loin dans les sables où il enfonçait maintenant jusqu’aux chevilles. Sans prêter attention aux avertissements que lui lançaient les gardes, il continua de s’éloigner de la paroi métallique. Ainsi donc, c’était là ce qui se rapprochait le plus d’un vrai désert pour ces vers.

Lorsqu’il atteignit la crête de la première dune et qu’il put apercevoir les limites de la soute, Leto imagina ce qu’avait dû être la beauté d’Arrakis autrefois. Il aurait voulu pouvoir s’en souvenir. La dune sur laquelle il se tenait était beaucoup plus petite qu’une vraie, et les sept vers de la soute étaient également minuscules comparés à leurs ancêtres.

Devant lui, le plus gros des vers s’approchait en labourant les sables, suivi des six autres. Leto sentit un lien entre ces vers et lui. C’était comme si ces magnifiques créatures percevaient sa souffrance mentale et voulaient l’aider, bien que ses souvenirs fussent encore verrouillés quelque part dans son esprit de ghola.

Leto fut surpris de sentir des larmes couler sur ses joues… non pas des larmes de colère envers Garimi, mais des larmes de joie et d’admiration. Des larmes! Il était incapable d’arrêter ce flot d’humidité. Peut-être que s’il mourait à l’instant au milieu des sables, sa chair irait se mêler à celle des vers, et il laisserait derrière lui tous ses espoirs et ses craintes.

Ces vers étaient ses descendants, et chacun d’eux contenait une pépite de sa conscience d’autrefois. Nous ne formons qu’un. Leto leur fit signe de venir à lui. Bien sûr, ses cellules de ghola n’avaient pas encore libéré les souvenirs accumulés pendant les milliers d’années qu’il avait vécues autrefois, mais ces vers des sables devaient eux aussi détenir des souvenirs enfouis.

— Est-ce que vous rêvez  ? Est-ce que moi, je suis quelque part en vous  ?

Lorsqu’ils ne furent plus qu’à cent mètres, les vers s’arrêtèrent et replongèrent sous les dunes, l’un après l’autre. Leto sentit que leur présence n’était pas menaçante mais… protectrice. Ces vers le reconnaissaient!

Leto entendit une voix familière l’appeler. Il se retourna et aperçut le ghola de Thufir Hawat devant la porte, qui lui faisait signe de revenir.

— Fais attention, Leto! Ne provoque pas les vers! Tu es mon ami, mais s’il y en a un qui te dévore, ne compte pas sur moi pour aller te rechercher dans son gosier!

Thufir accompagna sa remarque d’un petit rire, mais il avait l’air terriblement inquiet.


— J’ai juste besoin de passer un moment seul avec eux. Leto perçut un mouvement sous les sables. Il n’éprouvait aucune crainte pour sa propre sécurité, mais il ne voulait pas exposer son ami au danger. Il sentit une forte bouffée de cannelle, l’odeur de l’épice.

— Va-t’en! cria-t-il à Thufir. Tout de suite!


C’est alors que Thufir, luttant contre sa peur, s’approcha du jeune garçon. Quand il n’en fut plus qu’à quelques mètres, il lui lança  :


— Tu cherches à te suicider, c’est ça  ?


Il jeta un coup d’œil vers la porte d’accès, se demandant apparemment s’il pourrait l’atteindre suffisamment vite en cas de besoin. Son visage était crispé par l’inquiétude. Il semblait terrorisé à la fois pour Leto et pour lui, comme s’il luttait contre une impulsion contraire à ses instincts. Et pourtant, il avança encore d’un pas, comme attiré par son ami.

— Thufir, reste en arrière. Tu es beaucoup plus en danger que moi.

Les vers avaient repéré que quelqu’un d’autre se trouvait dans leur domaine. Mais ils semblaient bien plus agités que s’il ne s’était agi que d’un simple intrus. Leto sentait leur haine, une réaction profonde et instinctive. Il se précipita vers Thufir pour le sauver. Son ami semblait toujours lutter contre lui-même.

Une immense gerbe de sable jaillit, et les vers encerclèrent les deux garçons, émergeant des dunes basses et balançant leurs têtes rondes et aveugles, comme si elles cherchaient quelque chose.

— Leto, il faut partir d’ici, dit Thufir d’une voix rauque en tirant son ami par la manche. Allez, viens!

— lis ne me feront aucun mal. Et j’ai l’impression… l’impression que je pourrais les faire partir. Mais ils sont profondément troublés. C’est… à cause de toi  ?

Leto sentit que quelque chose lui échappait.

Les vers se ruèrent simultanément sur les deux garçons. Thufir s’écarta précipitamment de Leto, mais il perdit l’équilibre dans le sable mou. Leto essaya de le rejoindre, mais le plus gros des vers surgit entre eux deux, faisant jaillir le sable et la poussière. Une autre créature dressa son corps sinueux de l’autre côté de Thufir, qui était resté paralysé.

Le jeune ghola poussa un cri déchirant, qui ne ressemblait absolument pas à l’ami que Leto avait connu. Il n’avait même rien d’humain.

Les vers des sables frappèrent Thufir, mais ils ne le dévorèrent pas. Comme dans une rage vengeresse, le plus gros ver s’abattit sur lui, écrasant son corps dans le sable. Le ver suivant se dressa et roula sur le cadavre disloqué. Pour faire bonne mesure, un troisième broya à son tour le corps sans vie. Les trois vers reculèrent alors, comme fiers de ce qu’ils venaient d’accomplir.

Leto s’avança en titubant vers les restes macabres, indifférent à la menace des vers. Il glissa le long d’une dune labourée et tomba à quatre pattes à côté du corps à moitié enseveli.

— Thufir!

Mais ce qu’il vit n’était pas le visage familier de son ami. Ce visage-ci était pâle avec des traits à peine formés, des cheveux sans couleur et une expression inhumaine. Les petits yeux noirs contemplaient l’infini.

Leto recula sous le choc.

Thufir était un Danseur-Visage.


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