Une dague dans son fourreau ne sert à rien dans le combat. Un pistolet maula sans projectiles ne vaut guère mieux qu’une massue. Et un ghola sans ses souvenirs n’est rien d’autre que de la chair et des os.

Paul Atréides, journaux secrets du ghola.


Maintenant que le ghola du Dr Yueh avait récupéré ses souvenirs, Paul Atréides savait qu’il devait tenter des méthodes plus innovantes pour recouvrer les siens. Paul était l’aîné des enfants gholas, celui qui semblait avoir le plus grand potentiel, mais Sheeana et les observatrices du Bene Gesserit avaient choisi Yueh pour une première expérience. Cependant, contrairement au docteur Suk, Paul voulait bel et bien retrouver son passé. Il souhaitait ardemment se souvenir de sa vie et de son amour pour Chani, de son enfance auprès du Duc Leto et de Dame Jessica, de son amitié avec Gurney Halleck et Duncan Idaho.

Mais il continuait d’être hanté par des visions prescientes de sa double mort. Et il commençait à s’impatienter.

Comment les passagers du non-vaisseau pouvaient-ils croire qu’il restait encore du temps pour la prudence  ? À peine quelques mois plus tôt, ils avaient encore échappé de justesse au filet de l’Ennemi, plus brillant et plus solide qu’auparavant. Autre aspect préoccupant, ils n’avaient toujours pas réussi à mettre la main sur le saboteur. Même s’il ne s’était plus rien passé de très spectaculaire après le meurtre des trois cuves axlotl et des bébés gholas, le danger restait présent.

Paul savait que l’Ithaque avait besoin de lui, et il en avait assez de n’être qu’un simple ghola. Il avait une idée, une idée dangereuse et risquée, mais qu’il était prêt à tenter sans aucune hésitation. Ses véritables souvenirs flottaient au loin comme un mirage, juste au-delà de l’horizon vibrant de chaleur.

Avec sa fidèle Chani à son côté, il se tenait devant la porte d’accès à la grande soute de sable. Il n’avait confié ses intentions à personne d’autre. Au cours des deux dernières années, le Bashar et son assistant Thufir Hawat avaient fait de leur mieux pour renforcer les mesures de sécurité, mais il n’y avait pas de garde à l’entrée de la soute. On considérait les sept vers comme suffisamment dangereux pour assurer leur propre protection. Seule Sheeana pouvait se promener parmi eux sans risque, et la dernière fois qu’elle l’avait fait, elle-même avait été brièvement avalée.

Le regard de Paul s’attarda un instant sur le beau visage aux traits fins de Chani, sur sa masse de cheveux roux foncé. Même s’il n’avait pas su que son destin était d’être avec elle, il aurait trouvé la jeune fille fremen remarquablement séduisante. A son tour, elle examina méthodiquement sa nouvelle combinaison spéciale et ses outils.

— Tu as vraiment l’air d’un guerrier fremen, Usul.

Après avoir étudié les archives et adapté une unité de production dans une des salles des machines, Chani lui avait fabriqué un authentique distille - sans doute le premier depuis des siècles - et fourni une corde, des grappins de faiseur et des écarteurs. Paul trouvait le contact de ces outils étrangement familier. D’après la légende, Muad’Dib avait appelé un ver monstrueux pour sa première chevauchée dans le désert. La croissance des créatures de la soute avait beau être limitée par leur captivité, elles n’en étaient pas moins énormes.

La porte d’accès s’ouvrit et ils s’engagèrent dans le désert artificiel. Lorsqu’il sentit les odeurs minérales et la chaleur sèche sur son visage, il dit à Chani  :

— Reste ici, tu y seras en sécurité. Je dois agir seul, sinon cela ne servira à rien. Si j’affronte le ver et que je le chevauche, cela me permettra peut-être de déclencher mes souvenirs.

Chani ne fit rien pour le retenir. Elle comprenait la nécessité aussi bien que lui.

Il gravit la pente jusqu’au sommet de la première dune, laissant ses empreintes dans le sable, puis il leva les bras et cria  :

— Shai-Hulud! Je suis venu te chercher!

Dans un espace aussi restreint, il n’avait pas besoin de marteleur pour attirer les vers. Quelque chose sembla changer dans l’atmosphère de la soute. Il sentit un mouvement dans les dunes et aperçut sept formes serpentines qui s’approchaient. Au heu de s’enfuir, il courut vers elles, repérant un endroit d’où il pourrait faire son approche et grimper sur l’un des vers. Il avait le cœur battant et la gorge sèche malgré le masque du distille qui lui couvrait la bouche et le nez.

Paul avait visionné de nombreux holofilms afin d’étudier les techniques des Fremen. En théorie, il savait ce qu’il avait à faire, de même qu’il connaissait - en théorie toujours - les détails factuels de son passé. Mais il y a une grande différence entre des connaissances théoriques et l’expérience vécue. A présent, ainsi vulnérable au milieu des sables, il comprit qu’il n’est pas de meilleure façon d’apprendre que de faire, et qu’il en tirerait beaucoup plus que de vieilles archives poussiéreuses.

Je vais bien apprendre, se dit-il en chassant ses craintes.

Dans un grand sifflement de sable labouré, le premier ver se dirigeait droit sur lui. La taille de ces créatures semblait encore plus inimaginable à mesure qu’ils approchaient au milieu des dunes.

Rassemblant tout son courage, Paul se força à affronter cette épreuve. Levant son grappin et son écarteur, il s’accroupit pour se préparer au premier saut. Le bruit que faisait le monstre en s’approchant était tel qu’il n’entendit pas tout de suite la femme crier. Du coin de l’œil, il aperçut Sheeana courant à travers les dunes. Elle vint s’interposer juste au moment où le plus grand des vers surgissait dans un nuage de poussière et se dressait au-dessus d’eux, son immense gueule ronde brillant de toutes ses dents cristallines.

Sheeana tendit les mains vers lui en criant  :

— Arrête, Shaitan!

Le ver hésita et tourna sa tête imposante à droite et à gauche, comme interloqué.

— Arrête! Celui-ci n’est pas pour toi. (Elle posa la main sur la poitrine de Paul pour le repousser derrière elle.) Il n’est pas pour toi, Monarque.

Tel un enfant boudeur, le ver des sables recula, sans cesser de pointer sa tête aveugle vers eux.

— Allez, espèce de petit idiot, va-t’en vite d’ici! siffla Sheeana entre ses dents, en ajoutant juste ce qu’il fallait de Voix pour que Paul obéisse aussitôt sans réfléchir.

Duncan Idaho attendait à l’entrée de la soute, l’air furieux. Quant à Chani, elle semblait soulagée et soucieuse à la fois. Sheeana escorta Paul jusqu’à eux.

— Ce ver aurait pu te détruire!

— Je suis un Atréides. Je devrais être capable de les contrôler tout comme vous!

— Je n’ai pas l’intention de vérifier cette théorie avec toi. Tu es beaucoup trop important. De tous les gholas, que nous restera-t-il si tu sacrifies ainsi bêtement ta vie  ?

— Mais si vous me protégez trop, vous n’obtiendrez jamais ce dont vous avez besoin. En chevauchant un ver, mes souvenirs me seraient revenus, j’en suis certain.

— Vous avez restauré Yueh, fit remarquer Chani. Pourquoi pas Usul  ? Il est plus âgé.

— Yueh n’est pas indispensable, et nous n’étions pas sûres de ce que nous faisions. Nous avons déjà des plans spéciaux pour réveiller Liet-Kynes et Stilgar, et si nous réussissons, d’autres gholas suivront - y compris Thufir Hawat et toi, Chani. Un jour, Paul aura sa chance. Mais seulement quand nous serons absolument certaines.

— Et si nous n’avions plus assez de temps pour ça  ? fit Paul, qui s’éloigna en époussetant le sable de son distille.

Duncan fut tiré de son sommeil par un bruit de sonnette à la porte de sa cabine. Il crut tout d’abord que Sheeana était revenue le voir malgré leurs scrupules. Il fit coulisser la porte, prêt à lui résister.

C’était Paul, vêtu d’un uniforme militaire de la Maison Atréides, ce qui inspira aussitôt un sentiment de respect et de loyauté à Duncan, exactement comme l’avait escompté le jeune homme en s’habillant ainsi. Le ghola avait maintenant à peu près le même âge que l’original lorsque Arrakeen était tombée aux mains des Harkonnen, et que le premier Duncan avait péri en tentant de les protéger, lui et sa mère.

— Duncan, tu dis que tu étais mon ami le plus proche. Tu as connu Paul Atréides. Aide-moi, maintenant.

Le jeune homme saisit une poignée en ivoire délicatement sculpté et tira de son fourreau une dague de cristal bleuté. Duncan la regarda, ébahi.

— Un krys  ? On dirait… C’est un vrai  ?

— Chani l’a fabriqué à partir d’une dent de ver que Sheeana a trouvée dans la soute.

L’air émerveillé, Duncan tâta la lame, notant à quel point elle était dure et effilée. Il passa le pouce sur le tranchant en s’entaillant délibérément le doigt. Il laissa une goutte de sang tomber sur la dague laiteuse.

— Selon les anciennes traditions, on ne doit jamais tirer un krys de son fourreau sans lui faire goûter le sang.

— Je sais.

L’air manifestement troublé, Paul lui reprit l’arme des mains et la glissa dans son étui. Après une brève hésitation, il en vint enfin à ce qui l’avait amené ici  :

— Pourquoi les Bene Gesserit ne veulent-elles pas me réveiller, Duncan  ? Tu as besoin de moi. Tout le monde à bord a besoin de moi.

— Oui, mon jeune maître Paul. Nous avons besoin de toi, mais nous avons besoin de toi vivant.

— Vous avez besoin de mes talents, et le plus tôt possible. J’ai été le Kwisatz Haderach, et ce ghola possède les mêmes gènes. Imagine tout ce que je pourrais faire pour vous aider.

— Le Kwisatz Haderach… (En soupirant, Duncan s’assit sur son lit.) Les Sœurs ont consacré des siècles à sa création, mais en même temps il les terrifiait. Il est censé pouvoir relier l’espace et le temps, distinguer l’avenir aussi bien que le passé, dans des endroits où même une Révérende Mère n’ose aller. Par la force ou par la ruse, il peut forger une union entre les factions les plus diverses. Il dispose de toutes sortes de pouvoirs formidables.

— Quels que soient ces pouvoirs, Duncan, il me les faut. Et pour cela, j’ai besoin de mes souvenirs. Essaie de convaincre Sheeana de me laisser essayer.

— Elle fera ce qu’elle voudra, et quand elle voudra. Tu surestimes mon influence auprès des Sœurs.

— Mais si le filet de l’Ennemi finissait par nous enserrer entièrement  ? Si le Kwisatz Haderach était votre seul espoir  ?

— Leto II était lui aussi un Kwisatz Haderach, même si ni toi ni ton fils n’avez vraiment répondu aux attentes des Bene Gesserit. Les Sœurs ont très peur de ceux qui manifestent des pouvoirs inhabituels. (Il rit.) Après la Dispersion, quand les Sœurs ont ramené le grand Duncan Idaho à la vie, certaines m’ont même accusé d’être un Kwisatz Haderach. Elles ont fait assassiner onze de mes gholas, soit par des hérétiques du Bene Gesserit, soit par des comploteurs du Tleilax.

— Mais pourquoi ne veulent-elles pas de ces pouvoirs  ? J’aurais cru…

— Oh, elles les veulent bien, ces pouvoirs, mais uniquement à condition d’en avoir le contrôle parfait.

Il ressentait une profonde affection pour le jeune homme, qui semblait tellement désespéré et perdu.

— Je ne peux rien faire sans mon passé, Duncan. Aide-moi à le retrouver! Tu en as vécu une partie avec moi. Tu te souviens, toi.

— Oui, je me souviens très bien de toi. (Duncan joignit les mains derrière sa nuque et s’inclina en arrière.) Je me souviens de ton baptême sur Caladan, peu de temps après que tu as failli être assassiné dans les intrigues impériales. Je me souviens comment la famille entière du Duc Leto s’est trouvée en danger dans la Guerre des Assassins. J’ai eu le grand honneur d’être choisi pour t’emmener en lieu sûr, et nous sommes allés tous les deux dans les régions sauvages de Caladan. Nous y avons vécu cachés parmi les indigènes, avec ta grand-mère Héléna qui avait été exilée. C’est à cette époque-là que nous sommes devenus si proches, toi et moi. Oui, je m’en souviens très bien.


— Moi, je ne me souviens de rien, soupira Paul. Duncan avait l’impression d’être pris dans une boucle sans fin de ses vies antérieures. Caladan… Dune… les Harkonnen… Alia… Hayt.


— Sais-tu vraiment ce que tu me demandes, pour tes souvenirs et ta vie passée  ? Lorsque les Tleilaxu ont créé mon premier ghola, c’était pour en faire un assassin. Ils m’ont manipulé parce que j’étais ton ami. Ils savaient que tu ne pourrais pas me repousser, même si tu soupçonnais un piège.


— Jamais je ne t’aurais repoussé, Duncan.


— J’avais déjà levé mon couteau, prêt à frapper, mais au dernier moment, je suis entré en collision avec moi-même. Hayt, l’assassin programmé, est devenu le fidèle Duncan Idaho. Tu ne peux pas imaginer les souffrances que cela a représenté! (L’air grave, il pointa le doigt vers le jeune homme.) Il faudra une crise similaire pour restaurer ton passé.


Paul serra la mâchoire.

— Je suis prêt à l’affronter. Je ne crains pas la douleur. En fronçant les sourcils, Duncan lui dit  :


— Mon jeune Paul, tu mènes une existence trop confortable, car tu as Chani avec toi. Elle assure ton équilibre et ton bonheur… et c’est un sérieux handicap. Par contre, regarde ce qui est arrivé à Yueh. Il a résisté à ses souvenirs de toutes les fibres de son être, et c’est ce qui l’a fait basculer. Mais toi… quel levier peuvent-elles utiliser contre toi, Paul Atréides  ?


— Nous trouverons bien quelque chose.


— Es-tu vraiment prêt à l’accepter  ? (Duncan se pencha vers lui, sans manifester aucune pitié.) Imagine que tu ne puisses récupérer ton passé qu’à condition de perdre Chani  ? Qu’il faille qu’elle agonise dans tes bras avant que tu puisses de nouveau te souvenir  ?


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