La prescience ne révèle pas d’absolus, mais seulement des possibilités. La meilleure façon de savoir ce que l’avenir nous réserve est de le vivre en temps réel.

Extrait de Conversations avec Muad’Dib, par la Princesse Irulan.


— Un duel  ? Cela n’a aucun sens. (Le Baron regarda autour de lui en fronçant les sourcils.) C’est du gâchis. Naturellement, je suis convaincu que mon cher Paolo n’aura aucun mal à vaincre son rival, mais enfin, Omnius, pourquoi ne pas garder les deux Kwisatz Haderach  ?

— Je ne veux que le meilleur, répondit le suresprit.

— Et nous ne serions pas sûrs de pouvoir les contrôler tous les deux lorsqu’ils en viendraient à se battre pour la suprématie avec leurs nouveaux pouvoirs, dit Erasmus.

— Le vainqueur recevra l’ultra-épice, déclara Omnius. Et quand il l’aura absorbée, j’aurai mon véritable Kwisatz Haderach ultime. Je pourrai alors mettre fin à toutes ces bêtises, et entreprendre mon véritable travail de remodelage de l’univers.

Chani tenait toujours Paul par le bras.

— Comment pouvez-vous être sûr que votre Kwisatz Haderach est bien l’un de ces deux-là  ?

— Vous souffrez peut-être d’une forme de délire, fit remarquer Yueh.

Paolo lui lança un regard noir.


— Et pourquoi coopérerais-je, si je gagne  ? demanda Paul. Mais sa protestation s’étrangla dans sa gorge sous l’effet des visions récurrentes. Il croyait savoir ce qui allait se passer, ou tout du moins en partie.


— Parce que nous avons la foi, dit le Baron.


Ce monstre d’impiété fut le seul à rire de sa plaisanterie. Paolo se mit à tracer des arabesques dans l’air avec la pointe de son arme.

— J’ai la dague de l’Empereur! Elle t’a poignardé autrefois.


— Cela ne se reproduira plus. C’est aujourd’hui mon moment de triomphe.

Mais Paul sentait bien la vacuité de ses paroles, la vulnérabilité qui se cachait derrière la bravade. Il ne voyait aucun moyen d’échapper à ce duel, et il n’était même pas sûr de le vouloir. Il chassa de son esprit les éclairs de vision. Cette ignoble version de lui-même devait être excisée comme une tumeur cancéreuse.

Le moment était venu. Paul se concentra pour se préparer au combat. Il embrassa Chani, en la regardant à peine. La dague qu’elle lui avait fabriquée à partir d’une dent de ver était parfaitement équilibrée dans sa main. Il s’était entraîné au maniement du krys à bord du non-vaisseau, et il savait se battre.


Je ne dois pas avoir peur. La peur tue l’esprit.


Le jeune Paolo étira les lèvres en un mince sourire.


— Je me rends bien compte que tu as eu les visions, toi aussi! Tu vois, encore un point où on se ressemble.


— Des visions, j’en ai eu beaucoup. J’affronterai ma peur.

— Pas comme celles-là.


Le petit sourire entendu de son adversaire était agaçant, et troublant… Paul rassembla sa détermination. Il n’allait pas donner à Paolo la satisfaction de le voir manifester de la crainte ou une quelconque hésitation.

Des robots de vif-argent apparurent et repoussèrent les observateurs humains sur un côté de la grande salle. Le Baron recula et rejoignit Khrone, regardant tour à tour le jeune Paolo et la plaque d’ultra-épice si tentante. Il se passait la langue sur les lèvres d’un air gourmand, comme s’il voulait la goûter lui-même.

Sur le sol lisse de l’aire de combat, Paul était en position à deux mètres de Paolo. Son jeune adversaire faisait passer sa dague d’une main à l’autre en souriant de toutes ses dents blanches.

Pour se calmer, Paul passa en revue toutes les leçons importantes qu’il avait apprises  : les postures Bene Gesserit et l’enseignement du prana-bindu, l’entraînement musculaire précis et les rigoureux exercices d’attaque auxquels Duncan et le Bashar avaient soumis tous les enfants gholas.


Il s’adressa à sa peur  : Je lui permettrai de passer sur moi et à travers moi.


C’était ici que tout allait se décider. Il était convaincu que s’il était à la hauteur et remportait ce duel, ses pouvoirs de Kwisatz Haderach remonteraient à la surface, et il serait alors capable de vaincre les machines pensantes. Mais si c’était Paolo le vainqueur… Il ne voulait même pas envisager cette possibilité.

— Usul, souviens-toi du temps où tu étais avec les Fremen, lui lança Chani. Souviens-toi de ce qu’ils t’ont appris!

— Il ne se souvient de rien, sale petite garce! (Paolo fendit l’air d’un revers de sa dague, comme pour trancher la gorge d’un adversaire invisible.) Mais moi, je suis parfaitement entraîné, je suis une machine de combat.

Le Baron applaudit, mais mollement.

— Personne n’apprécie vraiment les vantards, Paolo… à moins, bien sûr, que tu ne gagnes, prouvant ainsi à tout le monde que tu ne faisais qu’énoncer un fait.


Paul se refusait à se laisser dominer par ses visions. Si je suis réellement le Kwisatz Haderach, je saurai les modifier. Je me battrai. Je serai partout à la fois.


Le jeune Paolo devait avoir pensé la même chose, car il plongea soudain vers Paul, rapide comme une vipère. Surpris par ce début inattendu du combat, Erasmus s’écarta prestement en faisant voler ses robes autour de lui. Il avait apparemment eu l’intention d’énoncer les règles du duel, mais Paolo avait décidé d’en faire une simple bagarre de rue.

Paul se pencha en arrière, souple comme un roseau, et la lame passa en sifflant à un centimètre de son cou. Le jeune Paolo ricana  :

— C’était juste un coup d’essai! (Il leva sa dague pour faire voir la tache rouge sur la lame.) J’ai un temps d’avance sur toi, car cette arme a déjà goûté ton sang!

— C’est plus ton sang que le mien, murmura Paul.

Il s’avança en faisant danser la lame de son krys devant lui.

L’autre ghola réagit en imitant les mouvements de Paul, comme s’ils étaient reliés par une connexion télépathique. Il tenta un coup au flanc, auquel Paul réagit par une esquive de côté. Était-ce là une forme de prescience, se demanda Paul, dans laquelle chacun prévoyait inconsciemment les coups de son adversaire, ou chacun connaissait-il le style de combat de l’autre, et était capable de le reproduire parfaitement  ? Leur entraînement et leur éducation avaient été totalement différents, et pourtant…

Entièrement absorbé par le duel, Paul ne percevait plus qu’une sorte de bruit de fond indistinct. Au début, il avait entendu des encouragements et des cris d’inquiétude venant de sa mère et de Chani, mais il les avait ignorés. Avait-il le potentiel pour devenir le Kwisatz Haderach ultime qu’Omnius recherchait  ? Voulait-il vraiment l’être  ? Il avait lu les archives historiques, il savait les souffrances et les bains de sang dont Paul Muad’Dib et Leto II avaient été la cause en tant que Kwisatz Haderach. Qu’est-ce que les machines tenteraient d’accomplir, une fois qu’elles posséderaient un Kwisatz Haderach encore plus puissant  ? Une partie de Paul, encore inaccessible, avait déjà la faculté de voir là où personne d’autre ne le pouvait - dans le passé masculin aussi bien que féminin. Quels autres pouvoirs sommeillent encore en moi  ? Oserai-je les découvrir  ? Si je remporte ce duel, qu’est-ce que les machines exigeront ensuite de moi  ?

Il avait l’impression d’être un gladiateur de l’ancienne Terre, obligé de prouver sa valeur dans une arène. Et il avait une faiblesse mortelle  : Omnius retenait en otages Chani, Jessica, Duncan et bien d’autres. Si Paul venait à recouvrer ses souvenirs, son attachement pour eux serait encore plus fort.

C’était manifestement de cette façon qu’Omnius comptait obliger Paul à coopérer, au cas où il remporterait ce duel. L’amour qu’il éprouvait pour ses compagnons ne ferait que grandir, et ils souffriraient par sa faute. Du fait que le suresprit ordinateur était infiniment plus patient que les humains, les machines pourraient torturer et tuer ces otages en toute impunité, puis prélever des cellules et produire de nouveaux gholas. Et cela indéfiniment! Erasmus ferait peut-être revenir sa sœur Alia, son père le Duc, ou Gurney, ou encore Thufir. Pour les tuer, les ressusciter, et les tuer de nouveau. À moins que Paul Atréides, le Kwisatz Haderach, n’accède à leurs exigences, les machines pensantes feraient de son existence un enfer éternel. Ou du moins était-ce leur intention.

Il comprenait à présent le dilemme de son destin. Et il se vit de nouveau baignant dans une mare de sang. Il était possible que certaines choses ne puissent être modifiées. Mais s’il était vraiment un Kwisatz Haderach, il devrait être capable de déjouer des stratégies aussi mesquines.

Il continua de se battre dans un déchaînement de passion, le corps trempé de sueur dans sa frénésie. Paolo lui lança un coup de pied et fendit l’air avec la dague de l’Empereur. Paul plongea à terre en faisant un roulé-boulé, et son adversaire se précipita sur lui. Son arme s’abattit avec une telle force que le coup aurait été mortel si Paul n’avait pas réussi à l’esquiver au dernier moment.

La lame lui déchira la manche et traça un mince filet de sang sur son épaule gauche, puis elle frappa le sol dallé avec un bruit métallique. Le poignet engourdi par le choc, Paolo faillit lâcher son arme.

Sur le sol poli, Paul pivota et plaça ses jambes sous son adversaire, puis il donna un puissant coup de pied en l’air. Il avait un avantage physique sur ce garçon de douze ans. Saisissant son adversaire par le poignet, il réussit à se relever, mais Paolo lui agrippa l’autre, l’empêchant d’abattre son krys. Paul utilisa alors sa force supérieure pour les rapprocher tous les deux de la fontaine de lave.

— Ce n’est… pas… très… original!

Le plus jeune des deux gholas avait la respiration sifflante. Il se débattait tandis que Paul continuait de le pousser en arrière. La chaleur intense de la fontaine commençait à les envelopper. S’il réussissait à projeter Paolo dans le métal en fusion, est-ce qu’il se tuerait lui-même… ou trouverait-il au contraire le salut  ?

Paul lisait très clairement dans son adversaire, et il était incapable de le haïr. Au fond d’eux-mêmes, tous deux étaient Paul Atréides. Paolo n’était pas foncièrement mauvais… mais il avait été corrompu par les choses terribles qu’on lui avait faites et qu’on lui avait enseignées, et non de par sa propre volonté. Paul ne se laissait cependant pas affaiblir par son empathie pour son rival, car sinon, Paolo n’hésiterait pas un instant à le tuer. Mais Paul - parce qu’il était Paul - était décidé à lutter de toutes les fibres de son être pour préserver l’avenir de l’humanité.

Omnius et Erasmus observaient le combat, sans encourager l’un quelconque des adversaires. Ils étaient prêts à accepter le vainqueur, quel qu’il soit. Les yeux enfoncés de Khrone, semblables à des noyaux d’olive, ne recelaient aucune émotion. Le Baron fronçait les sourcils. Paul préféra ne pas regarder du côté de Chani ou de sa mère.

L’air était surchauffé par la fontaine de lave rugissante, et le corps de Paul, déjà couvert de sueur, devint encore plus glissant. Paolo, souple et nerveux, sut en tirer parti en se tordant dans l’emprise de Paul qui commençait à céder. Soudain, alors qu’ils se trouvaient juste au bord du bassin, le jeune ghola plia les genoux pour se laisser tomber de tout son poids.

Paul réagit trop fortement et s’en trouva déséquilibré. Il porta un coup de genou dans le ventre de son adversaire, mais le jeune Paolo avait encore des réserves. Quand Paul brandit son krys,


Paolo leva lui-même sa dague et frappa la main de Paul avec le pommeau. Dans un réflexe convulsif, Paul lâcha le krys qui heurta le rebord du bassin et plongea dans le métal en fusion. Fini.


Avec la puissance de la vision qui le dominait, plus forte que le simple fait de savoir qu’il allait mourir, Paul prit conscience de ce qu’il aurait dû savoir depuis le début  : Je ne suis pas le Kwisatz Haderach qu’Omnius veut. Ce n’est pas moi!

Le temps sembla ralentir et se figer. Était-ce pareil pour le Bashar Teg lorsqu’il s’accélérait  ? Mais Paul Atréides ne pouvait pas se déplacer plus vite que les événements autour de lui. Ils le retenaient prisonnier et l’enserraient comme les bras d’acier de la Mort.

Avec un sourire venimeux, le jeune Paolo abaissa sa dague au pommeau d’or en un arc parfait et, dans un geste d’une lenteur consommée, il la plongea dans le flanc de Paul. Faisant glisser la lame entre les côtes de son adversaire, il continua de pousser la pointe mortelle à travers le poumon, jusqu’à ce qu’elle transperce le cœur.

Paolo retira alors sa dague d’un geste brusque, et le temps reprit son cours normal. Dans le lointain, Paul entendit Chani hurler.

Le sang jaillit de la plaie, et Paul s’affaissa contre le rebord de la fontaine brûlante. La blessure était mortelle, cela ne faisait aucun doute. La clameur de la voix presciente dans sa tête ne servait à rien. Elle semblait se moquer de lui. Je ne suis pas le Kwisatz Haderach ultime!

Il glissa à terre comme une poupée de chiffon, et vit à peine Jessica et Chani qui accouraient. Tenant Yueh par le col, Jessica traînait le docteur Suk derrière elle pour qu’il s’occupe de son fils ensanglanté.

Paul n’aurait jamais cru qu’un corps pouvait contenir autant de sang. Il leva les yeux, et à travers le voile qui commençait à se former, il put distinguer un Paolo ivre de triomphe, brandissant la dague ruisselante.

— Tu le savais bien, que je te tuerais! Tu aurais aussi bien pu enfoncer la dague toi-même.

C’était une parfaite reproduction de ses visions. Il était étendu à terre, et sa vie s’échappait aussi vite que son corps le lui permettait.

Il entendit le rire tonitruant du Baron Harkonnen. C’était un bruit insupportable, mais Paul ne pouvait rien faire pour l’arrêter.


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