Le temps est un bien beaucoup plus précieux que le mélange. Même l’homme le plus riche de l’univers ne peut s’acheter quelques minutes de plus à ajouter à chaque heure.


Duc Leto Atréides, dernier message de Caladan.


Un filet arachnéen scintillant de mille couleurs enveloppait


L’Ithaque. Même en poussant ses moteurs à fond, le non-vaisseau ne pouvait s’en dégager. Pour tenter de reprendre le contrôle et d’échapper à ce piège étrange, Duncan activa les générateurs Holtzman et se prépara à déchirer les mailles chatoyantes. C’était la seule possibilité qui leur restait.


Jetant un regard furieux vers le cadavre du Danseur-Visage gisant sur le pont, Sheeana ordonna à deux Sœurs  :

— Dégagez-moi cette chose de la passerelle!

Un instant plus tard, elles avaient emporté le corps ensanglanté du changeur de forme.

Maintenant que tous pouvaient voir le filet, Duncan concentra ses facultés de Mentat pour étudier le maillage qui les emprisonnait. Il chercha fébrilement la moindre faiblesse dans cette structure puissante, mais ne trouva rien qui ressemble à un défaut, aucun endroit par lequel ils puissent se glisser.

Il allait donc devoir recourir à la force brute.

Quelques années plus tôt, il avait réussi à se dégager du filet en utilisant les générateurs Holtzman d’une façon que ses concepteurs n’auraient jamais imaginée. Il avait pu ainsi placer


L’Ithaque exactement sous l’angle et à la vitesse nécessaires pour pénétrer le tissu de l’espace. Ce n’était pas sans rappeler une technique de Maître d’Escrime, un lent mouvement de la lame pour traverser un bouclier personnel.


— Nous accélérons, dit-il.

Teg se pencha sur la console de navigation, la sueur perlant au front.

— Ça va être très juste, Duncan. (L’immense vaisseau tendit les fils multicolores, en déchira plusieurs et commença à prendre de la vitesse.) Nous y sommes!

Duncan eut un bref moment d’espoir, un sentiment de triomphe.

Une explosion secoua le vaisseau, puis une autre, et une autre encore. Des vibrations et des ondes de choc parcoururent la coque et les ponts comme si un titan frappait l’Ithaque à grands coups de marteau. La passerelle de navigation trembla.

En s’agrippant à son fauteuil, Duncan afficha les écrans de diagnostic.


— Qu’est-ce que c’était que ça  ? L’Ennemi nous tire dessus  ? Les explosions avaient précipité Teg à terre, mais il réussit à se relever et s’appuya à la console pour conserver l’équilibre.


— Les mines volées! Je crois que nous venons de les retrouver. (Les mots se bousculaient dans sa bouche.) Thufir ou le Rabbi ont dû les régler pour se déclencher…

Comme pour confirmer son hypothèse, une autre explosion secoua le pont, plus proche que les précédentes.

L’Ithaque bascula, hors de tout contrôle maintenant que ses moteurs étaient paralysés. Les générateurs de gravité artificielle étant déconnectés, le pont s’inclina. Duncan se sentit complètement désorienté tandis que le vaisseau se mettait à pivoter.

Le filet scintillant augmenta d’intensité et se resserra autour d’eux comme un garrot.

Finalement, dans le lointain, des vaisseaux de l’Ennemi apparurent tels des chasseurs s’approchant d’un piège qu’ils ont tendu. Duncan examina fixement les écrans d’observation externe. Qui donc les avait poursuivis pendant si longtemps  ? Les Danseurs-Visages  ? Une espèce non humaine inconnue et cruelle  ? Qui pouvait être assez terrifiant pour pousser les Honorées Matriarches à retourner dans l’Ancien Empire  ?

— Ces salopards croient nous tenir, dit Duncan en serrant les poings.

— Parce que tu penses qu’ils ne nous tiennent pas vraiment  ? (Le Bashar était atterré par l’affichage des indicateurs de dégâts, illuminant de nombreuses sections du vaisseau comme des guirlandes de fête.) Les mines ont détruit nos systèmes les plus vitaux, et nous dérivons dans l’espace.

À l’aide de sa concentration de Mentat, Duncan examina les écrans de sa console de commandement. Les affichages complexes montraient le filet qui les enserrait complètement. Il pointa du doigt vers un nœud dans le diagramme, une zone de signaux électroniques modulés. À première vue, cette maille ne semblait pas différente des autres, mais en l’étudiant plus attentivement, il pensa avoir trouvé une faiblesse.


— Regarde ça, dit-il à Teg. Celui-ci se pencha fébrilement.


— Une faille possible  ?

— Si seulement nous pouvions nous déplacer! (Duncan se mit à faire les cent pas devant les commandes, cherchant désespérément une idée.) Il faudrait pratiquement une danse aléatoire pour nous sortir de ce labyrinthe… à condition que ce vaisseau puisse voler.

— Si nous nous y mettions tous, il nous faudrait une semaine pour effectuer les réparations. Nous n’avons pas le temps. (Le Bashar indiqua les écrans tactiques affichant les données transmises par les capteurs à longue portée.) Des vaisseaux ennemis approchent. Ils savent que nous sommes pris au piège.

Duncan accepta de voir la réalité en face.

— Les générateurs Holtzman sont hors service. Pas moyen de réparer à temps, pas moyen de s’échapper. (Il tapa du poing sur le panneau à côté de la maille enchevêtrée, le point faible du filet affiché sur les diagrammes de la console.) Et pourtant, je sais que je pourrais y arriver. Pourquoi ce fichu vaisseau ne veut-il pas voler  ?

Teg jeta un coup d’œil aux clignotants des capteurs indiquant l’approche de l’Ennemi, regarda défiler à l’écran les rapports automatiques recensant les dégâts, et sut exactement ce qu’il fallait faire. Lui seul en était capable.

— Je peux réparer le vaisseau, dit-il. (Il n’avait pas le temps de s’expliquer.) Tiens-toi prêt.

Et il disparut simplement.

Miles Teg accéléra son métabolisme pour passer en hypervitesse, le processus qu’il avait appris après avoir survécu aux tortures insoutenables infligées par les Honorées Matriarches et leurs séides. Autour de lui, le temps ralentit. C’était une situation dangereuse car son organisme allait avoir des besoins extrêmes en énergie, mais il n’avait pas le choix. Les clignotants d’alarme devinrent des pulsations très lentes, un cycle par seconde. Cela lui aurait pris trop de temps de reconsulter les archives techniques sur les systèmes du vaisseau, mais ce n’était pas nécessaire - il les avait déjà étudiées à fond. Grâce à sa mémoire de Mentat, il s’en souvenait parfaitement, et il se mit donc au travail. Seul.

Bien qu’il fût déjà en mode accéléré, Teg s’efforça de courir le plus vite possible. Sur chaque niveau du vaisseau, il croisait des passagers immobiles comme des statues, affichant des expressions étonnées ou inquiètes. Il se hâta de rejoindre le premier site endommagé.

Là où la première mine avait explosé, il contempla avec effarement et consternation le métal tordu, les cratères et les systèmes vaporisés. Il passa de site en site pour évaluer l’étendue des dégâts et déterminer quels systèmes étaient indispensables à leur évasion. Les infiltrateurs des Danseurs-Visages avaient soigneusement choisi les emplacements des huit mines, et chaque explosion avait porté un coup terrible au non-vaisseau  : navigation, systèmes de support vital, générateurs Holtzman, armes défensives.

Teg fit aussitôt des choix. Son existence l’avait préparé aux situations d’urgence; sur un champ de bataille, on ne peut pas se permettre d’hésiter. Si Duncan ne pouvait pas faire voler l’Ithaque tout de suite, ils n’auraient plus jamais besoin des systèmes de support vital. Sinon, quelqu’un pourrait toujours les réparer plus tard. Un risque acceptable. Les générateurs de non-champ étaient désactivés.

Les générateurs Holtzman. Quatre des huit mines avaient été placées pour endommager les moteurs indispensables au repli de l’espace. Le saboteur avait d’abord amené le non-vaisseau à proximité de la place forte de l’Ennemi, puis il l’avait paralysé à l’aide des mines explosives.

Toujours en hypervitesse, Teg procéda à une analyse complète des dégâts et établit un plan de réparation en faisant appel à ses facultés de Mentat. Il inventoria les stocks de matériel, de pièces détachées et d’appareillage d’urgence. Il fallait qu’il travaille le plus rapidement possible avec le matériel à sa disposition; il n’avait personne pour l’aider. Il commença par reconnecter et reprogrammer les systèmes d’armement afin qu’ils tirent des salves sur les vaisseaux en approche. Cela pourrait leur faire gagner de précieuses minutes.

Teg poursuivit son travail. Les voyants d’alarme continuaient de s’allumer et de s’éteindre tels des soleils qui se lèvent et se couchent. Une heure s’écoula dans son système de référence, alors qu’en temps réel, cela ne faisait que quelques secondes qu’il avait quitté la passerelle. Il fallait maintenant qu’il s’occupe des générateurs, absolument essentiels pour qu’ils puissent s’évader.

Les connexions principales avaient été rompues et les catalyseurs Holtzman sortis de leur logement, un défaut d’alignement qui les rendait inutilisables. Deux caissons de réaction étaient percés. Une des explosions avait failli ouvrir une brèche dans la coque. Teg resta un instant atterré, les bras tremblants, persuadé qu’il ne pourrait pas réparer de tels dégâts. Mais il écarta ces pensées négatives et se remit au travail.

Tous ses muscles tremblaient d’épuisement, et ses poumons brûlaient de devoir respirer si rapidement que les molécules d’oxygène avaient à peine le temps de se déplacer.

Il ne devrait pas être trop difficile de réparer la coque. Teg courut aux secteurs de maintenance où il trouva des plaques de rechange. Comme il lui était impossible de faire fonctionner les engins de levage du vaisseau à la même vitesse que lui, il avait décidé de se servir de suspenseurs. Il appliqua les projecteurs de zéro-gravité sur les lourdes plaques et les transporta rapidement à travers les couloirs, en prenant soin d’éviter les passagers pétrifiés.

À chaque seconde qui passait, les vaisseaux de l’Ennemi se rapprochaient. Certains occupants du vaisseau venaient juste d’apprendre que les mines avaient explosé. Teg accéléra encore, accompagné des suspenseurs.

En quelques « heures » selon son horloge métabolique, c’est-à-dire quelques instants seulement en temps réel, il répara les dégâts infligés à la coque, qui auraient pu compromettre le fonctionnement du générateur. Son corps ruisselait de sueur, et il n’était pas loin de s’effondrer. Mais malgré son état d’épuisement total, il ne pouvait pas se permettre de ralentir. Jamais il ne s’était enfoncé aussi profondément dans ce puits de métabolisme brûlant.

Son organisme ne pourrait pas supporter bien longtemps un tel rythme. Mais il devait continuer, car sinon le vaisseau serait capturé et ils mourraient tous. La faim plantait ses crocs dans son estomac. Il ne pouvait pas rester comme ça. Pour pouvoir se concentrer et faire ce qu’il avait à faire, il devait absolument s’alimenter.

La faim au ventre, sans réduire son hypervitesse, il se rendit dans les magasins du vaisseau où il trouva des barres énergétiques et des tablettes de nourriture concentrée. Il les dévora jusqu’à satiété, puis il repartit en courant pour s’occuper d’une zone dévastée après l’autre, brûlant les calories aussi vite qu’il arrivait à les absorber.

Teg passa ainsi plusieurs jours en temps subjectif à accomplir ces travaux hautement spécialisés. Pour des observateurs extérieurs, pris dans les glaces du temps normal, il ne s’était écoulé qu’une minute ou deux.

Lorsque la tâche se révélait impossible, le Bashar s’efforçait de réévaluer ce dont le vaisseau avait besoin pour fonctionner. Quelles étaient les réparations minimum nécessaires pour que Duncan puisse s’engager dans la maille faible du filet  ?

L’explosion des mines avait provoqué des dégâts en chaîne. Plutôt que de se perdre dans les détails, Teg gardait en tête le besoin immédiat et se forçait à se concentrer sur ce qui était possible, même si les chances étaient faibles.

Trente ans plus tôt, Teg et ses vaillants compagnons s’étaient emparés de ce vaisseau sur Gammu. Depuis lors, l’Ithaque avait admirablement fonctionné, mais il avait été impossible d’effectuer dans les chantiers de la Guilde les opérations d’entretien normalement nécessaires. Des pièces usées n’avaient pas été remplacées; des systèmes étaient tombés en panne au fil du temps ou par suite de négligences, quand ce n’était pas à cause des saboteurs. Limité au matériel et aux pièces qu’il pouvait trouver dans les baies de maintenance, Teg examinait et rejetait différentes méthodes de réparation.

Les voyants d’alarme continuaient de clignoter lentement. Teg se déplaçait trop rapidement pour pouvoir interpréter les ondes sonores. En temps réel, on devait entendre des hurlements de sirènes, des cris et des ordres contradictoires.

Après avoir remis en état l’un des catalyseurs Holtzman, Teg s’accorda un instant de répit pour examiner un écran d’observation. Au milieu des lignes de balayage, il vit que les vaisseaux de l’Ennemi étaient enfin arrivés, massifs et puissamment armés… toute une flotte d’appareils monstrueux hérissés d’armes, de réseaux de capteurs et d’antennes diverses.

Bien qu’il se sentît déjà complètement épuisé, Teg comprit qu’il devait encore accélérer.

Il se précipita dans la salle où était stocké le mélange et fractura les verrous d’un simple geste du poignet. Il retira des paquets brun foncé de la substance concentrée et se livra un instant à un calcul mentat. Compte tenu de son hypermétabolisme et du rythme sans précédent de ses réactions biochimiques, quelle était la dose correcte susceptible d’agir le plus rapidement possible  ? Il décida de prendre trois gaufrettes - trois fois plus que ce qu’il avait jamais absorbé jusque-là - et les avala d’un coup.

Tandis que le mélange se répandait dans son organisme et envahissait ses sens, il se sentit revivre, plein d’énergie et capable de réaliser l’impossible. Ses muscles et ses nerfs étaient en feu, et ses pieds laissaient des traces sur le sol derrière lui.

Quelques instants plus tard, il avait déjà réparé une autre partie du générateur. Mais pendant ce temps, la flotte ennemie avait continué de se rapprocher et le non-vaisseau était toujours incapable de voler.

Teg jeta un coup d’œil à ses avant-bras et vit que sa peau commençait à se rétracter, comme s’il dévorait chaque gramme d’énergie contenu dans sa chair.

Les vaisseaux ennemis tirèrent une salve de missiles destructeurs. Des sphères d’énergie se dirigèrent vers Y Ithaque tels des nuages d’orage s’approchant avec une lenteur inexorable. Toutes ses réparations n’auraient servi à rien si le vaisseau était touché. L’Ithaque risquait même d’être détruit.

Teg se précipita aux commandes défensives. Heureusement, il avait commencé par remettre en état une partie de l’armement. Les systèmes défensifs de l’Ithaque avaient beau être lents, les manettes de déclenchement, elles, étaient suffisamment rapides. Teg riposta par une volée de missiles dispersés, comme un bouquet de feu d’artifice. Puis il projeta des faisceaux d’énergie soigneusement calculés pour intercepter et neutraliser les projectiles ennemis. Mais aussitôt après, il abandonna la console de tir et retourna précipitamment s’occuper du générateur Holtzman suivant.

Le Bashar Teg avait l’impression d’être une chandelle presque entièrement consumée, dont il ne resterait plus qu’un petit tas de cire fondue. Malgré tous ses efforts, leur destin semblait scellé.


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