C’était déjà un tourment de devoir endurer mes erreurs dans ma vie précédente. Et voilà que je suis condamné à revivre sans cesse mon passé.


Dr Wellington Yueh, notes d’entretien prises par Sheeana.


Dans son corps d’adolescent, mais chargé du fardeau d’un très vieil homme, le docteur Suk était agenouillé auprès de Paul. Il lui avait appliqué tous les traitements d’urgence à sa disposition, tout en sachant qu’il ne pouvait sauver le jeune Atréides. Une technique spéciale lui avait permis de réduire en grande partie l’hémorragie, mais il finit par secouer tristement la tête  :

— La blessure est mortelle. Je ne peux que prolonger son agonie.

Malgré son acte de trahison dans sa vie antérieure, Yueh avait aimé le fils du Duc. Dans ces jours anciens, il avait été un professeur et un mentor pour Paul. Il s’était assuré que le garçon et sa mère aient une chance de survivre dans le désert d’Arrakis après la prise de pouvoir par les Harkonnen. Même en pleine possession de ses connaissances de docteur Suk, Yueh n’avait pas l’équipement nécessaire pour aider ce Paul-ci. Le poignard avait traversé le péricarde et pénétré le cœur. Par la seule force de sa volonté, le jeune homme s’accrochait encore à la vie, mais il avait perdu beaucoup trop de sang. Son cœur en était à ses derniers battements.

Malgré les chances que lui offrait une seconde vie, Yueh n’arrivait pas à échapper à ses échecs et trahisons antérieurs. Il n’avait cessé de souffrir en lui-même, ressassant ses erreurs passées. Les Sœurs du non-vaisseau l’avaient ressuscité à des fins secrètes qu’il n’avait jamais réussi à élucider. Pourquoi était-il ici  ? Certainement pas pour sauver Paul. Il ne pouvait plus rien pour lui.

À bord de l’Ithaque, il avait tenté d’agir en fonction de ce qu’il croyait juste et nécessaire, mais il n’avait fait que provoquer un autre drame, et causer encore plus de souffrances. Il avait tué le fœtus du Duc Leto, et non pas celui d’un autre Piter de Vries. Il savait que le Rabbi/Danseur-Visage l’avait manipulé, mais il se refusait à y trouver une excuse pour son acte.

Chani était assise au côté de Paul, prononçant son nom d’une voix rauque assez inhabituelle. Yueh sentit que quelque chose en elle avait changé. Il y avait dans son regard une dureté d’acier qu’il n’avait jamais vue dans les yeux de la jeune fille de seize ans qu’il connaissait.

Il comprit soudain que le fait horrible de tenir dans ses bras le corps ensanglanté de Paul avait déclenché la crise nécessaire pour que Chani recouvre ses souvenirs de ghola - juste à temps pour comprendre l’immensité de la perte qu’elle allait subir. Yueh eut un instant de vertige en pensant à la cruauté du destin.

De son côté, le Baron s’agitait, d’abord interloqué, puis irrité, et maintenant désespéré.

— Paolo, mon garçon, réponds-moi!

Il était accroupi à côté du garçon au regard vitreux. D’un geste rageur, il leva la main comme pour frapper cette pâle copie de Paul Atréides, mais Paolo ne réagit pas.

Erasmus observait la scène avec une intense curiosité. Ses capteurs optiques étincelaient.

— Il semble qu’aucun de nos deux gholas de Paul Atréides ne soit le Kwisatz Haderach que nous espérions. La précision de nos prédictions laisse à désirer.

Remarquant la confusion dans laquelle le Baron était plongé, Yueh sut qu’il ne lui restait plus qu’une chose à faire. En s’efforçant de recouvrer son calme, il se releva et s’approcha du Baron.

— Je suis un docteur Suk, dit-il. (Ses vêtements étaient trempés du sang de Paul.) Je pourrais peut-être aider.


— Hein  ? Vous  ? fit le Baron avec un rictus de dédain. Jessica regardait fixement le médecin, et Chani semblait prête à le frapper pour le punir d’avoir abandonné Paul. Mais Yueh ne s’intéressait qu’au Baron.

— Voulez-vous que je vous aide, oui ou non  ? Le Baron s’écarta.


— Bon, d’accord, mais dépêchez-vous, bon sang!

Avec des gestes mécaniques, Yueh s’accroupit et passa les mains sur le visage de Paolo. Il sentit la moiteur glacée de la

Il ne voyait rien. Quelqu’un lui tenait la main, mais il le sentait à peine. Il entendit la voix d’une jeune femme.

— Je suis là, Usul. (Chani. Elle était au cœur de ses souvenirs, et il fut heureux qu’elle soit à son côté.) Je suis là, mon bien-aimé, moi tout entière, avec tous mes souvenirs. Reviens, je t’en supplie.

Une voix plus ferme attira son attention, comme si des liens la rattachaient à son esprit.

— Paul, tu dois m’écouter. Souviens-toi de ce que je t’ai appris. (La voix de sa mère. Jessica…) Souviens-toi de ce que la véritable Dame Jessica a enseigné au véritable Paul Atréides. Je sais ce que tu es. Tu possèdes le pouvoir. C’est pour cela que tu n’es pas encore mort.

Il réussit à trouver des mots au fond de sa gorge, qui remontèrent sur ses lèvres comme des bulles de sang. Il fut étonné du son de sa propre voix.

— Pas possible… Je ne suis pas… le Kwisatz Haderach… l’ultime…

Il n’était pas le surhomme qui changerait le cours de l’univers.

Paul ouvrit les yeux et se vit étendu au milieu de la grande salle de la cathédrale des machines. Cette partie de son rêve de prescience s’était révélée exacte. Il avait vu Paolo rire de triomphe et absorber l’épice - mais maintenant, Paolo était lui-même allongé sur les dalles comme une statue abattue, figé et inconscient, le regard plongé dans l’infini. Quant au Baron, il avait été assassiné, et l’on pouvait voir sur son visage une expression d’irritation incrédule. Ainsi donc, la vision était exacte, mais tous les détails ne lui avaient pas été révélés.

Il semblait y avoir une certaine agitation du côté d’Omnius et d’Erasmus. Paul tourna vers eux son regard voilé. Des yeux-espions voletaient autour d’eux et affichaient des images. Le vieil homme semblait impatient tandis que Khrone, le Danseur-Visage, avait l’air inquiet. Paul entendit des cris. Toute cette cacophonie tissait des fils étrangement incompréhensibles dans la tapisserie bourdonnante de son esprit.

— Des vers des sables nous attaquent… véritables démons… bâtiments détruits.

— … saccage… des troupes affluent du non-vaisseau… un gaz empoisonné qui tue…

Le vieil homme dit calmement  :

— J’ai envoyé des robots de combat et des Danseurs-Visages pour les affronter, mais il est possible que cela ne soit pas suffisant. Les vers des sables et les humains provoquent des dégâts considérables.

Erasmus intervint.

— Rassemblez davantage de Danseurs-Visages, Khrone. Vous ne les avez pas tous envoyés au combat.

— Ce serait sacrifier mon peuple inutilement. Si nous combattons les humains, leur poison nous tuera. Si nous attaquons les vers des sables, nous serons écrasés.

— Eh bien, vous serez donc empoisonnés ou écrasés, dit Erasmus avec désinvolture. Il est inutile de vous inquiéter. Nous pourrons toujours fabriquer d’autres Danseurs-Visages.

Les traits de Khrone se brouillèrent un instant et un nuage traversa son visage informe. Il tourna les talons et quitta la grande salle.

Pendant ce temps, Yueh avait soulevé la tête de Paul et lui appliquait des techniques Suk. Mais Paul referma les yeux et se laissa retomber en arrière, replongeant dans sa souffrance. Il se vit de nouveau danser au bord de l’abîme qui s’élargissait devant lui.

— Paul. (La voix de Jessica se faisait insistante.) Souviens-toi de ce que je t’ai dit sur les Sœurs du Bene Gesserit. Tu n’es peut-être pas le Kwisatz Haderach ultime que les machines recherchent, mais tu es quand même un Kwisatz Haderach. Tu le sais bien, et ton corps le sait aussi. Certains de tes pouvoirs sont les mêmes que ceux d’une Révérende Mère. Une Révérende Mère, Paul!

Mais il avait trop de mal à se concentrer sur ses paroles, ou à se souvenir… Tandis qu’il s’enfonçait de plus en plus dans l’inconscience, la voix de sa mère s’estompa. Il n’entendait plus les battements de son cœur. Qu’avait-elle voulu dire  ?

Si Jessica pouvait maintenant se souvenir de sa vie passée, elle se souvenait aussi de l’Agonie de l’Épice. Les Révérendes Mères avaient toutes la capacité innée de modifier leur métabolisme, de manipuler et de transformer les molécules contenues dans leur sang. C’était ainsi qu’elles sélectionnaient leurs grossesses, et qu’elles convertissaient l’Eau de Vie empoisonnée. C’était pour cela que les Honorées Matriarches s’étaient aussi furieusement lancées à la recherche du Chapitre - parce que les Révérendes Mères étaient capables de résister aux terribles épidémies propagées par les machines.

Pourquoi sa mère voulait-elle qu’il s’en souvienne  ?

Prisonnier des ténèbres, Paul sentait le vide de son corps. Plus une goutte de sang. Le silence.

Autrefois, sur Arrakis, il avait enduré sa version personnelle de l’Agonie, le premier mâle à y être parvenu. Pendant des semaines, il était resté dans un coma profond et les Fremen l’avaient tenu pour mort. Mais Jessica avait insisté pour qu’on le maintienne en vie. Il avait vu cet endroit sombre où aucune femme ne pouvait se rendre, et c’est là qu’il avait puisé sa force.

Oui, Paul avait bien cette capacité en lui. Il était lui aussi un Bene Gesserit. Il appuya sur sa douleur comme sur un levier, pour tenter d’ouvrir sa vie, sa première existence - les souvenirs de Paul Atréides, de Muad’Dib, de lui-même en tant qu’Empereur, et plus tard Prédicateur. Il remonta ce flot jusqu’à son enfance et sa première formation avec Duncan Idaho sur Caladan, lorsqu’il avait failli être tué au cours de la Guerre des Assassins, dans laquelle son père s’était retrouvé piégé.

Il se souvint de l’arrivée de sa famille sur Arrakis, alors même que son père le Duc Leto savait que cette planète était un traquenard tendu par les Harkonnen. Les souvenirs affluaient dans son esprit  : la destruction d’Arrakeen, sa fuite dans le désert avec sa mère, la mort du premier Duncan Idaho… la rencontre avec les Fremen, son combat au couteau avec Jamis, le premier homme qu’il ait jamais tué… la première fois qu’il avait chevauché un ver des sables, la création de l’armée des Fedaykin et les raids menés contre les Harkonnen…

Son passé s’accéléra - le renversement de Shaddam et de son empire, le déclenchement de son jihad, son combat pour maintenir la stabilité de l’espèce humaine sans avoir à emprunter le sentier obscur… Mais il n’avait pas réussi à échapper aux luttes politiques, aux tentatives d’assassinat, aux espoirs de reconquête du pouvoir nourris par l’Empereur Shaddam en exil, aux ambitions de la fille de Feyd-Rautha et de Dame Fenring… et puis le Comte Fenring lui-même avait essayé de l’assassiner…

À présent, son corps n’était plus vide. Au contraire, il était empli d’expériences, de grandes connaissances et de capacités nouvelles. Il se souvenait de son amour pour Chani et de son mariage blanc avec la Princesse Irulan, et aussi du premier ghola de Duncan, qui s’appelait Hayt, et de la mort de Chani lorsqu’elle avait accouché de ses jumeaux, Leto II et Ghanima. La douleur d’avoir perdu Chani était encore infiniment plus grande que celle qu’il ressentait en ce moment même. S’il devait mourir ici, dans ses bras, il lui infligerait la même douleur.

Il se souvint d’être parti errer dans le désert, privé de sa prescience… et d’avoir survécu. D’être devenu le Prédicateur. D’être mort dans une rue poussiéreuse au milieu de la foule.

Il était maintenant tout ce qu’il avait été autrefois  : Paul Atréides, et les différents déguisements qu’il avait portés, chacun des masques de légende, chaque force et chaque faiblesse. Mais par-dessus tout, il possédait à présent les capacités d’une Révérende Mère, la maîtrise de son corps au niveau infinitésimal. Tel un phare guidant un navire, sa mère lui avait permis de trouver son chemin dans les ténèbres.

Au milieu des derniers battements de son cœur, il explora les profondeurs de son corps. Il trouva la blessure faite par le poignard, vit les dégâts mortels qu’il avait provoqués, et constata que les défenses de son organisme étaient incapables de les réparer seules. Il allait devoir prendre en charge lui-même le processus de guérison.

Bien que, l’instant d’avant, il ait eu l’impression d’être devenu immatériel et de s’effacer, il se reconcentra et devint une partie de son propre cœur, qui avait maintenant cessé de battre. Il vit que la lame de Paolo lui avait ouvert le ventricule droit, d’où le sang s’était écoulé à flots. L’aorte avait également été touchée, mais elle n’avait plus de sang à transporter.

Paul rassembla les cellules et referma les blessures. Puis il entreprit de récupérer, goutte à goutte, le sang qui s’était répandu dans les cavités de son corps, pour le réabsorber dans ses tissus. Paul se ramenait littéralement à la vie.

Paul n’aurait su dire combien de temps sa transe avait duré. Elle lui avait paru aussi infinie que le coma dans lequel il était tombé lorsqu’il avait touché du bout de la langue une simple goutte de l’Eau de Vie empoisonnée. Soudain, il sentit de nouveau le contact de Chani, de sa main tiède serrant la sienne. Lui-même n’avait plus froid et ne tremblait plus.

— Usul! (Il put entendre le chuchotement de Chani et perçut l’incrédulité dans sa voix.) Jessica, quelque chose a changé!

— Il fait ce qu’il doit faire.

Quand il trouva enfin la force de battre des paupières, Paul Muad’Dib Atréides rejoignit le monde des vivants, portant désormais en lui aussi bien son ancienne existence que sa nouvelle. En plus de ses souvenirs et de ses pouvoirs, il rapportait également une révélation encore plus fantastique…

C’est alors que Duncan Idaho, le feu aux joues et couvert de sang, fit irruption dans la grande salle de la cathédrale en repoussant les robots-sentinelles sur son passage. D’un simple geste, Erasmus leur ordonna de le laisser passer. Duncan écarquilla les yeux en voyant Paul soutenu par sa mère et par Chani, au milieu d’une mare de sang. Le docteur Yueh semblait stupéfait devant ce miracle. Duncan courut vers eux.

Essayant de rassembler ses pensées, Paul replaça la scène dans le contexte de ses nouvelles connaissances. Il avait beaucoup appris en mourant une première fois, en ressuscitant en tant que ghola, et en manquant de mourir une seconde fois. Il avait toujours possédé un don de prescience phénoménal. Maintenant, il en savait encore plus.

Malgré sa survie et sa résurrection miraculeuses, il n’était pas le Kwisatz Haderach parfait, et Paolo non plus, manifestement. Tandis que sa vision s’éclaircissait, il se concentra sur une révélation que personne n’avait eue - ni Omnius ni Erasmus, ni Sheeana ni aucun des gholas.


— Duncan, dit-il d’une voix rauque. Duncan, c’est toi! Après une brève hésitation, son vieil ami s’approcha, ce loyal guerrier des Atréides qui avait subi le processus de ghola plus souvent que n’importe qui dans l’histoire de l’humanité.

— C’est toi qu’ils cherchent, Duncan. C’est toi.


Le Triomphe de Dune
titlepage.xhtml
Le_Triomphe_de_Dune_split_000.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_001.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_002.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_003.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_004.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_005.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_006.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_007.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_008.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_009.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_010.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_011.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_012.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_013.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_014.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_015.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_016.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_017.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_018.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_019.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_020.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_021.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_022.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_023.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_024.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_025.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_026.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_027.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_028.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_029.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_030.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_031.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_032.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_033.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_034.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_035.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_036.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_037.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_038.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_039.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_040.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_041.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_042.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_043.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_044.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_045.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_046.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_047.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_048.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_049.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_050.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_051.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_052.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_053.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_054.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_055.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_056.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_057.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_058.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_059.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_060.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_061.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_062.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_063.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_064.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_065.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_066.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_067.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_068.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_069.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_070.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_071.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_072.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_073.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_074.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_075.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_076.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_077.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_078.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_079.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_080.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_081.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_082.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_083.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_084.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_085.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_086.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_087.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_088.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_089.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_090.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_091.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_092.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_093.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_094.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_095.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_096.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_097.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_098.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_099.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_100.html
Le_Triomphe_de_Dune_split_101.html