Même en tenant compte des facultés mentales incroyablement avancées d’un Navigateur, je ne puis oublier le lien fondamental qui nous rattache au reste de l’humanité  : cette vieille émotion qu’on appelle l’espérance.


Le Navigateur Edrik, message à l’Oracle du Temps resté sans réponse.


Les quatre appareils spécialisés de la Guilde avaient la forme de frelons, des engins hérissés de capteurs volant à basse altitude au-dessus des vagues de Buzzell. Leurs scanneurs étaient pointés vers les profondeurs de l’océan à la recherche du moindre mouvement. À bord de l’appareil de tête, Waff observait la surface à travers les hublots de cristoplaz brouillés d’écume, dans l’espoir d’apercevoir les vers marins. L’excitation du Tleilaxu était palpable. Les vers étaient forcément là, quelque part, grossissant chaque jour.

Cela faisait tout juste un an qu’il avait relâché les créatures, et d’après les rumeurs que la Guilde avait recueillies, les vers marins semblaient avoir prospéré. Aucune des sorcières Bene Gesserit vivant sur ces îlots rocheux ne comprenait d’où venaient ces créatures serpentines. Et maintenant, se dit Waff avec un frisson d’anticipation, il était temps de récolter ce qu’il avait semé. Il était impatient de les voir, de s’assurer qu’il avait bien rempli sa mission sacrée.

Le ciel était couvert et des traînes de brume flottaient au-dessus de l’océan. A intervalles réguliers, les équipes d’observation larguaient des pulseurs soniques dans l’eau. Les signaux bourdonnants ainsi émis permettaient de repérer les mouvements des grandes créatures sous-marines, et devraient en principe attirer les vers marins tout comme les marteleurs des Fremen avec les énormes monstres sur Rakis. Près de Waff, dans le cockpit, cinq hommes de la Guilde surveillaient en silence leurs cadrans tandis que de petites plates-formes de chasse tournaient un peu plus bas, en restant à proximité des frelons. Elles retournaient de temps en temps vérifier les endroits où les pulseurs avaient été largués.

Les léviathans des profondeurs tirés des écritures anciennes n’étaient pas seulement le jugement de Dieu sur les infidèles powindah. Ils constituaient le retour du Prophète, le Messager de Dieu ressuscité des cendres de Rakis sous une nouvelle forme adaptable.

Il n’avait pas fallu six mois pour que les premiers vers soient repérés. Au début, les histoires rapportées par les récolteurs de gemmones s’étaient heurtées à l’incrédulité, jusqu’à ce que les vers marins se mettent à attaquer au large des îlots habités. D’après les témoins - et les Bene Gesserit étaient remarquablement formées aux observations précises -, les monstres étaient devenus bien plus gros que ce que Waff avait prévu. En vérité, c’était un signe de Dieu que son travail était béni!

Tant qu’ils trouvaient à se nourrir, les vers continuaient de grandir et de se multiplier. Ils semblaient préférer les grandes cholistères servant à produire les gemmones, et détruisaient les bancs entretenus par les Phibiens. Le peuple aquatique s’était organisé pour tenter de repousser les monstres marins, mais en vain.

Waff sourit. Bien sûr qu’ils n’avaient pas réussi… On ne peut pas modifier un chemin que Dieu a tracé.

Les sorcières en colère avaient mené des expéditions de chasse à bord de bateaux, guidées par les Phibiens assoiffés de vengeance. Elles avaient supplié le Chapitre de leur fournir des armes pour tuer les vers marins. Mais à présent que l’Ennemi attaquait des centaines de planètes à la périphérie de l’Ancien Empire, et que la plupart des ressources de l’Ordre Nouveau étaient englouties par les usines d’Ix et de Jonction, les moyens faisaient cruellement défaut.

Les Bene Gesserit avaient besoin des gemmones pour financer la construction et le remplacement de leurs armées plus vite que l’Ennemi ne parvenait à les détruire, mais si les vers marins produisaient ce que Waff espérait, les créatures auraient infiniment plus de valeur que des pierres précieuses. Il y aurait bientôt de nouvelles sources d’épice, dont une variété bien plus puissante. Waff pouvait transplanter les créatures sur n’importe quelle planète océanique, où elles prospéreraient sans avoir besoin de reconfigurer tout l’écosystème. Étant donné leur monopole actuel sur le mélange, ce développement n’allait pas du tout plaire aux Sœurs.

Une plate-forme s’approcha du frelon de tête, tandis que les assistants de la Guilde scrutaient leurs moniteurs.

— Nous détectons des ombres à différentes profondeurs. De nombreuses traces. Nous ne sommes plus très loin.

Waff se précipita de l’autre côté de l’appareil et observa les vagues agitées. Les balises à pulsion continuaient d’émettre leur chant de sirène, et les plates-formes de chasse voletaient aux alentours.

— Tenez-vous prêts à intervenir dès que vous aurez repéré un ver. Je veux absolument en voir un. Prévenez-moi aussitôt.

Il remarqua deux Phibiens à la peau luisante, qui semblaient intrigués par les balises et toute cette agitation. L’un d’eux leva sa main palmée en un signal incompréhensible tandis que les frelons et les plates-formes de chasse passaient au-dessus de lui.

— Ver marin en surface, annonça l’un des assistants. Cible acquise.

Le petit Tleilaxu se précipita dans le cockpit. Au-dessous d’eux, une longue forme sombre apparut, émergeant des flots telle une immense baleine.

— Nous devons le capturer et le tuer. C’est la seule façon de voir ce qu’il y a à l’intérieur.

— Oui, fit l’homme de la Guilde.

Waff plissa les yeux, plus que jamais incapable de comprendre ces gens-là. L’assistant approuvait-il ses propos, ou acquiesçait-il simplement aux ordres  ? Cette fois-ci, peu lui importait.

Il jeta un coup d’oeil à la carte projetée sur un écran et remarqua que leurs recherches les avait amenés à proximité d’un des îlots habités. Une fois qu’il se serait assuré du succès des nouveaux vers, il ne serait plus nécessaire de garder le secret. Les sorcières ne pouvaient rien contre les vers marins, ni contre ce qu’ils produisaient. Elles ne pouvaient pas mettre fin à son travail. Aujourd’hui, quand son équipe aurait capturé un spécimen et confirmé le résultat de ses expériences, la vérité éclaterait au grand jour.


Nous allons montrer à ces sorcières ce qu’il y a sous les vagues, et les laisser tirer leurs propres conclusions.


Le frelon de tête ralentit dans un bourdonnement de moteurs. Aussitôt que les anneaux ruisselants du ver marin émergèrent des flots, les chasseurs de Waff tirèrent une volée de harpons supersoniques du haut de leurs plates-formes en sustentation. Les pointes munies de barbillons s’enfoncèrent dans le monstre avant qu’il n’ait pu se rendre compte du danger et replonger dans les profondeurs. Les harpons s’ancrèrent dans les parties tendres des segments tandis que la bête se débattait. Waff ressentit une joie profonde en même temps qu’un sentiment de compassion. Derrière le frelon de tête, les trois autres appareils lancèrent à leur tour des harpons sur la créature prisonnière et entreprirent de la haler au moyen de câbles à hyperfïlaments.

— Ne l’abîmez pas trop! cria Waff.

Il avait de toute façon l’intention de tuer le monstre - un sacrifice nécessaire au nom du Prophète -, mais si la carcasse et les organes internes étaient trop endommagés, la dissection deviendrait difficile.

Le groupe de frelons se mit en vol stationnaire au-dessus des vagues, les câbles tendus et vibrants tandis que la créature continuait de lutter. Un fluide laiteux se répandit dans l’eau et se dissipa avant que le chercheur du Tleilax n’ait pu ordonner à l’un de ses assistants d’en recueillir des échantillons. D’autres vers marins tournaient autour de leur congénère tels des requins affamés.

Le ver faisait vingt mètres de long - une croissance extraordinaire sur une période aussi courte. Waff était impressionné. Si les créatures se reproduisaient aussi vite qu’elles grossissaient, elles grouilleraient bientôt dans les océans de Buzzell! Il ne pouvait pas en demander plus.

L’animal blessé s’épuisait rapidement. Dans le bourdonnement des moteurs peinant sous la charge, les appareils de la Guilde entreprirent de tirer la créature affaiblie vers le récif le plus proche, qu’on distinguait à peine à travers les bancs de brume. Les petites plates-formes retournèrent vers les frelons, où elles allèrent s’amarrer dans les soutes encombrées.

L’île était l’un des principaux avant-postes des Sœurs pour le traitement des gemmones, et comportait des baraquements, des entrepôts et une aire d’atterrissage capable de recevoir de petits vaisseaux spatiaux. Que les sorcières profitent donc du spectacle!

Volant en formation, les frelons halèrent le ver captif jusqu’au rivage. Une vingtaine de Phibiens apparurent au milieu des vagues, armés de lances et de tridents rudimentaires - comme s’ils croyaient pouvoir tenir tête aux créatures géantes! En poussant des cris menaçants, ils s’attaquèrent au ver empêtré dans ses câbles et commencèrent à le larder de coups.

Irrité par cette intervention intempestive, Waff se tourna vers ses assistants.

— Chassez-les de là!

À l’aide de petits canons montés sur le pont du frelon, les hommes de la Guilde se mirent à tirer sur les Phibiens et en tuèrent deux. Les autres plongèrent aussitôt, laissant un moment les deux corps sanglants flotter au milieu des vagues, mais quelques-uns revinrent bientôt. Lorsqu’ils essayèrent de récupérer leurs camarades, un autre ver marin se précipita pour dévorer les deux cadavres.

Le bourdonnement des frelons attira un groupe de femmes sur les quais alors que le ver capturé entrait enfin dans le port du village. Des Sœurs vêtues de noir sortirent de leurs baraquements, croyant peut-être que des contrebandiers ou des représentants du CHOM venaient d’arriver. Suite aux récentes déprédations causées par les vers marins, la production de gemmones était au point mort. Les cases de tri et les tapis de conditionnement étaient vides et silencieux.

La poitrine gonflée d’orgueil, Waff sauta à bas de la rampe et s’avança sur la jetée de métal et de pierre tandis que les hommes de la Guilde hissaient la créature annelée sur le quai principal. Sa queue étroite pendait dans l’eau. Épuisé par sa lutte, ses fluides vitaux s’écoulant par de nombreuses blessures, le ver captif dépensa ce qu’il lui restait d’énergie dans un dernier soubresaut. Bien qu’il eût réussi, avec l’aide de ses serviteurs, à la capturer et à la maîtriser, Waff était encore impressionné de se trouver si près de cette magnifique créature.

Sept Phibiens flottaient au pied des piliers du ponton, braquant leurs yeux emplis de curiosité vers le monstre échoué. Ils marmonnaient entre eux de leur voix gargouillante et sifflante, et semblaient médusés.

D’un air triomphant, Waff contempla l’immense créature ruisselante. Une sorte de boue visqueuse se répandait sur le quai, et un flot de liquide laiteux jaillit de sa gueule. Ses longues dents acérées étaient très fines, comme des aiguilles. Le ver marin ne dégageait pas des relents de poisson mais une odeur à la fois aigre et douceâtre, avec un soupçon d’arôme de cannelle.


Parfait!


Quelques femmes s’approchèrent de Waff.

— Jusqu’ici, nous n’avons jamais réussi à capturer ni à tuer un de ces vers, lui dit une Sœur vêtue d’une robe marron, qui se présenta sous le nom de Corysta. (Elle semblait ravie que le léviathan soit mort.) Ils ont causé d’immenses dégâts dans les océans.

— Et ils continueront de le faire. Apprenez à adapter vos opérations en conséquence. (Avec désinvolture, Waff se détourna d’elle pour donner des instructions à son équipe, puis il ordonna à Corysta et aux autres Bene Gesserit de se mettre en retrait.) Nous sommes ici strictement pour les affaires de la Guilde. Ne tentez pas de vous interposer.

Le ver marin avait beau être mort, son corps continuait d’être agité de soubresauts sous l’effet d’impulsions nerveuses résiduelles. Waff ordonna à ses assistants d’immobiliser la carcasse à l’aide de filins, pour qu’il puisse la disséquer sans être gêné. Us apportèrent également un couteau-laser, une scie en shigavrille hyperfine, des écarteurs et des pelles.

Waff régla son couteau-laser à la puissance maximum, puis il l’empoigna à deux mains et lui fit décrire un grand arc de cercle qui entailla profondément le ver. Les segments dégoulinants se séparèrent, et les assistants se précipitèrent pour maintenir la blessure ouverte à l’aide des écarteurs, exposant ainsi la structure interne. Waff exultait au milieu de ce carnage. Le Prophète devait être content de lui.

Il s’était préparé à ce travail en tuant et en autopsiant deux des petits spécimens d’origine dans son laboratoire, de sorte que la disposition générale de leurs organes lui était familière. Les vers étaient assez simples sur le plan biologique, et il lui était plus facile de travailler à grande échelle. L’eau et les fluides visqueux continuaient de se répandre sur le quai en l’éclaboussant. En d’autres circonstances, il aurait pu éprouver du dégoût, mais il s’agissait là de l’essence sacrée du Prophète. Le petit Tleilaxu inspira plus profondément, et soudain - distinct au milieu des odeurs -, il sentit l’arôme puissant, vital, du mélange pur. Aucun doute là-dessus.

Il enfonça les bras jusqu’aux épaules dans la masse d’organes, identifiant à tâtons les structures principales d’après leur forme et leur texture, tandis que ses assistants évacuaient les abats sur le quai avec de grandes pelles. Les sorcières et les Phibiens observaient la scène, fascinés, mais Waff ne faisait guère attention à eux.

Continuant d’ignorer les Sœurs médusées et impuissantes, il entailla plus profondément le ver sur sa longueur, puis il se mit à fourrager dans les déchets puants jusqu’à ce qu’une masse violette, pareille à un foie, s’en détache. Waff recula pour respirer un instant, puis il se pencha pour tâter l’organe. Après avoir réglé son couteau-laser au minimum, il l’incisa légèrement.

Une puissante odeur de cannelle s’en échappa, si dense qu’on pouvait la voir sous forme de vapeur. Waff chancela, presque saisi de vertige par l’intensité du mélange.

— De l’épice! Cette créature est imbibée de mélange! De l’épice extrêmement concentrée.

Les Sœurs échangèrent des regards et s’approchèrent, pleines de curiosité.


— De l’épice  ? Les vers marins produisent de l’épice  ? Les hommes de la Guilde se tenaient à côté de Waff et de sa prise ruisselante, bloquant le passage des Bene Gesserit.


— Les vers marins ont détruit nos bancs de gemmones! s’écria l’une des femmes.


Waff les toisa avec mépris.


— Ces créatures ont peut-être détruit une économie sur Buzzell, mais elles en ont créé une autre bien plus importante.

Ses assistants ramassèrent l’organe saturé de mélange et le transportèrent jusqu’à l’un des frelons. Waff allait devoir procéder à des tests plus approfondis, mais il était d’ores et déjà certain de ce qu’il allait trouver.

Là-haut, à bord du long-courrier en orbite, Edrik le Navigateur allait être satisfait.

Trempé de la tête aux pieds et couvert de déchets gluants, Waff se dépêcha de regagner son appareil.


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