63
Tout le monde se précipita vers l'extrémité de la salle, ouverte sur l'extérieur par des fenêtres épaisses qui offraient une vue sur les alentours de la base. Au nord, deux taches noires étaient visibles, qui semblaient vibrer dans le ciel d'un bleu profond. Au-dessous se matérialisaient lentement plusieurs points sombres. Les autochenilles.
Puis les regards se tournèrent vers l'ouest. Contre toute attente, alors que le temps était resté immuable depuis leur arrivée, deux mois plus tôt, l'horizon occidental paraissait se déformer, onduler sous l'effet d'un phénomène inattendu.
— Une tempête ? s'étonna Paul Flamel. A cette époque ?
Il se tourna vers le météorologue.
— Je n'y comprends rien, monsieur, répondit ce dernier. Rien ne la laissait prévoir.
Le cœur de Lara se mit à battre plus vite. Son intuition ne l'avait pas trompée. Le Grand Esprit de la Terre l'avait entendue.
En moins d'une demi-heure, l'ouragan se déchaîna sur la base. Heureusement, on avait suivi les indications de Lara à la lettre, et toutes les précautions avaient été prises.


A l'extérieur, l'enfer s'était abattu sur l'ennemi. Alors qu'il n'y avait presque pas de précipitations en Antarctique, le ciel s'était couvert très vite d'une couche épaisse de nuages noirs qui avaient occulté le soleil. Un blizzard d'une violence inouïe avait contraint les deux hélicoptères de combat à se poser en catastrophe. Mais cela n'avait pas suffi. Les habitants de la base virent les deux appareils basculer, leurs pales se briser, puis les carlingues furent traînées sur plusieurs dizaines de mètres avant de s'immobiliser et de disparaître derrière les tornades de neige. Les autochenilles résistèrent un peu plus longtemps, mais la puissance des bourrasques était telle qu'elles furent renversées et disloquées. Les vitres pourtant épaisses se descellèrent et explosèrent, livrant les occupants à la fureur des éléments.
L'ouragan de glace dura plus d'une dizaine d'heures.


Sur la base, personne n'avait pu dormir. On s'attendait d'un moment à l'autre à ce que le Léviathan qui hurlait sa fureur au-dehors fasse s'écrouler les bâtiments. Les constructions étaient solides, et faites pour résister à des blizzards puissants, mais celui-ci devait atteindre les limites de résistance des matériaux.
La plupart des occupants s'étaient réunis sans se concerter autour de Lara, dans la grande salle. Personne ne parlait. Chacun était persuadé que c'était elle qui avait provoqué cette tempête pour frapper l'ennemi. Tanithkara détenait des pouvoirs étranges, qui s'exprimaient à travers Lara. Mais quelle était la limite de ces pouvoirs ?
A l'extérieur, on n'y voyait plus à dix pas. Alors que la nuit ne tombait plus depuis plusieurs mois, les ténèbres recouvraient la base, diluant toute forme dans le fracas de la tempête.


Puis, après de longues heures d'angoisse, tout s'apaisa en quelques minutes. A l'extérieur, la lumière revint peu à peu. Tandis que l'ouragan emportait au loin les cohortes de nuages noirs et les rafales de neige, le soleil réapparut, aveuglant après cette nuit infernale. Des congères bouchaient la vue jusqu'à mi-hauteur des fenêtres. La base avait disparu sous un manteau de neige qui devait dépasser deux mètres d'épaisseur.
Un calme impressionnant s'installa sur la banquise.
— Il va falloir déblayer tout ça, dit Paul Flamel.
Les deux tractopelles de la base entrèrent en action. Les bâtiments avaient bien résisté. Tout au plus déplorait-on quelques dégâts matériels, antennes brisées et clôtures arrachées. Un moindre mal.
En direction du nord, plus rien ne bougeait. De l'ennemi ne subsistaient plus que des monticules de neige et de glace qui recouvraient les carcasses des véhicules de combat.
— Avec ce froid, ils doivent tous être morts, dit Rohan en regardant Lara avec un mélange de stupéfaction et d'admiration. C'est vraiment toi qui as fait ça ? Tu es capable de commander aux éléments ?
Elle secoua la tête.
— Non. J'ai seulement senti qu'une tempête se préparait, et qu'elle allait frapper la base au moment où l'ennemi arriverait.
— Mais Tanithkara a découvert que les pensées sont créatrices, objecta Paul Flamel. Tu ne peux pas exclure qu'il existe un lien entre cette tempête et l'aide que tu as demandée à l'Ether auparavant.
— Peut-être. Je ne sais pas.
Cette perspective la troublait. Elle n'aimait pas l'idée de disposer d'un pouvoir aussi impressionnant. Il s'agissait d'une coïncidence, rien de plus. Elle préféra changer de sujet :
— Nous devons nous rendre sur place, déclara-t-elle. Il y a peut-être des survivants.
Rohan fit la grimace.
— Tu oublies que ces gens étaient venus pour nous tuer.
— C'est vrai. Mais si certains sont encore vivants et que nous leur refusons notre secours, nous nous abaisserons à leur niveau.
Le vieil homme confirma :
— Lara a raison, Rohan. Nous devons aller voir. Mais nous allons emporter les armes.


Un peu plus tard, deux snowcats se dirigeaient vers l'endroit où les autochenilles et les hélicoptères ennemis avaient été ensevelis. Lara avait voulu monter à bord de l'un d'eux, mais Paul Flamel s'y était opposé.
« Nous ne savons pas ce qu'ils vont trouver là-bas. Tu es trop importante pour exposer ta vie ainsi. »
Elle avait acquiescé. Mais, cette fois encore, son intuition lui soufflait que quelque chose avait survécu.


Au bout de trois heures de recherches, les snowcats revinrent à la base. Après une fouille minutieuse de chaque carcasse, les sauveteurs n'avaient ramené que quatre survivants.
— Tous les autres sont morts, père, dit Hubert, qui avait dirigé les opérations. Le froid ne leur a laissé aucune chance. Ceux-là étaient dans une autochenille qui n'a pas été entièrement détruite.
Soudain, Lara poussa un cri. Elle venait de reconnaître le père Paolini. Le prêtre était mal en point. Sa peau avait viré au bleu. Elle s'approcha de Paul Flamel.
— C'est lui. C'est le Grand Maître de l'Ensis Dei.
Flamel hocha la tête.
— Ne crains rien. Il ne peut plus rien contre toi, à présent.
Les prisonniers furent conduits à l'hôpital de la base et placés sous bonne garde. Hubert et ses compagnons avaient récupéré une grande quantité d'armes dans les véhicules et les hélicoptères.


Le surlendemain, Paolini avait recouvré ses forces. Paul Flamel le fit amener dans la pièce qui lui servait de bureau. Lara, Rohan, Hubert et Fiona assistèrent à l'interrogatoire. Trois hommes armés installèrent le prêtre sur une chaise. Malgré son épuisement, le regard de son œil unique se mit à luire avec férocité quand il aperçut la jeune femme.
— Ainsi, c'est toi qui as déclenché les forces maléfiques pour anéantir les troupes du Seigneur ! Mais ne crois pas que tu as triomphé. Tant que j'aurai un souffle de vie, je te combattrai.
Lara ne répondit pas. Cette fois, Paolini avait jeté bas le masque. Toute la prévenance dont il avait fait preuve envers elle à San Frasco avait disparu. Comment avait-elle pu se laisser prendre à sa comédie ? Soudain, un autre élément la frappa. Tout comme le prêtre haanien Nehfyyr, Paolini n'avait plus qu'un œil. Se pouvait-il que le second soit la réincarnation du premier ?
Paul Flamel déclara :
— Nous savons qui vous êtes, Jean-Benoît Paolini. Vous avez tué le capitaine de notre navire, Victor Kramer. Et vous vous apprêtiez à massacrer la totalité des occupants de cette base. Vous aurez à répondre de vos crimes devant la justice.
L'autre releva la tête d'un air de défi.
— Une seule justice compte à mes yeux : celle du Seigneur. Et vous tremblerez quand vous comparaîtrez devant Lui.
Lara se tenait à l'écart avec Rohan.
— Cet homme est un illuminé. Nous n'en tirerons rien.
Le jeune homme ne répondit pas. Il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait face à lui le responsable, le commanditaire du massacre de ses parents. S'il n'avait tenu qu'à lui, il aurait saisi un fusil et aurait abattu ce misérable d'une balle dans la tête. Lara lui prit la main pour le calmer. Elle percevait sa rage et lui envoya des ondes d'apaisement.
— C'est lui qui a fait tuer mon ami Christian Pernelle. J'y pense, moi aussi. Mais tu ne dois pas céder à la haine, Rohan. Tu dois te montrer plus fort qu'elle pour ne pas t'abaisser au niveau de ce criminel.
Il acquiesça d'un signe de tête.
Paul Flamel, qui observait le prêtre depuis un bon moment, demanda :
— Comment avez-vous su que nous étions en Antarctique ?
L'autre hésita, puis cracha, d'un ton méprisant :
— Nous avons découvert l'une de vos… tribus, aux Etats-Unis. J'ignore comment, mais ils ont réussi à nous échapper. Heureusement, dans le bureau du chef de clan, nous avons saisi des documents qui parlaient de votre prétendue organisation scientifique, l'Equinoxe. Nous avons mené une enquête, et nous avons appris que vous aviez rejoint cette base.
— Vous avez alors pensé que vous teniez le moyen d'anéantir tous les Hosyrhiens d'un coup. Vous avez réuni plus d'une centaine de tueurs et vous les avez amenés en Antarctique. Dans le but de nous massacrer.
— Ce ne sont pas des tueurs ! s'écria le prêtre. Ce sont des soldats de Dieu !
— Ces soi-disant soldats ont massacré nombre des nôtres. Et ils s'apprêtaient à exterminer tous les occupants de cette base. Avez-vous donc oublié ce que dit votre religion, père Paolini ? « Tu ne tueras point ! »
— Cela ne s'applique pas aux créatures infernales.
— Qu'est-ce qui vous fait croire que nous sommes des créatures infernales ?
— Nous savons tout de votre histoire, nous possédons un dossier complet sur cette reine maudite qui a lancé la Prophétie des Glaces. Une prédiction funeste qui prétend que les religions sont condamnées à disparaître. Nous savons aussi que vous vous appelez lucifériens entre vous. Et vous osez encore affirmer que vous n'êtes pas des créatures du Diable ?
— Lucifer était le Porteur de Lumière, dans la mythologie romaine. C'est le nom que les Romains donnaient à la planète Vénus au matin, lorsqu'elle précède le lever du soleil. Son père était Jupiter, et sa mère la déesse Aurore. Ce Lucifer-là n'a vraiment rien à voir avec le Diable.
— Vénus était la personnification de la Femme. Son nom a donné « vénal », et « vénériennes ».
— Les Romains n'ont jamais eu beaucoup de considération pour les femmes. Mais savez-vous quel nom prenait Vénus lorsqu'elle apparaissait au crépuscule ?
Le prêtre ne sut que répondre. Flamel précisa :
— On l'appelait Vesper. Et ce nom est à l'origine des Vêpres. N'est-ce pas là un joli nom chrétien ?
— Cessez de vous moquer de moi ! Tout ce que vous dites n'est que mensonge ! Nous savons que vous adorez une reine maudite qui vivait, selon vos croyances stupides, il y a quinze mille ans…
— Elle vivait bien il y a quinze mille ans, et nous en avons la preuve. Mais vous vous êtes mépris sur la signification de la Prophétie des Glaces. Elle ne condamne pas les religions à disparaître. Elle prédit seulement qu'elles devront évoluer pour ne pas disparaître.
Le prêtre poussa un rugissement de colère.
— Nous y voilà ! Encore cette aberrante théorie de l'évolution ! Darwin et l'aveuglement de ceux qui se prétendent scientifiques ! Comment osez-vous remettre en question les textes sacrés ? La Bible est pourtant très claire sur ce point : Dieu a créé la Terre et les étoiles il y a sept mille ans. Cette reine ne pouvait donc pas exister il y a quinze mille ans. Voilà bien la preuve que vous mentez.
— Comment pouvez-vous croire à une telle ineptie, père Paolini ? Vous semblez pourtant être un homme cultivé. Que faites-vous des fossiles, des datations au carbone 14 ?
— Tout cela n'est que tromperie de la part des évolutionnistes. La théorie de Darwin n'est qu'un mensonge qui a engendré l'athéisme, l'égoïsme et le matérialisme dont souffre le monde actuellement ! Elle est la cause de toutes les guerres, de tous les conflits 8 .
Paul Flamel haussa les épaules. Toute communication était impossible avec ce prêtre. Il n'était pas étonnant qu'il ait été choisi par les responsables de l'Ensis Dei. Ils ne pouvaient pas trouver de serviteur plus zélé et plus fanatique. De cet entretien, il ne retenait qu'une chose : il n'y avait pas eu de nouveau massacre d'Hosyrhiens. Ils avaient réussi à s'échapper à temps.
Le vieil homme revint vers Lara et Rohan. La jeune femme lui adressa un sourire énigmatique et s'approcha à son tour du prêtre.
— Vade retro, Satana ! s'écria aussitôt Paolini.
— Cessez de faire l'imbécile, père Paolini. Vos doctrines religieuses sont complètement dépassées. Le pape lui-même, qui n'est pourtant pas particulièrement progressiste, a reconnu publiquement que la théorie de l'évolution de Darwin était « plus qu'une simple hypothèse ». Vous pouvez raconter tout ce que vous voulez, nous sommes au courant de votre but véritable : vous emparer des systèmes d'éducation pour enseigner vos propres théories, afin d'assurer votre domination sur les peuples. J'ai déjà connu ça, il y a quinze mille ans.
— Tu n'existais pas, il y a quinze mille ans !
— La reine Tanithkara existait. Et elle a dû faire face au même problème. C'est peut-être pour cette raison qu'elle s'est réincarnée en moi. Les puissants voulaient déjà s'appuyer sur la religion pour asservir le peuple sur le plan spirituel. Il n'y a donc rien de nouveau sous le soleil. Sauf une chose : la théorie de l'évolution n'est pas une aberration, comme vous dites, mais une réalité. Et j'en suis la preuve vivante…
Elle ne put continuer. Tout se passa très vite. Alors qu'on le croyait affaibli, le prêtre bondit de sa chaise, se rua sur l'un des hommes qui le surveillaient et lui arracha son arme. Avant que les autres aient pu réagir, il braqua le pistolet sur Lara et appuya sur la détente. Le chargeur se vida.
Rohan poussa un cri, voulut se précipiter pour sauver sa compagne. Les deux gardes en armes levèrent leur arme pour abattre le religieux, mais Lara hurla :
— Ne tirez pas ! Que personne ne bouge !
Tous s'immobilisèrent, y compris le prêtre, qui regardait la jeune femme avec stupeur. Elle n'était même pas blessée. Rohan et les autres s'approchèrent et restèrent pétrifiés devant le phénomène incroyable qu'ils avaient sous les yeux. Pour une raison inconnue, toutes les balles avaient été freinées en pleine course et s'étaient immobilisées à quelques centimètres de sa poitrine. Elles restèrent ainsi suspendues dans l'air pendant quelques secondes, puis retombèrent sur le sol, inoffensives, avec un bruit métallique.
Rohan posa la main sur la poitrine de la jeune femme, incrédule.
— Mais par quel miracle…
— Ce n'est pas un miracle ! s'écria Paolini. C'est une nouvelle diablerie !
Soudain, une force surgie de nulle part bouscula le prêtre, qui fut projeté sans douceur sur le sol. Il avait senti comme deux mains invisibles le pousser.
— Vous allez enfin vous tenir tranquille ? père Paolini, dit Lara. Vous allez finir par blesser quelqu'un.
— Que m'as-tu fait, diablesse ? gémit-il en se relevant péniblement.
— Je vous ai apporté la preuve que je disais vrai. Je voulais le faire plus… sereinement, mais vous m'avez forcé la main. Ce que vous venez de voir s'appelle de la télékinésie. Par la volonté, j'ai arrêté les balles que vous me destiniez.
— C'est bien la preuve que tu es une créature du Diable !
— Pas du tout ! C'est seulement la preuve que l'être humain est en perpétuelle évolution. La reine Tanithkara possédait déjà ce don. Il lui a permis d'arrêter le carreau d'arbalète qui devait la tuer. Une arbalète qui était tenue par un homme qui vous ressemblait étrangement. Peut-être ne croyez-vous pas à la réincarnation, mais il semblerait que ce ne soit pas la première fois que vous essayez de m'assassiner. Je vous informe que la dernière fois, cela vous a coûté la vie. L'une de vos victimes vous a tranché la tête et me l'a apportée.
Le prêtre pâlit. Le phénomène auquel il venait d'assister l'avait fortement impressionné, et on eût dit qu'il s'attendait d'un instant à l'autre à voir Lara et les autres se métamorphoser en des créatures hideuses. D'une voix moins assurée, il demanda :
— A présent, vous allez me tuer, c'est ça ?
— Ce n'est pas à moi de décider de votre sort, ni aux personnes qui m'entourent. Vous serez jugé par un tribunal parfaitement légal, auquel nous dénoncerons vos intentions criminelles. Et ne croyez pas que votre organisation secrète aura l'occasion de fomenter de nouvelles actions contre les Hosyrhiens. Nous avons l'intention de révéler notre existence au monde, et d'apporter les preuves que vous êtes à l'origine de plusieurs massacres de membres de notre communauté. Nous dévoilerons également les projets de votre groupe. Si vous croyez savoir beaucoup de choses sur nous, sachez que nous possédons, nous aussi, un dossier concernant l'Ensis Dei et les puissances financières qui s'abritent derrière. Cela risque de provoquer un énorme scandale, car des familles puissantes et connues y sont impliquées, jusqu'aux plus hautes sphères de la politique.
— Je ne vois pas de quoi vous parlez !
— Mais si ! Le monde entier saura que l'Inquisition n'a pas totalement disparu, et qu'elle continue à commettre des crimes au nom de Dieu. Et lorsque la Prophétie des Glaces parle de faire évoluer les religions, elle veut dire que ce sont des gens comme vous, les intégristes fanatiques, les créationnistes, les fondamentalistes, qui leur font du tort. Ce sont eux qui provoquent la désaffection des fidèles. Au fait, si vous voulez voir le véritable visage de l'Antéchrist, il vous suffit de regarder dans un miroir.

8. Ces idées apparemment caricaturales ont malheureusement de nombreux partisans. Elles se retrouvent sur les sites créationnistes. Les arguments avancés par ces gens font froid dans le dos, d'autant plus que ce mouvement, apparu aux Etats-Unis, se répand dangereusement actuellement, aussi bien en Europe que dans les pays musulmans, notamment la Turquie.

La prophetie des glaces
titlepage.xhtml
title.xhtml
copyright.xhtml
9782258082113-1.xhtml
9782258082113-2.xhtml
9782258082113-3.xhtml
9782258082113-4.xhtml
9782258082113-5.xhtml
9782258082113-6.xhtml
9782258082113-7.xhtml
9782258082113-8.xhtml
9782258082113-9.xhtml
9782258082113-10.xhtml
9782258082113-11.xhtml
9782258082113-12.xhtml
9782258082113-13.xhtml
9782258082113-14.xhtml
9782258082113-15.xhtml
9782258082113-16.xhtml
9782258082113-17.xhtml
9782258082113-18.xhtml
9782258082113-19.xhtml
9782258082113-20.xhtml
9782258082113-21.xhtml
9782258082113-22.xhtml
9782258082113-23.xhtml
9782258082113-24.xhtml
9782258082113-25.xhtml
9782258082113-26.xhtml
9782258082113-27.xhtml
9782258082113-28.xhtml
9782258082113-29.xhtml
9782258082113-30.xhtml
9782258082113-31.xhtml
9782258082113-32.xhtml
9782258082113-33.xhtml
9782258082113-34.xhtml
9782258082113-35.xhtml
9782258082113-36.xhtml
9782258082113-37.xhtml
9782258082113-38.xhtml
9782258082113-39.xhtml
9782258082113-40.xhtml
9782258082113-41.xhtml
9782258082113-42.xhtml
9782258082113-43.xhtml
9782258082113-44.xhtml
9782258082113-45.xhtml
9782258082113-46.xhtml
9782258082113-47.xhtml
9782258082113-48.xhtml
9782258082113-49.xhtml
9782258082113-50.xhtml
9782258082113-51.xhtml
9782258082113-52.xhtml
9782258082113-53.xhtml
9782258082113-54.xhtml
9782258082113-55.xhtml
9782258082113-56.xhtml
9782258082113-57.xhtml
9782258082113-58.xhtml
9782258082113-59.xhtml
9782258082113-60.xhtml
9782258082113-61.xhtml
9782258082113-62.xhtml
9782258082113-63.xhtml
9782258082113-64.xhtml
9782258082113-65.xhtml
9782258082113-66.xhtml
9782258082113-67.xhtml
9782258082113-68.xhtml
9782258082113-69.xhtml
9782258082113-70.xhtml
9782258082113-71.xhtml
9782258082113-72.xhtml