51
Tanithkara avait retrouvé son calme. Tout au moins en surface. Elle avait appris avec son père et son grand-père à maîtriser ses émotions, afin de ne pas montrer ses faiblesses à ses adversaires. La partie qui allait se jouer serait rude. Les trois pentarques avaient tous presque le triple de son âge et ils jouissaient de l'autorité suprême. Mais ce qu'elle avait vu de l'armée de Tharkaas lui redonnait confiance.
Introduits par Lazro, trois hommes firent leur entrée dans la salle. A l'air suffisant et dominateur qu'ils affichaient, il était visible qu'ils n'entendaient pas être contredits. Tanithkara les connaissait bien. Ses parents donnaient régulièrement des réceptions où les pentarques étaient inévitablement invités. Ils l'avaient connue enfant et pensaient de ce fait bénéficier d'un ascendant sur elle.
Le seigneur Lhofir, le plus âgé et le plus ventru, se comportait déjà comme en terrain conquis. Il avait toujours exercé un ascendant sur les deux autres, mais pliait devant Tharkaas, dont la personnalité lui en imposait. Tanithkara n'ignorait rien de la jalousie qu'il nourrissait envers son père. A présent qu'il avait disparu, il avait beau jeu de manipuler les seigneurs Khopolep et Beltraan, dont le rang social et la fortune étaient inférieurs aux siens. Lhofir possédait la deuxième fortune de la Nauryah, assise sur sa fabrique de pâte à papier, mais elle ne pouvait rivaliser avec celle de la famille Nephen, beaucoup plus ancienne et plus diversifiée.
Lhofir et ses compagnons s'avancèrent vers la jeune femme et inclinèrent la tête suivant l'usage. Tanithkara leur répondit de même et les invita à prendre place autour de la table basse où Lazro avait apporté des boissons. Lhofir prit la parole d'une voix qui se voulait amicale :
— Ma petite Tanith, l'appelant familièrement par son diminutif afin d'asseoir d'emblée son ascendant, crois bien que je compatis à ton immense douleur. Tharkaas et ta mère, poursuivit-il en omettant délibérément de leur donner leur titre, étaient pour moi des amis très chers. C'est avec consternation et tristesse que nous avons appris qu'ils avaient été assassinés il y a quinze jours.
La mine sucrée du poussah donna à Tanithkara l'envie de le gifler. Elle le remercia néanmoins de sa compassion d'un bref signe de tête. Lhofir était stupide. Il n'ignorait pourtant pas qu'elle était médium et aurait dû se douter qu'elle percevait les sentiments de ses interlocuteurs au-delà de ce qu'ils voulaient exprimer. L'hypocrisie du pentarque suintait par tous les pores de sa peau. Avec la même fourberie, les deux autres confirmèrent ses propos. Si le sujet n'avait été aussi pénible pour elle, la jeune femme aurait éclaté de rire. Ils étaient tellement prévisibles. Elle répondit d'un ton neutre :
— C'est très aimable à vous de venir dès mon retour me témoigner votre compassion et votre amitié. Mais cela pouvait attendre demain, ajouta-t-elle.
A l'écart, Pahyren observait la scène avec attention. Il éprouvait une grande fierté envers sa petite-fille. Nul n'aurait pu déceler ses sentiments réels. Il attendit la suite avec impatience.
Lhofir fut un instant désarçonné par le calme et l'assurance de la jeune femme. Il espérait la trouver dans un état de profond abattement après la mort de ses parents. Visiblement, il n'en était rien. Tout au plus devinait-il, à son masque rigide, qu'elle souffrait intérieurement. Mais elle faisait preuve d'une maîtrise remarquable, ce qui le contraria. Sa dernière phrase ne facilitait pas la suite de l'entretien. Rejetant une brusque bouffée de colère parce qu'il venait de se rendre compte que cette gamine lui en imposait, tout comme son père, il prit un ton important :
— Je suppose que l'on t'a déjà mise au courant des derniers événements…
Tanithkara acquiesça d'un signe de tête.
— Tu sais donc que la religion haanienne progresse tous les jours davantage. Dans tous les royaumes, les conversions sont de plus en plus nombreuses.
Tanithkara eut envie d'ajouter que les gens agissaient ainsi pour éviter d'être massacrés par les fanatiques, mais elle s'abstint. Laisser parler l'adversaire, l'amener à dévoiler ses plans et ses atouts.
— Ton fiancé lui-même, le prince Sherrès, s'est converti, après le décès de son père.
Tanithkara frémit. Elle fit un violent effort sur elle-même pour demander calmement :
— A-t-on démasqué l'assassin du roi Hassyr ?
Lhofir eut un geste évasif.
— Pas encore. L'enquête suit son cours, mais il est certain qu'il s'agit d'un crime de rôdeurs, comme dans le cas de tes parents.
— Et du seigneur Farahdan, compléta Tanithkara. Je trouve tout de même étrange que des voleurs aient précisément assassiné des personnes puissantes qui affichaient clairement leur opposition aux Haaniens et leur volonté de les combattre…
— C'est une coïncidence. Les crimes de pillards n'ont rien d'extraordinaire. Avec le chaos qui règne actuellement dans l'empire, beaucoup d'individus échappent à tout contrôle. La famine les pousse à commettre des actes irréparables. Dans leur esprit, ce sont les Hosyrhiens qui sont responsables des catastrophes qui frappent l'Hedeen. Les chefs haaniens n'ont d'autre objectif que de maintenir l'unité et la cohésion de l'empire. Ils sont prêts à composer avec les pentarques et les notables de tous les royaumes…
Tanithkara le coupa sèchement :
— Mais certains notables ne sont pas prêts à composer avec eux. De là à envisager de se débarrasser d'eux…
— Je t'assure que tu te trompes ! riposta Lhofir sur le même ton, furieux d'avoir été interrompu.
Tanithkara ne répondit pas. Lhofir, pensant qu'elle capitulait, la toisa d'un regard hautain et poursuivit d'une voix ferme :
— Depuis, nous avons pris des mesures de sécurité. La garde a été renforcée autour des personnes les plus importantes du pays. Des milices patrouillent non loin de ton palais.
— J'ai vu.
— Depuis que le prince Sherrès s'est converti, la paix est revenue à Deïphrenos. Ce qui prouve qu'il a agi avec sagesse. Car ici, à Marakha, nous ne pouvons en dire autant. Les habitants sont très attachés à la pensée hosyrhienne. C'est dans notre ville que viennent se réfugier tous les fuyards qui tentent d'échapper aux Haaniens…
Le ton méprisant avec lequel il avait désigné ceux qu'il appelait « fuyards » écœura Tanithkara. Se pouvait-il que les Haaniens lui fissent peur au point qu'il en vînt à renier la pensée officielle de la Nauryah ? Elle riposta :
— J'espère que nous leur accordons le meilleur accueil.
Embarrassé, Lhofir secoua lentement la tête de droite à gauche, de cet air de doux reproche que l'on emploie avec un enfant qui refuse de comprendre.
— Bien sûr, bien sûr ! Nous ne les avons pas chassés. La Nauryah a une grande tradition d'hospitalité. Cependant…
— Cependant ?
— Il faut que tu comprennes, Tanith. Nous ne pouvons aller contre l'inéluctable. Tôt ou tard, les Haaniens parviendront à imposer leur nouvelle religion partout.
— Y compris à Marakha, c'est bien ce que vous voulez dire ?
— Ainsi va le monde, Tanith. Il faut l'accepter. De nouvelles formes de pensées apparaissent, d'autres disparaissent. Et les Haaniens connaissent un succès grandissant car ils représentent un grand espoir pour l'Hedeen. L'idée d'un dieu unique est originale et rencontre un excellent accueil auprès des peuples. Le culte des anciens dieux est incapable d'expliquer les malheurs qui frappent actuellement l'empire.
— Mais l'Hosyrhisme le peut, lui, riposta Tanithkara. Tous ces dérèglements ne sont que les conséquences du passage de la comète, il y a soixante-dix ans. Cela n'a rien à voir avec la colère d'un dieu issu d'une petite tribu de guerriers fanatiques au cerveau engourdi par le froid de la banquise !
Lhofir fit entendre un claquement de langue réprobateur.
— Rien ne le prouve, Tanith ! Et puis, cette explication ne peut satisfaire que les gens cultivés, pas le peuple. Le peuple a besoin d'images fortes et d'espoir. L'Hosyrhisme ne lui en apporte pas.
— Mais il lui apporte la vérité !
Une nouvelle fois, Lhofir secoua la tête avec condescendance.
— Tu n'es qu'une enfant, Tanith. Tu n'entends rien à la gouvernance d'un royaume.
La jeune femme se retint d'exploser. Elle avait envie de le frapper, en raison de son attitude supérieure, et surtout du mépris qu'il affichait envers les gens modestes. Elle n'en fit rien. Les propos du pentarque confirmaient l'analyse de Pahyren. Les puissants de l'Hedeen étaient prêts à composer avec les Haaniens parce qu'ils y trouvaient leur compte. L'autre poursuivit :
— Il est impératif, primordial même, de nous concilier les Haaniens, sous peine de déclencher un conflit dont nous n'aurions aucune chance de sortir vainqueurs. Ce fut la folie de ton père de croire qu'une résistance était possible. Il faut se rendre à l'évidence : nous n'avons pas les moyens de lutter contre ce raz-de-marée.
Lhofir hésita, puis ajouta :
— Il existe un moyen simple d'offrir un gage de paix aux Haaniens.
— Lequel ? demanda doucement Tanithkara.
— Avant sa mort, ton père avait conclu ton mariage avec le prince Sherrès. Nous savons de source sûre qu'il est très amoureux de toi. Et toi-même, de ton côté, tu lui as donné des preuves irréfutables de ton amour.
Encore une fois, Tanithkara dut faire un violent effort pour se contenir. Ces scélérats savaient déjà qu'elle avait couché avec Sherrès. Elle ravala sa fureur et répondit d'un ton de défi :
— Je vois que vous me faites espionner. Mais c'est exact : je voulais vérifier s'il pouvait faire un amant acceptable.
La réponse provocatrice perturba les pentarques. Lhofir se reprit le premier :
— Eh bien, voilà… voilà qui est une bonne nouvelle.
Tanithkara fit une moue de contrariété.
— Une bonne nouvelle… je n'en suis pas si sûre. Malgré la très haute opinion qu'il a de lui-même, Sherrès n'est pas un très bon amant.
— Ah ? s'inquiéta Lhofir.
Il toussa pour masquer son embarras, puis reprit, d'un ton péremptoire :
— Tout cela n'a aucune importance. Ton père avait pris un engagement vis-à-vis du prince Sherrès, il convient de le respecter. Cette disposition permettra à la Nauryah d'éviter un affrontement avec les Haaniens.
— Ce qui ne les empêchera pas de pénétrer en nombre à Marakha.
— Il n'y aura pas de conflit, puisqu'ils seront nos alliés.
— Mais il leur sera plus facile de massacrer les Hosyrhiens qui se sont réfugiés ici. Et aussi d'éliminer tous les Nauryens qui auraient la mauvaise idée de vouloir rester fidèles à la pensée hosyrhienne.
— Rien ne les empêche de se convertir !
— Comme vous l'avez fait vous-mêmes, sans doute.
— Notre choix n'est dicté que par l'intérêt de ce royaume ! cingla Lhofir. Et puis, la pensée haanienne est tout à fait digne d'intérêt. Elle garantit l'ordre.
— Et si les Nauryens n'ont aucune envie d'y adhérer ? riposta Tanithkara sur le même ton.
— On ne leur demandera pas leur avis ! Ou bien il faudra qu'ils tirent les conséquences de leur décision !
Cette fois, la coupe était pleine. Ce scélérat était en train de lui dire qu'il était sur le point de livrer le pays aux Haaniens. C'était une trahison pure et simple. Elle se tourna vers Khopolep et Beltraan.
— Bien entendu, vous partagez l'avis du seigneur Lhofir ?
Ils acquiescèrent.
— Il ne sert à rien de vouloir à toute force s'opposer à un ennemi supérieur en nombre, confirma Beltraan. C'est pourquoi nous souhaitons vivement que tu respectes l'engagement pris par ton père. C'est sur toi que repose la paix, ma petite Tanith.
Elle hocha la tête, puis répliqua sèchement :
— Une paix pour laquelle vous êtes prêts à sacrifier tous les Hosyrhiens qui refuseraient de se soumettre à la loi stupide de ce dieu sanguinaire. Une paix qui vous permettra également de préserver vos privilèges.
Pris au dépourvu par son attaque soudaine, Lhofir la toisa d'un regard noir.
— Je ne te permets pas de juger notre décision. Dois-je te rappeler qui je suis ? Et qui tu es ?
— Je sais assez qui vous êtes, seigneur Lhofir. Un lâche qui trahit son royaume et ses habitants dans le seul but de sauvegarder ses intérêts !
Il rougit sous l'insulte.
— Comment oses-tu…
Elle le coupa :
— Lorsque j'ai donné mon accord à mon père pour ce mariage, les choses étaient différentes. Sherrès ne s'était pas encore converti. A présent, tout a changé. Alors, écoutez-moi bien, tous les trois ! Il est hors de question que j'épouse un Haanien. Je considère également Sherrès comme un traître, tout comme ceux qui, par intérêt ou par lâcheté, refusent de regarder la vérité en face. Les Haaniens sont nos ennemis, et je sais que ce sont eux qui ont fait assassiner mes parents, tout comme le seigneur Farahdan et le roi Hassyr dat Mahdor. Peut-être même son fils est-il mêlé à ce crime !
— Je ne te permets pas… tenta Lhofir.
— Cela suffit ! hurla-t-elle. Je suis ici chez moi et vous n'y êtes plus les bienvenus ! Vous allez donc quitter cette demeure pour ne plus jamais y revenir !
Lhofir faillit s'étrangler de fureur. Il aurait voulu répliquer, mais l'autorité de Tanithkara lui rappelait trop celle de son père.
— Ton insolence…
Il se mit à trembler de fureur et ne put ajouter une parole. Beltraan vint à son secours :
— Ne te fais aucune illusion, Tanith. Tu n'as pas le choix. Tu dois obéir aux pentarques. Et ce mariage se fera, que tu le veuilles ou non. La paix est à ce prix et tu devras te plier aux ordres du Conseil des Cinq.
— D'une part, le Conseil des Cinq n'existe plus, répliqua-t-elle. Vous n'êtes plus que trois, à ce qu'il me semble. D'autre part, je ne vous autorise plus à m'appeler par mon diminutif. Je suis Tanithkara Nephen-Thagraan et vous m'appellerez ainsi désormais. De plus, je crois vous avoir demandé de sortir. Ou bien préférez-vous que je vous fasse jeter dehors ?
— Jeter dehors ? s'étrangla Lhofir. Tu oserais…
Pour toute réponse, Tanithkara adressa un signe à Lazro. Celui-ci fit aussitôt entrer Rod'Han et ses guerriers.
— Capitaine, veuillez raccompagner ces personnes jusqu'à leur voiture.
— Bien, madame !
— Capitaine, je suis le pentarque Lhofir, et je vous ordonne d'arrêter cette femme ! Elle vient de se rendre coupable de rébellion envers le Conseil !
Rod'Han le saisit fermement par le bras et répliqua :
— Je ne prends mes ordres que de dame Tanithkara, pentarque Lhofir.
Puis il l'entraîna sans ménagement tandis que ses hommes faisaient de même avec Beltraan et Khopolep. Avant de franchir la porte, Lhofir interpella Tanithkara :
— Tu viens de commettre une grave erreur ! s'égosilla-t-il. Tu nous paieras très cher cet affront !
Il ne put en dire plus. Rod'Han le poussa dehors.
Quelques instants plus tard, il revenait, visiblement ravi de la mission que lui avait confiée la jeune femme.
— Ils sont partis, madame. Le seigneur Lhofir n'a cessé de proférer des menaces à votre endroit.
— Je m'en doute.
Elle se tourna vers son grand-père, qui arborait un large sourire.
— Ah, je peux mourir sans crainte, après t'avoir vue à l'œuvre, mon enfant. Tu possèdes l'autorité qu'il faut pour clouer le bec à ces pantins. Cependant, méfie-toi. Ils ne vont pas en rester là.
— C'est probable.
Elle s'assit près du vieil homme, qui lui prit affectueusement la main.
— Je n'aurais sans doute pas dû les provoquer ainsi, mais ces individus me répugnent.
— Leur comportement confirme que leur ralliement au mouvement haanien ne date pas d'hier. La rapidité avec laquelle le fléau s'est répandu prouve qu'il bénéficiait de complicités parmi les puissants des différents royaumes, y compris à Marakha.
— Et cela prouve que ton analyse était juste, grand-père. Les grands propriétaires voient dans cette religion une manière de contrôler le peuple. Aujourd'hui, celui-ci ne sait plus vers quel dieu se tourner. Il est tellement facile aux prêtres haaniens de promettre que tout s'arrangera sous la protection de leur divinité monstrueuse !
Elle réfléchit intensément. Pahyren l'observait. Il devinait les pensées qui s'échafaudaient dans l'esprit survolté de la jeune femme.
— Que pense le roi Khaldyr ? lui demanda-t-elle soudain.
— Il n'a plus toute sa tête. Les gens l'aiment beaucoup. C'est pourquoi les Haaniens le conserveront en vie. Mais son avis n'a plus aucune valeur.
Tanithkara laissa passer un nouveau silence.
— Les Haaniens ne sont pas encore à Marakha, déclara-t-elle enfin.
Elle se releva et fit quelques pas tout en parlant :
— Les pentarques sont des traîtres et des incapables, prêts à ouvrir les portes de la ville à l'ennemi en échange de quelques miettes de pouvoir. Le roi n'est plus qu'une marionnette…
Elle revint vers lui.
— Il n'y a donc plus de gouvernement à Marakha. Nous devons agir. Et agir rapidement.
Les yeux du vieil homme s'étaient mis à luire.
— Quelle est ton idée ?
— Nous allons prendre le pouvoir !
La prophetie des glaces
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