5
En se rendant chez le notaire, Rohan pensait que maître Monroe avait d'autres éléments à lui communiquer concernant la succession. Celle-ci s'était passée sans difficulté, grâce aux précautions prises par son grand-père Henry. Mais ces précautions avaient confirmé à Rohan qu'il avait envisagé un tel drame. Pourquoi ?
Le jeune homme avait hérité de la totalité de la fortune des siens. Il avait pensé que celle-ci se limitait à la grande demeure de Silverton et à quelques avoirs en banque, mais il avait découvert avec stupéfaction qu'il était désormais très riche. Une fortune investie dans plusieurs pays, sous forme de terrains agricoles, d'immeubles de rapport, de participations dans des sociétés non cotées en Bourse. Visiblement, Henry Westwood n'avait aucune confiance dans le système financier libéral. La liste de ses biens était très longue et étonnamment diverse. Le notaire l'avait chiffrée à plus de deux cents millions de dollars. Cette nouvelle aurait dû le réjouir, tout au moins le consoler. Il n'en avait conçu qu'une grande amertume. Que lui importait d'être si riche s'il était seul à en profiter ?
Même si les siens vivaient aisément, il n'aurait jamais soupçonné que cette fortune fût si importante. Il comprenait mieux à présent pourquoi le FBI avait nourri des soupçons à son égard. Cependant, il découvrait sa famille sous un jour inattendu. Les Westwood auraient pu se passer de travailler. Or, son père l'avait toujours incité à l'effort, et il exigeait la même discipline de ses deux autres enfants. Rohan avait toujours été intéressé par l'histoire et l'archéologie. Comme son père et son grand-père avant lui. Douglas l'avait invité à pousser ses études le plus loin possible dans ce domaine. Ce qu'il avait fait.
A présent, Rohan se demandait comment il allait employer tout cet argent. Peut-être était-ce pour en parler que le notaire l'avait convoqué. Comme il l'avait promis, Herbert Scott l'accompagna à l'étude de maître Monroe, à Seattle.
Celui-ci les reçut immédiatement. Maître Monroe était un homme replet, au crâne dégarni, dont le regard se cachait derrière des lunettes rondes. Malgré sa petite taille, il se dégageait de lui une impression de force tranquille et de ruse, réfugiée dans ses yeux plissés, marqués par les pattes-d'oie. Il pouvait avoir entre cinquante et soixante ans. Il accueillit Rohan avec une certaine familiarité. Il l'avait connu tout petit, puisqu'il faisait partie des rares personnes à visiter régulièrement la maison de Silverton.
Un autre homme était présent dans le vaste bureau de maître Monroe. Un individu âgé, d'une belle prestance, aux cheveux d'un blanc soigné, vêtu avec recherche d'un costume impeccablement coupé, qui sortait visiblement de l'atelier d'un grand couturier. Il s'inclina légèrement devant Rohan lorsqu'il entra. Son regard reflétait un mélange d'autorité et de bienveillance. Rohan eut immédiatement l'impression de l'avoir déjà rencontré.
Le notaire désigna le vieil homme.
— Rohan, tu connais déjà monsieur Paul Flamel.
Ce dernier s'avança.
— J'étais un ami de ton grand-père, précisa-t-il.
L'homme parlait un américain très correct, mais ne pouvait masquer son accent français.
— Je me souviens un peu de vous, répondit Rohan. Mais cela remonte à quelques années.
— La dernière fois que je suis venu, tu devais avoir treize ou quatorze ans.
Rohan acquiesça, mais resta sur ses gardes. Il y avait chez cet homme quelque chose qui l'inquiétait un peu, sans qu'il sache quoi. Le notaire présenta ensuite le policier :
— Monsieur Flamel, voici l'inspecteur Scott, qui a été chargé de l'enquête sur le drame de la famille Westwood.
— Tout au moins jusqu'à ce que le FBI m'en dessaisisse, précisa Herbert.
Il étudia brièvement le Français. Il fut immédiatement convaincu qu'un mystère entourait cet homme, un mystère peut-être lié au massacre.
— Désolé de vous rencontrer dans des circonstances si douloureuses, répondit le vieil homme. Henry Westwood était un ami très cher.
— Auriez-vous une idée de la raison pour laquelle toute cette famille a été exterminée ? demanda Scott un peu brutalement.
Flamel ne cilla pas.
— Comment pourrais-je en avoir une, monsieur Scott ? Qui aurait pu s'attendre à une telle tragédie ?
— Oui, bien sûr, admit Herbert.
— Vos collègues ont-ils une piste ?
Le flic haussa les épaules.
— S'ils en ont une, ils la gardent secrète, grommela-t-il. L'enquête privilégie une secte démoniaque. C'est tout ce que je sais.
— Mais pour votre part, vous n'y croyez pas trop, reprit le vieil homme en le fixant dans les yeux.
Herbert accusa le coup. L'homme était subtil.
— En effet, monsieur Flamel. Il y a trop de choses étranges dans cette histoire.
Il hésita, puis ajouta :
— Je ne devrais pas le dire, puisque mes supérieurs m'ont ordonné de me taire, mais tant pis. J'ai… enfin, le médecin légiste a conclu que le père et le grand-père de Rohan n'étaient pas morts des tortures infligées par leurs tourmenteurs, mais de l'ingestion d'acide prussique. Tous deux avaient une dent creuse pleine de cyanure.
— Voilà qui est très étrange, en effet. D'après vous, ils se seraient suicidés pour ne pas parler.
— Exactement. Mais le FBI refuse de tenir compte de cet élément. J'aimerais savoir pourquoi.
Pendant un court instant, Flamel eut l'air profondément abattu, puis il se redressa avec orgueil. Cet homme ne devait pas souvent céder à la faiblesse.
— Je ne peux malheureusement vous être d'aucune aide, monsieur Scott, dit-il d'une voix sourde. Mes relations avec les Westwood étaient essentiellement fondées sur notre travail commun. Je suis historien également, spécialisé dans le néolithique. Henry et Douglas ne manquaient jamais de venir me rendre visite lorsqu'ils venaient en France. Leur disparition est une perte irréparable.
Ils prirent place dans les fauteuils que leur proposait maître Monroe, puis Flamel poursuivit :
— Votre présence aux côtés de Rohan m'amène à penser que vous avez pris soin de lui depuis ce terrible drame, monsieur Scott. Je veux vous en remercier. La raison de ma présence ici lui étant liée, j'estime que vous avez le droit de la connaître.
Il se tourna vers Rohan.
— Mon garçon, l'amitié qui me liait à ton grand-père et à ton père était d'une qualité rare. Lorsque j'ai appris ce qui s'est passé, j'ai pensé à toi, et au fait que tu allais te retrouver seul. Je sais aussi que tu suivais des études d'archéologie. Je suis donc venu te proposer de te recevoir dans ma propre famille, avec la possibilité de poursuivre tes études en France.
Rohan regarda le vieil homme avec méfiance. Celui-ci sembla deviner ses préventions.
— Ce n'est qu'une suggestion, bien sûr. Je comprends que la découverte de la fortune de ta famille puisse te rendre prudent, surtout après ce qui s'est passé. Si cela peut te rassurer, sache que ma famille est, elle aussi, très riche, probablement plus encore que la tienne. Tu es majeur, et je t'assure que je n'interviendrai aucunement sur ce plan-là. Maître Monroe te conseillera bien plus utilement que moi. Ma proposition n'a qu'une motivation : t'éviter de te retrouver seul dans un moment aussi difficile. Je dois cela à mon ami Henry.
Un instant, les yeux du vieil homme s'étaient mis à briller singulièrement. Il émanait de lui une telle autorité que Rohan en fut désarçonné. Il se souvenait à présent mieux de Paul Flamel. Effectivement, son grand-père et lui semblaient liés par une profonde amitié et une grande complicité.
— J'espère seulement te convaincre de venir passer quelque temps chez moi. Je possède une grande propriété en Dordogne. C'est l'une des plus belles régions de France, qui en compte pourtant beaucoup. Je sais que tu parles couramment français. Tu ne seras donc pas dépaysé. Et en ce qui concerne l'archéologie, tu connais sans doute la richesse du Périgord.
Rohan hocha la tête, dubitatif.
— Je vous remercie de cette proposition, monsieur Flamel. Je… je vais y réfléchir.
— C'est bien naturel. Je précise que ma famille compte aussi plusieurs membres du même âge que toi, et qui seraient heureux de t'accueillir.


Plus tard, Rohan et Paul Flamel se retrouvèrent dans un restaurant situé sur les rives du lac Washington, à l'est de la ville. Herbert Scott avait regagné Silverton après que le Français avait proposé à Rohan de rester un ou deux jours à Seattle afin qu'ils fissent plus ample connaissance.
— Votre nom me dit quelque chose, dit soudain Rohan.
— Il n'y a rien d'étonnant à cela. Nicolas Flamel était le nom d'un célèbre libraire et écrivain du quatorzième siècle…
— J'y suis ! On parle de lui dans Harry Potter. On dit qu'il est encore vivant à notre époque grâce à la Pierre philosophale.
Paul Flamel eut un sourire amusé.
— Il existe en effet de nombreuses légendes autour de Nicolas Flamel. Mais je peux t'assurer qu'il n'était pas immortel. En revanche, il fut mon ancêtre.
L'information stupéfia le jeune homme.
— Votre ancêtre ?
— Exactement.
— Alors, d'où viennent ces légendes ?
— Elles furent inventées de toutes pièces au dix-septième siècle. Nicolas est né vers 1330, dans une famille d'origine modeste. Après avoir étudié le latin, il a acheté une charge de libraire-juré, ce qui lui donnait le droit de créer des manuscrits de luxe. Il employait plusieurs copistes. A cette époque, l'imprimerie n'était pas encore inventée et les livres étaient recopiés à la main. Ils coûtaient aussi cher qu'une maison. Sa clientèle était composée des familles les plus riches de Paris. Il faut aussi ajouter que son épouse, Pernelle, était elle-même fortunée. Tous deux firent d'excellents placements immobiliers dans la capitale, ce qui accrut encore leurs biens. Cependant, Nicolas aimait à dire qu'il était alchimiste et qu'il connaissait le secret de la Pierre philosophale. On a prétendu plus tard qu'il aurait écrit un ouvrage intitulé Livre des figures hiéroglyphiques. Cependant, il est peu vraisemblable que cet ouvrage soit de lui. En réalité, cette histoire fut imaginée par un individu nommé Arnaud de la Chevalerie, qui, au début du dix-septième siècle, déclara qu'il avait traduit un ouvrage en latin écrit par Nicolas Flamel. Cet ouvrage fut sans doute composé à partir de livres traitant d'alchimie et publiés au seizième siècle. Nicolas n'a rien à voir là-dedans, mais cela a suffi à accréditer sa légende. On prétendit qu'il connaissait le secret de la transmutation du plomb en or et que c'est de là que provenait sa fortune. De même, sa longévité étonna ses contemporains. Il vécut jusqu'à près de quatre-vingt-dix ans, âge fort avancé pour l'époque, et dessina lui-même sa propre tombe, qui fut gravée de symboles d'alchimie. La légende affirme aussi qu'un voleur s'introduisit dans cette tombe, certain d'y trouver de l'or. Il n'en trouva pas, mais, chose plus étonnante, le cercueil de Nicolas était vide. Il n'en fallait pas plus pour que l'on en déduisît que Nicolas Flamel vivait encore et avait découvert le secret de l'immortalité.
« Une autre légende affirme qu'il aurait dirigé pendant dix ans le mystérieux prieuré de Sion, société secrète prétendument fondée en 1066 au sein de l'ordre des Templiers, pour protéger le secret d'une descendance mérovingienne ignorée mais destinée à remonter un jour sur le trône de France. En vérité, ce prieuré de Sion n'a jamais existé. Il fut imaginé en 1956 par un dénommé Pierre Plantard dans ses Dossiers secrets d'Henri Lobineau. Pierre Plantard, qui prétendait descendre lui-même des Mérovingiens et s'inscrivait dans la mouvance d'extrême droite de Vichy, a fini par avouer sa mystification en 1992. Il est mort en 2000. En 2003, Dan Brown a utilisé cette mystification pour son roman, le Da Vinci Code, avec une habileté telle que beaucoup de gens ont cru que ce prieuré existait vraiment. Ainsi naissent les légendes.
« En revanche, sais-tu que la maison de Nicolas Flamel existe encore ? Elle est sise au 51 de la rue de Montmorency, et elle est la plus ancienne maison de Paris. Elle fut construite en 1407 pour servir d'asile aux pauvres, car Nicolas Flamel et son épouse Pernelle étaient très charitables. Aujourd'hui, elle abrite un restaurant.
Rohan contemplait Paul Flamel. Le vieux Français lui aurait avoué qu'il était lui-même immortel qu'il n'en aurait pas été autrement étonné. Il y avait quelque chose de mystérieux chez lui. Après quelques heures passées en sa compagnie, ses préventions étaient un peu retombées. Flamel était un grand érudit, ouvert à quantité de sujets. Sa conversation était passionnante, et il possédait un charme indéniable, doublé d'un humour plutôt britannique. Il ressemblait un peu à l'acteur Paul Newman, peut-être à cause de ses yeux d'un bleu-gris très pâle. Rohan se demandait quel âge il pouvait avoir. Au moins soixante-dix ans, d'après ses estimations. Il lui faisait penser à son grand-père, Henry. Lorsqu'il parlait de la préhistoire, il émanait de lui le même enthousiasme, la même passion.
Cependant, Rohan remarqua très vite que Flamel paraissait sur ses gardes. Il jetait parfois des coups d'œil discrets aux alentours. Le jeune homme le lui fit remarquer.
— Je suis désolé, mon garçon, répondit Flamel. Je ne peux m'empêcher de penser au drame. Tu es le seul survivant de ta famille, et je suis inquiet pour toi. Le FBI prétend qu'il s'agit des crimes d'une organisation satanique, mais je partage l'opinion de ton ami policier. La vérité est sans doute différente. Des adorateurs du Diable ne se seraient jamais aventurés jusqu'à une petite ville perdue en lisière d'une forêt immense pour massacrer une famille choisie au hasard. Ce ne sont pas non plus des voleurs qui ont commis cette horreur. Je crois savoir que rien n'a été emporté.
— En effet. Les bijoux de ma mère et de ma grand-mère ont été éparpillés sur le sol. Comme par dérision. Ce n'était pas l'argent qui motivait ces salauds.
— Il y a donc autre chose. Quelque chose de très important, que détenaient Henry et Douglas.
— Et quoi ?
— Je l'ignore. Mais je persiste à penser que tu cours un grave danger. C'est pour cette raison que je suis venu te proposer de quitter ce pays quelque temps. Je sais que ce monsieur Scott veille sur toi, mais je pense que tu n'es pas vraiment en sécurité à Silverton. Même avec sa protection. Ceux qui ont tué tes parents étaient des professionnels du crime, et monsieur Scott ne possède probablement pas les moyens de s'opposer à eux.
Rohan ne répondit pas. Il avait déjà pensé à cela. Chaque nuit depuis le massacre, il s'endormait avec un fusil près de son lit. Même en sachant que la police effectuait des rondes régulières, il avait peine à trouver le sommeil. Il ne cessait de revoir la scène horrible découverte à son retour, le lendemain matin, les corps mutilés et torturés. Parfois, la nuit, il lui semblait entendre des hurlements de terreur et de souffrance.
En lui étaient nées une haine incommensurable et une colère aveugle. S'il redoutait le retour des assassins, il l'espérait également, pour avoir l'occasion de se trouver face à eux et de les exterminer comme ils l'avaient fait avec sa famille. Cependant, il savait aussi qu'il n'avait aucune chance devant des tueurs professionnels et sadiques. Alors, parfois, la peur l'emportait et il songeait à partir. Il avait envisagé de vendre la maison. Il en avait parlé à maître Monroe, mais, curieusement, celui-ci le lui avait déconseillé, arguant que la demeure était dans la famille depuis plusieurs générations. Rohan lui avait fait remarquer que la famille Westwood n'existait plus, le notaire lui avait répondu qu'il était encore en vie et qu'il ne tenait qu'à lui de la reconstruire. En revanche, il lui avait vivement conseillé d'accepter la proposition de Paul Flamel.
Cependant, lorsque ce dernier regagna la France, Rohan refusa de le suivre. Flamel insista, mais le jeune se montra d'autant plus ferme. Le vieil homme parut abattu, puis accepta la décision du jeune homme.
— Tu es un homme, Rohan, je ne peux te forcer. Mais tu cours un grand danger.
— Je sais !


L'avertissement de Paul Flamel le hanta malgré tout dans les jours qui suivirent. Il aurait pu se rendre à Seattle, où il possédait un petit studio. Il y habitait lorsqu'il suivait les cours à l'université. Mais il n'aimait pas la ville. Elevé à proximité de l'immense forêt Hoh Rain, il n'était à l'aise qu'au milieu des vastes espaces sylvestres. Et puis, quelque chose le retenait encore à Silverton. Il n'aurait su dire quoi. Il devinait que les autres allaient revenir pour le tuer. Malgré cela, il resta sur place.
Il gardait en lui l'espoir de nouer un contact spirituel avec les membres de sa famille. Il percevait toujours les pensées et les émotions de personnes disparues. Pourquoi les siens ne se manifesteraient-ils pas à lui ?


Au bout de trois semaines, il n'avait reçu aucun message, pas le moindre petit signe. Puis, une nuit, un rêve étrange le visita.
La prophetie des glaces
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