52
Pahyren hocha la tête d'un air dubitatif.
— Je suppose que tu avais déjà ton idée quand tu as reçu les pentarques…
— Leur trahison m'a déterminée à prendre ma décision. Nous n'avons plus le choix. Entre eux et nous, la guerre est déclarée. Dès demain, ils vont envoyer une escouade de gardes pour m'arrêter. Ensuite, les Haaniens auront beau jeu de conquérir la Nauryah avec la complicité des pentarques. Nous devons donc opérer cette nuit même.
— Cette nuit ?
— Cette nuit ! Nous allons réunir les soldats de mon père et arrêter tous ceux qui risqueraient de s'opposer à notre action : les pentarques, les chefs des grandes familles favorables aux Haaniens, certains hauts fonctionnaires. Tu connais les noms de ceux qui sont prêts à trahir, grand-père ?
— Je les connais.
— Tu vas me dresser une liste.
— A tes ordres, princesse.
Il eut un petit rire joyeux devant sa détermination, puis se mit au travail. Tanithkara se tourna vers Rod'Han.
— Capitaine, faites venir les hommes de mon père. Qu'ils soient ici dans moins d'une heure. En armes !
— Bien, madame.
Il quitta la salle en compagnie de ses guerriers.
— Ils ne sont pas assez nombreux, objecta Pahyren.
— Nous allons aussi faire appel aux étudiants de l'université. J'ai confiance en eux. Ils croient profondément aux valeurs hosyrhiennes. Aucun d'eux n'acceptera de les renier. Ils sont plus de deux cents. Cela suffira pour agir si nous nous organisons efficacement.
— Que comptes-tu faire ?
— D'abord, les réunir ici. Je vais leur exposer la situation. Je ne leur cacherai rien. S'ils réagissent comme je l'espère, nous leur distribuerons des armes. En attendant, nous allons mettre une stratégie au point. A l'aube, il faudra que tous les traîtres à la Nauryah soient mis hors d'état de nuire. Nous les enfermerons dans des endroits différents. Ils ne devront pas avoir de contacts entre eux. Si nous réussissons, dès demain je préviendrai le peuple de ce qui se trame. Je lui dirai la vérité, y compris la menace d'explosion du grand volcan de Tearoha. Les gens ont le droit de savoir.
— Tu ne crains pas que certains y voient une nouvelle marque de la colère de Haan ?
— C'est un risque à courir, mais je crois que les Nauryens me sauront gré de ne rien leur dissimuler. Ils doivent savoir que les Haaniens mentent, et qu'ils sont incapables d'empêcher ce qui se prépare. Je vais leur dire que nous n'avons pas d'autre choix que l'exil et je leur parlerai d'Avalon.
Elle marqua un silence, puis ajouta :
— J'aimerais tellement que tu acceptes de venir avec nous, grand-père.
Le vieil homme hésita, puis répondit :
— Après tout, pourquoi pas ? Je n'ai jamais que quatre-vingt-cinq ans et je crois que je n'aime pas trop ce qui se passe en ce moment. Et ce sera pire quand tu seras partie.


Quelques instants plus tard, Rod'Han revenait avec le commandant Ghoraka et la totalité de la compagnie. Tanithkara leur donna l'ordre d'aller chercher tous les étudiants à l'université.
— Ils doivent venir ici dans la plus grande discrétion. Qu'ils forment des petits groupes, comme s'ils allaient faire la fête en ville. Pour entrer dans le palais, qu'ils passent par le parc. L'entrée principale est probablement surveillée.
— Bien, madame.


Une longue attente commença. Tanithkara redoutait que les pentarques, dans leur colère, aient décidé de la faire arrêter immédiatement. Elle avait ordonné à Lazro de surveiller les entrées donnant sur la ville et de la prévenir en cas d'arrivée de la police royale. Mais il ne se passa rien. Elle trompa son inquiétude en établissant un plan d'action en compagnie de Pahyren, qui avait retrouvé une nouvelle jeunesse.
Les premiers étudiants commencèrent à arriver. Au bout d'une heure, près de quatre cents personnes étaient rassemblées dans la salle d'armes secrète. Tous ses compagnons de l'université avaient répondu à son appel. Ils se doutaient que quelque chose d'extraordinaire se préparait. Les étudiants étaient conscients du chaos vers lequel se dirigeait le royaume de la Nauryah depuis la mort du père de Tanithkara. Et tous espéraient secrètement qu'à son retour la jeune femme prendrait les décisions qui s'imposaient. On connaissait son caractère volontaire et son intelligence hors du commun. Pour beaucoup, elle était le repère, le point de référence, celle qui réussissait tout ce qu'elle entreprenait. Malgré son jeune âge, elle bénéficiait d'une sagesse et d'une clairvoyance que tous admiraient. Mehranka lui-même, prévenu par une élève, avait quitté son observatoire pour se joindre à l'assemblée.
Lorsqu'elle fut certaine que tous étaient là, Tanithkara monta sur une table. Elle fut saluée par des cris d'encouragement. Elle connaissait la plupart d'entre eux. Elle savait qu'elle pouvait se fier à eux. Mais l'angoisse lui broyait les entrailles. Elle avait conscience qu'elle allait leur demander un très grand sacrifice. Car il n'y aurait pas de retour en arrière possible. A partir du moment où ils auraient pris leur décision et où ils auraient commencé à agir, ils n'auraient d'autre choix que d'aller jusqu'au bout de leur action. S'ils échouaient, la mort les attendrait, car les pentarques ne feraient preuve d'aucune indulgence. Cependant, il n'y avait pas d'autre solution.
Elle leva les bras pour obtenir le silence et prit la parole :
— Merci à tous d'avoir répondu à mon appel. Je vous ai demandé de venir ce soir parce que, comme vous le savez déjà, notre monde traverse en ce moment des bouleversements aux conséquences imprévisibles. Je vais vous dire toute la vérité. Certains d'entre vous la connaissent déjà, d'autres l'ignorent. Je veux que tous vous sachiez ce qui se passe exactement, afin que vous puissiez prendre votre décision en plein accord avec vous-même, comme doit le faire chaque homme libre. Cette vérité est bien différente de celle que répandent les Haaniens, qui n'ont d'autre but que de s'emparer de l'Hedeen pour y imposer leurs lois monstrueuses.
Elle leur rapporta alors tout ce qu'elle savait, la comète qui avait failli percuter la Terre, la dérive de l'Hedeen vers le pôle Sud, la menace du super-volcan de Tearoha. Elle leur dévoila la décision de son père de passer outre à l'immobilisme des autres pentarques, son projet d'abandonner la Nauryah, la découverte d'Avalon.
— Vous devez cependant savoir que les pentarques sont opposés à ce projet. Bien pire encore : avant mon départ, mon père avait conclu un accord de mariage entre le prince Sherrès de Deïphrenos et moi. Or, depuis, Sherrès s'est converti à la religion haanienne et m'a proposé un marché : il empêchera les hordes fanatiques d'envahir la Nauryah à condition que je respecte l'engagement de mon père et que je l'épouse. Cependant, les Haaniens se réservent le droit d'exterminer tous les Hosyrhiens, comme ils ont commencé à le faire ailleurs. Il ne peut donc pas y avoir de compromis. Malheureusement, ils sont de plus en plus nombreux, grâce aux conversions, spontanées ou forcées. Bientôt, ils seront à nos frontières. Sous le prétexte de préserver la paix, les pentarques sont venus ce soir exiger mon accord. Si j'épouse Sherrès, les Haaniens épargneront Marakha. A condition toutefois de pouvoir y pénétrer librement… et de poursuivre leur traque des Hosyrhiens.
Elle marqua un court silence et ajouta :
— J'ai refusé. Il est hors de question que je devienne la femme de ce félon.
Une ovation enthousiaste salua sa déclaration. Elle attendit que le calme soit revenu et continua :
— J'ai chassé les pentarques de chez moi en les accusant d'avoir trahi la Nauryah. Ils n'ont pas apprécié ma franchise. Demain, ils me feront probablement arrêter.
Des cris de colère jaillirent, surtout en provenance des étudiants :
— Nous sommes avec toi, Tanith ! Nous ne les laisserons pas faire !
Tanithkara leva la main pour obtenir le retour au silence.
— C'est pourquoi j'ai pris la décision de ne pas attendre. Les pentarques ont pactisé avec l'ennemi. Si vous acceptez de me suivre, nous allons les renverser et nous emparer du pouvoir. J'ai préparé un plan d'action avec l'aide de mon grand-père. Vous allez vous séparer en plusieurs groupes. Chacun d'eux aura un objectif précis. Des armes vont vous être distribuées par le commandant Ghoraka. Dans quatre heures, tous les traîtres doivent être neutralisés. Et demain, je parlerai au peuple de Marakha.
« Ou bien nous acceptons le fatalisme aveugle des pentarques et de leurs amis, et chacun ne songe qu'à sauvegarder ses intérêts ou plus simplement sa vie, ou bien nous décidons de nous battre jusqu'au bout, tous ensemble, pour donner une chance à nos descendants de perpétuer le souvenir de notre monde et de sa richesse. Moi, Tanithkara, fille du seigneur Tharkaas hoss Nephen et de Marah hinn Thagraan, j'ai choisi de me battre !
Il y eut un moment de flottement, puis une ovation encore plus délirante que la précédente salua ses dernières paroles.


Organisée avec une grande efficacité par Tanithkara et son état-major, l'opération se déroula sans coup férir. Les pentarques et les chefs des grandes familles incriminés ne s'attendaient pas à voir des soldats solidement armés investir leurs demeures.
Lhofir avait pris la décision de faire arrêter la jeune femme dès l'aube venue, au motif de rébellion devant l'autorité du Conseil. Ignorant l'existence de l'armée secrète de Tharkaas, il n'avait pas imaginé une seconde qu'elle avait les moyens de le prendre de vitesse. Il fut tiré du sommeil au beau milieu de la nuit par Rod'Han, le même capitaine taciturne qui l'avait déjà flanqué dehors quelques heures plus tôt, et invité à s'habiller au plus vite. Il tempêta, vitupéra, sans obtenir d'autre résultat qu'une paire de gifles magistrales qui l'envoya au sol pour le compte. Rod'Han avait toujours détesté ce personnage cauteleux et méprisant envers les gens modestes. Le fait qu'il avait trahi les Nauryens n'incitait pas le jeune homme à l'indulgence.
Lhofir espéra un moment que sa petite garde privée pourrait lui venir en aide, mais il se rendit très vite compte que ses hommes avaient été neutralisés, ainsi que ses domestiques. Force lui fut d'obtempérer. Il fut entravé et jeté dans une voiture. Une heure plus tard, il était enfermé, seul, dans une cave sombre et humide, avec pour toute compagnie un broc et un bassin. L'unique confort consistait en un banc de bois et une couverture. Il eut beau hurler, personne ne vint lui expliquer ce qui se passait. Ainsi en avait voulu Tanithkara.
Lorsqu'un soleil incertain se leva sur Marakha, une trentaine de personnes avaient été arrêtées et conduites en lieu sûr, en différents endroits, afin d'ôter à d'éventuels partisans la possibilité de libérer tout le monde d'un coup.
Tanithkara ne perdit pas de temps à savourer sa victoire. Après avoir pris deux petites heures de repos, elle ordonna à ses compagnons de se rendre en ville pour demander aux habitants de se rassembler sur la place principale, située devant le vieux temple du Soleil. C'était un endroit assez vaste pour accueillir les fêtes grandioses qui avaient lieu chaque année pour la célébration du dieu Hyruun.
Marakha comptait plus de soixante mille habitants. Le bouche à oreille avait visiblement fonctionné très rapidement. On disait que les pentarques avaient été arrêtés, ainsi que les chefs de certaines grandes familles. On disait aussi que la fille de Tharkaas hoss Nephen avait pris le pouvoir, aidée par une mystérieuse armée secrète, et avec l'assentiment des autres grandes familles, celles qui appartenaient à la religion hosyrhienne. Et surtout, on disait qu'elle avait des révélations à faire au peuple. Les menaces qui pesaient sur le royaume étaient suffisamment importantes pour que l'on prenne ces nouvelles au sérieux. Chacun avait abandonné son travail et gagné la place du Soleil, où une foule compacte, composée d'hommes, de femmes, d'enfants, de vieillards, se rassemblait petit à petit.
Vers midi, Tanithkara apparut sur le balcon depuis lequel le grand prêtre parlait aux fidèles lors de ces cérémonies. Lorsqu'elle leva les bras, le silence se fit. L'acoustique de ce balcon était étudiée de manière à amplifier les paroles. La jeune femme observa la foule. Elle dénombra au moins vingt mille personnes. Elle comprit qu'elle n'avait pas le droit à l'erreur. Si elle ne se montrait pas convaincante, elle risquait de déclencher un mouvement de colère qui plongerait définitivement le royaume dans le chaos. Elle se demanda s'il était vraiment souhaitable de parler de la menace du volcan de Tearoha. Ce danger-là pouvait provoquer une réaction de panique qui ferait la part belle aux Haaniens. Mais si elle n'avertissait pas les gens, ils seraient incapables de se préparer à faire face à ce fléau. Elle décida donc de tout révéler. Elle répéta simplement ce qu'elle avait dit à ses partisans la nuit précédente, avec toute la force, toute la conviction dont elle était capable. Elle termina sur son affirmation de vouloir se battre, contre l'ennemi mais surtout contre les phénomènes naturels qui allaient engloutir l'Hedeen à plus ou moins brève échéance.
Il y eut un moment de consternation dans la foule. Les gens se regardaient, n'osant croire à ce qu'ils venaient d'entendre. La plupart hésitaient entre la peur et la volonté de ne pas lui céder. Tous connaissaient Tanithkara. Sa famille était appréciée, et elle-même jouissait d'une excellente réputation. On la savait très savante, malgré son jeune âge. On la découvrait courageuse et déterminée. On s'était posé beaucoup de questions après la mort suspecte de son père et de son ami Farahdan. Des bruits avaient couru, qui accusaient déjà les autres pentarques, ceux que l'on n'aimait pas. Mais bien sûr, il n'existait aucune preuve.
Tanithkara avait déjoué le complot et elle avait fait arrêter les coupables. La première réaction de la foule avait été de demander qu'ils soient punis pour leur trahison. Mais il y avait autre chose : toutes ces nouvelles inquiétantes révélées ensuite par Tanithkara et qui faisaient froid dans le dos. Car elle venait tout simplement d'annoncer la fin du monde, la fin de leur monde. La plupart des gens amassés sur la place lui étaient reconnaissants d'avoir dit la vérité, de n'avoir pas menti. Et si elle disait qu'il fallait se battre et qu'elle était prête à le faire, eh bien, on la suivrait !
Certains cependant, plus timorés, se demandaient si tout cela était vrai, si, au fond, les Haaniens n'avaient pas raison, si un dieu inconnu n'avait pas décidé de frapper un empire qui l'avait toujours ignoré. Ils étaient peu nombreux, mais l'un d'eux lança :
— Les Haaniens avaient prédit ce qui se passe !
Autour de lui, quelques-uns applaudirent. Tanithkara reprit la parole :
— Ils n'ont fait que s'appuyer sur un phénomène naturel provoqué par le passage d'une comète, il y a soixante-dix ans. Mais quoi qu'ils en disent, les Haaniens ne pourront rien pour sauver l'empire. Jusqu'à présent, ils n'ont su que répéter à leurs fidèles d'adresser des prières à leur dieu Haan, pour implorer sa clémence. Le froid a-t-il cessé pour autant ? Non ! Leurs troupeaux ont-ils augmenté ? Non ! Leurs récoltes sont-elles meilleures ? Non ! La famine continue à progresser et la banquise s'avance. Rien ne l'arrêtera, et certainement pas les prières des prêtres haaniens !
« Les Haaniens haïssent les Hosyrhiens, car ils savent que nous les avons démasqués. Ce n'est pas pour rien que nos amis ont été massacrés dans les autres royaumes. Tous, vous connaissez les récits atroces que vous ont faits les réfugiés. Les Haaniens sont nos ennemis. Ils feront tout pour nous abattre, sauf si nous acceptons de renier nos croyances, quelles qu'elles soient. Vous êtes nombreux à croire au dieu Soleil, Hyruun, et nombreux aussi à adhérer à la philosophie hosyrhienne. Dites-vous que vous n'aurez plus cette liberté lorsque les Haaniens auront envahi la Nauryah. Ils vous obligeront à adopter leur religion, ou bien vous massacreront si vous refusez. C'est pourquoi nous devrons apprendre à nous battre. Le prince Sherrès de Deïphrenos sera là demain ou après-demain. Lorsqu'il comprendra que les Nauryens ne veulent pas de la religion haanienne, il rassemblera ses troupes pour nous attaquer. Il n'y aura alors pas d'autre solution que de lutter contre lui. Ils seront nombreux et armés. Mais nous le serons aussi. Mon père avait eu la sagesse de commencer à constituer une armée. Elle formera au combat tous les hommes et les femmes qui le désirent et leur fournira des armes.
« Voilà pourquoi j'ai pris le pouvoir, voilà pourquoi j'ai renversé des pentarques qui s'apprêtaient à nous livrer à l'ennemi. Vous ne devez compter que sur vous-mêmes, avec courage et détermination ! Et surtout, vous devez cesser d'écouter les promesses mensongères de ces individus qui s'infiltrent dans les royaumes pour semer une fausse parole, concernant un dieu qui n'existe pas !
Elle avait martelé les deniers mots avec force. Il y eut quelques murmures dans la foule. Tanithkara continua :
— J'ai choisi de vous dévoiler toute la vérité, parce que vous la méritez ! Vous êtes un peuple fort et volontaire. Je sais que vous saurez faire face à l'adversité avec courage et abnégation. Je ne vous mentirai pas. Je ne vais pas vous promettre la paix et la sécurité. Dans le combat que nous allons livrer, beaucoup d'entre nous périront. Mais les autres seront sauvés grâce à leur sacrifice. La seule question est : acceptez-vous de me suivre ? Acceptez-vous de combattre à mes côtés pour conquérir un nouveau royaume où nous pourrons reconstruire notre monde ?
La réaction ne se fit pas attendre. Un tonnerre d'applaudissements lui répondit.
— Que devons-nous faire, princesse ? cria un homme au premier rang.
— Nous n'avons pas le choix. Nous ne pouvons rester en Nauryah. Nous devons tout abandonner, ce pays que nous aimons et qui a vu vivre nos ancêtres. Nous quitterons nos maisons, nous laisserons nos meubles. Nous abandonnerons derrière nous notre cité, nos temples, nos entreprises, tout ce qui fait notre richesse. Nous n'emporterons que le strict nécessaire, des vêtements, de la nourriture, et des outils solides. Nous n'emmènerons que les plus forts des animaux des troupeaux, car il n'y aura pas de place pour tous sur les bateaux. Nous mettrons tout en commun. Il n'y aura plus ni pauvres ni riches. Nous engrangerons un maximum de vivres pour une traversée qui durera près de deux mois. Nous affronterons les tempêtes et les cataclysmes. Nous ne réussirons que si nous savons nous montrer solidaires.
« Quelques-uns des nôtres sont déjà sur cette île dont je vous ai parlé. Je peux vous certifier que c'est un endroit magnifique et riche, où nous pourrons rebâtir une ville encore plus belle. Et si la dérive des plaques continentales se poursuit encore longtemps, cette île se rapprochera de la chaleur et non du froid. Elle est de plus suffisamment éloignée pour n'être pas trop touchée par l'hiver volcanique qui s'annonce. Elle est aussi vaste que la Nauryah. Il y a là-bas de la place pour tous. Mais vous êtes libres, comme vous l'avez toujours été, libres de rester pour tenter de sauver ce qui vous appartient, ou libres de partir. Ceux qui souhaiteront me suivre se feront connaître en se présentant au palais Nephen à partir de cet après-midi. Je les attends. Dès cet instant, toute ma vie, tous mes efforts seront consacrés à les sauver.
Une ovation formidable salua ses dernières paroles. Lorsqu'elle se retira, la foule scandait son diminutif avec enthousiasme. Dans l'ombre, Pahyren l'accueillit. La jeune femme avait les yeux brillants et son cœur battait la chamade.
— Tu as été parfaite, mon enfant, lui dit le vieil homme en la serrant contre lui. Ton père lui-même n'avait pas un tel talent d'orateur.
— J'ai été sincère ! dit-elle d'une voix nouée.
— C'est pour cela qu'ils te font confiance. Mais il ne faut pas perdre de temps. Il nous faut organiser la défense et le départ.
— Et nous préparer à recevoir ce félon de Sherrès…
La prophetie des glaces
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