2. L'AFFAIRE MALET
C'est le 6 novembre 1812, alors qu'il se trouve à Smolensk, gue Napoléon prend connaissance de la tentative de coup d'État fomentée à Paris par le général Malet. �a décision de rentrer au plus vite à Paris n'en est que renforcée. A cette date, les principaux conjurés ont déjà été fusillés et la situation politique stabilisée. La France ignore encore l'étendue du désastre.
En quittant Saint-Cloud en mai 1812, Napoléon avait, comme à l'accoutumée, remis le pouvoir entre les mains de Cambacérès. L'archichancelier d'Empire était chargé de le tenir informé des principaux événements politiques du pays et devait le consulter sur les grandes décisions à prendre. Paris reste donc le cœur de la vie politique, même si Napoléon entend montrer qu'il est le seul maître du pouvoir. C'est dans cet esprit qu'il signe, le 15 octobre 1812, à Moscou, le décret relatif à la réorganisation de la Comédie
Française. Ce texte ne revêtait aucune urgence, mais il permet d'impressionner les foules, en évoquant l'activité fébrile de Napoléon. Il laisse entendre que l'Empereur contrôle la situation militaire, puisqu'il prend le temps de s'occuper des affaires culturelles. Enfin, plus qu'un communiqué de victoire, ce décret signé de Moscou matérialise la conquête de la ville des tsars, capitale religieuse du monde orthodoxe, qui accède ainsi au rang de capitale de l'Empire. Elle rejoint Rome dans l'esprit des contemporains et Napoléon peut laisser se développer l'impression qu'il est maître de l'Orient comme de l'Occident. Seule manque encore à son tableau de chasse Constantinople, pour que la gloire des empereurs romains soit égalée. Le souci de la propagande ne quitte jamais Napoléon car, lorsque le décret est connu à Paris, il a déjà quitté Moscou depuis plusieurs jours. Entretemps aussi, le 23 octobre, s'est déroulé le coup d'État organisé par Malet.
Figure énigmatique de la geste impériale, personnage d'assez faible envergure, le général Malet a focalisé l'attention sur sa personne et ses entreprises, non pas tant qu'il ait représenté un très grand danger pour l'Empire, mais parce qu'il fut un révélateur de l'état de l'opinion. Si les conjurés étaient peu nombreux, sans doute leur geste a-t-il été vu avec une relative sympathie par l'opinion, ce qui a contribué à majorer l'importance de l'entreprise.
L'aventure apparaît d'autant plus rocambolesque que le général Malet était bien connu de la police et qu'il n'en était pas à son coup 366
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d'essai. Cet officier, issu d'une famille de la petite noblesse provinciale, entré chez les mousquetaires du roi, avait ensuite été un ardent défenseur des idées de 1789. Il avait pris fait et cause pour la Révolution et mis son expérience au service de la jeune armée nationale. Bien que finalement peu employé, il n'en accède pas moins au grade de général. Ses sympathies républicaines affichées conduisent le ministre de la Guerre à le mettre en non-activité en mai 1805, mais il reprend peu après du service à l'occasion de la campagne occasionnée par la troisième coalition ; il est alors envoyé en Italie où il obtient un commandement à Pavie. Il y reste dix-huit mois, avant d'être relevé de son poste en mai 18Q7. Accusé de concussion, il est rappelé à Paris pour y être jugé. A Paris, il rassemble autour de lui un petit groupe d'opposants à l'Empire, avec lesquels il prépare un coup d'État visant au remplacement de Napoléon. Il entend profiter de son départ pour Bayonne, en mai 1808, et fait imprimer à cet effet des proclamations au peuple, en même temps qu'est élaboré un faux sénatusconsulte décrétant Napoléon hors la loi et annonçant la formation d'un gouvernement dictatorial de neuf membres. Le complot est découvert avant le lancement de l'opération et les principaux protagonistes sont arrêtés.
Parmi eux figure le général Malet qui parvient toutefois à tromper la police sur ses véritables responsabilités, en mettant en cause un autre réseau de conspirateurs dont il avait appris l'existence. Il n'en reste pas moins en prison. Il est toujours en détention quatre ans plus tard, mais il a profité du changement de ministre de la Police pour obtenir d'être transféré dans une maison de santé tenue par le docteur Dubuisson et située à l'est de Paris, près de la barrière du Trône. Depuis cet asile, où ses conditions de détention se sont nettement améliorées, il peut reprendre ses projets de conspiration.
Dans le but de minimiser l'action entreprise par le général Malet, la propagande napoléonienne tendra à en faire un isolé, dont l'état mental aurait été défaillant et qui n'aurait réussi à convaincre qu'une poignée de comparses. En fait, Malet apparaît au confluent d'un réseau beaucoup plus vaste. Il cristallise sur sa personne une triple opposition, royaliste, républicaine et militaire. Tout en formant l'un des principaux piliers du régime napoléonien, l'armée a toujours conservé dans ses rangs des nostalgiques de la Révolution et de la République, prêts à comploter contre l'Empire. Le général Malet a conservé des liens avec ces officiers rebelles dont certains se réunissaient au sein de la Société des philadelphes. Cette organisation clandestine est surtout connue par le récit plus ou moins romancé de Charles Nodier, mais son existence est réelle.
Fondée en 1797 à Besançon, elle comptait notamment dans ses rangs le colonel Oudet qui mourut à Wagram. Charles Nodier en fait le véritable chef de l'organisation. Il lui attribue un rôle important dans la conjuration de 1804 à laquelle prit part le général 367
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Moreau, puis dans l'équipée du général Malet. L'influence de la Société des philadelphes est difficile à établir, de même que le nombre de ses recrues. Mais ce type de société clandestine est courant à l'époque dans les armées européennes, notamment dans l'armée russe où les philadelphes sont à l'origine de l'insurrection de décembre 1825. Dès lors, sans parler d'un lien étroit entre le général Malet et une partie de l'armée ou d'une conspiration étendue, on peut penser que le général Malet se faisait l'interprète d'une opinion qu'il savait forte chez certains officiers. Les complicités dans l'armée sont une des clefs du complot.
En prison, puis dans la maison Dubuisson, le général Malet est également entré en contact avec les opposants royalistes à l'Empire.
Parmi eux figurent notamment les frères Jules et Armand de Polignac et le marquis de Puyvert, maintenus en détention depuis la conspiration de Cadoudal en 1804 ; ils se trouvent précisément dans la maison Dubuisson depuis 1810. Ils y avaient été rejoints par Bénigne de Bertier, frère de Ferdinand de Bertier, avec lequel il avait fondé en 1810 l'association des Chevaliers de la foi, une des principales associations royalistes, naturellement clandestine, travaillant à la restauration des Bourbons. Dans la maison Dubuisson, séjourne également à la même époque l'abbé Lafon, un diacre originaire de Bordeaux, membre de la congrégation constituée dans cette ville et qui avait été emprisonné en septembre 1809 pour avoir diffusé en France la bulle d'excommunication visant Napoléon. Le nom de l'abbé Lafon est seul resté associé à l'affaire Malet. Pourtant, les Mémoires de Ferdinand de Bertier, l'un des chefs du parti royaliste en France, récemment publiés, ne laissent planer aucun doute sur l'alliance qui fut alors conclue entre royalistes et républicains pour abattre Napoléon :
« Le général Malet préparait en silence le coup qu'il méditait. Il rédigeait avec l'abbé Lafon les proclamations et les ordres du jour qu'il devait faire paraître et préférant tout au despotisme impérial, il s'était décidé à faire alliance avec le parti royaliste. L'abbé Lafon devait en être le premier intermédiaire et d'ailleurs ses conversations journalières avec Puyvert, de Polignac et mon frère avaient beaucoup modifié ses idées et sans qu'il leur eût fait savoir de manière précise quels étaient ses plans, que ces messieurs ne lui avaient pas demandé de leur communiquer, il avait promis de faire entrer dans le gouvernement provisoire, s'il réussissait, au moins deux royalistes qui devaient être d'après nos indications MM. de Noailles et de Montmorency 2. »
Il n'est pas impossible que Ferdinand de Bertier ait réécrit ses souvenirs à partir des éléments connus de cette conspiration, mais les détails qu'il fournît sont troublants et laissent malgré tout penser qu'il y eut une entente au moins tacite entre les diverses composantes de l'opposition à Napoléon. Pourtant Malet, fort de l'échec de 1808, a évité de dévoiler ses plans. A part l'abbé Lafon, 368
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rares sont les comparses au courant de ses objectifs. Grâce à la relative liberté de visite dont bénéficient les détenus de la maison de santé, Malet est constamment resté en contact avec sa femme, une des chevilles ouvrières du complot. Par l'abbé Lafon, il est entré en contact avec un prêtre espagnol, l'abbé Cajamano, chargé de trouver dans Paris un logement discret qui doit servir de lieu de rassemblement pour les conjurés. Il a aussi réussi à intéresser à sa cause, un jeune licencié en droit originaire de Rennes, Boutreux. Malet a convaincu enfin un caporal de la Garde, Rateau, de lui prêter mainforte, mais ce dernier ignore les détails de la conspiration. Le nombre de conjurés paraît dérisoire, lorsque l'on songe à l'ébranlement qu'elle provoque. Au total, cinq hommes prennent part à la mise en route de la conspiration. Tout se passe, au départ, selon le plan prévu par le général Malet.
Dans la soirée du 22 octobre, il échappe, en compagnie de l'abbé Lafon, à la surveillance des gardiens de la maison de santé et court se réfugier dans le petit appartement déniché par l'abbé Cajamano dans le Marais. Il y est rejoint par Rateau et par Boutreux. Celui-ci apporte au général Malet son uniforme, qu'il est allé quérir chez sa femme. Pendant qu'il le passe, Rateau enfile un uniforme d'officier d'ordonnance. Puis, aux environs de 4 heures du matin, à un moment où l'effet de surprise doit jouer pleinement, Malet, Rateau et Boutreux se rendent à la caserne de Popincourt où ils demandent à voir le commandant, le colonel Soulier fraîchement revenu d'Espagne. Malet se fait connaître sous un nom d'emprunt, Lamothe. Il assène à l'officier la nouvelle de la mort de Napoléon et lui demande de mettre à sa disposition plusieurs compagnies afin de faire appliquer les décisions prises par le Sénat réuni la veille. Pour preuve de ses dires, il déroule les fausses pièces officielles, patiemment préparées pendant les heures de détention. Le colonel Soulier, décontenancé par la nouvelle et affaibli par la maladie, obtempère sans grande difficulté aux ordres du général Malet et lui fournit les compagnies demandées. Malet explique aux troupes les raisons de ces changements de régime et leur promet une forte récompense.
Puis il prend la direction de la prison de la Force qu'il connaît bien pour y avoir un temps séjourné. Là, il fait libérer deux généraux de ses amis, le général Lahorie et le général GuidaI, réveillés à six heures et ignorant tout du plan de leur ancien camarade. Mais Malet n'a pas jeté au hasard son dévolu sur ces deux hommes. Leur opposition à Napoléon en fait des alliés sûrs.
GuidaI et Lahorie sont chargés de s'assurer le contrôle du ministère et de la préfecture de police. Pendant ce temps, Malet a réussi à mystifier le colonel Rabbe, commandant du premier régiment de la Garde impériale, qui accepte d'obéir à ses ordres et de bloquer toutes les issues de Paris. La troupe prend position aux l20rtes de la ville ainsi qu'en plusieurs autres endroits stratégiques.
A la même heure, les comparses du général Malet font irruption au 369
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ministère de la Police et se saisissent de Savary, immédiatement conduit à la prison de la Force. Il y retrouve l'un de ses collaborateurs, Desmarets, chef de la première division au ministère de la Police, et le préfet de police, Pasquier, appréhendé quelques minutes plus tard. Seul le préfet de la Seine, Frochot, n'est pas emprisonné, les conjurés espérant le gagner à leur cause. Aux premières heures de la matinée, les conjurés contrôlent donc le ministère de la Police, la préfecture de la Seine et la préfecture de police, l'Hôtel de Ville enfin. Il reste encore à s'emparer de la personne du commandant en chef de la place de Paris, le général Hulin. Lorsque Malet se présente chez lui, accompagné d'une petite troupe, il trouve un homme méfiant qui demande à voir des ordres écrits. Malet réagit par un coup de feu tiré en pleine tête. Mais l'état major du général Hulin ne se laisse pas abuser par les propos du général Malet. L'un des officiers, le commandant Laborde, reconnaît Malet et comprend la mystification. Il ordonne à ses hommes de se saisir de sa personne. A 9 heures du matin, le général Malet est entre les mains des soldats. La conspiration a échoué. Elle ne pouvait se poursuivre dans la mesure où elle reposait uniquement sur l'annonce de la mort de Napoléon. La vérité rétablie, les soldats trompés n'ont plus aucune raison de lier leur destin à celui d'un prisonnier d'État. Ils l'abandonnent donc à son sort. En quelques heures, tous les conjurés sont interpellés, sauf les abbés Lafon et Cajamano qui échappent opportunément aux recherches. Quatre jours plus tard, le 27 octobre, une commission militaire juge vingt et un prévenus, à savoir les trois premiers conjurés, Malet, Boutreux et Rateau, les deux généraux GuidaI et Lahorie et une quinzaine d'officiers ayant obéi aux ordres de Malet. Ils sont accusés de lui avoir obéi sans discernement et sans vérification. Douze d'entre eux sont fusillés le 27 octobre, parmi lesquels le colonel Soulier et plusieurs des officiers qui avaient participé, en toute ignorance, au complot. Seuls échappent à la mort le colonel Rabbe et le caporal Rateau qui obtiennent leur grâce à la faveur de protections familiales. L'affaire s'achève donc avant même que Napoléon n'en connaisse la teneur.
Pourtant, elle n'a pas fini de faire parler d'elle.
La fureur de l'Empereur éclate lorsqu'il apprend la nouvelle. Il est vrai que ses échecs militaires en Russie ne contribuent pas à adoucir son caractère. Ce n'est pas tant la tentative de coup d'État qui l'émeut que la réaction de ses principaux collaborateurs.
Trois des plus hauts personnages de l'État se sont fait surprendre dans leur sommeil et emprisonner. Un quatrième, Cambacérès, pourtant chargé en principe d'assurer la direction des affaires politiques, a brillé par son absence. Une nuée d'officiers s'est laissé circonvenir par les propos du général Malet. À aucun moment, l'un ou l'autre de ces hommes n'a opposé le nom du roi de Rome aux éventuels décrets pris par le Sénat. Aucun non plus n'a mis en doute la nouvelle de la mort de Napoléon, comme si les rumeurs qui 370
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couraient alors dans Paris sur les déboires militaires de l'Empereur avaient conva}ncu l'opinion d'une fin prochaine. Même au plus haut sommet de l'Etat, on a donc envisagé la possibilité d'un changement de régime. Il faut dire à la décharge des intéressés que depuis une vingtaine d'années, ils avaient pris l'habitude des revirements politiques soudains. Bonaparte lui-même ne s'était-il pas prévalu d'un ordre du Conseil des Anciens pour prendre le contrôle militaire de la capitale au soir du 18 brumaire ? Ainsi, les efforts �e Napoléon pour construire une monarchie héréditaire auraient été vains. C'est du moins le sentiment qu'il retire de cette affaire.
La conspiration de Malet révèle aussi la persistance d'une opposition irréductible à l'Empire. Certes, dans l'action, Malet est resté isolé, mais il savait pouvoir bénéficier du soutien d'une partie de l'opinion. Son entreprise est apparue rocambolesque parce qu'elle a échoué, mais, aux yeux des contemporains, elle n'était pas nécessairement vouée à l'échec. Du reste, tous les textes préparés en prison en vue du coup d'État révèlent le caractère extrêmement sensé du général Malet et sa parfaite connaissance de l'état de l'opinion publique en France. Le faux sénatusconsulte qu'il avait rédigé permet en effet de se faire une idée des principales aspirations des opposants à l'Empire, en même temps qu'il dessine les contours de cette opposition. Il annonce le changement de régime, met les hauts dignitaires de l'Empire hors la loi et, pour ne pas mécontenter l'armée il prévoit le maintien de la Légion d'honneur. Ce sénatusconsulte promet également la paix avec l'étranger, une amnistie générale et la liberté de la presse. L'abbé Lafon n'a pas oublié non plus d'introduire un article consacré à la réconciliation avec le pape qui regagnerait Rome. Le sénatusconsulte annonce enfin la formation d'un gouvernement provisoire et la rédaction d'une nouvelle Constitution destinée à être soumise au peuple français. Naturellement, les quinze membres désignés pour faire partie du gouvernement provisoire n'avaient pas été consultés au préalable, mais leurs noms ne figurent pas par hasard dans ce document. En fait, ils représ'entent les diverses tendances de l'opposition à Napoléon. En tête vient le général Moreau qui serait chargé de présider ce gouvernement provisoire. pepuis la conjuration de Cadoudal, en 1804, il vit en exil aux Etats-Unis, mais ses sentiments à l'égard de Napoléon restent empreints d'une franche hostilité. Lazare Carnot, désigné comme vice-président, est également connu pour son attachement à la République, bien qu'il ait accepté une pension de Napoléon. Le maréchal Augereau apparaît également dans cette liste où figurent quatre sénateurs connus pour leur appartenance au groupe des Idéologues : Destutt de Tracy, Lambrechts, Garat et Volney. On y découvre deux membres du Corps législatif, Bigonnet et surtout Florent-Guyot dont Malet savait depuis 1808 qu'il complotait contre Napoléon, de même que l'ancien tribun Jacquemont.
Enfin, le général Malet et l'abbé Lafon avaient fait entrer dans 371
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ce gouvernement fictif deux royalistes notoires, Alexis de Noailles et Mathieu de Montmorency, tous les deux membres de l'association des Chevaliers de la foi. Ainsi, ce sont des opposants réels ou supposés à l'Empire qui se trouvent rassemblés dans ce gouvernement. Il faut ajouter que le sénatusconsulte était signé de Sieyès, Lanjuinais et Grégoire, trois autres sénateurs proches de l'opposition. Enfin, un fidèle de Moreau, le général Lecourbe, qui avait servi sous ses ordres en 1801 et lui avait apporté son soutien en 1804, était désigné pour prendre le commandement en chef de l'armée centrale. Il était alors exilé à Bourges. Ces hommes ne furent pas directement inquiétés par le gouvernement, car ils ne prirent aucune part à l'action menée par le général Malet, mais la présence de leurs noms sur ce texte venait rappeler à l'Empereur leur notoriété d'opposants. La réaction de Napoléon montre à quel point il prend au sérieux l'éventuel réveil de l'opposition. À
Caulaincourt, il confie ainsi : « Remarquez combien la Révolution et l'habitude des changements continuels de gouvernement ont détruit toutes les idées d'ordre et de stabilité. J'ai encore beaucoup à faire pour réédifier l'ordre social 3. » Il s'y emploie dès son retour à Paris.