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C'est surtout sa fille, Stéphanie de Beauharnais, qui est comblée de faveurs par Napoléon. Elle stupéfie la Cour où elle fait son entrée en 1804, par son charme et sa grâce enfantine, au point d'être adoptée par Napoléon qui la marie en grande pompe, en avril 1806, au prince héritier de Bade.

Enfin, malgré les bruits de divorce qui courent depuis le Consulat, Joséphine conserve une place de choix auprès de Napoléon. Ce dernier a décidé de l'associer au sacre, au grand dam de ses sœurs et de sa mère. Il a lui-même posé sur sa tête la couronne impériale, scène immortalisée par David dans le tableau du sacre. Il faut y lire le souci de montrer au peuple la place faite à sa femme. L'Empire est un régime héréditaire dont la survie passe par la naissance d'un héritier. Joséphine est étroitement associée à la mise en scène du pouvoir, sinon aux prises de décisions politiques. Sa correspondance montre à quel point elle est peu tenue au courant des affaires de l'Empire : « Je ne puis rien te dire sur les nouvelles politiques, écritelle en août 1805 à son fils, Eugène de Beauharnais ; c'est un mystère que l'Empereur ne laisse jamais pénétrer 8. » Elle n'en est pas moins l'incarnation de cette première partie de l'Empire, la plus brillante et la plus glorieuse. A la tête d'une Maison étoffée, elle dirige les fêtes impériales et organise la vie de cour. Liée par ses origines à l'ancienne noblesse, elle n'a eu de cesse depuis le 18-Brumaire d'obtenir clémence et réparation pour les émigrés rentrés en France. Elle a également très tôt soutenu l'idée d'un passage vers la monarchie. Elle offre ainsi une parfaite synthèse entre l'esprit d'Ancien Régime et les mœurs révolutionnaires qu'elle a parfaitement assimilées lorsqu'elle était la femme d'un général de la Révolution, puis la maîtresse de Barras, l'un des directeurs les plus influents. A la Cour, Joséphine introduit nombre de représentants de l'ancienne noblesse. En cela, elle répond pleinement au projet napoléonien de ralliement de ce groupe à l'Empire. Elle est aussi présente au côté de Napoléon dans ses déplacements, l'accompagnant par exemple à Milan où il se fait couronner roi d'Italie en 1805, et le suit parfois dans ses campagnes militaires, au moins dans les premiers temps ; elle s'installe ainsi à Mayence en 1807. Par la suite, Napoléon se détache progressivement de Joséphine qui voit se profiler, avec crainte, la perspective du divorce. Celui-ci est effectif en décembre 1809.

Les fonctions de grands dignitaires organisées par la Constitution de l'an XII ont permis d'associer membres de la famille impériale et soutiens fidèles de Napoléon dans une commune adhésion au régime. Les titres ainsi donnés rappellent le Saint-Empire romain germanique. Leur attribution permet de mieux cerner les contours du clan Bonaparte. Deux frères de Napoléon, Joseph et Louis, deviennent le premier grand électeur, le second connétable, son beau-fils, Eugène de Beauharnais, est fait archichancelier d'État et son beau-frère, Murat, vice-amiral. Les deux autres dignités sont 191

 

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attribuées aux anciens consuls, Cambacérès et Lebrun ; Cambacérès devient archichancelier d'Empire, Lebrun architrésorier. Ces deux dernières nominations sont un moyen de faire en quelque sorte entrer les deux anciens consuls dans la famille Bonaparte, et ce d'autant plus qu'ils ont marqué peu d'enthousiasme face à l'avènement d'un régime qui les privait d'une fonction viagère. Cambacérès notamment avait manifesté son irritation de voir proclamer l'Empire. Les grands dignitaires craignaient que leurs titres ne recouvrent qu'un pouvoir limité.

Parmi les proches de l'Empereur figurent aussi les militaires.

Quatorze d'entre eux sont récompensés pour leur fidélité et leurs actions d'éclat par le titre de maréchal d'Empire. Il s'agit d'une distinction civile et non d'un grade militaire. Les maréchaux d'Empire se voient confier la présidence d'un collège électoral de département, fonction politique, qui renforce leurs liens avec le régime. Les quatorze premiers maréchaux sont dans l'ordre de nomination : Berthier, Murat, Moncey, Jourdan, Masséna, Augereau, Bernadotte, Soult, Brune, Lannes, Mortier, Ney, Davout et Bessières. On compte parmi eux des fidèles de Napoléon, notamment Berthier, ministre de la Guerre, Murat, vice-amiral, Lannes, compagnon de Bonaparte en I�alie et en Égypte, Davout qui lui aussi avait suivi Bonaparte en Egypte. Les autres, issus de l'armée du Rhin, la grande rivale de l'armée d'Italie à l'époque du Directoire, ont longtemps conservé quelques préventions à l'égard de Napoléon, à l'image de Bernadotte, compromis en 1802, sans être inquiété, dans le « complot des libelles ». Comme Bernadotte, Augereau et Jourdan appartenaient, au moment du 18-Brumaire, à la frange jacobine de l'opinion. Napoléon a donc voulu, par cette distinction honorifique, s'attacher les principaux chefs militaires du temps. Le complot de Cadoudal, auquel s'étaient associés les généraux Moreau et Pichegru est venu lui rappeler, s'il l'avait oublié, que l'armée restait le foyer d'opposition le plus dangereux. En couvrant ses chefs d'honneur et d'argent, Napoléon espère leur ôter toute idée de rébellion. Le symbole de ces ralliements est sans conteste Ney, ancien de l'armée du Rhin, devenu l'un des plus fidèles soutiens de l'empereur après 1804. Il est vrai que, un an après avoir été distingués, plusieurs des maréchaux d'Empire durent songer à reprendre du service dans la campagne contre l'Autriche. Le maréchalat n'est pas une retraite. Pourtant quatre maréchaux, Kellermann, Lefebvre, Pérignon et Sérurier, anciens officiers généraux de l'époque révolutionnaire, devenus sénateurs, avaient obtenu cette distinction à titre honoraire, portant ainsi à dix-huit le nombre de maréchaux d'Empire en 1804.

Princes français, hauts dignitaires, maréchaux d'Empire représentent le premier cercle des proches de l'Empereur. Ils forment l'ossature d'une monarchie qui entend s'épaissir, en multipliant les institutions et les titres susceptibles de la consolider. Napoléon veut 192

 

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ainsi signifier que s'il gouverne de manière autoritaire, il le fait en s'appuyant sur une cohorte de fidèles. La dictature personnelle, camouflée sous les habits d'un triumvirat, a laissé place à une monarchie oligarchique et familiale dans laquelle dominent les affidés de l'Empereur. Napoléon a puisé dans trois cercles pour constituer cette clientèle : un cercle familial élargi, un cercle militaire étoffé, un cercle politique très restreint dont sont issus les deux anciens consuls. Mais il lui fallait encore pour parfaire l'organisation de son régime ouvrir plus largement les portes du pouvoir ; Napoléon s'y emploie d'abord à travers la Cour impériale, puis par l'établissement de la noblesse d'Empire.

La Cour s'étoffe avec l'Empire, même si son existence remonte au début du Consulat. Elle acquiert alors un statut officiel, avec en particulier l'élaboration d'un protocole et la remise au goût du jour de l'étiquette. Napoléon s'est explicitement inspiré du cérémonial en vigueur sous l'Ancien Régime. C'est dans cet esprit qu'il établit notamment sa Maison et celle de l'Impératrice, en juillet 1804. La Maison de l'Empereur se compose de six départements, confiés chacun à un grand dignitaire. La place d'honneur revient au grand aumônier, en l'espèce le cardinal Fesch, archevêque de Lyon, et surtout oncle de Napoléon, qui a la charge de veiller à l'ensemble des cérémonies religieuses se déroulant aux Tuileries. C'est en principe le grand aumônier qui confesse, baptise et marie les membres de la famille impériale. À ses côtés, gravitent plusieurs aumôniers et chapelains. Le grand chambellan dirige pour sa part le service de la chambre ; il est chargé de l'organisation des festivités et des invitations. Napoléon a confié cette fonction à Talleyrand en 1804 dans l'espoir qu'il favoriserait le ralliement de l'ancienne noblesse à son régime. En 1809 il choisit une autre grande figure de l'ancienne aristocratie, le comte de Montesquiou-Fezensac, qui occupe ces fonctions jusqu'en 1814. La tâche du grand chambellan est extrêmement délicate, du moins si l'on en croit Charles de Rémusat, dont le père fut premier chambellan et remplit en fait une charge délaissée par Talleyrand : « Ces fonctions étaient assez minutieuses. L'Empereur aimait les cérémonies et la représentation. Ces pompes assez futiles de la royauté étaient comme autant de conquêtes sur sa première condition et sur la Révolution même. Les goûts de parvenu sont excusables lorsqu'ils portent sur le plaisir de ressembler à Charlemagne 9. » Les fonctions du grand maître de cérémonie sont assez proches, puisqu'il participe à l'organisation des cérémonies, mais il veille surtout à la bonne application du protocole. Napoléon avait besoin pour cette charge d'un homme qui fût au fait des mœurs d'Ancien Régime ; il la confia donc à Louis-Philippe de Ségur, fils d'un ancien ministre de la Guerre, lui-même ambassadeur en Russie au temps de Catherine II. Pour les autres dignités de sa Maison, Napoléon a choisi des proches. Duroc occupe les fonctions de grand maréchal du Palais. Il règne ainsi sur les Tuileries, dont il 193

 

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assure l'approvisionnement, mais aussi la sécurité. La charge de grand écuyer est également dévolue à Caulaincourt, dont la fonction principale est d'accompagner l'Empereur en toute occasion et de veiller à ses écuries. Berthier est nommé grand veneur ; il dirige les chasses impériales et reçoit le privilège des invitations. Ainsi, dans l'organisation de sa Maison, Napoléon n'a pas hésité à faire appel à trois officiers généraux, donnant le ton d'une organisation toute militaire ; le port de l'uniforme s'impose à l'intérieur du palais.

Napoléon lui-même ne quitte guère l'uniforme de colonel de la garde qu'il affectionne particulièrement et dont la modestie relative trapche avec l'apparat des tenues civiles et militaires des courtisans.

A ces grands domaines de la Maison de l'Empereur s'ajoutent plusieurs services dont les titulaires jouent également un rôle important dans l'entourage de Napoléon. Le service de la médecine est aux mains du docteur Corvisart, chargé de la santé de Bonaparte depuis 1801 et qui dirige l'ensemble des médecins et pharmaciens des Tuileries à partir de 1804. Il devient ainsi un personnage incontournable, médecin, mais aussi confident des membres de la famille impériale. Vivant Denon règne sur les musées, après avoir accompagné Bonaparte en Égypte. Il lui revient d'organiser le Musée Napoléon, à partir d'œuvres soustraites aux pays conquis.

David, peintre officiel du régime, est également un familier des Thileries. Il y croise son collègue Isabey, professeur de dessin de Joséphine, qui reçoit en 1805 le titre de premier peintre de la chambre de l'Impératrice.

L'organisation de la Maison de l'Empereur a aussi permis d'assoc:.ier un nombre grandissant de personnages au destin de l'Empire.

A côté des grands officiers de la couronne, le nombre des chambellans, pages, écuyers et autres officiers ne cesse en effet de s'accroître. Les chambellans qui n'étaient que dix-huit en 1804 sont cent cinq en 1814. Désormais, ils assurent un roulement par trimestre.

Napoléon a choisi ce moyen pour faciliter le ralliement de l'ancienne noblesse à sa cause. La liste des noms de chambellans illustre cette politique. Le ralliement s'opère aussi par les invitations à la Cour, à l'occasion des diverses cérémonies, fêtes ou bals qui s'y donnent. Le fait d'être présenté à l'Empereur représente le stade ultime de cette agrégation au régime. Même si de nombreux nobles s'en défendirent après coup, arguant de la faiblesse de leurs sentiments à l'égard de l'Empire, et cherchant à railler la Cour impériale, il n'en demeure pas moins que l'attrait suscité par Napoléon a été puissant.

Cette Cour est nombreuse. À eux seuls, les membres des Maisons impériales représentent près de quatre cent cinqua,nte personnes, auxquels s'ajoutent les principaux dignitaires de l'Etat, invités de droit, et les personnalités politiques très souvent présentes, à l'instar des conseillers d'État, sénateurs ou membres du Corps législatif.

Cet ensemble donne à la Cour une allure très administrative ; les piliers de l'État en forment la composante principale, au moins au 194

 

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début de l'Empire, car, au fil des ans, la proportion des membres invités, n'occupant aucune fonction officielle, s'accroît ; ils sont cinq cent quatrevingt-cinq en 1812 contre quatrevingt-seize en 1807. Il faut bien entendu ajouter à ce nombre les diplomates et d'éventuels invités étrangers, pour la plupart ébahis par les fastes impériaux. La Cour éblouit par sa magnificence, même si certains nostalgiques de l'Ancien Régime y trouvent l'atmosphère trop compassée. La Cour comme les palais impériaux qui l'accueillent doivent renvoyer au monde l'image de la puissance de Napoléon et de la France. Sa résurrection marque aussi la fin des mœurs révolutionnaires : le tutoiement est définitivement banni et l'appellation de « Monseigneur » vient remplacer celle de « citoyen ministre ». La Cour est donc l'un des symboles les plus vivants de l'évolution monarchique du régime et de la distance prise avec la Révolution. Elle est enfin un des hauts lieux de la vie politique dans le pays, car s'y côtoient les principaux personnages de l'État, anoblis après 1808, les représentants des familles les plus illustres et les diplomates étrangers.

Elle n'est toutefois que l'un des théâtres sur lequel se déroule la mise en scène du pouvoir que Napoléon développe pour enraciner la monarchie dans le pays.

3. LE CULTE IMPÉRIAL

Napoléon a contribué à faire naître un culte à sa personne qui s'inspire du modèle fourni par le culte des empereurs romains et remontant lui-même à la tradition orientale. Ce culte a une dimension religieuse réelle. Le souverain vénéré s'apparente à une divinité. Napoléon a compris tout l'intérêt qu'il pourrait retirer de la fusion entre le christianisme dont il se fait le restaurateur et le culte impérial. Pour y parvenir, il réutilise les formes de la sacralité chrétienne et se coule dans le calendrier grégorien. Aux yeux des foules, le sacre a conféré à l'Empereur la part de divin qui pouvait lui faire défaut. Il peut désormais être assimilé aux rois d'Ancien Régime, dépositaires d'une fraction de l'autorité divine. Cette osmose entre les traditions chrétiennes et le culte impérial s'opère à travers la fête du 15 août. Célébrée depuis 1802, cette fête s'enrichit à partir de 1804 pour devenir véritablement jour de fête nationale en 1806. On exhume alors un saint Napoléon qui aurait été victime de persécutions sous Dioclétien. Cet anniversaire est couplé avec celui de la ratification du Concordat, comme le précise le décret du 19 février 1806, dans son article 1er : « La fête de saint Napoléon et celle du rétablissement de la religion catholique en France seront célébrées, dans toute l'étendue de l'Empire, le 15 août de chaque année, jour de l'Assomption et époque de la conclusion du Concordat. » L'année suivante, en 1807, la célébra-195

 

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tion du 15 août revêt un éclat particulier du fait de la paix récente, signée à Tilsit avec la Russie et la Prusse. Napoléon, présent à Paris, assiste avec Joséphine et les dignitaires de l'Empire au Te Deum donné à Notre-Dame. La ville est pavoisée : « Dans toutes les rues qu'ont suivies les cortèges de LL. MM., lit-on dans le Moniteur, les maisons étaient décorées de tentures, de devises, et une affluence considérable de citoyens exprimait par ses acclamations sa joie et son amour 10, » Le peuple est choyé : jeux et fêtes ont été organisés au long de la journée et le soir Paris est illuminé, tandis qu'un feu d'artifice, mis en scène par l'artificier Ruggieri, est tiré depuis le pont de la Concorde et qu'un concert est donné aux Thileries. L'Empereur se montre alors au balcon de son palais pour recevoir une nouvelle fois les hommages de la foule. En ce jour férié, la fête bat son plein, à Paris et aussi en province, ce qui contribue à rehausser son prestige.

Cette commémoration permet d'asseoir encore davantage le culte impérial, en fixant un jour de fête nationale. Le choix du 15 août est justifié par la date anniversaire de Napoléon, il offre l'avantage d'associer cette fête à la célébration de l'Assomption de Marie, dont la popularité est forte. Très vite un glissement s'opère ; le saint vénéré le 15 août n'est plus le martyr hypothétique du Ille siècle, mais bien l'Empereur lui-même, accédant quasiment au statut de saint en sa qualité de restaurateur du culte et de sauveur de l'Église. Au moins jusqu'en 1809, c'est-à-dire jusqu'à la crise entre l'Empereur et le pape, l'Église catholique apporte son concours plein et entier à la glorification du souverain et se transforme en principal propagateur du culte impérial. Les membres du clergé sont ainsi invités à se muer en officiers du culte impérial.

Reprenant, en les exacerbant, les traditions d'Ancien Régime, le gouvernement recommande au clergé de faire prier pour l'Empereur, de célébrer les grandes victoires du conquérant par le biais de Te Deum, de distiller les intentions du monarque, voire de lire au prône les bulletins de la Grande Armée. Cette collaboration des prêtres au culte en l'honneur de Napoléon trouve son apothéose dans le Catéchisme impérial, publié en 1806. Bien que son objet soit d'abord de fournir aux enfants préparant leur première communion les rudiments de la doctrine catholique, il contient tout un volet consacré au respect des autorités établies, et notamment de l'Empereur qui est nommément cité : « Les chrétiens doivent au prince qui les gouverne, et nous devons en particulier à Napoléon 1er, notre empereur, l'amour, le respect, l'obéissance, la fidélité, le service militaire, les tributs ordonnés pour la conservation, la défense de l'Empire et de son trône ; nous lui devons encore des prières ferventes pour son salut et pour la prospérité spirituelle et temporelle de l'État. » La divinisation du souverain de son vivant est en marche. Elle s'appuie elle aussi sur le modèle antique, comme le prouvent plusieurs exemples.

Histoire du Consulat et de l'Empire
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