XLVIII

Une nuit, terrible envie de retourner la voir. Non, il ne fallait pas, il fallait la laisser dormir, se contenter de cette photo, la plus belle. Oh, les jambes, les longues chasseresses qui toujours vers lui accourraient, d'amour s'élanceraient. Oh, la robe aux broderies roumaines, horizontales au bas et-à la taille, verticales le long des manches. Oh, les mains qui tout à l'heure l'avaient tenu aux épaules tandis qu'ils se buvaient. Oh, ce mystère de bonheur, un homme et une femme se buvant. Voici maintenant les seins sous la robe, cachés aux autres, à lui consacrés. Alléluia, voici son visage, son âme, elle, narines palpitantes, lèvres par lui tourmentées. Oui, dès qu'il ferait jour, envoyer un chasseur de l'hôtel acheter une loupe, une forte loupe pour mieux voir ces lèvres aux siennes complaisantes. Oui, mais en attendant, quoi? Dormir était impossible, il l'aimait trop. Mais il ne pouvait pas rester seul, il l'aimait trop. Alors, aller à Pont-Céard voir Isolde. Isolde, comtesse Kanyo, déclama-t-il avec une feinte fierté. Isolde, Kanyo grofnö, déclama-t-il ensuite en hongrois.

Assis sur les genoux d'Isolde, il promenait son doigt sur les fines rides au coin des yeux si beaux. Vieillissante, sa chérie. Il était bien auprès d'elle, ras-511

surante, discrète. Il caressa les cheveux, mais se tint loin des lèvres, détournant le regard pour ne pas voir les seins que le peignoir entrouvert découvrait et qui lui répugnaient un peu. Ah, comme il aimerait lui raconter les merveilles d'Ariane, les partager avec elle. Elle était bonne, son Isolde, il savait que s'il lui confiait son bonheur, il n'y aurait pas de scène, mais ce serait pire. Il y aurait le regard qu'il connaissait bien, le regard qu'elle avait eu lorsqu'il avait avoué Elizabeth Vanstead, regard de doux reproche, regard un peu fou de tristesse impuissante, pauvre sourire et regard d'une femme de quarante-cinq ans qui n'osait plus se montrer en plein soleil. Non, impossible de lui raconter Ariane.

Pour penser à Ariane dans les bras d'Isolde, il avait fermé les yeux, feignant de dormir, tandis qu'elle lui caressait les cheveux tout en murmurant en elle-même une folle berceuse. Dors, mon bonheur, mon pauvre bonheur, murmurait-elle, et elle savait qu'il la quitterait un jour, savait qu'elle était vieille, et elle lui souriait, impuissante, attendrie par le malheur qui l'attendait, mais n'éprouvant que tendresse pour ce méchant qu'elle avait encore.

Elle le contemplait, presque heureuse soudain parce que, lui dormant, elle pouvait l'aimer entièrement sans en être empêchée par lui.

Il ouvrit les yeux, fit le réveillé, bâilla. «La fille de Minos et de Pasiphaé, déclama-t-il rêveusement. J'aime ce vers. De qui est-ce ? — Racine, dit-elle. Vous savez bien, Ariane, ma sœur, de quel amour blessée... — Ah oui, Ariane, bien sûr, dit l'hypocrite.

Ariane, la nymphe divine, l'amoureuse de Thésée. Elle était très belle, Ariane, n'est-ce pas, élancée, virginale, mais le nez royal des grandes amoureuses. Ariane, quel beau prénom, j'en suis amoureux.» Attention,

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elle allait se méfier. Alors, avec des gestes vagues, il expliqua qu'il avait bu beaucoup de champagne au Donon, avec des délégués anglais. Oui, un peu ivre, sourit-il, tendre et satisfait, pensant à celle qui dormait là-bas, à Cologny. Elle l'embrassa, et il eut peur, mit ses lèvres à l'abri. « Vous avez l'air fatigué, dit-elle, je vais vous déshabiller et vous coucher, je vous masserai les pieds pour vous endormir, voulez-vous ? »

Assise au pied du lit, elle lui massait les pieds. Étendu, il la considérait, les yeux mi-clos. La fière Isolde, comtesse Kanyo, une humble masseuse de pieds maintenant, et qui s'en contentait. En robe de

chambre, elle travaillait

consciencieusement, variait les maniements en professionnelle, pétrissait, frottait, effleurait, passait aux orteils qu'elle vissait et dévissait. Bien masser était une des fiertés de la malheureuse qui avait même pris des leçons de massage pour mieux le servir.

Toute à sa tâche, servante appliquée, s'arrêtant pour reprendre du talc, elle le massait et le massait cependant que, les yeux de nouveau fermés, il revoyait la vive, la tournoyante, l'ensoleillée, son Ariane. De remords, il mordit sa lèvre. Lui dire de venir s'étendre auprès de lui et tâcher de la baiser sur la bouche, enfin ne pas la traiter en masseuse? Tout à l'heure, peut-être. Pas le courage tout de suite. Pauvre bonne chérie. Oui, il la chérissait comme une mère, et elle lui répugnait comme une mère. Il l'avait désirée pourtant, autrefois. Quarante-cinq ans maintenant, la pauvre, ou davantage. La peau du cou granuleuse, un peu distendue. Les seins fléchissants. «Je vous masse bien? — Oui, chérie, très bien. (Ajouter que c'était exquis? Non, le très bien suffisait. Garder exquis pour plus tard.) — Voulez-vous que je vous les mobilise? — Oui, chérie, ce sera exquis. »

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Alors commença la mobilisation. Sa main gauche tenant la cheville, elle imprima avec l'autre main d'inutiles torsions savantes au pied nu qu'elle mobilisa et remobilisa avec, sur les lèvres, un petit sourire mécanique d'effort ou peut-être de fierté parce qu'il avait dit que ce serait exquis. Lui, il avait honte, et il haïssait son pied, et il avait pitié du noble visage studieusement penché sur cette antipathique extrémité, si idiote avec ses cinq orteils et qui ne méritait pas d'être ainsi révérée. Et elle ne s'arrêtait pas de mobiliser, pauvre déshonorée dans sa merveilleuse robe de chambre maculée de talc. Lui demander de démobiliser? Mais que feraient-ils alors tous les deux?

Elle leva ses yeux en amande, un peu mongols, si doux, si bons. « L'autre pied maintenant, n'est-ce pas ? — Oui, ma chérie, dit-il, heureux du possessif qui faisait variante, et même il en remit: Oui, aimée», ajouta-t-il. Elle lui sourit, reconnaissante du dernier mot, plus satisfaisant que «chérie». Pauvre qui se contentait de la moindre miette, la happait de toute âme, s'en réconfortait. Oh, pouvoir lui dire les mots de tendresse qui montaient à ses lèvres ! Mais non, silencieusement massant, elle attendait des mots d'amour. Elle les attendait, discrète créancière, et il n'en trouvait pas sonnant vrai. Ah, ce serait si simple s'il pouvait au moins la désirer. Nul besoin de mots alors.

Il la manierait sans parler et tout serait bien puisque rien ne la rassurait autant. Hélas, il ne pouvait lui donner que des mots.

Mal combiné, le système masculin. Enfin, il se décida, fit une tête solennelle. «Aimée, écoute. (Elle s'arrêta de masser, releva la tête, plus émouvante qu'un chien attendant du sucre.) Aimée, il faut que je te dise que je t'aime plus, beaucoup plus qu'autrefois. » De honte, il baissa les yeux, ce qui impressionna Isolde et la persuada. Elle se pencha, baisa le pied nu, 514

reprit son massage, heureuse, la pauvre escroquée. Oh, l'infortunée qui croyait bien faire en lui tourmentant les pieds.

Heureuse, oui, mais l'effet des mots ne durait guère. Demain, il faudrait en trouver d'autres, plus intenses. Et d'ailleurs, les mots ne remplaçaient pas le reste qu'elle attendait, le maudit reste, seule preuve irréfutable. Mais comment faire le reste avec cette peau du cou toute distendue? Malédiction de la viande. Eh oui, lui aussi aimait la viande.

Elle leva les yeux, lui demanda à quoi il pensait. « À toi, Ise.

» Que dire d'autre ? Elle s'arrêta de masser, lui prit la main.

Sentant venir le danger, il tendit le pied. Alors, elle se remit à l'ouvrage, mais peu après aborda le mollet. Danger. Que faire?

Lui parler de politique? Pas le moment, à deux heures du matin.

Elle en était au genou maintenant, et avec des intentions.

Tragique, cette comédie. Et le plus comique était que ce besoin de maniement sexuel était moral. Elle voulait savoir qu'il l'aimait, en être sûre. Maudit système masculin, et le désir de bonté n'y faisait rien, à ce système. « Encore le pied, chérie, oui le pied plutôt, cela me délasse tellement. (Quoi d'autre pour exorciser davantage? Le roman, oui. Tant pis si ça faisait original à deux heures du matin.) Aimée, j'aimerais que tu me lises la suite du roman de l'autre jour, c'était si intéressant, et puis j'adore quand tu me lis. Tu lis si bien», ajouta-t-il pour faire bon poids.

Le livre dans la main gauche, le pied nu dans l'autre main qui pétrissait, elle s'efforçait de lire bien, camouflant son accent, donnant un tour animé au dialogue, changeant de ton selon les personnages. Il en avait les dents agacées. Lui demander de ne plus lire? Mais alors, le danger ! Cet accent hongrois, mâtiné d'accent anglais surfin était insupportable. Évidemment, si c'était l'autre qui avait l'accent hongrois, il la 515

trouverait adorable. Lui proposer d'aller au cinéma? Mais il fallait parler pendant les entractes. D'ailleurs, on ne pouvait pas aller au cinéma à deux heures du matin. Voilà ce qui l'attendait désormais lorsqu'il viendrait la voir l'après-midi, les soirées étant réservées à l'autre qui ne se doutait de rien, pauvrette, voilà ce qui l'attendait, les cinémas et leurs entractes avec obligation de parler, ou encore le massage des pieds, la lecture des romans, les paroles d'amour nouvelles à trouver, l'angoisse de ne pouvoir la désirer, et constamment deviner son attente, son humble exigence muette. Et lui, sa culpabilité tout le temps, sa pitié tout le temps. Pitié lorsqu'elle lui chantait ses mélodies hongroises, toujours les mêmes, et qu'il connaissait par cœur. Pitié, à cinq heures de l'après-midi, lorsqu'elle lui proposait de commander le thé à la domestique, le lui proposait avec un curieux espoir naïf, incurablement optimiste, comme si le thé allait magiquement mettre de la vie dans cette mort qu'elle ne voulait pas voir. Sa pauvre foi absurde dans le miracle du thé bu ensemble «en devisant», comme elle disait pour faire animé. Mais de quoi deviser? Il savait tout d'elle. Il savait qu'elle aimait les romancières anglaises, rêveuses, décentes, distinguées, lymphatiques, lentes, charmantes, embêtantes, bref de bonne bourgeoisie, upper middle class. Il savait aussi qu'elle aimait un tas de fleurs inconnues et un Bach qui n'était pas le Jean-Sébastien mais tout aussi robot.

«L'autre pied maintenant, chérie.» Oui, bonne et douce, mais cafardeuse, dépourvue de talent. Ó son Ariane, gaie, un peu folle, imprévue. Cette phrase d'elle hier sur les poules : gonflées, méfiantes, médisantes, toujours pensant à des rentes viagères. Et sa description du crapaud blessé qu'elle avait soigné à la cave. Il se rappelait tout ce qu'elle avait dit de ce crapaud : ses beaux yeux dorés, filigranes, son regard 516

charmant, timide et pourtant confiant, si reconnaissant quand elle lui parlait, et tellement mignon quand il mangeait et qu'il s'aidait de ses doigts. Et lorsqu'elle lui avait parlé du chant des crapauds, elle avait dit que c'était un chant pénétrant de nostalgie, l'appel d'une âme. Et le jour où elle avait remarqué un moineau perché sur le paratonnerre de la villa, s'égosillant, très à son aise, elle avait dit qu'il criait à ses petits copains que ce paratonnerre c'était un vrai canapé, tellement on y était bien.

Et l'ardeur de ses baisers. Tandis que celle-ci, cette liseuse, si par pitié il la touchait un peu, tout de suite des yeux de madone.

Et puis il avait découvert qu'elle allait dans un institut de beauté pour se faire désincruster le visage. Qu'est-ce que ça pouvait être cette désincrustation? Peut-être que ça faisait sortir des petits vers de chaque pore. Ariane, ses joues pures, l'arc charmant de ses lèvres, et pas de rouge comme celle-ci qui ne s'arrêtait pas de lui tourmenter les pieds avec des mains aux ongles fardés, presque des griffes, des griffes ensanglantées.

Ariane, son ravissement enfantin lorsqu'il louait sa beauté, sa bouche alors se faisant parfaite comme devant le photographe.

Le soir du potage à l'oseille, sa fierté de le nourrir. Et l'après-midi où il était arrivé à cheval, si heureuse de cette visite à l'improviste, elle avait couru à sa rencontre avec un sourire trop épanoui, un sourire ridicule, si large et sincère qu'il en était cocasse, sourire d'enfant ravi aux anges ou de génie maladroit qui ne sait pas se maîtriser afin de faire toujours digne impression. Quand s'arrêterait-elle, celle-ci, de lui martyriser les pieds?

«Je continue à lire? — Oui, chérie. — Et à masser? — Oui, chérie.» Et quand elle devenait trop caressante les trucs pour lui échapper. Le meilleur était la fausse crise hépatique.

Comme elle s'animait

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alors, refleurie de pouvoir servir, si empressée à lui apporter des compresses horriblement chaudes qu'elle courait renouveler toutes les minutes à la salle de bains et qu'elle rapportait en galopant. Et comme elle était fière lorsque, n'en pouvant plus d'être échaudé, la peau cramoisie de brûlures, il annonçait qu'il n'avait plus mal. En somme, le seul bonheur qu'il était capable de lui donner c'était de la persuader qu'elle lui était utile. Donc faire le malade chaque fois qu'il viendrait la voir.

Ainsi occupation et passe-temps pour elle, sans péril pour lui.

La prochaine fois, pour varier, on essayerait d'un rhumatisme à l'épaule. Il la voyait déjà se précipitant chez un pharmacien et rapportant, essoufflée, des pommades antirhumatismales. Oh, pouvoir l'embrasser sans crainte sur la joue et lui parler d'Ariane, lui avouer tout, partager Ariane avec elle. Mais non, elle le voulait pour elle, le truster. Assez, maintenant. On avait suffisamment abusé de ses pieds.

«Je ne masse plus? demanda-t-elle lorsqu'il retira son pied.

— Non, chérie. — Vous devriez dormir maintenant, il est si tard. Pour que vous vous reposiez bien, je vous laisserai tout le lit, j'irai dormir dans la petite chambre.» Il savait que ces derniers mots étaient dits dans l'espoir qu'il lui demanderait de rester, de dormir avec lui. Impossible. Jamais plus. Mais s'il acceptait de la laisser dormir seule, elle ferait du cafard, et demain matin elle aurait les paupières toutes gonflées. Donc partir. Mais où aller? Voir sa petite amie Edmée et lui parler d'Ariane? Non, trop cruel de raconter son bel amour à une pauvre naine, et salutiste de surcroît. Tant pis, rentrer au Ritz, seul et misérable, pauvre Solal. Il lui dit qu'il avait un travail à terminer d'urgence pour Sir John, et d'ailleurs le taxi attendait.

Rhabillé, il l'embrassa sur la joue. Sentant qu'elle attendait un autre baiser, il improvisa une

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quinte de toux pour embrouiller la situation, partit en hâte, le feutre baissé, coupable.

Dans le taxi il revit soudain les fines rides au coin des yeux.

Fanée, elle si belle encore au début de leur liaison. L'injustice de l'âge, et puis cette vie solitaire à Pont-Céard, elle s'y était flétrie à l'attendre jour après jour, soir après soir. Une vieille bientôt.

Oui, partir avec elle, n'importe où, cette nuit même. Oui, renoncer à Ariane. Oui, toute la vie avec Isolde. Il frappa, demanda au chauffeur de retourner à Pont-Céard. Comme elle allait être heureuse, son Isolde !

Des minutes plus tard, il frappa de nouveau, fit glisser la vitre. «Frère, dit-il au chauffeur, ma bien-aimée respire à Cologny, mène-moi vers elle, car je suis ivre d'amour, et quelle importance de mourir? ô son attrait mortel lorsque pour la première fois, un soir, je la vis descendre les marches de l'Université, déesse et promise, déesse et suivie dans la nuit. En conséquence, frère chéri, à grand bruit et vélocité extrême mène-moi vers la bien-aimée, et je te ferai heureux comme jamais tu ne fus, foi de Solal, quatorzième du nom ! » Ainsi dit-il, et il chanta aux étoiles frissonnantes à travers la vitre, follement chanta, car il allait la revoir, et aucune importance de mourir !

Belle Du Seigneur
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