XXIII

Le lendemain matin, levée tôt et de bonne humeur, elle courut lui dire bonjour avant de prendre son bain, l'embrassa sur les deux joues. Héhé, pensa-t-il, ça avait de l'importance pour les femmes, les rapports physiques. Il leur fallait ça, quoi. Il y avait longtemps qu'elle ne l'avait embrassé de si bon cœur.

Héhé, douce comme un agneau ! Bon, on prenait note.

Tandis qu'elle se penchait à la fenêtre pour respirer l'air du jardin, il bomba le torse, se félicita de lui avoir baisé la main, cette nuit, avant de la quitter. Ça faisait égards délicats, ça faisait gentilhomme, cet hommage après une intimité où la femme, après tout, quoi, était l'inférieure, la dominée.

D'accord, mon vieux, d'accord, elle n'avait pas manifesté cette nuit lorsque enfin bref, mais elle avait savouré en silence, c'était clair, elle avait savouré, il avait senti ça, oui, oui, elle avait savouré. Seulement, c'était pas une femme à faire des démonstrations, c'était une aristo, se gênant d'exprimer ses sensations, enfin la pudeur, quoi. D'ailleurs elle avait dit que ça avait été très beau ! Venant d'elle, si réservée, c'était même assez formidable d'avoir osé dire ça, ça prouvait qu'elle avait fortement savouré. Héhé, la puritaine silencieuse, elle crachait pas dessus, elle aimait ça avec son air de pas y toucher, elle aimait ça, mon vieux, elle trouvait ça

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très beau ! Eh bien, on lui en donnerait ! Maintenant, quid? Lui demander si elle avait bien dormi, si elle n'était pas trop fatiguée, avec sourire significatif?

Il était en train de peser le pour et le contre lorsque le social fit soudain irruption et recouvrit le physiologique. Le fonctionnaire prit la place du Don Juan et se mordilla les ongles.

—Ne pense plus à ce faux bond, dit-elle, revenue vers lui.

De l'index, il tapota la pointe de sa langue.

— Tout de même, qu'est-ce que tu veux, c'est ennuyeux de ne pas savoir à quoi s'en tenir, enfin quoi, il nous a posé un lapin de dimension, sapristi.

— Tu verras, il te fera ses excuses.

— Oh, je n'en demande pas tant.

— Enfin, qu'est-ce qui te préoccupe?

— C'est que voilà c'est embêtant qu'il y ait quelque chose qui cloche avec un chef. Je ne me sens pas à mon aise, voilà.

— Tout s'arrangera, tu verras.

— Tu crois vraiment?

Cet index qui pianotait sur le bout de la langue était pitoyable.

Elle décida d'utiliser l'argument massif.

— Ne t'occupe pas de vétilles. L'important, c'est ton travail personnel. Ton vrai travail, le seul qui compte. (Elle rougit de malaise honteux.)

— Tu veux dire mon activité littéraire?

— Oui, bien sûr, dit-elle, gênée par le regard reconnaissant qu'il lui lança. Après tout, tu es promu.

Il sourit. Oui, c'était vrai, le lapin ne lui ôterait pas son A. Et en somme que pouvait-il attendre d'autre du S.S.G. pour le moment? Rien. Il ne pouvait tout de même pas passer directeur de section avant au moins deux ans. D'ici deux ans, on aurait le temps de voir venir.

—Écoute, chérie, je te quitte. Malgré que ce soit samedi, je tiens à aller au Palais. Il y a là une question 261

d'obligation morale, tu comprends. Après tout, ce n'est que mon deuxième jour A. Et puis si jamais il me convoquait pour me donner une explication.

Dans son bain, il sifflota. Eh oui, elle avait raison, nom d'un chien, le Secrétariat, c'était pour la matérielle, mais sa vraie vie, c'était la littérature, et on verrait ce qu'on verrait ! Chercher un bon sujet de roman au bureau tout à l'heure, sans faute. Voyons, qu'est-ce qui ferait original?

Deux heures plus tard, installés au salon, elle tricotant et lui remplissant des fiches de recettes culinaires et de conseils pratiques, les époux Deume s'entretinrent pour la troisième fois de l'incident de la veille.

— Enfin, espérons que ce monsieur aura la décence de s'excuser par écrit, conclut la dame dromadaire. D'ailleurs, comme relations nous avons les van Offel et les Rampai qui le valent bien. Et puis, tu sais, je me suis toujours tenue sur mes gardes au fond, vu que c'est un étranger, et les étrangers ça n'est jamais bien fameux.

— C'est vrai que les étranzers on les aime nulle part, dans aucun pays, preuve qu'il y a bien quelque çose à dire.

— Et puis surtout, c'est un Juif. Rappelle-toi ce Jacobson, le pharmacien de ma pauvre sœur, elle a beaucoup souffert de ce faux pas, c'est encore une chance que la famille ait pu vite avant que ça se voie arranger un mariage avec ce gentil veuf, monsieur Jan-son, un peu voûté, enfin un peu bossu, mais très convenable.

Heureusement que j'ai eu la direction de ne jamais rien en dire à Didi. Pauvre petit, s'il pouvait se douter. Enfin il a du sang des Leerberghe, Dieu merci.

— Et le pharmacien, alors?

— Il a été emporté par une méningite foudroyante quelques jours après la séduction. Comme passe le tourbillon, ainsi disparaît le méchant, Proverbes, cha-262

pitre dix, verset vingt-cinq. Bref, tu vois que les Juifs il faut toujours s'en méfier.

.— Mais les apôtres c'était des Zuifs quand même. Et puis aussi...

— Oui, mais c'était il y a longtemps, coupa court Mme Deume. À propos, pour les conseils dans ton fichier, tu mettras une idée que m'a donnée chère Emmeline Ventradour, l'autre jour. Avec mes fatigues de tête, je risque d'oublier. (Alléché, M.

Deume se pencha, le crayon prêt.) Dans la machine à laver, avant d'y mettre des choses délicates, cache-corsets avec garniture dentelle ou napperons fins ou mouchoirs batiste ou echarpes craignant, les enfermer dans une taie d'oreiller pour les protéger des mouvements du tambour. C'est joli de sa part, n'est-ce pas?

Parce que enfin rien ne la forçait à me dire son procédé. En remerciement je lui ai dit le mien pour mes caleçons de laine usés aux genoux, mes caleçons d'hiver donc.

— Ze le connais pas, ton procédé! s'écria M. Deume, toujours à l'affût de connaissances nouvelles.

— Eh bien, avec la partie supérieure qui est donc encore en parfait état je me fais des culottes courtes pour l'entre-saison, printemps ou automne, puis je démaille la partie des genoux qui est usée et j'en fais un peloton pour une de mes pauvres, mais bien entendu je garde le bas du caleçon qui est en bon état, je tricote un bord pour le haut, pour le bas je tricote un pied avec une laine se rapprochant point de vue couleur, et ça me fait des chaussettes pour toi, tu en as déjà trois paires comme ça.

— Ze savais pas, dit M. Deume ravi.

Il se disposait à noter ces deux nouveaux procédés lorsque Ariane entra avec un sourire rayonnant qui intrigua Mme Deume et enchanta son époux.

—Bonjour madame, bonjour Papeli. J'espère que vous avez bien dormi, madame.

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— Moyennement, répondit Mme Deume, non sans froideur.

— Moi aussi, moyennement, dit le petit courtisan, soucieux d'être du côté du pouvoir établi.

— J'ai été peu bien hier soir, dit Ariane. Pour essayer de calmer ma migraine, j'ai fait un peu de musique et je crains de vous avoir dérangée, madame. Je vous présente mes excuses.

— À tout péché miséricorde, dit Mme Deume impassible.

Sur quoi, Ariane dit qu'elle avait profité de ce qu'elle s'était levée tôt pour aider un peu Martha à la cuisine. Elle en ferait de même demain, ce qui lui donnerait le temps de brosser tous les complets d'Adrien. Elle s'excusa de partir déjà, mais elle voulait préparer pour Adrien un cake dont elle venait de trouver la recette dans un journal religieux et qui par conséquent devait être excellent. Elle sortit avec le même sourire et Mme Deume toussa, puis manipula sa boulette en silence.

Une heure plus tard, de retour au salon, cette jeune femme parfaite cousait en compagnie des Deume qui faisaient leurs comptes, répartis sous divers postes, madame lançant de temps à autre un regard pénétrant sur sa belle-fille.

— À votre idée, Ariane, la çose d'hier soir, enfin que ce monsieur n'est pas venu, à quoi c'est que nous devons l'attribuer? demanda M. Deume, son épouse faisant un visage impénétrable et non concerné.

— Il est peut-être tombé subitement malade.

— Espérons-le, dit Mme Deume.

On s'entretint ensuite de sujets aimables tels que les effets du tétrachlorure sur les taches de graisse et de la prière sur les verrues. Ariane approuva de tout son cœur puis demanda conseil à Mme Deume. Que devait-elle faire pour obtenir un tricot plus

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mince que le point mousse, mais tout de même très souple?

— Eh bien, je vous conseille le point de riz, dit Mme Deume. Une maille à l'endroit, une maille à l'envers, et à l'aiguille suivante, une maille à l'envers, une maille à l'endroit, et toutes les combinaisons à partir de ce principe, par exemple, au lieu d'alterner à chaque aiguille, vous pouvez alterner toutes les deux aiguilles.

— Merci infiniment, madame, ce conseil me sera très utile, il y a si longtemps que je n'ai pas tricoté. Si vous aviez d'autres conseils à me donner, j'en serais très reconnaissante.

— Eh bien, si vous êtes sans pratique depuis longtemps, je vous conseillerais de commencer par un tricot de petite dimension pour ne pas vous décourager, par exemple, quelque chose pour un bébé de pauvre, des chaussons pour commencer.

— C'est que je voulais faire un cardigan pour Adrien, dit Ariane, les yeux modestement baissés.

— Oh mais alors, ce n'est pas le point de riz qu'il vous faut ! Faites tout simplement un point jersey ! Enfin, si c'est votre idée, le point de riz, après tout, pourquoi pas? Ce sera une expérience. En tout cas, si j'ai une recommandation à vous faire, c'est d'acheter en une fois toute la laine qui vous sera nécessaire pour ne pas vous trouver dans la catastrophe de ne pas pouvoir réassortir la couleur exacte, il n'y a rien de plus contrariant. Par prudence, prenez-en même un peu plus qu'il ne faut.

— C'est en effet très judicieux, merci mille fois de vos bons conseils, madame.

— Et puis, puisque vous êtes un peu rouillée, entraînez-vous à tricoter sans regarder, il n'y a rien de tel.

— Je m'y efforcerai, madame. Et maintenant, il est temps que j'aille faire quelques courses pour Adrien. Puis-je en faire pour vous aussi ?

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— Eh bien, merci, vous pourriez peut-être payer la note du téléphone, vu que cet après-midi je n'aurai pas le temps. Je vais à Coppet rendre visite aux chers Rampai, donc les juniors bien entendu.

— De la vieille noblesse française, dit M. Deume, et il lissa ses maigres moustaches comme s'il voulait les essuyer, puis renifla avec quelque importance.

— C'est vrai que vous ne savez pas les événements. Hier vendredi, j'ai donc eu un téléphone charmant des Rampai qui sont venus pour quelques jours à Genève, pour affaires de banque. Après accord avec Didi, je leur ai téléphoné donc ce matin pour les inviter à dîner, vous pensez bien qu'il faut utiliser toutes ces provisions.

— Absolument, madame, c'est indispensable.

— Malheureusement, je suis arrivée trop tard comme m'a dit spirituellement chère Corinne Rampai junior, ajoutant gentiment qu'elle aurait voulu nous donner la préférence, mais entre-temps ils ont dû accepter d'autres invitations, ces chers amis étant si recherchés, et ils sont pris à déjeuner et à dîner jusqu'à mardi, et mardi soir ils repartent donc pour Paris, mais enfin ce n'est que partie remise pour leur prochain séjour en décembre, vu les nouvelles rentrées de coupons. Mais chère Corinne, pour compenser, m'a gentiment invitée cet après-midi dans leur superbe propriété de Coppet, vu qu'elle ne sera pas occupée par des affaires bancaires cet après-midi, les banques étant fermées.

Il y aura thé de dames, sourit-elle de ses longues incisives obliques et elle aspira de la salive avec distinction. Oh, je me réjouis tellement de revoir chère Corinne ! Elle est si développée spirituellement, si intérieure, ayant ses pauvres qu'elle gâte, leur donnant des souyiers presque pas portés malgré qu'ils ne soient pas assez reconnaissants, enfin c'est une âme, je jouis toujours beaucoup avec elle, nous avons des conversations profondes, avec contacts

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intérieurs dans son superbe salon de Coppet, douze mètres sur sept. Je dois dire que j'ai beaucoup plus de rapports intimes avec elle qu'avec son cher mari qui est certes poli et aimable mais forcément un peu réservé, étant diplomate. Où est-ce que j'en étais? J'ai perdu le fil. Ah oui, alors Adrien voyant qu'on ne pouvait pas avoir les Rampai n'a fait ni une ni deux, il a pris le taureau par les cornes, et avant de partir pour le Palais, ce matin donc, il a téléphoné bravement à ses amis Kanakis, donc chez eux, pour avoir tout de suite l'accord des deux intéressés, donc de madame aussi. Alors voilà c'est réglé, oh avec notre Didi ça ne traîne pas, c'est arrangé pour un dîner prié chez nous demain soir, monsieur Kanakis étant donc neveu d'un ministre.

— Du royaume de Grèce, précisa M. Deume qui rabattit ses moustaches et les envoya rejoindre la barbichette.

— C'est une chance qu'ils aient pu accepter déjà pour demain, pris comme ça à Pimproviste, avec une invitation un peu à brûle-pourpoint, vous ne trouvez pas?

— C'est magnifique, madame.

— Il fallait voir l'aisance de Didi parlant à madame Kanakis, lui disant petite madame, enfin l'élégance de l'homme du monde, le comportement. En tout cas, je suis bien soulagée, mon dîner est sauvé, ça m'aurait fait mal au cœur de devoir manger entre nous tous ces plats recherchés, surtout le caviar. Et puis on pourra se servir du menu imprimé. Après ça, Adrien a téléphoné aussi aux Rasset, mais alors là, mystère, pas de réponse! Il m'a téléphoné tout à l'heure depuis le Palais, parce qu'il tient sa Mammie au courant de tout ce qu'il fait, oui donc il m'a téléphoné qu'il a retéléphoné plusieurs fois aux Rasset, mais toujours pas de réponse, je pense qu'ils doivent être absents, en voyage, c'est dommage, madame

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étant donc la fille du vice-président de la Croix-Rouge.

— Comité international de la Croix-Rouge, précisa M.

Deume.

— C'est en effet très regrettable, dit Ariane.

— D'autant que nous aurions eu de quoi, point de vue quantité.

Enfin aux Kanakis on leur offrira plusieurs fois du caviar, vu que ce n'est pas de conservation.

— C'est une bonne idée, dit Ariane.

— D'un point de vue, c'est dommage, vu le prix du caviar, mais il vaut mieux ça que de le perdre, au moins on fait des heureux, vous ne trouvez pas, Ariane ?

— C'est très juste, en effet. Et ne puis-je pas faire d'autres courses pour vous, madame?

— Eh bien, vous pourriez peut-être me rapporter une livre de thé, brisures anglaises à neuf vingt-cinq, et une idem de café, mais du Colombie.

— Qui est plus corsé que le Brésil, dit M. Deume.

— Avec plaisir, madame.

— Merci beaucoup, Ariane, dit Mme Deume qui, dans un élan, prit les deux mains de sa belle-fille merveilleusement transformée et la regarda avec une forte expression de spiritualité. Vous pourriez m'acheter aussi une plaque de Palmina qui est bien plus à profit que le beurre de cuisine.

Ariane lui ayant demandé si elle pouvait rendre quelque autre service, elle la pria, si cela ne la dérangeait pas trop, de passer au bureau des objets perdus et d'y remettre un trousseau d'épingles de sûreté qu'elle avait trouvé dans le tram avant-hier, il y en avait deux douzaines, toutes neuves, c'était peut-être une pauvre femme du peuple qui les avait perdues, et cela la tourmentait.

Ariane dit que cette course ne la dérangerait pas du tout, car elle devait justement passer au Bourg de Four pour s'informer d'un cours de cuisine auquel elle envisageait de s'inscrire. Mme Deume prit bonne note et eut un sourire survolant.

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— En ce cas, vous seriez bien gentille de passer aussi chez madame Replat, une connaissance de la réunion de couture, qui habite justement au six Bourg de Four, ça ne vous allongera pas, pour lui dire que je lui ai menti, quelle horreur, sans le vouloir bien entendu, mais enfin ça me pèse, et j'aimerais bien n'avoir plus ce souci qui a été peut-être pour quelque chose dans mon mauvais sommeil. Oui, je lui avais dit que Saint-Jean d'Aulph était à neuf cent quarante mètres. Et voilà qu'hier au soir, j'ai vérifié, je me suis trompée de cent mètres !

Saint-Jean d'Aulph est seulement à huit cent quarante mètres !

Voulez-vous le lui dire?

— Volontiers, madame.

— Merci, chère, merci. Voyez-vous, je ne peux pas vivre dans le mensonge. Par exemple, si j'écris une lettre à des amis, eh bien je ne pourrais pas mettre amitiés d'Hippolyte sans lui avoir demandé son accord ! Cas qu'il serait absent, je ne mettrais pas ses salutations, même si j'écrivais à ses meilleurs amis ! La vérité en toutes choses, n'est-ce pas, dans les grandes comme dans les petites ! Merci encore beaucoup beaucoup, chère, sourit Mme Deume dont les verres de lunettes fulgurèrent d'amour.

Sa belle-fille sortie, elle regarda son mari qui fit un visage neutre, ni pour ni contre. En lui-même, il frétillait de joie, fier qu'il était de sa chère Ariane. Mais on ne savait jamais et la prudence s'imposait.

— Qu'en penses-tu? demanda-t-elle.

— Eh bien, il me semble que.

— Enfin, espérons que ça continuera. Pour moi, elle doit faire une poussée de religion. Tu as remarqué que la recette de son gâteau, elle l'a trouvée dans un journal religieux, je me demande lequel, en tout cas c'est bon signe. Tu te rappelles qu'elle m'avait demandé la petite chambre d'en bas pour s'en faire un petit salon, avec son piano et ainsi de suite. J'avais 269

refusé parce que cette chambrette est un vrai trésor pour mes débarras, mais tant pis, j'y renonce. Je lui dirai à midi qu'elle peut en prendre possession. Oh, ce sera une grosse privation pour moi, une épreuve, mais je crois qu'une fois que ce sera fait, je me réjouirai de m'être sacrifiée.

Belle Du Seigneur
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