Un remaniement de plus
Annoncé à Versailles, le remaniement est officiel dès le lendemain. Il est d’abord justifié par les départs de Michel Barnier, le ministre de l’Agriculture et de la Pêche, et de Rachida Dati, ministre de la Justice, tous deux contraints de quitter leur poste pour rejoindre le Parlement de Strasbourg, où ils viennent d’être élus. Un départ choisi pour le premier, subi pour la seconde car imposé par l’Elysée. Ce remaniement est le huitième depuis 2007.
Un gros chamboulement. Huit ministres changent d’affectation, huit quittent le gouvernement. Les changements : Brice Hortefeux réalise son rêve. Il quitte les Affaires sociales (il n’y sera resté que six mois) pour le ministère de l’Intérieur. Xavier Darcos le remplace. Le poste de l’Education échoit à Luc Chatel, promu également porte-parole du gouvernement. Michèle Alliot-Marie passe de l’Intérieur à la Justice, elle remplace Rachida Dati. Bruno Le Maire quitte les Affaires européennes (lui aussi n’y sera resté que six mois) pour prendre l’Agriculture, une belle promotion. Pierre Lellouche le remplace. Bernard Laporte s’en va. C’est Rama Yade qui s’installe au secrétariat aux Sports, malgré ses différends avec le Président (elle a refusé d’être candidate aux européennes). Les partants sont : Christine Boutin, qui ne saisit pas les raisons de son éviction, elle en est toute retournée. Benoist Apparu, 39 ans, lui succède au Logement et à l’Urbanisme. Christine Albanel, malmenée par le Parlement lors du vote controversé de la loi Hadopi (voir plus loin), doit à son grand regret abandonner le ministère de la Culture à Frédéric Mitterrand (quelques jours plus tôt Jack Lang laissait entendre que l’Elysée l’avait contacté pour ce poste). « C’est une idée de l’Italienne », se plaît à dire Nicolas Sarkozy, allusion au rôle joué par Carla dans cette nomination. Frédéric Mitterrand avait organisé une exposition des photos de son frère Virgilio (décédé) à la Villa Médicis qu’il dirigeait jusque-là. Roger Karoutchi, autre fidèle parmi les fidèles, un ami de Cécilia, est lui aussi remercié. Le Président n’a pas toléré son absence au banc du gouvernement lors du vote de la loi Hadopi. Le sénateur Henri de Raincourt prend sa place. André Santini, autre ami des Hauts-de-Seine, quitte lui aussi le gouvernement. Il détenait le poste de la Fonction publique. Il n’est pas remplacé. Yves Jégo, sarkozyste de la première heure, secrétaire d’Etat à l’Outre-mer s’en va lui aussi. C’est Fillon qui a exigé son départ, il n’avait pas apprécié sa gestion de la crise aux Antilles. Le ministre n’avait pourtant pas démérité. La presse dénonce une injustice. Il est remplacé par Marie-Luce Penchard, jusque-là conseillère pour l’Outre-mer à l’Elysée.
Il y a quelques heureux, comme Christian Estrosi, nommé à l’Industrie, ou Michel Mercier, compagnon de route de François Bayrou, trésorier du MoDem, président du Conseil général du Rhône, nommé ministre de l’Aménagement et du Territoire.
Des entrants, des sortants, des joyeux, des amers. Un remaniement !

243. Avec 28 % des voix. Pour les socialistes, c’est une grosse déception, qui ne totalisent que 16,48 % des voix. Ils sont talonnés par Europe Ecologie, 16,28 % des voix. « C’est une gifle pour Martine Aubry », disent les commentateurs. Le MoDem s’effondre, mais avec seulement 40,48 % de votants, le record d’abstention est battu. De toutes les élections européennes, cette campagne-là aura été la moins mobilisatrice, car menée tardivement par tous les partis et relayée a minima par les médias.