CHAPITRE 3
Le barreur de haute mer Subprimes, Ossétie, Abkhazie, titrisation, UPM156 (et non UMP) : durant le second semestre 2008, les Français vont enrichir leur vocabulaire. Et découvrir un autre Sarkozy, écouté sur la scène européenne et internationale, à l’aise, inspiré, goûtant au plaisir de la réussite et de l’influence dans les affaires mondiales.
Il en avait besoin. La France aussi, qui prend la présidence de l’Union européenne le 1er juillet. En Europe, sa perte d’influence a été vertigineuse : on ne l’écoute plus guère depuis que les Français ont voté « non » au référendum de 2005 et donc repoussé la Constitution européenne157. Jacques Chirac, en fin de mandat et de carrière, n’a pas pris de grandes initiatives. La France disparaît des écrans radars européens. Deux mois avant la présidentielle, dix-huit de nos partenaires s’étaient réunis à Madrid pour s’interroger : comment poursuivre l’aventure européenne en se passant de la France ?
Nicolas Sarkozy, lui, a besoin d’un second souffle. Ses collaborateurs le décrivent désabusé : « Au printemps, il avait du mal à comprendre le désamour des Français », dit l’un d’eux. Pire : « Il était déçu par le pouvoir, il ne croyait plus à la politique », ajoute un autre. Et tous s’accordent pour dire qu’il était meurtri par les traitements que lui infligeait la presse chaque semaine.
Ainsi Le Point qui, à la fin de mai, titre en couverture : « Sarkozy et les psys » et questionne plusieurs psychiatres sur « ses failles béantes de comportement ». « Ils veulent me faire passer pour fou », se plaint-il. Son porte-parole Franck Louvrier nuance cependant : « Même dans les périodes difficiles, Nicolas a toujours estimé avoir beaucoup de chance. » Un optimiste donc.
Sa chance, cette fois, c’est justement la présidence de l’Union européenne. Déjà, il peut se targuer de l’avoir remise en marche. Quelques mois après son élection, en octobre 2007, les Vingt-Sept adoptaient un projet de traité simplifié dit « traité de Lisbonne158 » : une idée que Nicolas Sarkozy avait en tête depuis des mois159. « La France est de retour en Europe », promet-il le soir de son élection. Dès le lendemain, il s’était entretenu de son projet avec Tony Blair – lui-même assez rétif – en le priant d’aller en toucher deux mots à Angela Merkel. Laquelle au départ ne s’était guère montrée enthousiaste. Quoi ! Dix-huit pays avaient déjà ratifié la Constitution, et il faudrait détricoter tout ce travail pour satisfaire la France !
En s’impliquant personnellement, Nicolas Sarkozy prenait le risque d’entamer son mandat comme son prédécesseur avait terminé le sien : démonétisé sur la scène européenne.
Sauf qu’à peine investi, il se précipite à Berlin chez la Chancelière pour une grande opération de câlinothérapie. Sous l’œil des caméras, il l’embrasse sur les deux joues, avant de la prendre familièrement par les épaules160. Un témoignage public de sa proximité. Avant son élection, il s’interrogeait tout haut sur le bien-fondé d’une relation trop exclusive. Ce soir-là il s’exclame : « Pour la France, l’amitié franco-allemande est sacrée et rien ne saurait la remettre en cause. » Lors du dîner qui les réunit en tête à tête, il explique à la Chancelière qu’un nouveau texte qui sortirait l’Europe de l’enlisement serait un très grand succès pour l’Allemagne, qui préside alors l’Union. Et de fait, le futur traité rédigé par les Allemands est constitué de matériaux recyclés. Bien sûr, on évite de repasser le même plat, mais les ingrédients sont à peu près semblables. C’est l’assaisonnement qui diffère. Sur des pensées anciennes, faisons des vers nouveaux. C’est ainsi que quelques semaines plus tard, le 23 juin à Bruxelles, au terme d’une nuit marathon, naîtra le projet de mini-traité européen. Il remplace le traité de Nice. La bataille nocturne fut rude. Notamment avec les Polonais. Cette adoption par les Vingt-Sept signe la victoire du volontarisme sarkozyen et du sens de l’opportunité de la Chancelière, qui partage avec le Français un succès très applaudi en Allemagne.
« Sarkozy a été un bon ouvrier de la relance. C’est une bonne chose pour la France, c’est une bonne chose pour l’Europe », applaudit Jack Lang161. La crise européenne était en effet si profonde que l’on ne pouvait la résoudre autrement que par un tour de passe-passe. « On est allé du rêve au cauchemar », avait reconnu Jacques Delors en personne.
Il n’empêche, la présidence française est accueillie avec méfiance, voire hostilité, dans la plupart des Etats membres. Grande donneuse de leçons, arrogante, incapable de se discipliner en matière budgétaire, la France a toujours irrité ses partenaires.
Si la personnalité de Nicolas Sarkozy, tout en énergie, hâbleur, narcissique, peut donner des boutons, il fascine aussi. Pierre Sellal, alors le représentant de la France à Bruxelles (aujourd’hui, secrétaire général du Quai d’Orsay), le constate, admiratif : « Il a réussi à vendre aux Vingt-Sept son mini-traité comme un produit nouveau. C’était Talleyrand arrivant en vaincu à Vienne en 1815 et qui était parvenu à ce que tout tourne autour de lui. »
Pourtant, la présidence française commence mal. Le 12 juin, 53,4 % des Irlandais rejettent le traité de Lisbonne. Leur « non » risque de tout bloquer162.
Variation rapide du climat : « Dans l’Europe en doute, la présidence française suscite de fortes attentes » constate Le Monde, le 1er juillet 2008.
« Il faut changer notre façon de construire l’Europe », lance alors Nicolas Sarkozy qui promet de s’occuper davantage du quotidien des Européens. Valéry Giscard d’Estaing, qui n’est pas lui-même d’une humilité folle, lui recommande d’être modeste.
La présidence française veut faire aboutir cinq dossiers clés : — Le paquet climat-énergie163. Son objectif : les trois fois 20 (– 20 % d’émissions de gaz à effet de serre, + 20 % d’économie d’énergie, + 20 % d’énergie renouvelable à l’horizon 2020). Un programme difficile à accepter pour les pays de l’Est, la Pologne notamment, qui dépendent encore fortement du charbon.
— Le pacte sur l’immigration avec harmonisation des règles et interdiction de régulation massive ou générale164.
— L’adaptation de la politique agricole commune.
— La défense européenne (avec en contrepartie la réintégration de la France dans le commandement armé de l’OTAN).
— L’Union pour la Méditerranée (UPM), déjà actée lors du Conseil européen du 14 mars 2008.
Sur tous ces dossiers, Nicolas Sarkozy doit arracher l’accord des vingt-six partenaires. Une gageure. Il est tenu en outre par l’ardente obligation de marcher main dans la main avec l’Allemagne. Surtout, ne pas vexer la Chancelière, toujours très susceptible165. Sa présidence pourrait échouer sur des petits détails, des erreurs psychologiques. Il importe donc de se faire des alliés, de convaincre les plus réticents. D’être réformateur et diplomate à la fois. En un mot il faut séduire : les euro-députés de Strasbourg pour commencer. Nicolas Sarkozy se présente devant eux dès le 10 juillet. Depuis deux mois, Jean-Pierre Jouyet a beaucoup préparé le terrain.
Alors qu’il rentre d’une réunion du G8 au Japon, consacrée à l’environnement166 (dix heures de décalage horaire), Nicolas Sarkozy prend d’abord soin de rendre aux présidents de groupes les honneurs qu’ils attendent, avant de prononcer devant l’Assemblée – sans notes ni prompteur – un discours de cinquante minutes resté dans la mémoire de ses auditeurs, encore impressionnés par la performance. Ils l’ont écouté bouche bée. Un exercice auquel, à l’évidence, il prend grand plaisir. Il aime convaincre son auditoire et il sait qu’il a le talent pour le faire. On comprend pourquoi il avait tant souhaité introduire, dans la réforme constitutionnelle française167, la possibilité pour le président de la République, de s’exprimer directement devant les députés ou les sénateurs168.
Il va donc s’offrir à Strasbourg le plaisir qu’on lui a chichement rogné à Paris. Cet examen de passage est réussi au-delà de toute espérance. « Un discours exceptionnel », témoigne Bernard Kouchner, qui se trouve à ses côtés.
Bien des euro-députés guettaient un morceau d’arrogance française, voire un dérapage. Les plus méfiants sont contraints d’applaudir. Salut l’artiste ! Ensuite, deux heures durant, sans se départir de son calme, plein d’humour et d’urbanité, le voilà qui répond à chacun des intervenants169. Et pas seulement aux présidents de groupes comme c’était l’usage. Ainsi, à Daniel Cohn-Bendit, lequel passablement énervé juge « honteux et minable » sa décision de se rendre à Pékin pour l’ouverture des jeux Olympiques170. En réponse, Nicolas Sarkozy lui dit comprendre son émotion, mais souligne qu’il a consulté sur le sujet ses vingt-six partenaires et qu’aucun d’entre eux ne l’en a dissuadé. Il ajoute qu’il a l’intention d’évoquer la question des droits de l’homme avec les dirigeants chinois et aussi de s’entretenir avec « le Prix Nobel de la paix », évitant ainsi de prononcer le nom du dalaï-lama171.
Au total, pour tous les parlementaires européens, cette première visite est un grand moment. Tony Blair avait lui aussi remporté un franc succès à Strasbourg. Mais il n’y était venu qu’une seule fois. Et la présidence anglaise n’est pas restée dans les annales européennes comme un modèle de réussite. Nicolas Sarkozy, lui, viendra s’y exprimer trois fois. Mieux : le président du Parlement européen et les présidents des groupes parlementaires seront invités trois fois à déjeuner à l’Elysée. Jamais jusque-là ils n’avaient été traités avec autant d’égards.
Ce mois de juillet 2008 est décidément très chargé. Le 13, veille de la fête nationale, Nicolas Sarkozy pavoise172. Il accueille en effet sur le parvis du Grand Palais quarante-quatre chefs d’Etat et de gouvernement venus participer à la création de l’Union pour la Méditerranée173. En présence du secrétaire général de l’ONU et du président de la Commission européenne. Du grand théâtre. La première présidence est bicéphale. Elle est assurée par la France et l’Egypte en la personne d’Hosni Moubarak.
Les choses auraient pu mal tourner. En raison de la tentation française de ne pas y associer tous les Etats membres de l’Union européenne. Façon de redessiner la zone d’influence française (une idée plaidée par Henri Guaino).
C’était feindre d’ignorer qu’en 1995, sur une initiative espagnole, l’Union européenne avait déjà scellé des accords avec dix Etats riverains de la Méditerranée. Des moyens financiers avaient été mobilisés. Peu de projets concrets avaient vu le jour, mais l’architecture était en place. C’était le processus dit « de Barcelone ». Outre que la France risquait de vexer Madrid, c’était négliger que l’Allemagne a elle aussi, depuis des lustres, des intérêts en Méditerranée. Lors d’un Conseil européen en mars 2008, la Chancelière, redoutant que s’organise une coupure de l’Europe en deux blocs – l’un autour de l’Allemagne avec les pays de l’Europe du Nord tournés vers l’Est, et l’autre autour de la France, avec ceux du Sud, vers les pays du Maghreb et du Machrek –, avait même menacé de réunir, ce jour-là, à Berlin « un contre-sommet avec les pays du Nord », révèle un diplomate. Nicolas Sarkozy s’était laissé convaincre. Et puis, faire venir tout le monde à Paris donnerait encore plus d’éclat à la manifestation.
Ce 13 juillet, ils sont donc tous là. Sauf Kadhafi, qui exigeait que les pays africains soient eux aussi présents. On se passera de lui avec soulagement. Sauf le roi du Maroc, peu amateur de ce genre de réunions et très mécontent du refus algérien de désigner Rabat comme siège du secrétariat de l’UPM. Il y dépêche donc son frère. Sauf le roi de Jordanie. Et sauf, côté français, François Fillon, en raison de son mal de dos persistant qui le cloue au lit. Pour le reste, chacun peut imaginer l’exploit que représente la réunion, autour d’une même table ronde, des frères ennemis de tous calibres : le Palestinien Mahmoud Abbas, l’Israélien Ehud Olmert, le Syrien Bachar el-Assad, le Libanais Michel Sleiman, l’Algérien Bouteflika, le Tunisien Ben Ali et aussi le Turc Recep Erdogan (pas vraiment un ami de Nicolas Sarkozy). Un vrai casse-tête protocolaire ! Entourant les deux co-présidents de l’UPM, chaque pays sera donc placé par ordre alphabétique de part et d’autre de la grande table. Le but premier étant évidemment d’éviter toute proximité entre la Syrie et Israël. D’ailleurs, on verra les dirigeants syriens et palestiniens s’éclipser quand Ehud Olmert prendra la parole. On l’entendra proposer l’aide d’Israël à ses voisins arabes pour dessaliniser l’eau de mer. « Nous avons les meilleurs procédés, on peut vous aider », lance-t-il. « A cet instant, une colombe a plané au-dessus de la table », note un participant. Sans doute pris par l’euphorie du moment, l’Israélien ajoute même : « Nous n’avons jamais été aussi proches d’un accord de paix174. »
Pourtant, Nicolas Sarkozy a choisi un ordre du jour exactement inverse à celui de Barcelone qui, en 1995, avait abordé les problèmes politiques les plus délicats : il est vrai que quelques mois plus tôt à Oslo, l’Israélien Rabin et le Palestinien Arafat avaient accepté de se rapprocher et même de se serrer la main à Washington devant les caméras du monde entier. Ce qui leur avait valu le prix Nobel de la paix… Et à leurs peuples ensuite, de grandes déceptions.
Cette fois, la France veut mettre sur pied des projets concrets de coopération entre nations riveraines. Les discussions sont néanmoins très âpres. Adoptée à l’unanimité, la déclaration finale énumère quand même six chantiers communs, à commencer par la dépollution de la Méditerranée. Nicolas Sarkozy savoure le moment. Il rencontre les acteurs clés du conflit proche-oriental avec l’espoir d’imposer la France et l’Europe dans un dossier où les Etats-Unis entendent jouer le premier rôle (peu concluant d’ailleurs).
Le soir, sous un ciel de Paris azuré, il accueille ses hôtes et leurs épouses à dîner175, au Petit Palais, avec pour l’ambiance sonore un air de circonstance : La Mer de Charles Trenet. Le chef d’orchestre israélien Daniel Barenboim, très engagé dans la réconciliation israélo-arabe, a même fait spécialement le voyage pour y assister. « L’Union pour la Méditerranée, nous en avions rêvé, c’est maintenant une réalité », s’exclame-t-il grisé.
Tous le diront plus tard, le moment était magique. C’est que dans tous les discours les mots paix, horizon commun, civilisation, ont été prononcés en abondance. Une grande fête d’un jour pour des hommes de bonne volonté.
L’agenda du lendemain 14 juillet a aussi prévu la place donnée sur la tribune officielle au Syrien el-Assad, qui s’illustrera – si l’on peut dire – en 2011, par la répression sanglante des émeutes populaires qui lui réclament un peu de démocratie. Sa présence à Paris constitue « un coup spectaculaire ». On peut parler de rupture : après l’assassinat au Liban de son ami Rafik Hariri, Jacques Chirac avait gelé tout contact avec Damas. Nicolas Sarkozy a souhaité interrompre cette quarantaine en pariant sur la bonne volonté du numéro un syrien. N’envisage-t-il pas de nommer un ambassadeur au Liban ? Une preuve qu’il pourrait renoncer à stigmatiser le pays. L’Elysée concède toutefois que cette dictature qui a fait de l’assassinat le bras occasionnel de sa diplomatie n’est pas « un exemple parfait du respect des droits de l’homme ». Paris-Match – photos à l’appui – vante la modernité du couple qu’il forme avec son épouse. Cela ne suffit pas. Sa présence au défilé de la fête nationale suscite un tollé en France. La gauche y décèle un remake du séjour tumultueux de Kadhafi six mois plus tôt à Paris. Nicolas Sarkozy répond à ces critiques en assurant avoir reçu l’accord de la quasi-unanimité de ses partenaires – Etats-Unis compris. « Le Président a réussi une opération historique », admirent les conseillers du prince176.
Le lancement de l’UPM est salué positivement par la presse internationale. La classe politique française s’interroge sur le succès à long terme de cette « noble chimère ». Elle n’aura pas tort. Cinq mois plus tard, le 27 décembre 2008, Israël, profitant du vide américain créé par la fin de l’ère Bush, lance une violente offensive contre le territoire palestinien de Gaza aux mains du Hamas. Elle sera la plus meurtrière depuis la guerre des Six Jours en 1967. La plupart des sites importants sont bombardés, y compris ceux reconstruits par l’Union européenne (dont la France). Dans une zone aussi densément peuplée, où s’enchevêtrent bâtiments civils et sites militaires, cette offensive fait dès les premiers jours plus de 300 morts et 1 400 blessés, dont 104 enfants177. Pour la première fois, Israël utilise des bombes au phosphore. L’horreur.
Nicolas Sarkozy, encore président de l’Union pour deux jours, demande un cessez-le-feu immédiat. Israël (les élections ont lieu à la mi-février) lui répond par une fin de non-recevoir.
Cette guerre, conjuguée au manque d’argent, contribuera à l’assoupissement du projet. L’avenir radieux de l’UPM attendra178.
Mais ces 13 et 14 juillet 2008, rien ni personne n’aurait pu gâcher la fête de Nicolas Sarkozy. Après le show du Grand Palais et son festival d’entrechats diplomatiques, après le défilé militaire – auquel étaient conviés les invités de la veille – finalisé par un saut de parachutistes devant la tribune officielle, les réjouissances continuent. Ingrid Betancourt, libérée deux semaines plus tôt de la jungle colombienne, est l’invitée vedette de la garden-party de l’Elysée. Elle vient recevoir la Légion d’honneur des mains du Président. Et pour la touche glamour, Carla Bruni-Sarkozy, toute de mauve vêtue et chignon haut perché, inaugure sur la tribune officielle son rôle de Première dame pour la fête nationale.
Pour le spectacle le président français ne craint vraiment personne.
A cette heure, il n’imagine pas qu’il va devoir intervenir sur d’autres fronts, bien plus violents et complexes.

156. Union pour la Méditerranée.
157. Une Constitution élaborée afin de sortir du traité de Nice insuffisant et bâclé. Elle avait été demandée avec insistance par les Français (entre autres), écrite sous la houlette d’un Français, Valéry Giscard d’Estaing. Que les Français la rejettent est incompréhensible pour nos partenaires.
158. Le compromis avait été bouclé à la fin de la présidence allemande, mais celle-ci a eu l’élégance d’en laisser la paternité à la présidence portugaise qui a pris le relais en juillet 2007, d’où le nom de traité de Lisbonne.
159. Il l’avait évoqué dès février 2006 à Berlin, puis un peu plus tard à Bruxelles. Dès son investiture, il s’en était entretenu avec le Premier ministre espagnol, les Polonais très réticents, et José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne.
160. Les manifestations d’effusion ont d’abord choqué la Chancelière, puis sont passées dans les mœurs de leurs rencontres. Désormais elle se montre aussi démonstrative que lui.
161. Libération du 25 juin 2007.
162. L’article 48 du traité de l’Union dispose qu’un traité ne peut entrer en vigueur que si tous les Etats membres l’ont ratifié. Ainsi, 862 000 Irlandais peuvent bloquer 495 millions d’Européens. 80 % de ceux qui ont voté « non » affirment deux jours plus tard ne pas vouloir quitter l’Union. Les Irlandais reviendront sur leur vote le 2 octobre 2009. La crise financière leur a fait comprendre l’intérêt de la solidarité européenne. Le traité de Lisbonne entrera donc en vigueur en décembre 2009.
163. « L’Europe fait deux fois plus que l’Amérique et dix fois plus que la Chine », souligne le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.
164. Il sera adopté par les Vingt-Sept dès septembre 2008 avec Brice Hortefeux à la manœuvre, qui a visité les vingt-six partenaires : « Brice a bien travaillé », applaudit Nicolas Sarkozy.
165. Deux mois plus tôt, le 1er mai, Angela Merkel recevait le prix Charlemagne, le prix Nobel de l’Europe. Elle avait demandé à Nicolas Sarkozy de prononcer le discours. Pourquoi lui ? Pour l’entendre dire que le sauvetage du traité de Lisbonne était bien une réussite à deux. Emporté dans son élan, délaissant le discours écrit, Nicolas Sarkozy s’était lancé dans une improvisation très effusive à l’égard de celle qu’il voulait honorer. Se tournant vers son époux, le très discret Joachim Sauer, Nicolas Sarkozy, oubliant que la Chancelière porte le nom de son premier mari, l’avait ainsi interpellé : « Monsieur Merkel, elle et moi formons un couple harmonieux… politiquement s’entend. » Et l’assistance ainsi que le mari de rire et d’applaudir. Angela Merkel avait presque la larme à l’œil. Un peu lourd quand même.
166. La réunion se déroule alors que les prix de l’énergie et des matières premières enregistrent des records inégalés. Le blé a augmenté de 100 % en un an. Le pétrole est passé de 77 dollars en juillet 2007 à 145 dollars en juillet 2008. Les prix à la consommation s’envolent, l’inflation mensuelle atteint un taux record : + 4 % en juillet. L’amélioration du pouvoir d’achat n’est vraiment pas à l’ordre du jour. « Nous restons optimistes », dit cependant la déclaration finale.
167. Votée par le Parlement fin juillet 2008. Voir annexe 1 en fin d’ouvrage.
168. Une suggestion non retenue par la Commission Balladur. Le Président pourra néanmoins s’exprimer désormais devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles.
169. « S’exprimer trois heures durant, répondre à chaque question avec un grand sens politique, sans notes, sans background : sincèrement, je n’avais jamais vu cela », s’enflamme Jean-Pierre Jouyet.
170. Le 8 juillet, Pékin avait menacé Paris de sanctions, si Nicolas Sarkozy rencontrait le dalaï-lama.
171. Finalement, c’est Carla Bruni, accompagnée de Bernard Kouchner et de Rama Yade, qui rencontrera le 22 août le chef spirituel tibétain venu consacrer à Lodève – à flanc du Larzac – le plus vaste temple bouddhiste d’Europe.
172. L’Express titre à la Une « Sont-ils à la hauteur ? », avec en photo Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner.
173. Projet exposé par Nicolas Sarkozy en octobre 2007 dans son discours de Tanger.
174. Sauf que ces déclarations ne rencontrent aucun écho en Israël. La police poursuit ses investigations sur des malversations dont il aurait été le bénéficiaire…
175. Dîner expédié en moins d’une heure, à la stupéfaction de certains participants.
176. Mais très coûteuse : 16 millions d’euros selon la Cour des comptes.
177. A la mi-janvier, on dénombrera 900 morts dont 273 enfants côté palestinien pour onze soldats et trois civils tués par des roquettes côté israélien. Sans compter 4 000 blessés qui souffriront, voire agoniseront faute de soins nécessaires. A une époque où l’émotionnel prime sur le rationnel, Israël a perdu la grande bataille de la compassion.
178. En novembre 2008, sous l’égide de Bernard Kouchner, le secrétariat de l’UPM est constitué. Son siège sera Barcelone. Pour la première fois, un Israélien travaillera dans une organisation où tous les pays arabes sont représentés.