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L’homme se tordait de douleur. Le mal, dans son dos, était revenu. Il était comme un fer rouge qu’on enfonçait encore et encore dans une plaie béante. Il gémit.

— J’ai mal, si mal ! Aide-moi ! Ne crois-tu pas que j’ai assez souffert ?

— Je ne peux rien pour toi, tu le sais. Il n’y a que la mort qui puisse te guérir, répondit la voix sous son crâne.

— Quand je les tue, la douleur s’en va. Mais ensuite, elle revient et la peur aussi. C’est à cause d’eux que je souffre, à cause d’eux qu’iL m’a châtié.

— Tu ne dois pas les approcher.

— Tu sais, la première fois, la toute première fois, je voulais juste le toucher, rien que ça. C’est lui qui est venu à moi. Et les autres, c’est pareil. C’est eux, le diable, pas moi... Leurs yeux me suivent partout, même quand je dors. C’est eux qui méritent la mort, pas moi. Et puis, tu sais bien, toi, que je n‘ai jamais rien fait de ce qu’iL me reproche. Je suis innocent. Je LUI ai toujours obéi.

— Tais-toi !

— Non, il faut que tu m’écoutes. Que tu me croies. Si toi, tu ne me crois pas, qui me croira ? Je te jure que j’ai essayé de m’éloigner. Je voudrais tant que ça s’arrête ! A chaque fois, je me dis que j’ai conjuré le mauvais sort. Que je vais trouver le repos. Mais il en vient un nouveau et ça recommence.

— Cela ne dépend que de toi, tu le sais.

— Non ! C’est une malédiction. Aie pitié ! Aide-moi !

— Il n’y a qu’un moyen pour cela, et tu le connais, fit la voix. Tu n‘as qu‘à mourir.

Un sursaut. Le corps qui se contracte. La douleur qui envahit tout. La peur à nouveau qui rôde. Dedans et dehors. Partout. Souffrance et peur.

— Je ne veux pas mourir, pas encore. Aie pitié !

— Alors, tu as raison. Tu es maudit...