26.

Il a vingt-huit ans. Il apprend à régner.

Il a décidé qu’il logerait avec les siens, sa famille arrivée de Marseille, son état-major, ses invités, cette foule qui maintenant l’entoure au château de Mombello, à douze kilomètres de Milan, une villa somptueuse qu’il a choisie pour fuir les chaleurs de l’été lombard.

Joséphine est à ses côtés. Enfin !

Il la voit à chaque instant, quand il veut. Tout change, même avec une épouse, quand on règne. Elle ne se rend plus sur le Corso, cette promenade des élégantes milanaises qui, dans leurs voitures basses, les bastardelle, s’en vont se faire admirer par les cavaliers qui chevauchent à leur hauteur puis s’arrêtent pour prendre des glaces au café Corsia de Servi. Il n’appréciait pas cette pressante cour d’officiers.

Ici, à Mombello, ils sont toujours autour d’elle, mais ils le craignent.

Il aime voir Joséphine présider les dîners qu’on donne tous les soirs sous une grande tente élevée dans le parc. La table est dressée pour quarante couverts.

Napoléon parle, on l’écoute religieusement, chacun tourne la tête vers lui. Il est le maître. Il impose la frugalité des menus : soupe, bouilli, entrée, salade et fruits, et un seul vin.

Il régente ce monde : ses soeurs Pauline et Caroline, son frère Jérôme, Eugène et Hortense de Beauharnais.

Souvent il sent peser sur lui le regard de sa mère et il surprend aussi le coup d’oeil qu’elle jette à Joséphine. Elle ne l’aime pas, mais Joséphine ici est à sa place, entourée par les diplomates autrichiens ou napolitains, tous aristocrates. Il l’observe. Elle a la grâce et l’élégance de la vicomtesse qu’elle a été. Il est saisi parfois d’un brusque désir. Il l’entraîne alors. Peu importe ce que pensent les convives de son attitude.

Il a, lors d’une excursion au lac Majeur en compagnie de Berthier et du diplomate Miot de Mélito, mesuré la gêne des deux hommes qui baissaient les yeux quand il se permettait d’enlacer Joséphine. Mais quoi ! Elle est son épouse, et c’est lui qui fixe les règles.

Cela fait longtemps qu’il ne s’est senti aussi joyeux, aussi léger, peut-être même est-ce la première fois. Son corps reprend des forces. L’énergie ne lui a jamais manqué, mais peu à peu il chasse hors de lui la fatigue comme cette mauvaise gale qui le démange de moins en moins souvent.

Il décide de la vie des uns et des autres, et il éprouve à cela une joie profonde, peut-être l’une des plus fortes qu’il ait ressenties. Sa soeur Élisa a épousé à Marseille un modeste capitaine corse, Félix Bacciocchi. Soit. Il réprouve mais il est contraint d’accepter. Mais on célébrera le mariage religieux à la chapelle du château, en même temps que celui qu’il a voulu entre sa plus jeune soeur Pauline et le général Leclerc. De Bacciocchi, puisque les Anglais ont quitté la Corse depuis le mois d’octobre 1796, on fera un commandant des défenses d’Ajaccio. Joseph, maintenant que les paolistes sont partis dans les bagages des Anglais, a réussi à se faire élire député d’Ajaccio au Conseil des Cinq-Cents, un des rares élus comptés comme jacobins dans une majorité de députés aux tentations monarchistes. On fera de Joseph l’ambassadeur de la République à Rome. Ce sont des faveurs que les Directeurs ne peuvent refuser. Louis Bonaparte est déjà capitaine. Lucien, l’indépendant, l’ambitieux, est Commissaire aux armées, à celle du Nord, du Rhin, puis en Corse, mais surtout il traîne à Paris. Quant à celle vêtue de noir, devant laquelle tous s’inclinent avec respect, Letizia Bonaparte, puisqu’elle veut rentrer en Corse, on organise en souverain son voyage de retour.

Cette impression de puissance, cette certitude d’agir sur le destin des gens, quelle confiance en soi elles donnent !

Il sort sur le perron. Au loin, il aperçoit les sommets encore enneigés des Alpes. À quelques pas derrière lui se tiennent les généraux Berthier et Clarke, plus loin Lannes, Murat et Marmont.

On l’attend pour passer à table.

Des Italiens, paysans des environs ou citadins venus de Milan, sont tenus à distance par quelques-uns des trois cents légionnaires polonais qui gardent le château. Ces soldats sont des hommes gigantesques, recrutés par le prince Dombrowski, exilés comme lui de leur pays partagé, occupé. Ils sont dévoués corps et âme.

Régner, c’est susciter l’admiration et le dévouement.

Napoléon pense à Muiron sur le pont d’Arcole. Le sacrifice des hommes pour celui qu’ils ont choisi comme chef légitime l’autorité de celui-ci.

Les Italiens se pressent. Ils vont assister au dîner. Comme cela se faisait à Versailles, au temps du Roi-Soleil.

Voici qu’on annonce le marquis de Gallo, ambassadeur de Naples à Vienne.

Ils viennent ici jusqu’à moi, ceux d’avant, ceux des cours royales et impériales.

Et il y a aussi Lannes ou Murat, roturiers, soldats de la Révolution.

Cette femme qui s’avance au côté de Joséphine, c’est Saint-Huberty, une comédienne qui eut ses heures de gloire avant la Révolution et qu’on prétend mariée au comte d’Antraigues, un agent royaliste que les services de renseignement de l’armée signalent à Venise et dont on raconte qu’il est au service de la cour de Vienne, de Londres et de Louis XVIII.

Veiller à cela, donner l’ordre de le rechercher.

Voici l’ambassadeur de France Miot de Mélito qui s’arrête, attend un geste de Napoléon pour s’avancer, lui parler de la paix proche sans doute, puisque Gallo est là, que d’autres diplomates italiens arrivent. Il félicite Napoléon de la création d’une République cisalpine et d’une République ligurienne. Il l’interroge sur son rôle futur.

Se confier, parfois, parce qu’ainsi les idées prennent forme et force, qu’elles obligent ceux qui les reçoivent à se déterminer, qu’elles les font trembler ou rêver, qu’elles organisent l’avenir. Se confier pour dire des demi-vérités, entretenir le doute sur ses ambitions tout en les révélant en partie.

« Je ne voudrais quitter l’armée d’Italie, dit Napoléon, que pour jouer un rôle à peu près semblable à celui que je joue ici, et le moment n’est pas encore venu… Alors la paix est peut-être nécessaire pour satisfaire les désirs de nos “badauds” de Paris, et si elle doit se faire, c’est à moi de la faire. Si j’en laissais à un autre le mérite, ce bienfait le placerait plus haut dans l’opinion que toutes mes victoires. »

Assez parlé sérieusement, dînons.

Napoléon prend place. Il raconte des anecdotes, le plus souvent tirées de l’Histoire. Les yeux sont tous tournés vers lui.

 

Il donne le signal de la fin du dîner.

Il marche seul dans l’ombre du parc, entre les Italiens qui lancent des vivats, l’acclament du nom de « libérateur de l’Italie ». Il attend le marquis de Gallo, lui dit qu’après la paix il ambitionne de reprendre ses études d’astronomie, ou de mathématiques. Il pourrait vivre ici dans une demeure loin des rumeurs de la ville, tenant seulement pour la population des environs un rôle de juge de paix.

Joséphine les a rejoints.

« N’en croyez rien, dit-elle à Gallo de sa voix roucoulante. C’est l’esprit le plus inquiet, la tête la plus active, la plus féconde en projets au monde, et s’il cessait d’être occupé de grandes affaires, il bouleverserait chaque jour sa maison, il serait impossible de vivre avec lui. »

Elle rit.

Il la fait taire d’un regard. Il peut obtenir cela maintenant.

Il s’approche du marquis de Gallo. « Connaissez-vous le comte d’Antraigues ? » demande-t-il.

Et il s’éloigne sans attendre la réponse du marquis.

 

Berthier l’attend, dans l’un des salons du château aux lourds plafonds sculptés, aux tentures de velours sombre qui créent dans la pièce surchargée de meubles une atmosphère étouffante.

Sur l’une des tables qui lui sert de bureau, Napoléon aperçoit un gros portefeuille rouge, à la serrure dorée.

Il interroge Berthier du regard. Ce portefeuille a été saisi sur la personne du comte d’Antraigues, que le général Bernadotte, conformément aux ordres reçus, a arrêté. L’agent royaliste se trouvait en compagnie de l’ambassadeur de Russie Mordvinof. D’Antraigues possédait un passeport russe, ce qui lui avait permis de quitter Venise occupée par les troupes françaises et de franchir les premiers postes de contrôle. Bernadotte s’est emparé de lui à Trieste. Le prisonnier a été transféré à Milan.

Toute chose, tout être possède une face cachée et sombre. C’est elle, souvent, qui explique. Mais seul un petit nombre connaît ces secrets. Les autres, la foule, le peuple, ne découvrent qu’après la vérité : leur héros n’était qu’une marionnette dont on tirait les fils.

Napoléon pense à Mirabeau, si admiré et dont l’armoire de fer saisie aux Tuileries prouvait qu’il avait été payé par le roi comme l’un de ses vulgaires agents.

Napoléon, en s’aidant d’un poignard, fait sauter la serrure du portefeuille rouge. Il commence à feuilleter les pages recouvertes d’une écriture fine. Il s’arrête. Il reconnaît des noms : celui du général Pichegru, qui vient d’être élu président du Conseil des Cinq-Cents et qui est donc le chef de la réaction royaliste, l’un des membres les plus actifs du club royaliste de Clichy.

Il lit les trente-trois feuillets. Il s’agit du rapport que fait un agent royaliste, Montgaillard, à D’Antraigues. Les preuves de la trahison du général Pichegru lorsqu’il commandait l’armée de Rhin et Moselle sont accablantes. Des agents de l’armée des émigrés de Condé et les Autrichiens ont pris contact avec le général Pichegru. Il a réprimé le 1er avril 1795, avec rudesse, une émeute sans-culotte à Paris. C’est un bon signe. Montgaillard, de la part de Condé, lui propose de réaliser avec son armée un coup d’État ouvrant au rétablissement de la monarchie. En récompense de sa trahison, il recevra le bâton de maréchal, la croix de commandeur de Saint-Louis, le château de Chambord, deux millions en numéraire, payés comptant, cent vingt mille livres de rente, réversible pour moitié à sa femme, pour quart à ses enfants, et même quatre pièces de canon !

Napoléon relit. C’est comme si s’ouvrait dans la ligne ennemie une brèche. Avec ces preuves, il dispose du moyen de peser sur la situation à Paris. Il peut fournir à Barras l’instrument qui va permettre de dénoncer et de briser Pichegru et les royalistes, vainqueurs des élections, en les accusant de trahison.

Il s’est arrêté de lire. Lorsqu’il reprend sa lecture, il sursaute. Montgaillard écrit à D’Antraigues qu’il peut obtenir « avant peu un résultat de la part d’Éléonore, aussi positif que celui que j’avais obtenu de Baptiste ».

Baptiste est le pseudonyme utilisé pour désigner Pichegru. Éléonore, celui employé pour nommer Bonaparte. Montgaillard estime à trente-six mille livres le prix d’achat de Bonaparte.

Napoléon repousse les feuillets. Son nom dans ce document affaiblit les preuves contre Pichegru. Il faut donc que toute allusion à l’armée d’Italie soit supprimée. Il suffit que D’Antraigues accepte de parapher des feuillets limités à l’affaire Pichegru. On ne peut pas se priver d’une telle arme.

— Qu’on conduise D’Antraigues au château, dit Napoléon.

 

C’est la nuit. La pièce est sombre. Napoléon regarde entrer D’Antraigues. L’homme est élégant et sûr de lui. Pourtant son visage exprime l’anxiété. Il voit d’abord Berthier, puis reconnaît Napoléon. Il proteste d’une voix véhémente. Il dispose d’un passeport russe. Il est diplomate.

— Bah, bah, les passeports, pourquoi se fie-t-on à des passeports ? dit Napoléon. Je ne vous ai laissé donner un passeport que pour être mieux assuré de vous prendre.

— On ne connaît pas ce nouveau droit politique en Russie, dit D’Antraigues.

— Eh bien, on l’y connaîtra. Que l’Empereur prenne cet événement comme il voudra, cela nous est égal. Si j’avais été à Trieste, son ambassadeur eût été arrêté, ses effets pris, ainsi que ses papiers, et je l’aurais renvoyé seul en porter la nouvelle en Russie. Vous êtes mon prisonnier, je ne veux pas vous relâcher.

Il faut donner un coup de boutoir pour désarçonner l’adversaire afin qu’il sache quelle est la résolution de celui qu’il a en face de lui.

— Parlons maintenant d’autre chose.

Napoléon fait asseoir D’Antraigues sur un grand canapé, prend place à son côté pendant que Berthier pousse devant eux une petite table sur laquelle sont disposés les papiers extraits du portefeuille rouge.

Jauger un homme. Savoir ce qu’il faut de flatterie et de menace pour le faire céder, c’est ainsi qu’on acquiert le pouvoir d’influencer, de diriger et de conduire les autres hommes.

— Vous êtes trop éclairé, commence Napoléon, vous avez trop de génie pour ne pas juger que la cause que vous avez défendue est perdue. Les peuples sont las de combattre pour des imbéciles et les soldats pour des poltrons. La révolution est faite en Europe. Il faut qu’elle ait son cours. Voyez les armées des rois : les soldats sont bons, les officiers mécontents et elles sont battues.

Napoléon rassemble les papiers.

— Une nouvelle faction existe en France, dit-il. Je veux l’anéantir. Il faut nous aider à cela, et alors vous serez content de nous… Tenez, signez ces papiers, je vous le conseille.

Il tend les feuillets expurgés. D’Antraigues proteste. On a ouvert son portefeuille. Il ne reconnaît pas ses papiers.

Napoléon se lève, s’exclame.

— Bah, bah, vous vous foutez de moi ! Tout cela est fol, cela n’a pas le sens commun. J’ai ouvert votre portefeuille parce que cela m’a plu. Les armées ne connaissent pas les formes d’un tribunal. Je ne vous demande pas de reconnaître vos papiers : je vous demande de signer ces quatre cahiers-là…

Napoléon lui offre en contrepartie de récupérer ses biens en France, et même de bénéficier d’un poste à l’ambassade de Vienne.

— Je ne veux, Monsieur, aucune de vos propositions, reprend D’Antraigues.

Qu’imagine ce naïf ? Dans quel monde croit-il vivre ?

— Des preuves, des preuves ! Oh ! Fort bien, s’il en faut on en fera !

Il faut que cet homme cède.

 

Quelques jours plus tard, Napoléon croise l’épouse de D’Antraigues qui vient, avec son jeune fils de cinq ans, rendre visite à Joséphine de Beauharnais.

Napoléon se dirige vers elle : il faut aussi savoir exagérer la colère qui vous habite.

— Peut-être demain à six heures votre mari sortira-t-il de prison, et je vous l’enverrai à onze heures avec dix balles dans le ventre, dit-il.

Saint-Huberty serre son fils contre elle. Elle crie, l’enfant pleure.

— Mon fils n’est-il pas mûr aussi pour la boucherie ? hurle-t-elle. Quant à moi, je vous conseille de me faire fusiller, car je vous assassinerai partout où je le pourrai…

Joséphine entre, entraîne Saint-Huberty qui lui lance : « Vous m’aviez dit Robespierre mort, Madame, le voilà ressuscité. Il a soif de notre sang. Il fera bien de le répandre, car je vais à Paris et j’y obtiendrai justice… »

Robespierre ?

Se souvenant du frère de Maximilien, Napoléon, en s’éloignant, s’interroge. Peut-être ces hommes-là, terroristes, même s’ils gouvernèrent par la guillotine, étaient-ils d’abord des naïfs.

D’Antraigues, le 9 juin 1796, accepte de recopier les seize pages remaniées et de les signer. Le portefeuille rouge est expédié à Barras. Les triumvirs du Directoire ont désormais contre Pichegru et les députés royalistes, contre les membres du club de Clichy, une arme décisive.

— Mon ouvrage, dit Napoléon.

Il donne l’ordre qu’on laisse D’Antraigues sortir librement en échange de la promesse de ne pas s’évader.

Qu’il vive. Qu’il s’évade même s’il veut. Le traître ne peut plus rien.

Ou plutôt si. On ouvre sa correspondance, on transmet ses lettres à Napoléon.

Un soir, en marchant lentement à travers son bureau, Napoléon lit le portrait que D’Antraigues trace de lui. Il s’arrête souvent comme devant un miroir.

« Ce génie destructeur, écrit D’Antraigues, … pervers, atroce, méchant, fécond en ressources, s’irritant des obstacles, comptant l’existence pour rien et l’ambition pour tout, voulant être le maître et résolu à périr ou à le devenir, n’ayant de frein sur rien, n’appréciant les vices et les vertus que comme des moyens et n’ayant que la plus profonde indifférence pour l’un ou l’autre, est le cachet de l’homme d’État. Naturellement violent à l’excès mais se refrénant par l’exercice d’une cruauté plus réfléchie qui lui fait suspendre ses fureurs, ajourner ses vengeances, et étant physiquement et moralement dans l’impossibilité d’exister un seul moment en repos… Bonaparte est un homme de petite stature, d’une chétive figure, les yeux ardents, quelque chose dans le regard et la bouche d’atroce, de dissimulé, de perfide, parlant peu, mais se livrant à la parole quand sa vanité est en jeu ou qu’elle est contrariée ; d’une santé très mauvaise, par suite d’une âcreté de sang. Il est couvert de dartres, et ces sortes de maladies accroissent sa violence et son activité.

« Cet homme est toujours occupé de ses projets, et cela, sans distraction. Il dort trois heures par nuit, ne prend des remèdes que lorsque les souffrances sont insupportables.

« Cet homme veut maîtriser la France et, par la France, l’Europe. Tout ce qui n’est pas cela lui paraît, même dans ses succès, ne lui offrir que des moyens. Ainsi il vole ouvertement, il pille tout, il se forme un trésor énorme en or, argent, bijoux, pierreries. Mais il ne tient à cela que pour s’en servir. Ce même homme qui volera à fond une communauté donnera un million sans hésiter à l’homme qui peut le servir… Avec lui un marché se fait en deux mots et deux minutes. Voilà ses moyens de séduire. »

 

Suis-je ainsi ?

Napoléon sort dans le parc du château de Mombello.

Il marche. Le vent s’est levé en bourrasque comme souvent le soir, après les violentes chaleurs de l’après-midi. L’orage n’éclate pas toujours, mais l’air est si chargé de foudre qu’il crépite, et parfois semble se déchirer. Les éclairs illuminent le ciel noirâtre au loin, vers les lacs et les montagnes.

On me voit ainsi. Mes ennemis.

Vouloir devenir, vouloir imposer sa marque, c’est susciter la calomnie, la haine des envieux, des rivaux.

On ne peut être sans ennemi. Ceux qui ne sont pas haïs ne sont rien. Ne font rien.

Suis-je ainsi ?

Je suis.