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Revenant d'une reconstitution d'agression mortelle
au cutter pour un refus de cigarette ayant eu lieu quelques mois
plus tôt près de la gare Saint-Jean, qui l'a immobilisé toute la
matinée, Hugo Fargeat-Touret trouve sur son bureau un message de
Sonia Dambo : « Je veux ton témoignage dans la tentative
d'escroquerie de la BGD. Tu préfères convoc officielle ou
comparution volontaire ? Dans ce second cas, je propose
aujourd'hui 17 h. Dis-moi, dès ton retour. Sonia. »
Elle se paie ma tête ! Qu'est-ce que j'en
sais de l'escroquerie ? Que dalle ! Elle ne va tout de
même pas essayer de me coller une complicité sur le dos, ça serait
la meilleure ! Il décroche le téléphone et cherche à
joindre maître Bruno Ravalec, le ténor du barreau hors de prix et
injoignable pour cause de préoccupations éditoriales qu'il
recommandait six jours plus tôt à Valérie.
Par chance, l'avocat est disponible.
Bras chargés d'états comptables réunis en liasses,
vaste sourire à la Fernandel, la lieutenant Yvette Chevillon
débarque dans la tanière de l'ours Bensoussan.
– Deux infos, patron ! Une confirmation,
une nouveauté. Les experts déclarent que les ordres de mission
signés par Puymireau qu'on nous a fait pêcher dans la 605 sont des
faux. Rien ne colle, ni les qualités techniques du papier, ni les
encres d'impression, ni l'examen graphologique de la
signature.
– Ça confirme mon idée
que Vérane m'a entubé ! Deuxième info ?
La messagère est déçue.
– C'est tout l'effet que ça vous fait, la
première ? On a cherché à nous foutre dedans !
Bensoussan se crispe.
– La deuxième ?
Poh, poh ! terrain
miné ! Chevillon déverse son chargement sur le
bureau.
– Valérie Lataste dit vrai. La compta de
Dubreuil affiche dans son livre de banque des sorties en espèces de
montants élevés et tarabiscotés que ne justifie aucune
contrepartie. Elles surviennent chaque fois qu'il a reçu un
paiement d'une société Sobotrapp. Ces retraits correspondent à un
pourcentage précis, au centime près, de chaque facture acquittée…
Ça empeste la rétro-commission.
Elle a étalé les documents, mettant en évidence,
au fur et à mesure, d'un doigt maigre et assuré, libellés,
montants, dates, taux de ponctions qu'elle a notés en marge au
crayon…
– Je suppose que vous vous êtes renseignée
sur Sobotrapp…
– Exact. Société bordelaise de travaux
publics et privés…
– Vaste gamme !
– Là aussi, ça se recoupe avec les diverses
déclarations de Lataste. La Sobotrapp est gérée par une certaine
Berthe Vigouroux, ex-miss Aquitaine, quatrième épouse de Jean-Denis
Moran depuis mai 97.
– On se retrouve en pays de
connaissance.
– Ouais. On fait quoi ? On avertit le
proc ?
Bensoussan fourrage sa barbe.
– Je vous rappelle qu'on enquête sur les
liens qui peuvent exister entre des pratiques financières
délictueuses et le suicide de Dubreuil. Il y a gros à parier que
Mme Moran ne soit qu'une femme de paille. Ce n'est pas elle
qui m'intéresse, c'est son mari… Sur la seule base des éléments que
nous avons, il est difficile de s'attaquer à lui ouvertement.
– On va pas se déballonner ?!
Le commissaire fronce les sourcils.
– Qui dit ça ? Vous avez des indices
accusant formellement Moran de crime ou de délit ?
– Un début.
– Il me faut plus qu'un début… Creusez. On
poursuit la préliminaire jusqu'à ce qu'on ait un vrai suspect à
présenter au parquet, avec un joli costard taillé sur mesure.
– Ça me va.
– J'avise la substitut Le Guen.
Chevillon s'éloigne en remportant son fardeau… Et
revient sur ses pas.
– Ah, au fait… Il lui arrive quoi à
Matthieu ? Il tire une de ces tronches !
– Il fait la gueule, parce que je l'ai écarté
de cette enquête pour lui confier une étude sur le financement des
dépassements de délais et de coût des travaux du pont
d'Aquitaine.
– Y a un blème ?
– J'ignore mais… j'aimerais en savoir
plus.
Mine ahurie de la lieutenant.
– Ah bon. Ça sent la
mise au placard.
Elle sort sans insister. Il compose le numéro
d'Agnès Le Guen.
Par un texto, Hugo avait fait savoir à Sonia Dambo
qu'il acceptait le rendez-vous à 17 heures qu'elle lui
proposait. Elle avait pensé que la rencontre aurait lieu sans
formalité. Aussi, quand elle l'a vu arriver avec Me Ravalec – mâchoire carnassière, crinière de
vieux lion –, elle a fait une drôle de tête. Il balise, mon Totor ! L'aurait pas des saletés à se
reprocher, par hasard ? S'il déconne, je
l'atomise.
L'échange s'est engagé et poursuivi sans aucune
familiarité. D'un accord tacite venu spontanément, devant greffière
et avocat, les anciens amants ont opté pour le vouvoiement.
Ravalec, qui ignore la liaison passée de son client et de la juge,
ne peut en rien la soupçonner. Maguy Charensol, instruite des
antécédents, est frappée par la froideur régnant. La rupture a pas dû se passer dans la
joie !
Le témoin a confirmé « tous les faits
objectifs, connus de moi, énoncés par Mlle Lataste ». En
revanche, il s'est refusé « à la suivre sur des suppositions
et des conclusions hâtives qui peuvent fort bien avoir été dictées
par l'émotivité et ne reposent pas sur des constats avérés que
j'aurais été amené à faire moi-même ».
Le lâchage manifeste déplaît souverainement à
Sonia Dambo. Il est toujours aussi prompt à se
défiler !
– Avez-vous entendu Mlle Lataste mettre
en cause, nommément, une ou plusieurs personnes ?
– Elle veut que je parle
de Collin et Moran… Je comprends bien que vous souhaitez
m'entendre prononcer ici certains noms… qui, dans ma bouche,
prendraient éventuellement une force plus probante que dans celle
de Mlle Lataste… mais je ne le peux pas.
– Courage,
fuyons ! Vous refusez ?
– Je ne le peux pas.
– Il s'agit simplement de témoigner de propos
tenus par la prévenue.
– Je réitère… Je ne souhaite pas que ma
parole conforte ce qui n'est peut-être que calomnie.
– Bien. Je veux te
coincer. Alors, je vais formuler ma question autrement…
Avez-vous entendu Mlle Lataste citer Jean-Denis
Moran ?
Hugo s'agite. Si je réponds
oui, elle va demander à quelle occasion. Ravalec vole à son
secours.
– M. Fargeat-Touret a déclaré ce qu'il
avait à dire, madame le juge. Je me permets de vous faire remarquer
que vous tentez d'orienter son témoignage.
Sonia Dambo ronge son frein. Il n'a aucun désir de venir en aide à sa copine, il n'a
toujours roulé que pour lui, ce salaud !
Elle adresse un regard noir à Maguy
Charensol.
– Je retire ma question.
En désapprouvant d'un mouvement répété du menton,
Maguy efface les deux dernières interventions.
L'avocat s'apprête à se lever, imité par Hugo,
quand Sonia force le ton.
– Je n'en ai pas terminé !
À dessein, Ravalec consulte ostensiblement sa
montre.
– Désolée de vous retarder, maître. Vous
pouvez disposer, si vous avez un rendez-vous. Votre présence n'est
en rien requise par les textes.
– Madame, dans le cas qui nous occupe, la
prudence me dicte de ne pas m'en tenir aux textes.
Les deux hommes rectifient leur assise.
– M. Fargeat-Touret…
– Madame le juge…
– Sale
lâcheur ! Confirmez-vous que, lors de votre
intervention dans la forêt, l'officier de police judiciaire Chantal
Provost a relevé, sur votre ordre, les identités des personnes
ayant aidé le commandant Jean Gourdon à se saisir de
Mlle Lataste ?
– C'est exact.
– Une liste de ces identités vous a été
remise…
– Oui.
– Qu'en avez-vous fait ?
– Je l'ai donnée au commissaire Siméon
Bensoussan, lors de la mise en garde à vue de Valérie… Elle aurait
été égarée… Je me souviens d'un nom qui y figurait : Bousquet…
Fernand Bousquet. Mais il ne fait pas de doute que le commandant
Gourdon connaisse ces noms. Et je suis bien
certain qu'il les aura oubliés !
– Je vais le convoquer.
Signe de tête à Maguy. L'auxiliaire
enregistre.
– Allez, je te fais un
cadeau. Je me suis informé sur ledit Bousquet. Il a été
électromécanicien aux usines Marcel-Dassault, tout en étant agent
des Renseignements généraux. C'est un ancien membre du Comité ordre
et action, aujourd'hui dissous.
Sonia sourit.
– Une manière de me
donner Collin, sans le citer. Je reconnais bien là ta
prudence. Intéressant.
– D'autant plus intéressant quand on se
rappelle que Joël Ardinaud, l'ancien compagnon de
Mlle Lataste, a récemment perdu la vie à cause d'un ascenseur
dont l'électromécanique s'est révélée défaillante.
– Finalement, tu ne la
lâches pas totalement, ta Julie ! Quel rapport avec la
tentative d'escroquerie de la BGD ?
– Je suis persuadé que Mlle Lataste s'en
est ouverte à vous.
– Ce n'est pas sur ce dont vous êtes persuadé
que je veux vous entendre, mais sur ce que vous savez.
– Je m'en tiens aux faits vérifiables. À vous
d'établir les corrélations qu'ils peuvent avoir entre eux… Quoi que
vous pensiez de la circonspection de mon témoignage, madame le
juge, je vous assure que je déplore vivement de ne pouvoir diriger
moi-même l'enquête.
Elle le dévisage, avec un sourire sceptique.
– Je ne suis pas sûre
que tu aimerais risquer ta peau sur les terres de Vautrin.
Ne vous inquiétez pas. Quels que soient les noms des personnes que
votre silence tend à protéger, aussi réputées soient-elles, je
ferai la lumière.
Hugo sourit. Je t'en sais
capable.
Je tape ça ?! Par
une interrogation du coin de l'œil, Maguy s'enquiert de la suite à
donner à ce qui lui semble être une fanfaronnade.
Sonia valide. La greffière prend acte ; elle
frappe.
Une nouvelle obsession hante Reine qui, depuis la
mi-journée où elle a consenti à avaler un thé et deux biscuits à la
cuiller, n'a pas quitté le bosquet touffu de ficus envahissant
l'angle gauche de la véranda.
– Qui va payer les frais d'enterrement
d'Anita ? Il n'est pas question que ce soit nous !
Louis soupire.
– Et allez ! c'est
reparti ! Je t'ai déjà dit, Nanou, on verra ça avec ses
parents, ils seront là demain.
– Je ne veux pas qu'ils viennent s'installer
ici, hein ! Il n'en est pas question !
– Mais non, ils ont une clé de la maison
d'Artigues…
– Comment tu sais ça ? Tu les as
vus ?
– Comment je les aurais vus ? Je ne te
quitte pas d'une semelle, et ils ne seront en France que demain…
Réfléchis un peu. Elle perd la tête. Je
leur ai téléphoné à Burgos. Sa mère parle couramment français,
rappelle-toi.
– Faudra voir pour la date des
obsèques.
– Tu sais bien qu'il faut attendre que la
justice nous restitue les corps.
– Ah oui, c'est vrai.
– D'ailleurs… Je peux
toujours ressayer… Il faudrait qu'on se décide à voir le
curé.
– Ah ! non ! Ah ! ça
non ! Je t'ai déjà dit non !
– Comme quoi, elle ne
perd pas totalement le nord. Si tu veux une messe
d'enterrement, il est indispensable de passer par l'abbé Janson. Il
a appelé à trois reprises, il souhaite te voir… Tu l'aimes bien,
Janson.
– Je ne crois plus en eux.
– Mais Reine, tu y as cru pendant plus de
soixante ans, ce n'est pas maintenant que tu vas renoncer.
– Ils mentent… Ils mentent ! Leurs
écritures sont falsifiées. Si Dieu voulait s'adresser aux hommes,
Il n'aurait pas besoin de mots sur du papier. Sa voix s'entendrait
d'un bout à l'autre du monde. Ce sont des faussaires. Un Dieu bon
et tout-puissant ne laisserait pas se réaliser toutes les horreurs
qui nous entourent… Et toutes celles du passé. Quelles
abominations… Auschwitz. Quelle horreur… Auschwitz. Mon Dieu.
– Tu disais que Dieu laissait faire pour nous
prouver que notre système humain n'était pas le bon. Que Lui seul
avait le mode d'emploi.
Elle secoue la tête en émettant des
bredouillements inintelligibles. Quelle
honte ! Quelle honte ! Elle se met à
pleurer.
– Quel père aimant et tout-puissant
laisserait subir à ses enfants ce qu'Il nous laisse subir ?…
Tous les prêtres de toutes les religions nous mentent. Ils font
comme s'ils savaient, pour maintenir leur fonds de commerce…
– Nanou… Incroyable !
– … mais ils n'en savent pas plus que nous…
Dieu est peut-être tout-puissant mais Il a eu le tort de créer le
diable, son semblable en négatif. Regarde, quand il s'est incarné
dans le corps de Jésus, le diable a vaincu l'humain qu'il était, en
le clouant sur une croix. Cloué ! Tu imagines !
Cloué ! L'esprit saint l'a ressuscité, mais la lutte s'est
perpétuée. Satan a continué à faire crucifier, lapider, brûler,
exterminer… Et le combat se poursuit encore… Si la toute-puissance
existe, chaque jour, la toute-puissance du mal annihile la
toute-puissance du bien. Quelle erreur Dieu a commise en créant
Satan… Quelle erreur !
Louis est venu la prendre par les épaules. Il la
serre contre lui.
– Tu disais qu'après la mort, tout rentrait
dans l'ordre.
Elle le dévisage, les yeux mouillés.
– Je ne sais plus… Je ne sais plus, Louis… Je
ne sais plus.
Elle fond en larmes.
– Ça me coûte tant de ne plus croire…
Pourquoi Dieu laisse mourir les enfants avant leurs
parents ?
Il secoue la tête, hébété.
– C'est une telle
monstruosité. Je n'ai pas de réponse, Nanou… Tu disais que
la vie au-delà devait être magnifique… Ce serait sa seule
excuse.
– Je ne l'admets pas. C'est trop cruel pour
ceux qui restent. C'était si bien quand Laurent et les petits
vivaient.
– … et Anita aussi.
Reine fronce les sourcils, faisant effort.
– Qui est Anita ?
Une bouffée de peur explose dans la gorge et la
poitrine de Louis.
Il pleut derrière l'imposte à barreaux qui occupe
toute la largeur de la cellule et la fenêtre de même nature s'y
raccordant du côté droit. Les jours de beau temps, les tringles
d'acier tiennent office de séchoir au linge des détenus sans
famille pour assurer l'entretien.
Lorsqu'elle l'a vue revenir de la promenade, le
nez sanguinolent et le front rougi, Usucapion, qui avait refusé de
sortir, a consenti à adresser quelques mots à sa compagne.
– Un bec de gaz ?
– C'est ça.
Elle se prénomme Thérèse, elle est
« tombée » pour voies de fait sur « la pute qui m'a
piqué mon mec ». Quand Valérie a dit qu'elle était ici à cause
d'une tentative d'escroquerie dont elle n'était pas coupable, elle
a ri de bon cœur, un rire catarrheux de grosse fumeuse.
– Y a plein de filles ici qui chantent la
même chanson que toi ! Moi j'assume ! Je lui ai bombé
l'arête à l'autre pouffe, et je recommencerai si je la retrouve en
travers de mon chemin !
– Vous faites souvent le coup de
poing ?
– Quand i' faut, i' faut.
Et elle est retournée devant sa télé qui occupe la
quasi-totalité de son temps. Valérie est passée aux WC, sans autre
séparation qu'un muret d'un mètre devant permettre une surveillance
par l'œilleton. Ça pue ! Heureusement
qu'y a la fumée de cette pauvre fille pour masquer. J'ai honte pour
mon pays ! Elle a tendu une serviette de toilette pour
s'isoler à demi. La sensation de devoir uriner et déféquer en
public lui est très désagréable. Une brimade de plus !
Ils ont dû enterrer Joël. Sa pauvre mère a dû
me détester de ne pas y assister. Faut que je lui écrive pour lui
expliquer. Pourquoi papa n'est pas venu ? Est-ce que Carole
Aubertin l'a mis au courant ? Et Hugo ? Pourquoi il ne me
donne pas signe de vie ? Mais c'est moi qui n'ai plus de vie
entre ces murs ! Vu les formalités qu'il faut pour obtenir un
droit de visite, c'est pas sûr que papa les fasse. Surtout s'il
sait que je n'en ai que pour quelques jours… Est-ce qu'Hugo
viendra ?… Ça doit faire tache pour un substitut de fréquenter
une prévenue. Un frein dans la carrière. Il n'osera pas risquer le
coup, c'est pas un téméraire, Hugo… Surtout que mes empreintes sur
les blisters à côté de celles de Ridouet ont dû salement
l'impressionner… Et papa aussi, si on lui a dit… Ils vont tous me
laisser tomber… Même Sophie doit me croire coupable… Et toute la
BGD, d'ailleurs. Tyranneau de Bergerac doit se régaler ! Elle
doit en entendre, Sophie, à mon propos ! Elle tire la
chasse, les yeux fixés sur le tourbillon de ses excréments.
Ma vie est en train de ressembler à ça… C'est
foutu pour le réveillon de demain soir… Mon Dieu, la Noël des
parents de Dubreuil et de sa femme ! Quelle tragédie !…
Je ne pourrai jamais me sortir de la tête que j'y ai une grande
part de responsabilité. Peut-être est-ce cette culpabilité-là que
la prison me fait payer ?
Un résidu d'étron est resté collé dans la cuvette
noircie par le tartre. Valérie passe la balayette et tire à nouveau
la chasse.
Le temps s'est radouci. On sent que demain, il
fera presque chaud.
Sa journée finie, en quittant l'énorme nef de
béton blanc de l'hôtel de police pour aller prendre le tout nouveau
tramway à la ponctualité incertaine, le capitaine Manuel Lavergne –
boule de billard protégée par une toque d'astrakan décollant un peu
plus ses oreilles charnues – casse son long nez sur le lieutenant
Nguyên Tan Phat qui regagne ses pénates à vélo. La rencontre
inopportune, face à la nécropole de la Chartreuse, le rend hilare
et prolixe. Le gniak rentre bouffer ses
nems !
– J'ai du nouveau, sur ton agitée qui voulait
une protection rapprochée ! T'as pas à faire de complexes.
Elle s'est bourrée la gueule. La seule responsable de sa mort et de
celle de ses gosses, c'est elle ! En se cuitant comme elle
s'est cuitée, pas étonnant qu'elle voyait des éléphants roses rôder
dans son jardin ! Passe une bonne nuit ! T'y es pour
rien !
Il traverse en direction du terminal de Mériadeck,
laissant le cycliste pantois, pied droit rivé au sol. Elle buvait, cette femme ?… J'aurais jamais
cru !
Devant la trésorerie générale, un père Noël marche
à pas pressés.
Le même soir, un coup de fil dépourvu de toute
émotion apprend à Louis Dubreuil que les corps des siens sont tenus
à sa disposition.