24
Revenant d'une reconstitution d'agression mortelle au cutter pour un refus de cigarette ayant eu lieu quelques mois plus tôt près de la gare Saint-Jean, qui l'a immobilisé toute la matinée, Hugo Fargeat-Touret trouve sur son bureau un message de Sonia Dambo : « Je veux ton témoignage dans la tentative d'escroquerie de la BGD. Tu préfères convoc officielle ou comparution volontaire ? Dans ce second cas, je propose aujourd'hui 17 h. Dis-moi, dès ton retour. Sonia. » Elle se paie ma tête ! Qu'est-ce que j'en sais de l'escroquerie ? Que dalle ! Elle ne va tout de même pas essayer de me coller une complicité sur le dos, ça serait la meilleure ! Il décroche le téléphone et cherche à joindre maître Bruno Ravalec, le ténor du barreau hors de prix et injoignable pour cause de préoccupations éditoriales qu'il recommandait six jours plus tôt à Valérie.
Par chance, l'avocat est disponible.


Bras chargés d'états comptables réunis en liasses, vaste sourire à la Fernandel, la lieutenant Yvette Chevillon débarque dans la tanière de l'ours Bensoussan.
– Deux infos, patron ! Une confirmation, une nouveauté. Les experts déclarent que les ordres de mission signés par Puymireau qu'on nous a fait pêcher dans la 605 sont des faux. Rien ne colle, ni les qualités techniques du papier, ni les encres d'impression, ni l'examen graphologique de la signature.
– Ça confirme mon idée que Vérane m'a entubé ! Deuxième info ?
La messagère est déçue.
– C'est tout l'effet que ça vous fait, la première ? On a cherché à nous foutre dedans !
Bensoussan se crispe.
– La deuxième ?
Poh, poh ! terrain miné ! Chevillon déverse son chargement sur le bureau.
– Valérie Lataste dit vrai. La compta de Dubreuil affiche dans son livre de banque des sorties en espèces de montants élevés et tarabiscotés que ne justifie aucune contrepartie. Elles surviennent chaque fois qu'il a reçu un paiement d'une société Sobotrapp. Ces retraits correspondent à un pourcentage précis, au centime près, de chaque facture acquittée… Ça empeste la rétro-commission.
Elle a étalé les documents, mettant en évidence, au fur et à mesure, d'un doigt maigre et assuré, libellés, montants, dates, taux de ponctions qu'elle a notés en marge au crayon…
– Je suppose que vous vous êtes renseignée sur Sobotrapp…
– Exact. Société bordelaise de travaux publics et privés…
– Vaste gamme !
– Là aussi, ça se recoupe avec les diverses déclarations de Lataste. La Sobotrapp est gérée par une certaine Berthe Vigouroux, ex-miss Aquitaine, quatrième épouse de Jean-Denis Moran depuis mai 97.
– On se retrouve en pays de connaissance.
– Ouais. On fait quoi ? On avertit le proc ?
Bensoussan fourrage sa barbe.
– Je vous rappelle qu'on enquête sur les liens qui peuvent exister entre des pratiques financières délictueuses et le suicide de Dubreuil. Il y a gros à parier que Mme Moran ne soit qu'une femme de paille. Ce n'est pas elle qui m'intéresse, c'est son mari… Sur la seule base des éléments que nous avons, il est difficile de s'attaquer à lui ouvertement.
– On va pas se déballonner ?!
Le commissaire fronce les sourcils.
– Qui dit ça ? Vous avez des indices accusant formellement Moran de crime ou de délit ?
– Un début.
– Il me faut plus qu'un début… Creusez. On poursuit la préliminaire jusqu'à ce qu'on ait un vrai suspect à présenter au parquet, avec un joli costard taillé sur mesure.
– Ça me va.
– J'avise la substitut Le Guen.
Chevillon s'éloigne en remportant son fardeau… Et revient sur ses pas.
– Ah, au fait… Il lui arrive quoi à Matthieu ? Il tire une de ces tronches !
– Il fait la gueule, parce que je l'ai écarté de cette enquête pour lui confier une étude sur le financement des dépassements de délais et de coût des travaux du pont d'Aquitaine.
– Y a un blème ?
– J'ignore mais… j'aimerais en savoir plus.
Mine ahurie de la lieutenant.
– Ah bon. Ça sent la mise au placard.
Elle sort sans insister. Il compose le numéro d'Agnès Le Guen.


Par un texto, Hugo avait fait savoir à Sonia Dambo qu'il acceptait le rendez-vous à 17 heures qu'elle lui proposait. Elle avait pensé que la rencontre aurait lieu sans formalité. Aussi, quand elle l'a vu arriver avec Me Ravalec – mâchoire carnassière, crinière de vieux lion –, elle a fait une drôle de tête. Il balise, mon Totor ! L'aurait pas des saletés à se reprocher, par hasard ? S'il déconne, je l'atomise.
L'échange s'est engagé et poursuivi sans aucune familiarité. D'un accord tacite venu spontanément, devant greffière et avocat, les anciens amants ont opté pour le vouvoiement. Ravalec, qui ignore la liaison passée de son client et de la juge, ne peut en rien la soupçonner. Maguy Charensol, instruite des antécédents, est frappée par la froideur régnant. La rupture a pas dû se passer dans la joie !
Le témoin a confirmé « tous les faits objectifs, connus de moi, énoncés par Mlle Lataste ». En revanche, il s'est refusé « à la suivre sur des suppositions et des conclusions hâtives qui peuvent fort bien avoir été dictées par l'émotivité et ne reposent pas sur des constats avérés que j'aurais été amené à faire moi-même ».
Le lâchage manifeste déplaît souverainement à Sonia Dambo. Il est toujours aussi prompt à se défiler !
– Avez-vous entendu Mlle Lataste mettre en cause, nommément, une ou plusieurs personnes ?
– Elle veut que je parle de Collin et Moran… Je comprends bien que vous souhaitez m'entendre prononcer ici certains noms… qui, dans ma bouche, prendraient éventuellement une force plus probante que dans celle de Mlle Lataste… mais je ne le peux pas.
– Courage, fuyons ! Vous refusez ?
– Je ne le peux pas.
– Il s'agit simplement de témoigner de propos tenus par la prévenue.
– Je réitère… Je ne souhaite pas que ma parole conforte ce qui n'est peut-être que calomnie.
– Bien. Je veux te coincer. Alors, je vais formuler ma question autrement… Avez-vous entendu Mlle Lataste citer Jean-Denis Moran ?
Hugo s'agite. Si je réponds oui, elle va demander à quelle occasion. Ravalec vole à son secours.
– M. Fargeat-Touret a déclaré ce qu'il avait à dire, madame le juge. Je me permets de vous faire remarquer que vous tentez d'orienter son témoignage.
Sonia Dambo ronge son frein. Il n'a aucun désir de venir en aide à sa copine, il n'a toujours roulé que pour lui, ce salaud !
Elle adresse un regard noir à Maguy Charensol.
– Je retire ma question.
En désapprouvant d'un mouvement répété du menton, Maguy efface les deux dernières interventions.
L'avocat s'apprête à se lever, imité par Hugo, quand Sonia force le ton.
– Je n'en ai pas terminé !
À dessein, Ravalec consulte ostensiblement sa montre.
– Désolée de vous retarder, maître. Vous pouvez disposer, si vous avez un rendez-vous. Votre présence n'est en rien requise par les textes.
– Madame, dans le cas qui nous occupe, la prudence me dicte de ne pas m'en tenir aux textes.
Les deux hommes rectifient leur assise.
– M. Fargeat-Touret…
– Madame le juge…
– Sale lâcheur ! Confirmez-vous que, lors de votre intervention dans la forêt, l'officier de police judiciaire Chantal Provost a relevé, sur votre ordre, les identités des personnes ayant aidé le commandant Jean Gourdon à se saisir de Mlle Lataste ?
– C'est exact.
– Une liste de ces identités vous a été remise…
– Oui.
– Qu'en avez-vous fait ?
– Je l'ai donnée au commissaire Siméon Bensoussan, lors de la mise en garde à vue de Valérie… Elle aurait été égarée… Je me souviens d'un nom qui y figurait : Bousquet… Fernand Bousquet. Mais il ne fait pas de doute que le commandant Gourdon connaisse ces noms. Et je suis bien certain qu'il les aura oubliés !
– Je vais le convoquer.
Signe de tête à Maguy. L'auxiliaire enregistre.
– Allez, je te fais un cadeau. Je me suis informé sur ledit Bousquet. Il a été électromécanicien aux usines Marcel-Dassault, tout en étant agent des Renseignements généraux. C'est un ancien membre du Comité ordre et action, aujourd'hui dissous.
Sonia sourit.
– Une manière de me donner Collin, sans le citer. Je reconnais bien là ta prudence. Intéressant.
– D'autant plus intéressant quand on se rappelle que Joël Ardinaud, l'ancien compagnon de Mlle Lataste, a récemment perdu la vie à cause d'un ascenseur dont l'électromécanique s'est révélée défaillante.
– Finalement, tu ne la lâches pas totalement, ta Julie ! Quel rapport avec la tentative d'escroquerie de la BGD ?
– Je suis persuadé que Mlle Lataste s'en est ouverte à vous.
– Ce n'est pas sur ce dont vous êtes persuadé que je veux vous entendre, mais sur ce que vous savez.
– Je m'en tiens aux faits vérifiables. À vous d'établir les corrélations qu'ils peuvent avoir entre eux… Quoi que vous pensiez de la circonspection de mon témoignage, madame le juge, je vous assure que je déplore vivement de ne pouvoir diriger moi-même l'enquête.
Elle le dévisage, avec un sourire sceptique.
– Je ne suis pas sûre que tu aimerais risquer ta peau sur les terres de Vautrin. Ne vous inquiétez pas. Quels que soient les noms des personnes que votre silence tend à protéger, aussi réputées soient-elles, je ferai la lumière.
Hugo sourit. Je t'en sais capable.
Je tape ça ?! Par une interrogation du coin de l'œil, Maguy s'enquiert de la suite à donner à ce qui lui semble être une fanfaronnade.
Sonia valide. La greffière prend acte ; elle frappe.


Une nouvelle obsession hante Reine qui, depuis la mi-journée où elle a consenti à avaler un thé et deux biscuits à la cuiller, n'a pas quitté le bosquet touffu de ficus envahissant l'angle gauche de la véranda.
– Qui va payer les frais d'enterrement d'Anita ? Il n'est pas question que ce soit nous !
Louis soupire.
– Et allez ! c'est reparti ! Je t'ai déjà dit, Nanou, on verra ça avec ses parents, ils seront là demain.
– Je ne veux pas qu'ils viennent s'installer ici, hein ! Il n'en est pas question !
– Mais non, ils ont une clé de la maison d'Artigues…
– Comment tu sais ça ? Tu les as vus ?
– Comment je les aurais vus ? Je ne te quitte pas d'une semelle, et ils ne seront en France que demain… Réfléchis un peu. Elle perd la tête. Je leur ai téléphoné à Burgos. Sa mère parle couramment français, rappelle-toi.
– Faudra voir pour la date des obsèques.
– Tu sais bien qu'il faut attendre que la justice nous restitue les corps.
– Ah oui, c'est vrai.
– D'ailleurs… Je peux toujours ressayer… Il faudrait qu'on se décide à voir le curé.
– Ah ! non ! Ah ! ça non ! Je t'ai déjà dit non !
– Comme quoi, elle ne perd pas totalement le nord. Si tu veux une messe d'enterrement, il est indispensable de passer par l'abbé Janson. Il a appelé à trois reprises, il souhaite te voir… Tu l'aimes bien, Janson.
– Je ne crois plus en eux.
– Mais Reine, tu y as cru pendant plus de soixante ans, ce n'est pas maintenant que tu vas renoncer.
– Ils mentent… Ils mentent ! Leurs écritures sont falsifiées. Si Dieu voulait s'adresser aux hommes, Il n'aurait pas besoin de mots sur du papier. Sa voix s'entendrait d'un bout à l'autre du monde. Ce sont des faussaires. Un Dieu bon et tout-puissant ne laisserait pas se réaliser toutes les horreurs qui nous entourent… Et toutes celles du passé. Quelles abominations… Auschwitz. Quelle horreur… Auschwitz. Mon Dieu.
– Tu disais que Dieu laissait faire pour nous prouver que notre système humain n'était pas le bon. Que Lui seul avait le mode d'emploi.
Elle secoue la tête en émettant des bredouillements inintelligibles. Quelle honte ! Quelle honte ! Elle se met à pleurer.
– Quel père aimant et tout-puissant laisserait subir à ses enfants ce qu'Il nous laisse subir ?… Tous les prêtres de toutes les religions nous mentent. Ils font comme s'ils savaient, pour maintenir leur fonds de commerce…
– Nanou… Incroyable !
– … mais ils n'en savent pas plus que nous… Dieu est peut-être tout-puissant mais Il a eu le tort de créer le diable, son semblable en négatif. Regarde, quand il s'est incarné dans le corps de Jésus, le diable a vaincu l'humain qu'il était, en le clouant sur une croix. Cloué ! Tu imagines ! Cloué ! L'esprit saint l'a ressuscité, mais la lutte s'est perpétuée. Satan a continué à faire crucifier, lapider, brûler, exterminer… Et le combat se poursuit encore… Si la toute-puissance existe, chaque jour, la toute-puissance du mal annihile la toute-puissance du bien. Quelle erreur Dieu a commise en créant Satan… Quelle erreur !
Louis est venu la prendre par les épaules. Il la serre contre lui.
– Tu disais qu'après la mort, tout rentrait dans l'ordre.
Elle le dévisage, les yeux mouillés.
– Je ne sais plus… Je ne sais plus, Louis… Je ne sais plus.
Elle fond en larmes.
– Ça me coûte tant de ne plus croire… Pourquoi Dieu laisse mourir les enfants avant leurs parents ?
Il secoue la tête, hébété.
– C'est une telle monstruosité. Je n'ai pas de réponse, Nanou… Tu disais que la vie au-delà devait être magnifique… Ce serait sa seule excuse.
– Je ne l'admets pas. C'est trop cruel pour ceux qui restent. C'était si bien quand Laurent et les petits vivaient.
– … et Anita aussi.
Reine fronce les sourcils, faisant effort.
– Qui est Anita ?
Une bouffée de peur explose dans la gorge et la poitrine de Louis.


Il pleut derrière l'imposte à barreaux qui occupe toute la largeur de la cellule et la fenêtre de même nature s'y raccordant du côté droit. Les jours de beau temps, les tringles d'acier tiennent office de séchoir au linge des détenus sans famille pour assurer l'entretien.
Lorsqu'elle l'a vue revenir de la promenade, le nez sanguinolent et le front rougi, Usucapion, qui avait refusé de sortir, a consenti à adresser quelques mots à sa compagne.
– Un bec de gaz ?
– C'est ça.
Elle se prénomme Thérèse, elle est « tombée » pour voies de fait sur « la pute qui m'a piqué mon mec ». Quand Valérie a dit qu'elle était ici à cause d'une tentative d'escroquerie dont elle n'était pas coupable, elle a ri de bon cœur, un rire catarrheux de grosse fumeuse.
– Y a plein de filles ici qui chantent la même chanson que toi ! Moi j'assume ! Je lui ai bombé l'arête à l'autre pouffe, et je recommencerai si je la retrouve en travers de mon chemin !
– Vous faites souvent le coup de poing ?
– Quand i' faut, i' faut.
Et elle est retournée devant sa télé qui occupe la quasi-totalité de son temps. Valérie est passée aux WC, sans autre séparation qu'un muret d'un mètre devant permettre une surveillance par l'œilleton. Ça pue ! Heureusement qu'y a la fumée de cette pauvre fille pour masquer. J'ai honte pour mon pays ! Elle a tendu une serviette de toilette pour s'isoler à demi. La sensation de devoir uriner et déféquer en public lui est très désagréable. Une brimade de plus ! Ils ont dû enterrer Joël. Sa pauvre mère a dû me détester de ne pas y assister. Faut que je lui écrive pour lui expliquer. Pourquoi papa n'est pas venu ? Est-ce que Carole Aubertin l'a mis au courant ? Et Hugo ? Pourquoi il ne me donne pas signe de vie ? Mais c'est moi qui n'ai plus de vie entre ces murs ! Vu les formalités qu'il faut pour obtenir un droit de visite, c'est pas sûr que papa les fasse. Surtout s'il sait que je n'en ai que pour quelques jours… Est-ce qu'Hugo viendra ?… Ça doit faire tache pour un substitut de fréquenter une prévenue. Un frein dans la carrière. Il n'osera pas risquer le coup, c'est pas un téméraire, Hugo… Surtout que mes empreintes sur les blisters à côté de celles de Ridouet ont dû salement l'impressionner… Et papa aussi, si on lui a dit… Ils vont tous me laisser tomber… Même Sophie doit me croire coupable… Et toute la BGD, d'ailleurs. Tyranneau de Bergerac doit se régaler ! Elle doit en entendre, Sophie, à mon propos ! Elle tire la chasse, les yeux fixés sur le tourbillon de ses excréments. Ma vie est en train de ressembler à ça… C'est foutu pour le réveillon de demain soir… Mon Dieu, la Noël des parents de Dubreuil et de sa femme ! Quelle tragédie !… Je ne pourrai jamais me sortir de la tête que j'y ai une grande part de responsabilité. Peut-être est-ce cette culpabilité-là que la prison me fait payer ?
Un résidu d'étron est resté collé dans la cuvette noircie par le tartre. Valérie passe la balayette et tire à nouveau la chasse.


Le temps s'est radouci. On sent que demain, il fera presque chaud.
Sa journée finie, en quittant l'énorme nef de béton blanc de l'hôtel de police pour aller prendre le tout nouveau tramway à la ponctualité incertaine, le capitaine Manuel Lavergne – boule de billard protégée par une toque d'astrakan décollant un peu plus ses oreilles charnues – casse son long nez sur le lieutenant Nguyên Tan Phat qui regagne ses pénates à vélo. La rencontre inopportune, face à la nécropole de la Chartreuse, le rend hilare et prolixe. Le gniak rentre bouffer ses nems !
– J'ai du nouveau, sur ton agitée qui voulait une protection rapprochée ! T'as pas à faire de complexes. Elle s'est bourrée la gueule. La seule responsable de sa mort et de celle de ses gosses, c'est elle ! En se cuitant comme elle s'est cuitée, pas étonnant qu'elle voyait des éléphants roses rôder dans son jardin ! Passe une bonne nuit ! T'y es pour rien !
Il traverse en direction du terminal de Mériadeck, laissant le cycliste pantois, pied droit rivé au sol. Elle buvait, cette femme ?… J'aurais jamais cru !
Devant la trésorerie générale, un père Noël marche à pas pressés.


Le même soir, un coup de fil dépourvu de toute émotion apprend à Louis Dubreuil que les corps des siens sont tenus à sa disposition.