Il s’est levé doucement. Un groupe bruyant de jeunes gens est là qui attend l’ascenseur. Il se trouve mêlé à eux le temps de la montée, puis s’arrête au dixième étage et déambule dans le couloir jusqu’à trouver la porte de sa chambre.

 

Il entre et referme la porte derrière lui.

 

Lorsqu’il s’allonge, il lui semble tout retrouver : les draps défaits, le parfum d’Ella, son rire. Au pied du lit, sur le fauteuil, il revoit son soutien-gorge et son caraco. Il l’entend l’appeler de la salle de bains. Sa voix de jeune femme dit : “Mo’ ? Mo’ ?” Il murmure doucement. “Je suis là, Ella.” La fenêtre est ouverte. Les rideaux blancs ondulent légèrement sous le vent.

Il demande à son cœur de cesser de battre. Le corps fait une dernière contraction. Pendant quelques secondes, encore, il se laisse emplir par le sourire d’Ella – et l’air, déjà, manque à jamais.

1998-2006 (Paris)