30

Un chirurgien en pyjama de bloc traînait, sans but, devant la sortie de la salle d'urgences, un masque pendant sur sa poitrine, sa toque de papier stérilisé posée de travers sur son crâne. Tête rentrée dans les épaules pour lutter contre le courant d'air froid, il fumait une cigarette.

«C'est vous qui avez opéré le jeune White?» demanda Lucas en appuyant sur le bouton d'ouverture de la porte. Le chirurgien secoua la tête. « Ils sont encore dessus. »

De l'autre côté, Lester parlait à deux agents de la police de Minneapolis, pendant que Roux affrontait Bob White, le père du blessé, et la mère, dont Lucas avait oublié le nom. En revanche, il se rappelait qu'elle aimait les chapeaux, même si ce matin-là elle était tête nue et serrait un mouchoir blanc comme s'il s'agissait d'une rampe de sécurité. Lucas s'approcha d'eux et inclina la tête. « Bob, madame White... Comment va-t-il?

— Sa tête est salement touchée, dit White, mais c'est un dur. »

Lucas ne connaissait pas le fils, mais il avait l'impression qu'il était un peu terne; pas mauvais garçon, au demeurant. « Oui, c'est vrai. Et pour les traumatismes crâniens, il n'y a pas de meilleur endroit dans tout le pays. Il va s'en sortir. »

Mme White porta le mouchoir à son visage et se mit à trembler. Son mari se tourna vers elle. Lucas regarda Roux et fit un léger signe de tête en direction de la porte. Elle lui répondit par un hochement quasi imperceptible et leva la main à l'intention d'un prêtre qui parlait à un flic de Saint Paul. Le prêtre s'écarta de son interlocuteur, et Roux vint lui dire à voix basse : « Je pense que Mme White aurait besoin d'un peu de soutien... »

Lester les rejoignit, et Roux alluma une cigarette dès qu'ils eurent franchi le seuil. Le chirurgien en entama une de son côté, frappa le sol de ses pieds et dit : « On caille. »

Roux, Lester et Lucas marchèrent jusqu'au bout de l'allée, Roux tirant sur sa cigarette, et Lucas leur racontant l'histoire du dépôt d'ordinateurs de Mail. Ayant terminé, il ajouta : « Jusqu'ici, on ne pouvait diffuser son portrait de crainte de le provoquer. Maintenant, il sait que nous sommes tout près, et, c'est inévitable, il va les tuer. Il faut qu'on diffuse ce portrait sur toutes les antennes.

— Comment savez-vous qu'il va les tuer? demanda Roux.

— Je le sais. Ça fait longtemps qu'il les tient. Cette chasse à l'homme va l'avoir cassé comme un gros œuf. Et il est intelligent. Il sait que nous avons la camionnette, que nous parviendrons bientôt au dépôt d'ordinateurs, que nous relèverons ses empreintes et que nous finirons par l'identifier comme John Mail. Il va déduire tout ça, s'il ne l'a déjà fait. » Lucas désigna l'hôpital. « Le flic avait un fusil, et Mail s'est attaqué à lui avec un gourdin. Il est en train de déjanter.

— Très bien, dit Roux en acquiesçant de la tête.

Nous pouvons avoir la photo prête dans vingt minutes. Elle passera aux informations du matin sur toutes les chaînes.

— Demandez aux types de la télé de montrer les photos en début de journal, de dire à tout le monde de passer le mot autour de soi, et de les montrer de nouveau quelques minutes plus tard. Autant de fois qu'il sera possible. Flattez-les, dites-leur que si la télévision ne peut pas retrouver ce type, Andi Manette va mourir, et ses filles aussi. Ça va les inciter à mettre la gomme.

— On a combien de temps ?

— Quasiment rien. Pas de temps du tout. Si nous ne retrouvons pas Mme Manette dans les heures qui viennent, ça sera terminé.

— Sauf s'il est encore dans le périmètre, fit observer Lester. Les types qui sont là-haut disent que c'est possible.

— Oui. Il faut resserrer les mailles du filet. Je vais aller faire un tour pour voir s'il y a des chances qu'il soit encore à l'intérieur.

— Y a-t-il autre chose? demanda Roux. N'importe quoi ? »

Lucas hésita. « Oui, deux. La première, et je suis prêt à parier dessus, c'est que l'endroit où il les séquestre se trouve à quelques kilomètres de l'entrepôt d'ordinateurs. C'est de là que provenaient ses coups de téléphone quand on essayait de situer son cellulaire. Je pense qu'on devrait rameuter tous les agents qui ont une arme — patrouilles d'autoroute, gendarmes, tout le monde — et les envoyer là-bas. Et puis, nous devrions passer toutes les routes au peigne fin. Nous ne sommes pas obligés d'arrêter tout le monde, juste de ralentir la circulation pour inspecter toutes les banquettes arrière et voir si nous repérons quelqu'un qui essaie d'échapper au blocus.

— C'est faisable », constata Roux.

Lucas regarda Lester et dit avec un petit sourire : «Frank, tu pourrais y aller? Faire diffuser cette photo ?»

Le regard de Lester alla de Lucas à Roux et revint sur Lucas: «Qu'y a-t-il? Je ne suis pas censé entendre la suite?

— Pas vraiment, répondit Lucas.

— Très bien, dit Lester en hochant la tête. Je reviens dans une minute. » Et il entra dans le bâtiment.

« Eh bien ? demanda Roux après le départ de Lester.

— Il se peut que je vous appelle dans la matinée pour vous suggérer de... enfin, je veux dire... » Il regarda autour de lui. « De venir ici rendre visite à White. Quelque chose de spontané, sans dire aux gens où vous allez exactement. De façon qu'on ne puisse pas vous contacter pendant un petit moment, pas longtemps, une demi-heure. »

Elle lui lança un regard perçant.

« Qu'avez-vous en tête?

— Préférez-vous commettre un parjure et dire que vous n'étiez pas au courant? demanda Lucas. Parce que vous serez peut-être obligée de le faire. »

Roux fixait Lucas, mais son esprit suivait en même temps une voie parallèle. Finalement, elle céda : « Si c'est la seule façon...

— C'est la seule si vous voulez les récupérer et garder votre boulot.

— Je donnerais n'importe quoi pour qu'on les retrouve, dit Roux. Mais j'espère que vous ne m'appellerez pas.

— Moi aussi. Si j'appelle, ça voudra dire que tout le reste a foiré. »

 

Mail choisit une maison dont l'arrière était éclairé. De l'allée, il voyait une femme âgée s'affairer dans ce qui devait être la cuisine. Il franchit une clôture grillagée, sauta dans le jardin, guetta un chien éventuel, mais ne vit rien. En passant devant le garage, il regarda par la lucarne. Il y avait une voiture à l'intérieur, une Chevrolet lui sembla-t-il, ni neuve ni vieille. Ça ferait l'affaire.

Il avança jusqu'à la porte arrière de la maison, posa le fusil contre le pilier du porche, sortit son pistolet, vérifia alentour si on ne le surveillait pas des fenêtres, et frappa.

La femme s'approcha de la porte. Elle devait avoir une soixantaine d'années, évalua-t-il, les cheveux gris ramassés en chignon sur la nuque, un visage délicat à peine maquillé. Elle portait une veste et un chemisier de soie. Une représentante, peut-être, ou une secrétaire. Elle vit la casquette de policier, le blouson d'uniforme, ouvrit la porte d'entrée, poussa la porte grillagée et demanda : « Oui ? »

Mail saisit violemment la poignée de la porte-tempête, la poussa d'un coup sec et, avant que la vieille dame ait pu émettre le moindre son, il la projeta en arrière, d'un grand coup du plat de la main en pleine poitrine. Elle s'effondra, et il entra. « Qu'est-ce... ? » demanda-t-elle, et elle tenta de s'éloigner en rampant tout doucement. Il l'enjamba et l'attrapa par la nuque : « Où sont vos clés de voiture ?

— Ne me faites pas de mal », gémit-elle. Entendant une télévision dans la pièce voisine, Mail tourna la tête pour voir s'il y avait quelqu'un d'autre dans la maison.

« Où sont vos putains de clés ? répéta-t-il en baissant la voix.

— Mon sac, mon sac. » Elle essaya de se dégager de son emprise, grattant le linoléum de ses mains frêles, et il lui serra le cou un peu plus fort. « Où est votre sac ? — Là. Sur la table de la cuisine. » Il tourna la tête et le vit. « Bien. » Il se leva pour prendre du recul et la frappa lourdement à la tête avec la crosse de son pistolet. Elle s'effondra comme une masse, poussa un gémissement, ses pieds tressaillirent deux fois, puis elle s'immobilisa. Mail la contempla quelques secondes et fit rapidement le tour de la maison. Un présentateur de météo aux dents manifestement fausses désignait une photo satellite du secteur des Villes jumelles : « ... consulter les services du lac avec de tels vents, qui pourraient franchir la barre des quarante-cinq kilomètres à l'heure dans l'après-midi... »

Il n'y avait qu'un lit, double, déjà fait, dans la chambre. La photographie en noir et blanc d'un homme revêtu de l'uniforme de la guerre de Corée trônait sur la table de chevet, sous un crucifix. Pas d'inquiétude, il n'y avait personne d'autre.

Il repartit vers la cuisine et s'arrêta net à la vue de sa propre image sur l'écran du téléviseur.

Une femme commentait : « ... John Mail, anciennement interné à l'hôpital psychiatrique. Si vous connaissez cet homme, si vous l'avez vu, contactez la police de Minneapolis au numéro qui apparaît en ce moment sur l'écran. »

Mail était abasourdi. Ils le connaissaient. C'était foutu. Complètement. Mais ils ignoraient où il se trouvait. Et ils n'avaient pas mentionné le nom de LaDoux, ils ne disaient pas qu'ils avaient retrouvé Andi et la petite. Sinon, la télé l'aurait annoncé. Il était donc tranquille, pour un moment en tout cas. Il fallait qu'il parte, et tout de suite.

Ce salaud de Davenport. C'était Davenport qui avait fait ça. Et cette idée le foutait en rage. Ce putain de Davenport, ce n'était pas juste. Il avait plein de gens pour l'aider, lui.

La vieille n'avait pas bougé. Il renversa le contenu du sac sur la table : des clés de voiture et un portefeuille. À l'intérieur, douze dollars.

« Merde. »

Il se dirigea vers la porte, s'arrêtant juste pour flanquer un coup de pied à la vieille : douze putains de dollars. Qu'est-ce qu'on peut faire avec douze putains de dollars? Rien. Le corps roula sur le côté sous l'impact du coup de pied, laissant une traînée de sang sur le lino ; elle saignait de l'oreille.

Mail repartit, franchit la porte d'entrée, ramassa le fusil sous le porche et marcha jusqu'au garage. La porte latérale était fermée et aucune des clés ne fonctionnait. Il contourna le bâtiment et essaya la porte à bascule, du côté de l'allée. Pas mieux. Il revint à la porte latérale, poussa une vitre avec son coude et l'enfonça. Puis il passa la main dans l'ouverture, déverrouilla la porte et entra.

Un bouton de sonnette était fixé à une plaque de bois près de la porte. Mail appuya et la porte à bascule commença à se soulever. Il monta dans la voiture, mit le contact, regarda la jauge. Merde. Réservoir vide, ou presque. Soit il prenait le risque de tomber en panne d'essence, soit il cherchait une autre voiture. Enfin, il en restait assez pour sortir du quartier.

 

Après le départ de Mail, une voisine jeta un coup d'oeil derrière la maison et remarqua : «C'est bizarre.

— Quoi? demanda son mari, qui regardait les dessins humoristiques du journal en mangeant son toast.

— Mary a laissé sa porte de garage ouverte.

— Elle se fait vieille, dit le mari. J'arrangerai ça en allant travailler.

— N'oublie pas.

— Comment veux-tu que j'oublie? demanda l'homme, agacé. C'est juste de l'autre côté de l'allée.

— Tu en serais bien capable. Pourquoi est-ce que tu te rases avec du savon depuis, combien, quatre jours, maintenant?

— Ouais, ouais. Mais enfin, ce n'est pas à moi de faire les courses dans cette famille. »

Ils se disputèrent. Ils se disputaient tout le temps. Dans le feu de la discussion, la femme oublia la curieuse sensation qu'elle avait éprouvée. Quand son mari partit au travail, elle alla s'habiller sans attendre pour vérifier s'il avait bien refermé la porte du garage de Mary.

 

L'homme qui avait trouvé le corps de White montra la fenêtre à Lucas. « J'ai vu le type courir et je suis allé tout de suite devant.

— Eh bien, on va refaire le parcours», proposa Lucas. Il consulta sa montre. « Vous partez de derrière et vous marchez jusqu'à la porte. »

Ils sortirent puis longèrent l'allée jusqu'à l'endroit où l'homme avait découvert White.

« Vous avez entendu les voitures de police passer avant ou après l'arrivée de l'ambulance? demanda Lucas.

— Euh, à peu près en même temps. Il y avait des sirènes dans tous les sens. Je me souviens de les avoir entendues, et puis l'ambulance est arrivée. Quatre policiers étaient déjà là, et ils ont envoyé tout le monde à la poursuite de ce type. »

Sloan fut là au moment où Lucas regardait sa montre. « Donc, ça a dû prendre à peu près cinq minutes.

— Je n'ai pas eu l'impression que c'était si long que ça, dit l'homme. Les policiers étaient là en quelques secondes.

— Bon, eh bien, je vous remercie beaucoup, fit Lucas en lui donnant une tape sur l'épaule.

— Pas de quoi. J'espère que je vous ai aidé. »

En s'éloignant avec lui, Sloan dit à Lucas : « Je dois faire de l'administratif après ce temps de service, en attendant qu'ils éclaircissent l'histoire de mon coup de feu.

— Eh bien?

— Ça me fout les boules.

— Ne t'inquiète pas, l'encouragea Lucas. Tu as des témoins plus qu'il n'en faut.

— Ouais. » Sloan n'avait pas l'air rassuré. « Qu'est-ce qui se passe ici ?

— Je ne sais pas exactement. Ils n'ont pas pu mettre le nouveau périmètre de sécurité en place avant six ou sept minutes. Ils l'ont élargi à huit cents mètres d'ici. Il a très bien pu le franchir avant. Nous n'avons retrouvé aucune trace de lui. Moi, à sa place, je serais passé au travers.

— Cet enfant de salaud a très bien pu entrer chez quelqu'un, admit Sloan en contemplant les rangées de petites maisons anonymes et proprettes. Et s'y planquer.

— Possible. Mais il est peut-être loin. »

 

Mail trouva une station-service à prix réduit où il n'y avait ni clients ni, à première vue, de télévision. Il s'arrêta — le fusil, la casquette et le blouson de flic posés sur la banquette arrière — et mit dix dollars d'essence dans le réservoir. Un gamin mangeait des cacahouètes derrière le comptoir, l'air de s'ennuyer ferme. Mail lui tendit le billet de dix dollars de la vieille. Un client s'arrêta devant la pompe au moment où il payait. Mail regagna la voiture en détournant la tête, monta à bord et fila. L'autre client prit de l'essence, approcha de la caisse. « Le type qui vient juste de partir, il ressemblait à celui qu'on nous a montré à la télé.

— Y a pas de télé ici, répondit le gamin d'un air morose. Mon connard de patron ne veut pas. » Il inséra la carte de crédit dans la machine, et le client insista : « N'empêche, il lui ressemblait. » Ensuite, le type partit au travail, où il passa la plus grande partie de la matinée à raconter son histoire.

Mail roula jusqu'à la rue suivante, s'arrêta à un feu rouge, alluma la radio. On parlait de lui. « ... il semblerait qu'il s'agisse d'un interné de longue durée qui a simulé sa propre mort. La police n'a pas encore identifié le corps retrouvé dans la rivière. »

Excellent. Ça lui laissait un peu de temps.

Mais ils mentaient peut-être. Davenport était capable de lui tendre un piège.

Une autre voix dit : Ça ne change rien. De toute façon, c'est sans issue. La colère s'empara de lui; il pensa : Sans issue.

Une autre voix : Bien sûr que tu peux...

Il était malin. Il pouvait aller chez lui, ramasser tout ce qu'il avait en espèces, se débarrasser de Manette et de sa fille, filer dans la campagne, abattre un riche fermier, quelqu'un dont la mort ne serait pas remarquée tout de suite. S'il pouvait garder une voiture pendant quarante-huit heures, il roulerait jusqu'à la côte ouest. Et de là... de là, il pourrait aller partout, n'importe où.

N'importe où. Il sourit, se voyant rouler vers l'ouest, collines de terre rouge au sommet aplati se détachant sur l'horizon, cow-boys. Hollywood.

Au moment où le feu passait au vert, Mail aperçut la cabine téléphonique qui se dressait à côté de la station-service Amoco. Il hésita, mais il avait envie de parler. Et puis merde, ils savaient qui il était, mais ils ignoraient le nom de LaDoux. Il s'arrêta, inséra une pièce et appela Davenport.

 

Le téléphone sonna. Sloan regarda Lucas. « Si c'est lui, levez le pouce et j'appelle le capitaine. »

Lucas sortit son appareil, souleva le clapet. « Davenport. »

La voix de Mail était menaçante, mais contrôlée. « Ce n'est pas juste. Vous aviez beaucoup plus de ressources que moi.

— John, c'est terminé, maintenant », dit Lucas en dressant le pouce vers Sloan, qui fonça vers l'endroit où le capitaine de la gendarmerie locale communiquait par radio avec les voitures du blocus. « Livrez-vous à la police. Rendez-nous Manette et les filles, hein?

— Ben, je ne peux pas faire ça. Ça reviendrait à perdre complètement la bataille, vous comprenez? Parce que, si elles meurent, vous aussi vous avez perdu. Vous voyez? Vous avez vraiment perdu, complètement, puisqu'en fait c'est ça que vous voulez, les récupérer.

— John, mon problème n'est pas de perdre ou de gagner...

— Il faut que j'y aille, l'interrompit Mail. Il y a tous ces connards qui essaient de localiser mon appel.

— Est-ce que vous essayez de protéger votre amie? La personne qui vous renseigne sur nos progrès ? »

Il y eut un bref silence, et Mail rit. « Mon amie ? Qu'elle aille se faire foutre. Elle peut aller au diable. »

Et il raccrocha.

Lucas courut jusqu'à la voiture du capitaine et

l'entendit dire : « Vous êtes sûr que c'est ça? Très bien, j'y vais. » Se tournant vers Lucas, il précisa : « C'est une station-service Amoco à environ huit kilomètres d'ici. Nous n'avions personne à proximité. Il est reparti.

— Merde », fit Lucas, tournant en rond. Le capitaine fila, les laissant seuls. Sloan demanda : « Qu'est-ce qu'il a dit?

— Il va les tuer.

— Oh, merde.

— Mais il va mettre un moment pour arriver là-bas. Contacte la coordination. Appelle Del, convoque-le. Pareil pour Loring, aux renseignements, et ce spécialiste des viols, Franklin. Sors-les du lit, fais n'importe quoi, mais dis-leur de me retrouver au siège dans quinze minutes. Dis-leur bien, on ne se rase pas, on ne se lave pas, il faut y être dans quinze minutes.

— Qu'est-ce que tu vas faire?

— Tu sais que quelqu'un renseigne Mail ?

— Je sais que tu le penses, répliqua Sloan.

— Je vais la faire arrêter. »

Sloan haussa les sourcils.

« La faire arrêter? Qui est-ce?

— Je ne sais pas, dit Lucas. Allez, appelle-les. »

Perplexe, Sloan s'éloigna dare-dare. Lucas reprit

son téléphone, composa un numéro. Quand on répondit à l'autre bout de la ligne, il dit simplement : «C'est l'heure de faire votre visite humanitaire à White.

— Lucas..., répondit Roux, inquiète.

— Partez dans un quart d'heure.

— Lucas...

— Je viens de recevoir un appel de Mail. Il est en cavale, et il va retourner chez lui pour les tuer. Alors, allez voir White et gardez le profil bas. Restez invisible pendant une heure.

— Vous allez l'attraper?

— Oui, je vais l'attraper. »