CHAPITRE XXV

La maison de John Posey était une demeure à trois étages, sorte de gâteau feuilleté en brique blanche et cèdre, dominant sur sa face arrière un étang entouré de saules pleureurs où s’ébattaient les canards. D’une rue qui faisait un angle de quatre-vingt-dix degrés avec celle de Posey, Koop pouvait voir l’arrière du bâtiment. Deux balcons donnaient sur l’étang, l’un au-dessus de l’autre, légèrement décalés.

Un panneau d’avertissement était planté dans la cour près de la porte, un signal d’alarme. Koop connaissait le système : portes électroniques ultra-sensibles, ça ne ratait jamais, en principe couplé avec des détecteurs de mouvement balayant le rez-de-chaussée.

Si les détecteurs repéraient quelque chose, ils composaient automatiquement le numéro d’une compagnie de sécurité dans un délai d’une à deux minutes. La permanence rappelait alors la maison pour vérification, et, si elle n’était pas satisfaite du résultat obtenu, elle appelait les flics. Si on coupait les fils du téléphone, une alarme se mettait à retentir à la permanence. Si les autres téléphones du quartier n’étaient pas coupés, les flics rappliquaient.

Ce qui ne voulait pas dire que le coup était impossible. Pas du tout. Par exemple, Posey avait un chien, un vieux setter irlandais. Le setter se tenait souvent à la fenêtre, même quand Posey n’était pas là. S’il y avait un détecteur de mouvement, ou bien il était débranché, ou bien il protégeait d’autres endroits de la maison où le chien n’allait pas.

Koop attendrait que Posey s’en aille, et il entrerait, décida-t-il. Il ne se cacherait pas, il n’essaierait pas d’être subtil et discret. Forcer l’entrée et rafler le butin.

Koop n’était pas en état de faire preuve de subtilité. Il pensait constamment à Jensen. Se repassait les vidéos mentales. Il la voyait dans d’autres femmes – dans un geste, une façon de marcher, de tourner la tête.

Jensen était une écharde enfoncée sous sa peau. Il pouvait essayer de l’ignorer, mais ne pouvait chasser son image. Tôt ou tard, il fallait qu’il s’occupe d’elle. Garde du corps ou non.

Mais Koop savait comment faisaient les flics. Ils la surveilleraient un moment, puis, s’il ne se passait rien, ils se lanceraient aux trousses de quelqu’un d’autre que lui.

La question était la suivante : est-ce qu’il pouvait attendre ?

 

 

À huit heures et demie, Koop s’arrêta sur un parking du centre-ville. Il suivit une Nissan Maxima sur la rampe d’accès, se gara quelques emplacements plus loin, sortit lentement de la camionnette. Les propriétaires de la Maxima prirent l’ascenseur ; Koop prit les plaques de leur voiture.

Il les rapporta dans la camionnette, fit un pas en arrière pour se dérober à la vue des occupants d’une voiture qui déboucha sur la rampe, puis accrocha les plaques volées par-dessus les siennes avec des agrafes en acier. Ça lui avait pris deux minutes.

Posey avait une vie sociale très active, et sortait presque tous les soirs, la plupart du temps pour aller dans des bars. Koop vérifia qu’il était absent en appelant une première, puis une deuxième fois, et encore une troisième. N’obtenant pas de réponse, il rentra.

La nuit était tiède, humide et sentait l’herbe coupée. Tout le quartier bourdonnait au rythme des climatiseurs dissimulés sur les côtés des résidences. Les portes et les fenêtres seraient certainement fermées pour conserver la fraîcheur, et il pouvait se permettre de faire un peu de bruit, si ça se révélait nécessaire.

À quatre rues de la maison de Posey, un groupe d’adolescents, trois filles, deux garçons, se tenaient à un carrefour, occupés à fumer, longs cheveux et longues chemises sorties du jean ; ils le regardèrent avec des yeux rétrécis quand il passa en camionnette.

Quelques lumières brillaient encore, sur les porches, et des échos d’une musique insipide s’échappaient d’un garage ouvert et allumé. Il y avait quelques voitures – pas beaucoup – garées dans la rue ; c’était un quartier trop aisé pour ça.

Il dépassa la maison. Tout avait l’air normal – Posey laissait d’habitude deux lumières allumées. Koop avait un paquet de cocaïne sur lui : il prit une ligne, puis une autre, tira ses outils vers lui, sous le siège, et ramena le camion devant la maison. S’arrêta dans l’allée. Attendit une seconde, inspectant la rue, ramassa ses outils, sortit du camion, avança jusqu’à la porte d’entrée et appuya sur la sonnette.

Le chien aboya ; fort, ça s’entendait de la rue. Personne ne vint à la porte. Le chien continua à aboyer. Koop passa devant l’entrée principale, jeta un dernier coup d’œil aux alentours, puis se dirigea du côté du garage.

Il n’y avait pas de fenêtre, le garage était en face de celui de la maison voisine, également sans fenêtre. Entre les deux, on ne pouvait pas le voir. Dans son dos, par contre, c’était une autre histoire. Il s’arrêta au coin du garage, et inspecta les maisons de la rue suivante, face à celle de Posey. Certaines étaient éclairées, et il y avait un homme qui lisait le journal à la fenêtre, deux pavillons plus loin. D’accord…

Koop portait un survêtement de jogging dont le blouson s’ouvrait sur un tee-shirt blanc. Il avait dans les poches une paire de gants pour conduire. Un compas de marin, appelé « palet de hockey », était fourré dans un des gants, et une petite lampe de poche en plastique dans l’autre. Il trimballait un pied-de-biche de trente-cinq centimètres dans sa jambe de pantalon, le bout recourbé accroché à la taille.

Il attendit deux, trois minutes, le cœur battant, puis remonta la fermeture Éclair du blouson et enfila les gants. Pratiquement invisible, il se faufila au coin de la maison en rasant les murs, jusqu’à ce qu’il se retrouve derrière un épicéa nain, d’où il inspecta le premier balcon.

La base du balcon était à deux mètres cinquante au-dessus de lui. Il courba l’épicéa, trouva une branche assez solide pour son poids, à soixante centimètres du sol ; il y grimpa, sentant fléchir l’épicéa au passage, mais réussit à agripper le barreau inférieur de la rambarde d’une main, puis de l’autre. Il se hissa en se tortillant comme un chimpanzé, s’égratigna la rotule sur le rebord de béton. Il attendit quelques secondes, ignorant la douleur, l’oreille tendue, n’entendit rien, et tenta d’éprouver la rigidité de la rambarde.

C’était du solide. Il y monta, prenant soin de ne pas perdre l’équilibre, agrippa la rambarde du deuxième balcon, et ses pieds quittèrent leur appui. Quand le mouvement de balancement ralentit, il se hissa et grimpa sur le deuxième balcon.

Il s’arrêta de nouveau pour écouter. Le chien avait cessé d’aboyer. Bien. Il était à présent au deuxième étage, devant une pièce apparemment inutilisée. Il avait remarqué que la chambre de Posey se trouvait dans un coin du premier étage. Cette pièce-ci devait être une chambre d’amis, si la carte fournie par le déménageur était exacte. Et il n’y avait pas de signal d’alarme, à moins que Posey ne soit un vrai paranoïaque.

Comme il n’entendait rien, il se redressa et examina les portes vitrées coulissantes. Le rail n’était pas bloqué, ce qui rendait les choses plus faciles. Il essaya la porte, au cas où elle aurait été ouverte. Elle ne l’était pas. Il sortit le pied-de-biche de son pantalon, et appuya lentement, avec précaution, la pointe de l’outil contre le verre, qui céda, presque silencieusement. Il recommença, juste au-dessus, pesant de tout son poids… Le verre céda encore.

La troisième fois, il se désagrégea, laissant une ouverture de la taille de son poing. Ça n’avait pas fait plus de bruit qu’une quinte de toux. Il passa la main dans le trou, déverrouilla, tira sur la poignée, et la porte coulissa. S’interrompit. Tendit l’oreille. Une fois à l’intérieur, il alluma la lampe de poche. Oui. Une chambre à coucher, elle aussi inutilisée, semblait-il.

Il traversa la pièce, la porte de la chambre était fermée, sortit le compas, attendit que l’aiguille se stabilise, et la passa le long du panneau. L’aiguille resta stable, sauf à hauteur de la poignée de la porte où elle trembla. La porte n’était pas protégée ; il ne s’était pas attendu qu’elle le soit, mais vérifier, ça ne prenait qu’un instant.

Il l’ouvrit, s’attendant plus ou moins à trouver le chien devant lui, mais le couloir était vide, à peine éclairé par les lumières du rez-de-chaussée.

Il descendit l’escalier lentement, l’oreille tendue. Rien. Il avança dans le couloir.

Puis : le crissement des pattes du chien sur le lino de la cuisine, accompagné d’un woof hésitant. Quelques jappements, ça n’était pas grave, mais si le chien en faisait trop… Il empoigna le pied-de-biche par le bout aplati.

Le chien pointa son museau au coin de la cuisine, le vit, aboya. Un vieux chien aux jambes raides, le poil du museau qui blanchissait…

– Viens, petit chien, viens ! dit Koop, la voix douce. Viens par ici…

Il s’approcha du chien, la main gauche en avant, la droite dans le dos. Le chien recula, dressé sur ses pattes, grondant, mais laissa Koop venir plus près de lui…

– Viens, petit chien !

Un pas de plus, un seul…

Woof.

Il sentait le danger, tentait de s’écarter.

Koop étendit le chien raide mort comme on écrase une mouche. Le pied-de-biche atteignit l’animal au milieu du crâne, et il tomba sans un gémissement, à peine un dernier Woof Mort en touchant le sol. Ses pattes s’agitèrent convulsivement sur le lino.

Koop se détourna. Plus besoin d’être silencieux. Il examina la porte d’entrée. Il y avait un bloc métallique avec une serrure et la lampe rouge du signal d’alarme : le système était armé, mais il n’était pas certain de ce que cela signifiait. Il passa de nouveau le compas le long de la porte d’accès au sous-sol. Rien, cette fois encore. Ça ne devait Concerner que les portes donnant sur l’extérieur.

Il ouvrit, fit un pas. Tout allait bien. Descendit en bas de l’escalier – et, au moment même où il pénétrait dans le sous-sol, il entendit le rapide bip-bip-bip du signal d’alarme, un poil plus sonore que le tic-tac d’un réveil.

– Merde !

Il avait une minute. Dans un coin de son esprit, il commença son compte à rebours. Soixante, cinquante-neuf…

Le coffre était là, comme l’avait dit le déménageur. Il fit la combinaison du premier coup et jeta un coup d’œil à l’intérieur. Deux sacs, deux boîtes à bijoux. Il les sortit. L’un des sacs contenait de l’argent liquide. Le second était aussi lourd qu’une batterie de voiture. De l’or probablement. Pas le moment d’y réfléchir.

Trente, vingt-neuf vingt-huit…

Il courut en haut de l’escalier, jusqu’à la porte d’entrée, le signal d’alarme émettant son bip-bip-bip. Il tapa sur le bloc métallique avec le pied-de-biche, le réduisant au silence. Ça n’empêchait pas l’appel téléphonique, mais, si quelqu’un passait dans la rue, il n’entendrait rien.

Koop passa la porte, retourna à la camionnette. Jeta les outils et les sacs de fric sur le siège avant, mit le moteur en marche, recula dans la rue.

En pensant : douze, treize, quatorze…

À zéro, il avait tourné au coin de la rue, et se dirigeait vers le bas de la colline – la Septième Rue Ouest. Quinze secondes plus tard, il était pris dans une circulation dense. Il n’avait pas vu l’ombre d’un flic.

 

 

Koop examina les sacs dans le parking d’un Burger King. Le premier contenait quatre mille cinq cents dollars en liquide : des billets de vingt, de cinquante et de cent. Il y avait cinquante pièces d’or dans le second, des Krugerrands. C’était déjà un des meilleurs coups qu’il ait jamais faits. Dans la première boîte, il trouva une chaîne en or avec une croix incrustée de dix diamants. Les diamants étaient petits, mais pas minuscules. Il n’avait aucune idée de leur valeur. Assez grande, pensa-t-il, si les diamants étaient authentiques. Dans la seconde, il découvrit une paire de boucles d’oreilles qui allaient avec le collier.

Une vague de plaisir l’envahit. Le meilleur coup qu’il ait jamais fait. Puis il repensa à Jensen, et son plaisir reflua.

Merde ! Il considéra l’or sur ses genoux. Il n’avait pas besoin de ça. Il pouvait se procurer de l’argent quand il voulait.

Il savait ce qu’il voulait.

Il la voyait chaque fois qu’il fermait les yeux.

 

 

Koop passa devant l’immeuble de Jensen. L’appartement était éclairé. Il ralentit, il avait entrevu une ombre, à la fenêtre. Est-ce qu’elle était nue ? Ou est-ce que c’était plein de flics, là-haut ?

Il ne pouvait pas s’attarder. Les flics surveillaient peut-être les alentours.

Il pensa au chien, aux pattes éraflant le lino. Il se demanda pourquoi ils faisaient ça…

L’intensité de ses émotions s’accrut avec la tombée de la nuit : l’euphorie d’avoir raflé un tel butin chez Posey ; la frustration devant les lumières aux fenêtres de Jensen. Il roula jusqu’à Lake Street, verrouilla les portes de la camionnette, et se mit à boire. Il passa au Flower’s Bar, au Lippy’s Lounge, au Bank Shot, et chez Skeeter où il joua au billard avec un motard. Acheta un autre paquet de coke au Lippy’s, et en sniffa la presque totalité assis dans les toilettes de l’établissement.

Au bout d’un moment la cocaïne lui colla une migraine féroce, contractant les muscles de sa nuque, comme des ressorts de suspension bandés au maximum. Il acheta un demi-litre de bourbon, revint à la camionnette, le but, et se mit à faire de la gymnastique : le pont, et des pompes de marines.

À une heure, il reprit la direction du centre, complètement saoul. À une heure cinq, ivre, il vit une femme qui rentrait à l’hôtel situé aux abords de Lyndale. Un peu hésitante, un peu craintive. Ses hauts talons claquaient dans la rue…

– Je vais la baiser ! dit-il à voix haute.

Il n’avait pas de chiffon imbibé d’éther, mais il avait son couteau, et ses muscles. Il dépassa la femme, rangea la camionnette le long du trottoir, la mit au point mort. Il ouvrit le siège du passager, tâtonna dans le compartiment secret jusqu’à ce qu’il mette la main sur le sac, en sorte le couteau, et rejette les clés dans la boîte. Fit une petite prise de cocaïne, puis une seconde. Sa main chercha la casquette de base-ball derrière le siège, et il s’en coiffa.

– Je vais la baiser ! répéta-t-il.

Elle arrivait à la hauteur de l’arrière de la camionnette, sur le trottoir. C’était une nuit chaude, pour le Minnesota, mais elle portait une gabardine trois quarts assez légère. Koop avait un tee-shirt sur lequel on pouvait lire « Coors ».

Hors de la camionnette, faisant le tour par l’avant, un gorille.

La femme le vit venir. Cria « Non ! ».

Laissa tomber son sac.

Les sens aiguisés par la cocaïne enregistraient tout, l’intensité était décuplée.

Une rage inépuisable lui servait de combustible :

– JE VAIS TE BAISER !

Koop avait hurlé, la lame jaillit, et elle recula, affolée. Il agrippa l’épaule de l’imperméable.

– Monte dans ce putain de camion !

Il voyait le blanc de ses yeux, que la terreur soudaine révulsait, il tira sur le vêtement. Qui lui resta dans la main, la femme s’était débattue, glissée hors de l’imperméable, et avait tenté de s’enfuir en courant. Elle sauta dans les plates-bandes, piétinant des pétunias roses, perdit une de ses chaussures, et se mit à crier ; une odeur d’urine se répandit dans l’air nocturne.

Et elle hurlait. Un cri perçant, suraigu, très puissant, dont l’écho semblait se répercuter sur les trottoirs.

Koop, ivre et défoncé, les dents aussi massives que des pierres tombales, était sur elle :

– Ferme ta sale gueule !

Il la frappa d’un revers de main, lui faisant perdre l’équilibre. La femme tenta de ramper en sanglotant.

Koop la prit par un pied, la traîna hors des plates-bandes ; elle tenta de se raccrocher aux pétunias…

Et se remit à hurler ; plus rien d’articulé, un hurlement, et Koop, de plus en plus furieux, la traînait vers la camionnette.

Puis une voix fit, venue d’en haut :

– ARRÊTE ÇA TOUT DE SUITE, SALOPARD, OU JAPPELLE LA POLICE.

Ce fut au tour d’une voix d’homme, ensuite :

– Laissez-la tranquille !…

Deux personnes criaient aux fenêtres de l’immeuble d’en face, une au deuxième ou au troisième étage, l’autre au cinquième ou au sixième. Koop leva les yeux, et la femme se remit à sangloter.

– Allez vous faire foutre ! leur gueula Koop.

Puis l’éclair d’un flash brilla dans la nuit : la femme avait pris une photo de lui. Koop paniqua, se tourna pour s’enfuir. La femme, à sa merci sur le trottoir, le regardait, tentant de s’arracher aux doigts refermés sur ses chevilles.

Doux Jésus ! Elle l’avait vu de près, à quelques centimètres de distance à peine.

Un autre éclair.

La voix de l’homme :

– Lâchez cette femme, la police va venir, allez-vous-en !

Une clarté soudaine, encore, mais diffusant une lumière régulière, cette fois : on le filmait.

La rage bouillonna en lui, comme de la lave ; le couteau avait une vie propre.

Koop saisit la femme à la gorge, la souleva, elle ruait comme un animal à l’abattoir.

Et le couteau eut raison d’elle. Elle lui échappa des mains, retomba sur le trottoir, quasiment comme si elle avait une syncope.

Koop baissa les yeux. Ses mains étaient couvertes de sang ; ça dégoulinait sur le trottoir, le liquide était noir, à la lueur des réverbères…

– Laissez cette femme, allez-vous-en !…

Ça allait sans dire. La panique s’était emparée de lui, et il courut au camion, monta dedans, mit le moteur en marche.

Il tourna au carrefour suivant, puis au suivant encore.

Deux minutes ne s’étaient pas écoulées qu’il était déjà engagé dans l’embranchement de l’Interstate. Au-dessous, c’était bourré de voitures de flics, gyrophares en marche, toutes sirènes hurlantes. Koop quitta l’Interstate un peu plus tard, redescendit en ville, et mit le cap au sud. Longeant des rues transversales de moindre importance, et des ruelles.

Il resta en ville une dizaine de minutes, puis prit la voie express pour foncer à l’aéroport. Prit un ticket de parking, monta la rampe, se gara. Rampa derrière le siège.

– Enfoiré ! souffla-t-il.

Pour l’instant, il était en sécurité. Il rit, but la dernière gorgée du demi-litre de bourbon.

Il sortit, remonta son pantalon, fit le tour de la camionnette et s’installa à l’arrière.

En sécurité, pour le moment.

Il roula sa veste de survêtement en boule pour s’en servir comme oreiller, s’allongea et s’endormit.

Eloïse Miller mourut dans une flaque de sang noir avant l’arrivée des flics.

À Saint Paul, un flic en uniforme regarda Ivanhoé, le chien, et se demanda qui diable avait bien pu faire ça…