CHAPITRE IX

Koop était au gymnase des Two Guy’s, et travaillait ses quadriceps. Le seul autre client était une femme qui s’était entraînée jusqu’à épuisement. Assise à présent, les jambes écartées, sur une chaise pliante près du distributeur de Coke, elle buvait de la Gatorade, la tête baissée, ses cheveux trempés de sueur tombant presque jusqu’au sol.

Les nanas qui faisaient de la musculation n’intéressaient pas Koop : elles n’étaient pas son genre. Il restait à l’écart, et, après une ou deux tentatives d’approche, elles le laissaient tranquille, elles aussi.

Cinq, se dit-il, et il sentit que le muscle cédait.

Il y avait un poste de télévision scellé dans le mur devant le StairMaster déserté, branché sur les actualités de la mi-journée, l’émission Midi Trente. Une présentatrice sensationnelle aux cheveux roux disait avec une bouche très suggestive, aux dents de devant légèrement en avant, que Cheryl Young venait de mourir de multiples blessures à la tête…

Koop se raidit, parvint à couvrir les derniers centimètres, puis laissa retomber ses pieds encore une fois, releva les jambes, le muscle tremblant de fatigue. Il ferma les yeux et poussa sur ses jambes dans un effort de volonté ; elles se levèrent d’un centimètre, puis un demi-centimètre, jusqu’en haut. Six. Il les laissa retomber, et entreprit de les relever encore une fois. La brûlure était intense, comme si quelqu’un lui avait versé de l’alcool sur les jambes et y avait mis le feu. La douleur le faisait trembler, il avait fermé les yeux, la sueur dégoulinait sur sa peau à grosses gouttes. Il lui restait à peine quelques centimètres à couvrir, quelques centimètres… et il ne put y parvenir. Il travaillait toujours jusqu’à la défaillance. Satisfait, il laissa tomber la barre et pivota sur le banc pour regarder la télévision.

« … tout porte à croire que cette agression est due à de jeunes drogués ». Et, selon un flic : « … Il s’agit d’une attaque d’une violence démesurée pour un profit aussi mince. Nous pensons que Mr. Flory avait moins de trente dollars dans son portefeuille, et qu’il s’agit de l’œuvre de jeunes recrues des gangs qui se font une réputation avec ce genre de tuerie absurde… »

Parfait. Ils mettaient ça sur le compte des gangs. Ces petits enfoirés méritaient tout ce qu’on leur collait sur le dos. Et Koop n’avait plus la patience d’attendre. Il savait qu’il aurait mieux valu laisser passer un peu de temps. Les gens de l’immeuble devaient être dans tous leurs états. Si on le repérait, et qu’on l’identifiât comme un étranger à la maison, il pouvait avoir de sérieux ennuis.

Mais il ne pouvait plus attendre. Il prit sa serviette et mit le cap sur le vestiaire.

 

 

Koop gagna le quartier des lacs à pied, dans le crépuscule déclinant. Il y avait d’autres marcheurs dans le coin, mais aucune effervescence particulière autour de l’immeuble où il avait tué la femme : le sang avait été lavé à grande eau, et on avait ramassé les détritus laissés par l’équipe médicale. Ça n’était plus qu’une porte parmi d’autres donnant accès à un immeuble parmi d’autres.

– Stupide ! dit-il à voix haute. Il regarda autour de lui pour voir si on l’avait entendu. Personne n’était assez près pour ça. Stupide, mais il était sous le coup d’une pression intense. Et différente. Quand il lui fallait une femme, d’habitude, c’était sexuel. Une impulsion venue des testicules, il le sentait.

Cette fois, l’impulsion semblait venir d’ailleurs ; pas complètement, mais c’était différent. Elle le menait par le bout du nez, comme un enfant qui a envie de sucreries…

Koop avait sur lui sa clé toute neuve et il s’était muni d’une serviette. À l’intérieur de celle-ci se trouvait un télescope Kowa TSN-2 avec un trépied en aluminium, un matériel pour les ornithologues ou les voyeurs. Il balança la serviette négligemment, les muscles relâchés, en entrant dans l’allée de l’immeuble, tous ses sens aux aguets. Rien à signaler. De près, les épineux qui encadrent la porte avaient l’air d’avoir été maltraités, déchiquetés aux entournures ; il y avait des traces de pas dans la boue, autour des buissons.

À l’intérieur, l’éclairage du rez-de-chaussée était plus brillant, plus brutal. La réaction du gérant de l’immeuble face au meurtre : mettre une ampoulé plus forte. Ils avaient peut-être changé les serrures. Koop glissa sa clé dans la serrure, elle fonctionnait parfaitement.

Il grimpa l’escalier sans problème. Arrivé en haut, il inspecta le couloir, un peu nerveux, mais il était loin d’être aussi tendu que lorsqu’il pénétrait dans un appartement. Il n’aurait jamais dû se trouver là… Personne dans le couloir. Il s’avança, marcha jusqu’à l’enseigne lumineuse signalant la sortie, et prit de nouveau l’escalier pour atteindre l’accès au toit. Il se servit pour la deuxième fois de sa clé toute neuve, passa la porte, grimpa une nouvelle volée de marches jusqu’à la dernière porte et la poussa.

Il était seul sur le toit. La nuit était agréable, mais l’endroit n’était pas particulièrement plaisant, asphalte, gravier, et l’odeur persistante du goudron chauffé par le soleil. Il se déplaça aussi silencieusement que possible jusqu’au bord du toit et regarda de l’autre côté de la rue. Bon Dieu ! Il était juste au-dessous du niveau de la fenêtre de Sara Jensen. Pas beaucoup, mais tout de même suffisamment pour qu’il ne pût réussir à la voir, si elle ne s’approchait pas de la fenêtre.

Un large cube de métal gris abritant la climatisation s’élevait sur le toit, d’une hauteur d’un peu plus de deux mètres. Koop le contourna, et, une fois derrière, tendit les bras, jeta la serviette sur le bord, puis s’agrippa, se hissa et se rétablit au sommet, sans perdre une goutte de sueur, ni reprendre son souffle. Une bouche de ventilation d’environ quatre-vingts centimètres de large dépassait encore de l’abri. Koop se cacha derrière et jeta un coup d’œil de l’autre côté de la rue.

L’appartement de Jensen était un aquarium. À droite, il y avait un balcon avec une rambarde en fer forgé devant des portes coulissantes, et, au-delà de celles-ci, le salon. À gauche, il pouvait voir dans la chambre, à travers les fenêtres, à hauteur du genou. Il devait se trouver à environ trente centimètres au-dessus du niveau du sol de son appartement, ce qui lui donnait un angle de vue légèrement plongeant. Parfait.

Et Jensen était chez elle.

Dix secondes après que Koop eut grimpé sur l’abri de la climatisation, elle traversa le salon vêtue d’une combinaison, avec une tasse de café et un morceau de papier à la main. On la voyait aussi nettement qu’un poisson rouge dans un aquarium illuminé.

– Bon Dieu ! dit Koop, heureux. (C’était bien mieux que ce qu’il avait espéré. Il tâtonna dans la serviette, et en sortit le télescope.) Allez, Sara, fais voir un peu ta chatte.

Koop avait deux objectifs pour le télescope, un de puissance vingt, et l’autre de puissance soixante. Grâce à ce dernier, il avait vue sur la chambre comme s’il s’était trouvé dans la pièce, mais l’objectif se déplaçait au plus léger mouvement qu’il faisait, et le champ de vision était réduit : le visage de Sara l’emplissait complètement. Il voulut mettre l’objectif de puissance vingt à la place, cafouilla avec l’œilleton dans sa hâte à le placer, jura, finit par le visser correctement. Jensen retraversa le salon pour aller et venir dans la cuisine, qu’il ne pouvait voir. Il se résolut à attendre. Il s’était mis à garder un foulard sur lui, avec juste une goutte de son parfum à elle, Opium. En observant ses fenêtres, il le tenait près de ses narines pour pouvoir la respirer.

Pendant qu’elle était invisible, il inspecta le salon. Ah ! Serrure neuve. Du solide, à toute épreuve. Il s’y attendait. La porte aussi était neuve. Elle était gris mat, comme si on devait encore y passer une couche de peinture. Du métal, probablement. Jensen s’était payé une porte blindée.

Elle refit son apparition dans la chambre et fit passer la combinaison par-dessus sa tête, puis enleva son collant. Elle disparut dans la salle de bains, et revint sans soutien-gorge. Koop haleta comme un adolescent dans une baraque de strip-tease, à la foire.

Jensen avait de larges seins ronds, le gauche un peu plus gros que le droit, lui sembla-t-il. Elle retourna dans la salle de bains, et revint un peu plus tard sans sa culotte. Koop était en nage. Il la vit sortir quelque chose d’un tiroir de la commode – une serviette ? Il n’en était pas sûr. Elle disparut de nouveau.

Cette fois, elle mit du temps à revenir. Koop, fiévreux, le cœur battant la chamade, garda l’œil collé au télescope si longtemps qu’il commençait à avoir des crampes dans la nuque, tout en se repassant intérieurement le film du corps de Jensen. Elle était robuste, et ondulait un peu en marchant, pas vraiment un roulement de hanches, mais une certaine plénitude ; elle avait un cul de premier ordre, et, encore une fois, exactement comme il les aimait, solide, de bonne taille. Un rien dansant.

Il s’écarta du télescope, se baissa, bien à l’abri derrière la bouche de ventilation, alluma une Camel, la main formant une coque protectrice autour de la cigarette, et contempla la surface de métal qui s’étendait sous son bras. Il n’était pas très porté à l’introspection, mais il pensa : Qu’est-ce qui m’arrive ? Il était haletant, comme s’il s’était entraîné sur le StairMaster. Il commençait à ressentir une sorte de brûlure… Bon Dieu ! Il ferma les yeux, s’imaginant aller à sa rencontre dans la rue, l’emmener dans la camionnette.

Mais alors, il lui faudrait en finir avec elle. Cette idée le fit froncer les sourcils. Il ne pourrait plus profiter de tout ça. Il jeta un regard au-dessus de la bouche de ventilation ; elle était toujours invisible, et il prit deux bouffées rapides de sa cigarette avant de l’écraser. Un autre coup d’œil, et il alluma une autre Camel.

Quand Sara Jensen surgit enfin de la salle de bains, elle ne portait pour tout vêtement qu’une serviette-éponge nouée autour de la tête. Sombre et angélique. Elle n’avait pas l’air pressée, ses gestes étaient posés. Elle va quelque part, se dit Koop, le cœur battant, la bouche sèche. Elle chaloupait dans la chambre, les mamelons larges et foncés, la toison pubienne noire comme du charbon. Elle prit quelque chose dans la coiffeuse où il avait trouvé le coffret à bijoux – il n’était plus là, où l’avait-elle mis ? –, puis s’assit sur le lit et se mit à se couper les ongles des orteils.

Il pêcha l’objectif puissance soixante dans sa poche, et l’installa à la place de l’autre. La lentille le transporta à trente centimètres du visage de Sara : elle était très concentrée sur la tâche entreprise, le front plissé, tout comme la chair de ses flancs, le pied à quelques centimètres du nez. Elle groupait soigneusement les bouts d’ongles coupés sur le dessus-de-lit. Il laissa le télescope retomber sur ses jambes ; elle était assise latéralement, levant la jambe la plus éloignée de lui ; son nombril était minuscule ; son poil pubien paraissait planté très bas, comme si elle l’avait épilé. En été, elle portait probablement un bikini. Elle avait une petite cicatrice blanche sur le genou le plus proche de lui. Était-ce bien un tatouage qu’il apercevait sur la hanche ? Quoi ? Non, pensa-t-il, il devait s’agir d’une marque de naissance. Ou d’un bleu.

Quand elle eut terminé ce pied-là, elle leva l’autre. De là où il se trouvait, sur le toit, il pouvait voir le repli de son sexe, parsemé de quelques poils. Il ferma les yeux et déglutit avant de les rouvrir. Il revint à la hanche : aucun doute, il s’agissait d’une marque de naissance. Ses seins, son pubis, son visage : la proximité était telle qu’il pouvait presque sentir la chaleur qui émanait d’elle.

Ensuite, elle mit les bouts d’ongles coupés dans sa paume et les emporta hors de vue, dans la salle de bains. De nouveau, elle s’attarda un peu, et, quand elle retourna dans la chambre, la serviette n’était plus enroulée autour de sa tête et ses cheveux tombaient sur ses épaules, en cascade de boucles encore humides.

Elle prit son temps avant de mettre une chemise de nuit ; se promena nue un certain temps, y prenant apparemment du plaisir. Quand elle en sortit finalement une de la commode, Koop désira la contempler nue encore une seconde de toutes ses forces. Mais elle la passa par-dessus sa tête, et son corps disparut dans une lente avalanche érotique de coton blanc. Il ferma les yeux, il ne supportait plus. Quand il les ouvrit, elle boutonnait le vêtement jusqu’au cou ; à présent si virginale, alors qu’un instant plus tôt…

« Non !… » Un petit mot isolé, sec, presque un gémissement. Rentre, mets-toi au boulot… Koop avait besoin de quelque chose. Une femme, c’est ce qu’il lui fallait.

 

 

Koop attendit que Sara Jensen se mette au lit avant de partir, avec le même désarroi que d’habitude quand il la quittait ; mais, cette fois, il put laisser retomber ses paupières et la revoir. Il attendit une demi-heure, en contemplant les ténèbres. Il se souvint à peine d’avoir sauté du climatiseur et descendu l’escalier. Il se retrouva dans la rue presque sans transition, marchant vers la camionnette.

Et le besoin était impérieux. Il était toujours plus ou moins là, mais devenait parfois irrésistible, quitte à mettre sa vie en danger.

Koop grimpa dans la camionnette, prit Hennepin Avenue jusqu’au rond-point, puis se glissa dans les rues latérales, errant sans but dans le centre-ville. Il visionnait Sara Jensen quelque part au fond de son crâne, comme on se repasse un film. La courbe de sa jambe, la tache rose par là… Il pensa acheter une bouteille. Il avait besoin d’un verre. Ou plus. Ou peut-être aurait-il dû chercher John, racheter de la cocaïne. De la coke, une bouteille de Canadian Club, un pack de Seven-Up, s’amuser un peu…

Peut-être fallait-il retourner là-haut. Elle allait peut-être se lever et il aurait une chance de la revoir. Peut-être pouvait-il faire son numéro sur un téléphone cellulaire et l’obliger à se lever… Mais il n’avait pas de téléphone cellulaire. Comment s’en procurer un ? Peut-être se déshabillerait-elle de nouveau… Il secoua la tête. C’était stupide. Elle dormait.

 

 

Koop vit la fille en passant devant la gare routière. Elle avait un sac en nylon rouge à ses pieds et contemplait la rue. Attendait-elle le bus ? Il s’approcha, l’examina. Elle avait les cheveux foncés, elle était un peu boulotte, avec un visage rond, lisse, et sans tache d’aucune sorte. En fermant un peu les yeux, on aurait pu croire Jensen ; et elle avait l’air qu’il recherchait toujours dans les librairies : la passivité…

Il fit impulsivement demi-tour, laissa le véhicule derrière la gare, pénétra à l’intérieur, rebroussa chemin, retourna à la camionnette, ouvrit l’arrière, prit la boîte à outils, verrouilla la portière et retraversa la gare.

La fille était toujours au coin, scrutant Hennepin Avenue. Elle se tourna quand elle le sentit venir, lui adressa le demi-sourire et le regard fuyant des femmes qu’il croisait la nuit, le sourire qui disait : « Je suis une brave fille, ne me fais pas de mal », les yeux qui disaient : « Je ne te regarde pas vraiment… »

Il la dépassa, la lourde boîte à outils à bout de bras, et elle détourna les yeux. Quelques mètres plus loin, il s’arrêta, fronça les sourcils, se tourna vers elle.

– Vous attendez le bus ?

– Oui. (Elle acquiesça du menton et sourit.) Je vais voir un ami au nord de la ville.

– Là-haut. (Elle n’était pas de Minneapolis.) Euh, il n’y a pas beaucoup de bus à cette heure de la soirée. Je ne sais même pas s’ils vont jusque là-bas… Est-ce que votre ami peut venir vous chercher ?

– Il n’a pas le téléphone. Je n’ai qu’une adresse.

Koop fit mine de poursuivre sa route.

– Il faut prendre un taxi, conseilla-t-il. C’est une rue assez mal famée. Pas mal de prostituées racolent par ici, vous ne voudriez pas que les flics s’imaginent…

– Oh ! non…

Sa bouche s’arrondit en O, ses yeux s’écarquillèrent.

Koop hésita.

– Vous êtes du Minnesota ?

Elle ne savait pas encore vraiment si elle devait parler avec lui.

– Je suis de Worthington.

– Oui, je connais…, dit Koop, en risquant un sourire. Je me suis arrêté au Holiday Inn, sur la route de Sioux Falls.

– Je vais tout le temps à Sioux, déclara-t-elle.

Quelque chose en commun. Elle avait gardé les bras croisés sur l’estomac depuis le début ; elle les laissa retomber le long de ses flancs. Elle se décontractait.

Koop posa la boîte à outils sur le trottoir.

– Écoutez, je travaille à l’entretien des cars Greyhound. Vous ne me connaissez pas mais je suis un type régulier, ne vous en faites pas. Je suis en route pour Minneapolis Sud, mais je peux peut-être vous déposer…

Elle le regardait de plus près à présent, elle avait peur, mais elle était tentée. Il n’était pas si mal : grand, fort. Plus vieux qu’elle. Il avait au moins trente ans.

– On m’a dit que le bus…

– Bien sûr. (Il sourit de nouveau.) N’embarquez pas dans un véhicule avec un inconnu. C’est une bonne politique. Si vous restez près de l’arrêt du bus et de la gare routière, il ne devrait pas y avoir de problèmes. Il vaudrait mieux ne pas se risquer par là-bas, vous voyez, là où il y a des sex-shops. Il y a toutes sortes de cinglés qui traînent, dans ce coin-là.

– Des sex-shops ?

Elle contempla la rue. Un Noir regardait la vitrine d’un magasin d’appareils photos.

– Il faut que j’y aille, reprit Koop, en s’emparant de sa boîte à outils. Portez-vous bien…

– Attendez ! dit-elle vivement, le visage confiant, encore un peu craintive mais pleine d’espoir. (Elle prit son sac.) J’accepte votre proposition si ça ne pose pas de problèmes.

– Venez. Je suis derrière la gare. Le temps de ranger mes outils… et vous serez rendue en cinq minutes.

– C’est la première fois que je viens à Minneapolis, avoua la fille, tout à coup en veine de confidences. Mais j’allais à Sioux presque tous les week-ends, avant.

– Comment vous appelez-vous ? demanda Koop.

– Marcy Lane. Et vous ?

– Ben. Ben Cooper.

Ben était un nom bien trouvé. Ça sonnait comme Gentle Ben, l’ours, à la télévision.

– Enchantée, Ben, et elle risqua un sourire à son tour, un sourire de voyageuse, de femme de la route.

Elle avait l’air d’une enfant.

Une gamine de la campagne à l’air naïf.