CHAPITRE XI

Connell voulait assister à l’entretien avec Lawrence, et activer l’autopsie de Marcy Lane en pressant le médecin légiste. Lucas la laissa partir et regarda sa montre. Weather allait quitter la maison dans quinze minutes ; il n’avait pas le temps de rentrer avant son départ. Il retourna au restaurant Perkins où ils avaient retrouvé les flics de patrouille, acheta un journal, et commanda des pancakes et du café.

Junky Doog s’étalait à la une du Strib : deux papiers, un reportage et un article de fond. Celui-ci commençait ainsi : « Un suspect important dans une série de crimes sexuels commis dans le Midwest a été arrêté hier dans le comté de Dakota… » On pouvait lire dans le reportage : « Junky Doog vivait sous un arbre dans un dépôt d’ordures du comté de Dakota. Il s’était coupé les doigts et les orteils un par un… »

– Un reportage juteux.

Une paire de jambes – de belles jambes – s’arrêta devant la table. Lucas leva les yeux. Une célébrité lui sourit. Il la reconnut, sans savoir exactement de qui il s’agissait.

– Jan Reed. De TV3. Est-ce que je peux me joindre à vous pour prendre un café ?

– Bien sûr… (Il lui fit signe de prendre place en face de lui.) Je ne peux pas vous dire grand-chose.

– Les cameramen m’ont dit que vous n’étiez pas trop remonté contre nous.

Elle était plus vieille que la plupart de ses consœurs, dans les trente-cinq ans, songea Lucas. Elle était extrêmement séduisante, comme toute la dernière génération de reporters femmes à la télévision. Elle avait de grands yeux sombres, des cheveux roux qui lui tombaient sur les épaules, et des dents qui avançaient un tout petit peu, comme le voulait la mode. Lucas avait dit à Weather qu’il devait y avoir un chirurgien en train de faire fortune quelque part, à fabriquer des présentatrices télé aux bouches sensuelles et aux dents plantées légèrement en avant. Weather lui avait répondu que ça n’était pas déontologique ; le lendemain, elle avait toutefois regardé la télé, et il y avait beaucoup trop de dents qui avançaient sur les chaînes locales pour qu’il ne s’agisse que de simples problèmes de mâchoires.

– Qu’est-ce que ça veut dire ? avait-elle demandé.

Elle avait l’air de vraiment s’intéresser à la question.

– Tu ne sais pas ? avait répliqué Lucas.

– Non, je ne sais pas. (Elle l’avait regardé d’un air sceptique.) Tu vas me dire quelque chose de cochon ?

– Les mecs pensent que ce sont des bouches de suceuses.

– Tu me racontes des histoires ! s’était écriée Weather, les mains sur les hanches.

– Je jure devant Dieu que c’est à cause de ça.

– Cette société est mal partie. Je suis au regret d’avoir à le dire, mais on est en pleine décadence. Des bouches de suceuses…

 

 

Jan Reed prit une gorgée de café avant de parler.

– D’après nos sources, il s’agit du tueur en série. On a bien sûr vu l’agent Connell, là-bas, alors l’hypothèse est vraisemblable. La confirmez-vous ?

Lucas réfléchit avant de répondre.

– Écoutez, j’ai horreur de faire des déclarations officielles. Ça m’attire toujours des ennuis. Je vais vous fournir quelques informations, à condition que vous les attribuiez à une source anonyme.

– C’est d’accord.

Elle lui tendit la main. Lucas la serra : elle était douce et tiède. Elle sourit et cela lui réchauffa encore le cœur. Elle était séduisante.

Il lui donna deux informations : la victime était une femme blanche, et les enquêteurs pensaient qu’il s’agissait du même assassin que celui qui avait liquidé Wannemaker.

– On était déjà au courant de presque tout, avoua-t-elle gentiment.

Elle le provoquait, pour qu’il se mette à prendre l’air avantageux, et à trop parler.

Il refusa de marcher.

– Eh bien, qu’est-ce que je peux vous dire après ça ? Une journée de plus dans la vie d’un reporter, passée à poursuivre infructueusement des bribes d’informations.

Elle rit. Elle avait un joli rire, très musical.

– J’ai entendu dire que vous étiez sorti avec une journaliste, à une certaine époque.

– Oui, nous avons une fille.

– C’est assez sérieux, en effet.

– Ça l’a été. (Il but une gorgée de café.) Autrefois.

– Je suis moi-même divorcée. Je n’aurais jamais cru ça possible.

Elle regarda ses mains.

Lucas se dit qu’il fallait parler de Weather mais ne le fit pas.

– Vous savez, je vous ai reconnue tout de suite, mais je pensais que vous étiez présentatrice.

– Oui – bientôt. Je l’ai fait quelquefois, mais il n’y a que trois mois que je suis ici. Ils me font travailler dans différents fuseaux horaires pour que je me rende compte de la façon dont ça marche, et je présente les actualités à l’occasion. Dans un petit mois je présenterai beaucoup plus souvent.

– Intelligent. Explorer le voisinage, comprendre les ficelles.

Ils bavardèrent encore pendant quelques minutes, puis Lucas jeta un coup d’œil à sa montre.

– Bon Dieu, il faut que j’y aille ! s’exclama-t-il, avant de se glisser hors du box.

– Vous avez un rendez-vous ?

Elle leva les yeux vers lui et il faillit tomber la tête la première dans son regard.

– En quelque sorte. (Il essaya de détourner les yeux.) Écoutez, euh… À bientôt, hein ?

– Certainement.

Elle prit congé de lui avec un sourire de ses lèvres pulpeuses.

 

 

Weather était aux premières loges, quand Lucas avait résolu une affaire de meurtre dans la petite ville du nord du Wisconsin où elle vivait. Et Lucas avait vu Weather travailler comme médecin légiste (il n’y avait pas beaucoup de médecins par là-bas, et ils remplissaient cette fonction à tour de rôle, dans le comté), mais la seule fois où il avait été présent lors d’une opération sur un patient en vie, il était inconscient. Le patient, c’était lui.

Il lui avait promis qu’il viendrait voir comment elle s’y prenait, sans beaucoup y réfléchir. Elle avait insisté, et ils avaient organisé cette visite une semaine plus tôt, avant le meurtre de Wannemaker.

Il trouverait bien le moyen de caser ça dans son emploi du temps, avait-il pensé.

Il toucha la cicatrice sur son cou, en pensant à Weather. Elle avait été faite pour l’essentiel par un couteau suisse dont celle-ci s’était servie pour tenter de l’égorger ; le reste de la blessure venait d’une balle de calibre 22, tirée par une petite fille…

 

 

Lucas laissa sa voiture dans un parking situé à trois rues des University Hospitals, et fit le reste du chemin à pied dans l’air frais du matin, parmi les internes en courtes blouses blanches et les médecins titulaires aux blouses plus longues. Un infirmier nommé Jim indiqua le vestiaire des hommes à Lucas, lui donna un cadenas et une clé pour un casier, et lui expliqua comment s’habiller :

– Il y a des tenues opératoires complètes dans les paniers, de trois tailles différentes. Les couvre-chaussures sont dans les paniers du bas. Les calots et les masques de protection sont dans les boîtes. Prenez-en un de chaque, mais ne mettez pas le masque tout de suite. On vous montrera comment l’attacher quand vous serez prêt… Emportez votre montre, votre portefeuille, vos objets de valeur. Le Dr Karkinnen sera là dans une minute.

Les yeux de Weather lui sourirent quand il sortit du vestiaire. Il se sentait idiot dans sa tenue opératoire, comme un imposteur.

– Comment tu te sens là-dedans ?

– Bizarre. Le tissu est froid.

– La fille assassinée… c’est lui ?

– Oui. On n’a pas appris grand-chose. Un môme l’a vu, quand même. Il est blanc, il sniffe probablement de la cocaïne, il roule en camionnette.

– C’est déjà quelque chose.

– C’est peu. (Il jeta un regard dans le couloir vers les doubles portes qui menaient au bloc opératoire.) Est-ce que ton patient est déjà dans les vapes ?

– Elle attend là-bas, dit Weather, hochant la tête.

Lucas regarda sur sa gauche. Une femme blonde à la mise soignée et une minuscule petite fille rousse étaient assises dans une salle d’attente. La petite fille levait les yeux vers la femme, qui avait l’air de mettre beaucoup d’intensité dans ce qu’elle était en train de lui dire. Les bras de la petite fille étaient couverts de bandages, jusqu’aux épaules. La tête de la femme s’agitait de haut en bas, comme si elle expliquait quelque chose ; la petite fille croisait et recroisait ses jambes qui se balançaient dans le vide.

– Il faut que j’aille leur parler une minute, dit Weather.

Elle s’engagea dans le couloir. Lucas, encore mal à l’aise dans sa tenue opératoire, traînait un peu derrière elle. Il vit la petite fille quand elle aperçut Weather ; son visage fut déformé par la peur. Lucas, dont le malaise augmentait, ralentit davantage. Weather dit quelque chose à la mère, puis s’accroupit et se mit à parler à l’enfant. Lucas s’approcha et la petite fille leva les yeux vers lui. Il se rendit compte alors qu’elle pleurait, sans bruit, mais avec des sanglots quasiment incontrôlables. Son regard revint à Weather.

– Vous allez encore me faire mal, gémit-elle.

– Tout ira bien, dit Weather très vite.

– Ça fait trop mal, se plaignit la petite fille. (Les larmes coulaient sur son visage.) Je ne veux plus qu’on me soigne.

– Il faut que tu guérisses, répliqua Weather, et, quand elle tendit la main pour toucher la joue de la petite fille, les dernières barrières tombèrent, et celle-ci se mit à pleurer franchement, s’agrippant à la robe de sa mère avec ses petits bras bandés comme des souches d’arbres morts.

– Aujourd’hui, ça ne te fera pas trop mal. Une petite piqûre et c’est tout, ajouta Weather en lui tapant sur l’épaule. Quand tu vas te réveiller, on te donnera un cachet qui te fera dormir.

– C’est ce que tu as dit la dernière fois, gémit la petite fille.

– Il faut que tu guérisses, on arrive au bout, insista Weather. Aujourd’hui, une autre fois encore, et on devrait avoir fini. (Elle se tourna vers la mère.) Elle n’a rien mangé ?

– Rien depuis neuf heures, hier soir. (Les larmes coulaient sur ses joues.) Il faut que je sorte d’ici ! poursuivit-elle sur le ton du désespoir. Je ne supporte pas. On peut y aller ?

– En avant. Viens, Lucy, prends-moi la main.

Lucy glissa lentement de sa chaise, serra un des doigts de Weather.

– Ne me fais pas mal.

– On va faire de notre mieux, tu verras.

 

 

Weather laissa la petite fille aux bons soins des infirmières et emmena Lucas dans un bureau où elle se mit à parcourir une pile de papiers haute d’une trentaine de centimètres, et à les signer.

– Documents préopératoires, expliqua-t-elle. Ça s’est bien passé, la nuit dernière ?

– Encore une. Une adolescente d’un autre État, une fille de Worthington.

Weather leva les yeux.

– Sale histoire.

– Il faut le voir pour le croire.

– Tu as l’air un peu remué.

– Cette fois, je le suis. Cette fille avait l’air… Elle avait l’air d’avoir fait sa communion la semaine dernière.

 

 

La routine de l’opération le captiva : à la fois précise et décontractée. Toutes les personnes présentes dans la pièce étaient des femmes, sauf Lucas et l’anesthésiste ; celui-ci les quitta pour se rendre dans une autre salle d’opérations dès que la petite fille se fut endormie, laissant à une assistante le soin de s’occuper d’elle. L’équipe chirurgicale avait placé Lucas dans une aire rectangulaire située le long du mur et lui avait conseillé de ne pas bouger.

Weather et son assistante avaient l’habitude de travailler ensemble et celle-ci lui tendait les instruments dont elle avait besoin presque avant qu’elle ait eu le temps de les lui demander. Il y avait moins de sang que Lucas ne s’y attendait, mais l’odeur de la cautérisation le dérangea ; du sang qui brûlait…

Weather expliqua rapidement ce qu’elle était en train de faire, étirant les peaux pour recouvrir les brûlures sur les bras de la petite fille. Elle menait la danse, donnant des instructions rapides, condensées. Personne ne posait de questions.

Elle s’adressait de temps en temps à Lucas, distraitement, concentrée sur son travail.

– Son père avait branché une pompe, près du lac, sur du 220 qui venait du secteur, avec une rallonge. Celle-ci a commencé à se défaire à la jonction entre les deux fils. C’est du moins ce qu’on croit. On ne sait pas exactement ce qu’elle a fabriqué, mais il y a eu un éclair et elle a été brûlée aux bras et aux omoplates, sur le dos… On te montrera. On fait des greffes de peau là où on peut, et à d’autres endroits on tire la peau pour recouvrir les marques.

Au bout d’un moment, les personnes présentes autour de la table d’opération se mirent à parler d’un livre qui figurait tout en haut de la liste des best-sellers et racontait une histoire d’amour. Elles discutaient pour savoir si les amants auraient dû s’enfuir ensemble, et détruire un mariage et une famille.

– Elle vivait dans le mensonge, après ça ; elle faisait du mal à tout le monde, déclara une infirmière. Elle aurait dû partir.

– Ouais. Et le foyer est détruit. Ce n’est pas parce qu’elle a une aventure qu’elle n’aime plus sa famille.

– Il ne s’agit pas exactement d’une aventure.

En bruit de fond, de la musique s’échappait d’un transistor branché sur une station qui diffusait des morceaux faciles à écouter ; sur la table, sous les mains gantées de Weather, Lucy saignait.

Ils prirent de la peau sur la cuisse de l’enfant pour couvrir une partie de la blessure. L’instrument dont ils se servaient pour prélever la peau ressemblait à une ponceuse électrique croisée avec un sécateur.

– On dirait que c’est une opération douloureuse, finit par dire Lucas. Très douloureuse.

– Impossible à éviter, grogna Weather, sans lever les yeux. Les brûlures, c’est ce qu’il y a de pire. La peau ne se régénère pas, mais il faut couvrir les blessures pour empêcher l’infection. Ce qui signifie faire des greffes et étirer la peau… On a mis une peau provisoire parce qu’on n’a pas réussi à lui en prendre suffisamment les deux premières fois, mais on ne peut pas la laisser : elle aurait une réaction de rejet.

– Tu aurais peut-être dû lui dire que ça lui ferait mal. Quand tu lui as parlé, tout à l’heure.

Weather leva brièvement les yeux, comme pour l’approuver, mais elle secoua la tête en continuant à fixer une des extensions de peau.

– Je ne lui ai pas dit que ça ne ferait pas mal. Je voulais arriver à la faire entrer ici avec le minimum de résistance. La prochaine fois, je pourrai lui dire que c’est la dernière.

– Et est-ce que ça sera la dernière ?

– Je l’espère. Il se peut qu’on ait besoin de faire des retouches si on obtient trop de tissu cicatriciel brut. Il faudra peut-être en enlever un peu. Mais la prochaine opération devrait être la dernière pour un petit moment.

– Ah !…

Elle le regarda, l’air grave, tranquille, par-dessus le masque, tenant ses doigts maculés de rose loin des blessures ouvertes de la petite fille ; les infirmières le regardaient aussi.

– Je ne fais pas de la médecine. Je fais de la chirurgie. Il arrive qu’on ne puisse pas éviter la douleur. Tout ce qu’on peut faire, c’est réparer, et la douleur s’arrêtera sans doute. C’est le mieux qu’on puisse faire.

 

 

Plus tard, quand elle eut fini, ils allèrent s’asseoir quelques minutes dans la pièce réservée au chirurgien.

– Qu’en penses-tu ? lui demanda-t-elle.

– Intéressant. Impressionnant.

– C’est tout ?

Quelque chose transparaissait dans le son de sa voix.

– Je ne t’avais jamais vue dans le rôle du commandant en chef. Tu t’en sors très bien.

– Des objections ?

– Bien sûr que non.

Elle se leva.

– Tu avais l’air troublé en me regardant faire.

Il baissa les yeux, secoua la tête.

– C’est assez intense. Et ce n’était pas comme je pensais, le sang, l’odeur de la cautérisation, l’instrument qui sert à prélever la peau… C’est plutôt brutal.

– Ça l’est quelquefois. Mais ce qui t’a le plus dérangé, c’est mon attitude vis-à-vis de Lucy.

– Je ne sais pas…

– Je ne peux pas m’impliquer personnellement. Il y a une partie de moi-même dont je ne peux pas m’encombrer. Il arrive que j’aime bien certains patients, et c’est le cas avec Lucy, mais je ne peux pas me permettre d’aller au bloc opératoire en m’inquiétant pour eux parce qu’ils vont avoir mal, ou en me demandant si je fais ce qu’il faut. Il faut que ces questions soient résolues avant d’entrer au bloc opératoire. Si je ne faisais pas comme ça, je saloperais le travail.

– Tu as eu l’air un peu froide, admit-il.

– Je voulais que tu me voies dans ce rôle-là. Lucas, en tant que chirurgien, j’ai une personnalité différente. Il me faut parfois prendre des décisions très brutales, et je le fais. Et je dirige tout. Je dirige tout très bien.

– Eh bien…

– Laisse-moi finir. Depuis que je me suis installée ici, on a passé de très bons moments au lit. On a fait des joggings super le soir, et on s’est bien amusés quand on est sortis faire la fête. Mais ce que tu viens de voir, c’est ce que je suis, ici même.

Lucas poussa un soupir, et hocha la tête.

– Je sais. Et je te trouve admirable. Je le jure.

Elle sourit alors, à peine.

– Vraiment ?

– Vraiment. Simplement, ce que tu fais… est tellement plus dur que ce que je croyais.

Beaucoup plus dur, pensa-t-il en quittant l’hôpital.

Dans son monde à lui, ou dans celui de Jan Reed, par exemple, très peu de choses étaient parfaitement claires : les meilleurs tentaient toujours d’imaginer ce qui avait pu aller de travers. Erreurs, bêtises, négligence, mensonges et accidents faisaient partie intégrante de la routine. Dans le monde de Weather, c’était différent, ces choses étaient impardonnables.

La chirurgie elle-même, c’était encore autre chose. Le sang, ça ne le dérangeait pas trop, mais le moment où le scalpel planait au-dessus de la peau intacte, où Weather prenait les décisions de dernière minute pour savoir comment elle allait procéder… cela l’avait vraiment dérangé. Trancher dans le vif sous le coup d’une impulsion était une chose ; le faire de sang-froid, le faire à un enfant, même pour son bien, en était une autre. Cela réclamait une dureté intellectuelle d’un genre que Lucas n’avait jamais rencontré dans la rue. Sauf chez les psychopathes.

C’était ce qu’elle avait voulu qu’il voie.

Est-ce qu’elle essayait de lui dire quelque chose ?