59 D’après un épisode de Perlesvaux, récit français de la fin du XIIe siècle. Ce récit, d’inspiration clunisienne, est l’une des plus étranges versions de la légende arthurienne. À travers des commentaires et des expressions à but d’édification chrétienne se trouvent dispersés des épisodes incontestablement « barbares », pour ne pas dire « païens ». Ce dialogue entre Lancelot et l’ermite est significatif du débat si fréquent au XIIe siècle sur l’adultère, moralement insoutenable et mythologiquement nécessaire en tant que transgression à la fois morale, sociale et culturelle. D’ailleurs, les récits arthuriens sont remplis d’adultères (et d’incestes) nécessaires, comme celui d’Uther Pendragon et d’Ygerne, cause indispensable de la naissance d’Arthur. Cela dit, on verra, vers la fin du cycle, très marqué par l’idéal moral des cisterciens, que l’adultère de Guenièvre et de Lancelot provoque d’une part l’échec de Lancelot dans la Quête du Saint-Graal, d’autre part la dislocation et la destruction de cette société idéale qu’est la Table Ronde, avec ses structures égalitaires.