26  D’après le Lanzelet d’Ulrich von Zatzikhoven. En dépit de quelques épisodes arthuriens secondaires, le récit allemand ne fait aucune allusion aux amours de Lancelot et de Guenièvre et ne mentionne pas l’appartenance de Lancelot au compagnonnage de la Table Ronde. Il est visible que la trame primitive du Lanzelet est tout à fait étrangère au cycle arthurien. D’ailleurs, la fin du récit d’Ulrich est significative. Après s’être enfui de la forteresse de Pluris, le héros retourne à Dodone où Iblis, très inquiète, l’attendait fidèlement. En sa compagnie, il va prendre possession du royaume de son père. « Iblis et Lanzelet eurent de beaux enfants, une fille et trois fils qui héritèrent de leurs terres et de leurs biens, de leurs vertus et de leur caractère. Laissez-moi vous dire que le seigneur Lanzelet agit toujours pour le mieux. Il fut un bon hôte dans sa demeure. Il ne négligeait jamais ses devoirs de chevalier quand il le pouvait. Ainsi régna-t-il aussi longtemps que sa force et sa jeunesse le lui permirent. Il vécut en pleine possession de ses moyens. Il connut les enfants de ses enfants qui croissaient en sagesse et en vertu. Iblis et Lanzelet atteignirent une grande vieillesse dans l’honneur, et ils moururent, à ce qu’on dit, ensemble, le même jour » (Webster-Loomis, Lanzelet, New York, 1951). C’est dire qu’une fois intégré dans l’ensemble arthurien, le personnage de Lancelot a considérablement évolué.