Est-ce moi ? N’est-ce pas moi ? Je reste perplexe devant les années, les événements et tant de mots ayant un sens ou n’en ayant pas. Comment ne serais-je pas contaminé par un inépuisable orgueil, par la foi en moi et par la victoire sur la peur du ridicule ? À la vérité, je croyais en moi, je m’étais arrogé un destin et ma tension intérieure était entretenue par un tourbillon à la fois raffiné et sauvage. Mon secret était simple : je n’avais pas le sens de la mesure. Au fond, c’est la clé de toute vitalité.
EMIL
CIORAN
Paris, le 16 juillet 1990