SOUVENIR DE LECTURE

Palais de Cléopâtre. Beaucoup de couleurs : colonnes de porphyre vert, lambris plaqués d’or, consoles de jaspe rouge. Luxe de milliardaire. Plus originales, les portes des appartements : en écaille de tortue des Indes incrustée d’émeraudes.

Non moins étonnante, la décoration de la cour des Nymphes : les galeries y étaient, paraît-il, « en ivoire » – parements sur les murs ? pilastres ? colonnettes ? ou juste les caissons du plafond ?

L’ivoire, de toute façon, les rois-pharaons en raffolaient ; ils faisaient importer des défenses d’éléphant depuis Ptolémaïs-des-Chasses, leur port africain.

Quant à l’ameublement, il est tout sauf dépouillé. Des candélabres « dionysiaques » de deux mètres de haut aux pieds en pattes de panthère, des lustres d’argent débordant de grappes, et d’énormes cratères de marbre disposés en enfilade dans des pièces déjà encombrées de bibelots, tapis, vases, statues : c’est l’encaisse-or de l’État. Plus belle et plus utile que nos dollars : Cléopâtre mange habituellement dans sa réserve de change – de la vaisselle d’or. « Ma poterie », dit-elle avec simplicité…

Mais de tout cela, Séléné se souviendra moins bien que les écrivains d’autrefois, Diodore, Strabon, Lucain. Combien de temps a-t-elle passé à Antirhodos, combien de fois y a-t-elle vu ses parents ?