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L’ARCHE

Ce jour-là, l’Arche de Londres était quasiment déserte. Les mouflons escaladaient leur montagne de béton, les pingouins pataugeaient dans leur bassin au fond peint en bleu, et des oiseaux multicolores chantaient pour les seules oreilles de leurs gardiens et de Siobhan. L’époque n’était pas aux visites de zoos.

Mais Bisesa l’y attendait. Siobhan la retrouva dans le pavillon des primates, seule, un café à la main. Au cœur d’un vaste enclos couvert, une poignée de chimpanzés vaquaient paresseusement à leurs occupations. Cette mise en scène vieillotte offrait un contraste saisissant avec le panneau explicatif animé flambant neuf qui proclamait fièrement l’occupant des lieux Homo troglodytes troglodytes, notre plus proche cousin.

— Merci d’être venue, dit Bisesa. Et pardonnez-moi de vous avoir fait déplacer jusqu’ici.

Elle avait l’air fatiguée, livide.

— Je vous en prie. Je n’avais pas mis les pieds dans ce zoo – euh, cette Arche – depuis mon enfance.

— Je voulais juste venir une dernière fois. C’est l’ultime journée qu’ils doivent passer dans cette cage.

— Je ne savais pas que leur déménagement était programmé si tôt.

— Maintenant qu’ils sont reconnus comme personnes juridiques, les chimpanzés bénéficient de tous les droits de l’homme… en particulier celui de se curer le nez et de se gratter les fesses en toute intimité. Ils vont donc être transférés dans leur propre refuge entièrement équipé, avec bananes et balançoires en pneu.

Bisesa avait une voix lasse, plutôt morne, et Siobhan ne parvint pas à deviner son humeur.

— Vous n’approuvez pas ?

— Oh, si, bien sûr. Mais il y a des gens qui s’en offusquent.

Bisesa montra d’un mouvement de menton un soldat à l’air très jeune, lourdement armé, qui patrouillait de l’autre côté de l’enclos.

La polémique à propos de la protection des formes de vie non humaines contre la tempête s’étendait à d’autres que les chimpanzés, pour lesquels la loi était assez claire. À l’approche de la catastrophe annoncée, un vaste effort avait été lancé dans le monde entier pour préserver au moins un échantillon des principales espèces animales et végétales. Dans l’ensemble, la méthode était nécessairement rudimentaire : d’immenses hibernacula avaient été installés sous l’Arche de Londres pour préserver les zygotes d’animaux, insectes, oiseaux et poissons, et les semences de plantes, des graminées aux plus grands arbres. En ce qui concernait les animaux, c’était ce à quoi les Arches se consacraient déjà depuis des dizaines d’années ; dès le tournant du siècle, les zoos du monde occidental s’étaient transformés en conservatoires des populations animales depuis longtemps éteintes à l’état sauvage : les éléphants, les tigres et même une espèce de chimpanzés…

Bien sûr, selon certains écologistes, c’était vain. Même si dans les îles Britanniques, fraîches et nuageuses, la diversité biologique n’était en rien aussi riche que dans les forêts équatoriales, on pouvait sans doute trouver dans une poignée de terre d’un jardin londonien plus d’espèces, pour la plupart non répertoriées, que n’en connaissaient les naturalistes du monde entier un siècle plus tôt. On ne pouvait pas tout sauver… Mais l’autre solution était de ne rien faire et la plupart des gens paraissaient s’accorder à dire qu’il fallait essayer.

Même si certains s’indignaient qu’on lève un doigt pour sauver autre chose qu’un être humain.

— Nous sommes placés devant des choix difficiles, dit Siobhan. Vous savez, l’autre jour j’ai parlé avec une écologiste qui disait que nous devrions simplement accepter ce qui nous arrive. Ce n’est qu’une nouvelle extinction, le dernier en date d’une longue chaîne de désastres similaires. C’est comme un feu de forêt, un nettoyage nécessaire. Et chaque fois la biosphère rebondit, finissant par devenir encore plus riche.

— Mais là, il ne s’agit pas d’une catastrophe naturelle, dit Bisesa d’un ton sinistre. Pas même dans le sens où peut l’être la chute d’un astéroïde. C’est quelqu’un qui l’a intentionnellement programmée. C’est peut-être pour ça que l’intelligence a évolué, au départ. Parce qu’il y a des circonstances – quand le soleil entre en éruption, quand un astéroïde tueur de dinosaures frappe – où les mécanismes de la sélection naturelle ne sont pas suffisants. Des moments où une conscience devient nécessaire pour sauver le monde.

— Un biologiste vous dirait qu’il n’y a aucune intention derrière la sélection naturelle, Bisesa. L’évolution ne peut pas vous préparer à l’avenir.

— Certes, répondit en souriant Bisesa. Mais comme je ne suis pas biologiste, je peux le dire…

C’était pour ces conversations que Siobhan appréciait autant la compagnie de Bisesa.

À sept mois de la tempête annoncée, le monde travaillait fébrilement à s’y préparer. Mais beaucoup de ce qui était fait, bien que vital, était basique. Par exemple, le nouveau maire de Londres s’était fait élire sur la promesse élémentaire mais indéniablement efficace d’assurer l’approvisionnement de la ville en eau, quoi qu’il arrive. Depuis qu’elle était en poste, elle avait tenu cet engagement. Un long aqueduc traversait désormais tout le pays depuis la grande retenue de Kielder, près de la frontière écossaise, jusqu’à la capitale… même si beaucoup d’habitants du Nord-Est avaient bruyamment récriminé contre les « chochottes du Sud » qui volaient « leur » eau. Un tel ouvrage était manifestement essentiel – Siobhan avait elle-même participé à beaucoup de projets de ce genre –, mais il n’avait rien de spectaculaire.

Parfois, le niveau de bruit médiatique l’empêchait d’y voir clair. C’était Bisesa, assise seule dans son appartement où elle se contentait de réfléchir, qui lui servait de pierre de touche en lui faisant part de sa vision du tableau d’ensemble. C’était Bisesa qui avait trouvé toute seule l’idée capitale de mettre à contribution la population pour fabriquer le revêtement du bouclier. Et, par-dessus tout, c’était Bisesa qui avait donné à Siobhan un aperçu du plus profond de tous les mystères.

Depuis cette visioconférence cruciale où Eugene Mangles avait apporté la preuve qu’il y avait effectivement un acte intentionnel derrière l’instabilité du soleil, les allégations de Bisesa à propos de Mir et des Premiers-Nés étaient prises au sérieux et minutieusement examinées. Personne ne croyait son histoire en totalité… pas même Siobhan en personne, il fallait l’avouer. Mais la plus grande partie de son brain-trust avait admis que, oui, l’instabilité du soleil si clairement retracée par Eugene n’avait pu être causée que par l’intervention d’une intelligence. Ce seul fait, même sans avancer d’hypothèses sur les motivations de cette intelligence, était la conclusion stupéfiante qu’on était obligé de tirer.

Les idées de Bisesa avaient contribué à guider Eugene, entre autres, vers une meilleure compréhension des mécanismes à l’origine de la tempête solaire et allaient, selon toute probabilité, aider l’humanité à y survivre. L’ennui étant que, comme l’avait immédiatement compris Siobhan, la découverte de l’implication des Premiers-Nés n’avait aucune incidence, pour le moment, sur la stratégie de protection mise en place. Quelle qu’en soit la cause, c’était la tempête elle-même qu’il allait falloir affronter. L’information ne pouvait même pas être publiquement divulguée : lâcher la bride à des rumeurs de menées extraterrestres n’aurait à coup sûr fait qu’engendrer la panique, sans aucun bénéfice en retour. Le tout était donc resté un secret connu uniquement des plus hauts échelons gouvernementaux et de quelques individus triés sur le volet. Siobhan s’était promis de s’occuper plus tard des Premiers-Nés, s’ils existaient.

Cela voulait donc dire qu’il n’y avait rien que Bisesa puisse faire concernant la plus grande aventure de son existence. Elle ne pouvait même pas en parler. Elle était encore en « congé exceptionnel » de l’armée et aurait été carrément réformée si Siobhan n’avait pas fait jouer ses relations. Mais elle n’avait aucune occupation intéressante. Psychiquement fragile, elle était livrée à elle-même. Elle vivait recluse, passait trop de temps seule dans son appartement ou faisait dans Londres de longues promenades qui la conduisaient dans des endroits comme l’Arche ; elle n’avait l’air de souhaiter aucune autre compagnie que celle de Myra.

— Venez, dit Siobhan en l’entraînant, bras dessus, bras dessous. Allons voir les éléphants. Ensuite je vous raccompagnerai chez vous. J’aimerais revoir Myra…

 

L’appartement de Bisesa, tout près de King’s Road, à Chelsea, avait la chance d’être protégé par le couvercle de fer-blanc. Un demi-kilomètre plus à l’ouest, il se serait retrouvé à l’extérieur du Dôme. En l’occurrence, il était niché au pied de la paroi et, quand on s’en approchait, on pouvait, en levant les yeux, voir entre les toits la structure immense qui s’élevait dans les airs telle la coque de quelque vaste vaisseau spatial.

Cela faisait un moment que Siobhan n’était pas venue et les choses avaient changé. L’immeuble avait été équipé d’impressionnantes serrures de sécurité et, quand Bisesa ouvrit la porte, une forme couleur rouille fila entre ses jambes et disparut au coin de la rue. Bisesa sursauta, puis elle éclata de rire.

— Qu’est-ce que c’était que ça… un chien ? demanda Siobhan, le cœur battant la chamade.

— Non, un renard. Ils ne représentent pas vraiment une nuisance, si on fait attention à ne pas jeter ses ordures n’importe où… Mais j’aimerais bien savoir qui a laissé entrer celui-là dans l’immeuble. Les gens n’ont pas le cœur de s’en débarrasser, pas dans les circonstances actuelles. Il y en a d’autres dans le coin, j’en suis sûre. Peut-être qu’ils s’installent sous le Dôme.

— Ils sentent peut-être qu’il va se passer quelque chose.

Bisesa se dirigea vers son appartement. Dans les couloirs et dans l’escalier, Siobhan croisa beaucoup de visages inconnus.

— Des pensionnaires, expliqua Bisesa avec une grimace. Par décision du gouvernement, chaque domicile situé sous le Dôme doit abriter un certain nombre d’adultes par je ne sais combien de mètres carrés de surface au sol. On nous fait vivre les uns sur les autres. C’est une des raisons pour lesquelles je loge Linda chez moi. Mieux vaut une cousine qu’un inconnu…

Dans l’entrée de son appartement, comme chez pratiquement tout le monde, s’entassaient des réserves de bouteilles d’eau et de boîtes de conserve. Sitôt la porte refermée, Siobhan se rendit à la fenêtre. Exposée plein sud, celle-ci laissait entrer beaucoup de lumière. Les grandes ombres de la charpente du Dôme quadrillaient le ciel, mais la vue sur la ville était encore bien dégagée vers l’est. Et Siobhan put constater que sur chaque fenêtre, sur chaque balcon exposé au sud et sur chaque toit étaient tendues des couvertures argentées. C’était de la membrane cénesthésique, des morceaux de bouclier spatial que, dans toute la ville, des Londoniens ordinaires faisaient pousser.

Bisesa vint la rejoindre avec des verres de jus de fruit et sourit.

— Une sacrée vue, n’est-ce pas ?

— C’est magnifique, répondit Siobhan en toute sincérité.

L’idée de Bisesa avait remarquablement bien marché. Pour faire pousser un bout du bouclier qui devait sauver le monde, il ne fallait que de la patience, de la lumière solaire, un matériel guère plus compliqué qu’une chambre noire photographique, et des nutriments de base : convenablement broyés, les déchets ménagers faisaient très bien l’affaire. Au début, la matière première pour les composants intelligents avait posé un problème, avant qu’on pense à exploiter comme mines de silicium, de germanium, d’argent, de cuivre et même d’or, les sites d’enfouissement du début du siècle où s’accumulaient vieux téléphones mobiles, ordinateurs, consoles de jeu et autres appareils électroniques. À Londres, c’est tout naturellement qu’avait été ressuscité pour cette campagne, même s’il était sémantiquement inexact, le célèbre slogan de la Seconde Guerre mondiale : « Bêcher pour la victoire. »

— C’est si enthousiasmant : dans le monde entier, les gens travaillent à se sauver, eux et leurs voisins.

— Oui. Mais essayez d’aller dire ça à Myra.

— Comment va-t-elle ?

— Elle est effrayée. Non, plus que ça. Traumatisée, peut-être. (Le visage de Bisesa était calme, mais elle paraissait de nouveau épuisée, rongée par la culpabilité.) J’essaie de voir les choses de son point de vue. Elle n’a que douze ans. Quand elle était petite, sa mère disparaissait pendant des mois… Et puis elle l’a vue ressortir de nulle part, l’air affolé. Et maintenant la menace de la tempête solaire lui tombe dessus. C’est une enfant intelligente, Siobhan. Elle comprend ce qu’elle entend aux infos. Elle sait que le 20 avril, tout ça, la trame entière de sa vie, tout ce qu’elle connaît, ses synthéstars, ses flexécrans, ses livres et ses jouets, va partir en fumée. C’était déjà assez moche quand je l’abandonnais sans arrêt. Je crois qu’elle ne me pardonnera jamais d’avoir permis la fin du monde.

Siobhan songea à Perdita, qui n’avait pas l’air d’avoir saisi ce qui allait se passer… ou qui, en tout cas, se comportait comme telle.

— Ça vaut peut-être mieux que si elle refusait de l’admettre. Mais il n’y a pas de source de réconfort.

— Non. Pas même la religion, pour moi. Je n’ai jamais été très portée là-dessus. Mais j’ai surpris Myra en train de regarder l’élection du Pape.

Après la destruction de Rome, le nouveau pontife avait établi sa résidence à Boston ; les grands diocèses américains étaient depuis longtemps plus riches que le Vatican.

— Cette religiosité ambiante m’inquiète… pas vous ? Ces adorateurs du soleil qui ressortent de leur placard.

Siobhan haussa les épaules :

— Je l’accepte. Vous savez, même là-haut, sur le bouclier, ça prie beaucoup. Les religions remplissent un rôle social, elles nous rassemblent autour d’un objectif commun. C’est peut-être pour ça qu’elles sont apparues. Je ne crois pas que ce soit un problème que les gens voient le bouclier comme, disons, la construction d’une cathédrale dans le ciel, si ça peut les aider à surmonter cette épreuve… Que Dieu nous observe ou non, conclut-elle en souriant.

Le visage de Bisesa restait lugubre.

— Pour Dieu, je ne sais pas. Mais d’autres le font, j’en suis sûre.

— Vous pensez encore aux Premiers-Nés, avança Siobhan avec circonspection.

— Comment pourrais-je ne pas le faire ? demanda Bisesa, crispée.

Leur tasse de café à la main, elles se blottirent dans le profond canapé. Il paraissait incongru d’évoquer dans ce banal décor domestique une des découvertes les plus profondément philosophiques jamais faites.

— Je suppose que c’est un rêve immémorial. Nous spéculons sur l’existence d’une intelligence extraterrestre depuis l’antiquité grecque, dit Siobhan.

Bisesa regardait dans le vague.

— Même maintenant, je ne m’habitue pas à cette idée.

— Pour une scientifique, c’est dur à avaler, dit Siobhan. Les raisonnements téléologiques – c’est-à-dire ceux qui fondent leurs théories de l’origine de l’univers sur l’hypothèse qu’il a été conçu dans un but précis – sont passés de mode depuis trois siècles. Darwin a planté le dernier clou dans leur cercueil. Bien sûr, à l’époque c’était Dieu, le démiurge à la mode, pas les ET. Penser en de pareils termes va à l’encontre de tous les principes scientifiques. Raison pour laquelle un instinct m’a poussée à vous mettre en contact avec Eugene, Bisesa. Je me demandais ce qui se passerait si vous le bousculiez pour l’obliger à penser différemment. Je crois que cet instinct était judicieux. Mais ça ne me paraît toujours pas normal. Comme un plaisir coupable.

— Comment pensez-vous que les gens réagiront, quand on finira par leur dire ? demanda Bisesa.

Siobhan réfléchit à ce qu’elle ressentait, elle-même.

— Les implications sont immenses : politiques, sociales, philosophiques. Tout change. Même si nous ne découvrons rien de plus sur ces créatures que vous appelez les Premiers-Nés, et quelle que soit la façon dont la tempête tournera, le seul fait que nous connaissions leur existence prouve que nous ne sommes pas seuls dans l’univers. Tout avenir qu’il nous plaira désormais d’imaginer devra prendre en compte la possibilité d’intelligences extraterrestres.

— Je pense que les gens ont le droit de savoir, dit Bisesa.

Siobhan hocha la tête ; c’était un vieux point de désaccord entre elles.

— Nous sommes allés sur la Lune et sur Mars, reprit Bisesa. Nous sommes en train de construire un objet aussi grand qu’une planète. Et pourtant tous nos accomplissements ne sont rien face à une puissance capable de faire ça. Mais je ne crois pas que les gens seront impressionnés. Je pense qu’ils se mettront en colère.

— Je ne comprends toujours pas, dit Siobhan. Quelle raison pourraient avoir vos Premiers-Nés de vouloir notre extinction ?

— Je crois les connaître mieux que quiconque, mais je ne peux pas répondre à cette question. En tout cas, s’il y a une chose dont je suis sûre, c’est qu’ils nous observent.

— Comment ça ?

— Je pense que c’était la raison d’être de Mir. Cette planète était un assemblage de toute notre histoire, jusqu’au moment de notre destruction programmée. Mir ne nous était pas destinée à nous, mais à eux. Pour s’obliger à regarder ce qu’ils détruisaient, à faire face aux conséquences de leurs actes.

Elle parlait d’un ton hésitant, manifestement incertaine de ce qu’elle devait penser. Siobhan l’imagina assise seule durant de longues heures à ressasser de façon obsessionnelle ses souvenirs et ses sentiments ambigus.

— Ils n’ont besoin de rien de ce que nous savons, ou de ce dont nous sommes capables, poursuivit Bisesa. Ils ne s’intéressent pas à nos sciences ni à nos arts… Sinon ils chercheraient à préserver nos livres, nos tableaux, et même certains d’entre nous. Ils sont bien au-dessus de ça. Ce qu’ils veulent – à mon avis –, c’est savoir quel effet cela fait d’être nous, les humains. Et ce que l’on ressent au moment où on se retrouve livré aux flammes.

— Ils attachent donc une valeur à la conscience, dit Siobhan, songeuse. Je peux voir pourquoi une civilisation avancée placerait l’esprit au-dessus de tout. Celui-ci est peut-être rare dans notre univers. Ils en font cas, même quand ils le détruisent. Ils possèdent donc une morale. Peut-être se sentent-ils coupables d’agir ainsi.

Bisesa eut un rire amer.

— Mais ça ne les empêche pas de le faire. Ce qui ne tient pas debout, non ? Des dieux peuvent-ils être déments ?

Siobhan leva les yeux vers le squelette du Dôme :

— Même dans cette destruction, il est peut-être envisageable de trouver une logique.

— Vous le croyez vraiment ?

Siobhan lui adressa un large sourire :

— Même si je le croyais, je ne l’accepterais pas. Qu’ils aillent au diable.

Bisesa lui adressa à son tour un sourire farouche.

— Oui, dit-elle. Qu’ils aillent au diable.