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PRINCE DU CIEL
Après avoir été laissé un jour et une nuit enfermé seul dans le noir, Kolya fut conduit devant Yeh-lü. Les bras liés dans le dos par une corde en crin de cheval, il fut jeté à terre.
Il n’avait aucune envie d’affronter la torture et il parla vite, disant à Yeh-lü ce qu’il avait fait, tout ce dont il se souvenait. À la fin, Yeh-lü sortit de la yourte.
Le visage de Zabel se pencha sur lui.
— Tu n’aurais pas dû faire ça, Kolya. Les Mongols connaissent le pouvoir de la recherche d’informations. Tu l’as bien vu à Bichkek. Tu n’aurais pas commis un crime plus grave si tu avais agressé Gengis en personne.
— Puis-je avoir un peu d’eau ? murmura-t-il.
Il n’avait rien eu à boire depuis qu’on l’avait démasqué. Elle ignora sa requête.
— Tu sais qu’il ne peut y avoir qu’un verdict. J’ai essayé d’intercéder en ta faveur. J’ai dit que tu étais un prince, un prince du Ciel. Ils vont être cléments. Ils ne versent pas le sang royal…
Il trouva assez de salive pour lui cracher à la figure. La dernière fois qu’il l’avait vue, elle le regardait en riant.
On l’entraîna dehors, les mains toujours liées dans le dos. Quatre robustes guerriers le maintinrent à terre par les jambes et les épaules. Puis un officier sortit d’une yourte, portant entre ses mains gantées une coupe en céramique. Celle-ci contenait de l’argent en fusion. Ils lui en versèrent dans un œil, puis dans l’autre et dans une oreille, puis dans l’autre.
Après ça, il sentit qu’on le soulevait pour le porter et le jeter dans un trou tapissé de terre fraîchement retournée. Il n’entendit pas les coups de marteau pendant qu’ils clouaient les planches au-dessus de sa tête, pas plus qu’il n’entendait ses propres hurlements.