13

LUEURS DANS LE CIEL

La situation ne s’améliorait pas. Les jours où le ciel ne se couvrait pas de nuages menaçants étaient maintenant rares. Jamroud était assailli par des orages, et parfois des tempêtes de grêle, surgis de nulle part. Les cipayes disaient qu’ils n’avaient jamais vu pareilles intempéries.

Mais les officiers britanniques avaient d’autres préoccupations que le climat. Les vagues rapports des éclaireurs faisant état d’une armée dans le sud-ouest les inquiétaient de plus en plus et ils s’efforçaient de trouver un moyen d’obtenir des renseignements plus précis.

Malgré leurs difficultés, les naufragés du XXIe siècle apprenaient beaucoup de choses sur leur nouveau monde, grâce aux passagers du Soyouz qui, à chacune de leurs orbites solitaires autour de la planète, transmettaient des photos et d’autres données à la station réceptrice improvisée de Casey. Ce dernier avait converti ce qui restait de l’électronique embarquée du Little Bird pour engranger, traiter et visualiser celles-ci.

Les images bariolées par les tempêtes d’un monde métamorphosé étaient déconcertantes, mais elles fascinaient, de différentes manières, tous ceux qui les examinaient. Bisesa pensait que pour Abdikadir et Casey, même si les photos en elles-mêmes étaient troublantes, elles rappelaient de façon rassurante un monde où ils avaient l’habitude de consulter ce genre d’images quand ils en avaient envie. Mais le Soyouz devait bientôt retomber sur Terre et leur seul œil dans le ciel se refermerait.

Quant aux hommes de 1885, Ruddy, Josh, le capitaine Grove et le reste des Britanniques avaient tout d’abord été ébahis par les flexi-écrans et gadgets du même ordre : si Abdikadir et Casey avaient été rassurés par ce qui leur était familier, Ruddy et les autres avaient été bouleversés par la nouveauté de ce qu’ils voyaient. Puis, une fois habitués, ils s’étaient émerveillés devant les images d’un monde vu de l’espace. Même si le Soyouz n’évoluait qu’à quelques centaines de kilomètres d’altitude, contempler un horizon incurvé, des bancs de nuages en couches superposées ou des caractéristiques familières, facilement reconnaissables, comme la forme en goutte d’eau de l’Inde ou les côtes dentelées de la Grande-Bretagne, les plongeait dans des abîmes d’étonnement.

— Je n’aurais jamais imaginé qu’une telle perspective digne d’un dieu était possible. Oh, nous savons comme le monde est vaste, dans l’absolu, mais je ne l’avais jamais ressenti intimement, dit Ruddy en se frappant la poitrine. Comme sont petites et éparses les œuvres des hommes… Comme sont mesquines leurs prétentions et leurs passions… Nous voyons là que nous ne sommes guère plus que des fourmis !

Mais les hommes du XIXe siècle dépassèrent ce stade et apprirent vite à interpréter ce qu’ils voyaient ; même les plus rigides des militaires, comme le capitaine Grove, surprirent Bisesa par leur faculté d’adaptation. Il ne fallut guère plus de deux ou trois jours après le premier téléchargement pour que l’attroupement hypnotisé qui jacassait autour du flexi-écran de Casey commence à s’assombrir. Car, aussi merveilleuses que soient les images et la technologie qui les avait produites, le monde qu’elles révélaient donnait à réfléchir.

Bisesa fit des copies qu’elle stocka dans leur seul appareil électronique portatif disponible : son téléphone. Elle avait compris combien ces données étaient précieuses. Pendant longtemps, ces images seraient tout ce dont ils disposeraient pour savoir ce qui se trouvait par-delà l’horizon. De plus, tout comme le cosmonaute Kolya, elle se disait que ce serait un témoignage du monde d’où ils venaient. Sinon, les gens finiraient par oublier et par croire que celui qu’ils connaissaient était le seul qui ait jamais existé.

Mais son portable avait ses propres idées.

— Montre-moi les étoiles, avait-il demandé de sa petite voix.

Chaque soir, elle le posait donc sur un rocher soigneusement choisi où il trônait patiemment tel un insecte métallique, scrutant les cieux de son petit objectif. Bisesa installait de petits paravents de toile imperméable pour le protéger. Ces séances d’observation pouvaient durer des heures pendant lesquelles l’appareil attendait d’apercevoir une section ou une autre du firmament à travers les nuages qui défilaient dans le ciel.

Un soir, alors que Bisesa était en train de l’installer, Abdikadir sortit du fort avec Josh et Ruddy pour la rejoindre, porteur d’un plateau de rafraîchissements.

Ruddy avait vite deviné la nature des projets du portable. En cartographiant le ciel et en comparant la position des étoiles aux cartes astronomiques stockées dans sa base de données, l’appareil pourrait déterminer la date.

— Tout comme les astronomes de la cour de Babylone, dit-il.

Les yeux de Josh, assis près de Bisesa, semblaient immenses dans l’obscurité naissante. On ne pouvait pas dire qu’il était beau. Son visage était étroit, avec des oreilles décollées et des joues que remontait son sourire. Il avait le menton fuyant, mais ses lèvres pleines étaient étrangement sensuelles. L’ensemble était attachant, il fallait bien l’avouer… et, tout en se sentant vaguement coupable, comme si elle trahissait Myra, l’évidente affection qu’il lui portait commençait à lui faire de l’effet.

— Pensez-vous que même les étoiles ont été chamboulées dans le ciel ? demanda-t-il.

— Je ne sais pas, Josh. Peut-être est-ce mon ciel, là-haut, ou le vôtre ; peut-être n’est-ce celui d’aucun de nous. Je veux le découvrir.

— Au XXIe siècle, vous avez sûrement une plus profonde compréhension que nous de la nature du cosmos, et même du temps et de l’espace, avança Ruddy.

— Oui, dit Josh avec enthousiasme. Nous ne savons peut-être pas pourquoi ceci nous est arrivé, mais vous, Bisesa, avec l’aide de votre science avancée, vous pouvez certainement hasarder une hypothèse sur la façon dont le monde a été mis sens dessus dessous…

— Peut-être, intervint Abdikadir. Mais il va être assez difficile de vous expliquer le concept d’espace-temps, puisque vous ne devriez pas entendre parler de la relativité restreinte avant une vingtaine d’années.

Ruddy le regarda d’un air ébahi.

—La quoi ?

Le téléphone chuchota :

— Commencez par suivre un rayon lumineux. Si ç’a marché pour Einstein…

— Très bien, dit Bisesa. Écoutez, Josh : quand je vous regarde, je ne vous vois pas tel que vous êtes maintenant. Je vous vois comme vous étiez dans un passé récent, quelques fractions de seconde plus tôt, le temps nécessaire pour que la lumière des étoiles qui se reflète sur votre visage parvienne jusqu’à mon œil.

— Jusqu’ici, c’est clair, acquiesça Josh.

— Supposez maintenant que je me sois lancée à la poursuite, de plus en plus vite, de la lumière réémise par votre visage. Qu’est-ce que je verrais ?

Josh fronça les sourcils.

— Ce serait comme deux trains rapides, dont l’un dépasse l’autre… Ils vont vite tous les deux, mais du point de vue du premier, l’autre semble se déplacer lentement. Vous verriez donc ma bouche et mes joues se déplacer à la vitesse d’un glacier quand j’ai souri pour vous saluer.

— Oui. Bien, vous avez saisi l’idée. Maintenant, Einstein – euh, c’était un très grand physicien du début du XXe siècle – Einstein nous a appris que ce ne serait pas juste une illusion d’optique. Ce n’est pas le simple fait que je verrais votre visage bouger plus lentement, Josh. La lumière est le moyen le plus fondamental que nous ayons de mesurer le temps… et donc, plus je voyagerais rapidement, plus je verrais le temps passer lentement pour vous.

Ruddy tortilla sa moustache.

— Pourquoi ?

Abdikadir éclata de rire.

— Depuis Einstein, cinq générations de professeurs n’ont pas réussi à trouver une réponse satisfaisante à cette question, Ruddy. L’univers est simplement fait comme ça.

Josh sourit de toutes ses dents.

— Comme c’est merveilleux – que la lumière soit à jamais jeune, à jamais sans âge – peut-être est-il vrai que les anges de Dieu sont des créatures de lumière !

Ruddy secoua la tête.

— Anges ou non, c’est sacrément tiré par les cheveux. Et quel est le rapport avec notre situation actuelle ?

— Tout simplement, répondit Bisesa, dans un univers où le temps lui-même s’ajuste autour de nous en fonction de la vitesse à laquelle nous voyageons, le concept de simultanéité est un peu compliqué. Ce qui est simultané pour Josh et Ruddy ne l’est pas forcément pour moi. Tout dépend de la façon dont nous bougeons, dont la lumière voyage entre nous.

Josh acquiesça, mais il était manifestement perplexe.

— Et ce n’est pas simplement une question de mesure…

— Non, Josh, c’est inhérent aux lois de la physique.

— Je crois comprendre. Et dans ce cas, il serait possible de prendre deux événements qui n’étaient pas simultanés – disons un moment de ma vie en 1885 et un moment de celle de Bisesa en 2037 – et de les rapprocher l’un de l’autre, si près que nous pourrions même…

— Vous embrasser ? demanda Ruddy avec une feinte gravité.

Le pauvre Josh s’empourpra.

— Mais tout cela est décrit du point de vue d’une personne ou d’une autre, reprit Ruddy. De quel point de vue supérieur faut-il donc considérer notre nouveau monde ? Celui de Dieu… ou de l’Œil du Temps lui-même ?

— Je ne sais pas.

— Il nous faut en apprendre plus, dit Josh d’un ton résolu. Si jamais nous avions une occasion d’arranger les choses…

— Oh oui ! s’exclama Ruddy, riant jaune. C’est ça. Arrangeons les choses !

— À notre époque, dit Abdikadir, nous sommes habitués à voir nos mers, nos rivières et notre air pollués. Maintenant, le temps ne s’écoule plus en un flot régulier, irréversible, mais dans un bouillonnement, plein de turbulences et de tourbillons, conclut-il en haussant les épaules. Peut-être s’agit-il simplement d’une situation à laquelle il faudra nous habituer.

— La vérité est peut-être plus simple, dit brutalement Ruddy. Vos tapageuses machines tournoyantes ont peut-être fait voler en éclats le calme de cathédrale de l’éternité. Le fracas des terribles guerres de votre époque a ébranlé les murs de cette cathédrale au-delà de tout espoir de rétablissement.

Le regard de Josh passa de l’un à l’autre.

— Vous dites que tout ceci pourrait ne pas être naturel… Ce pourrait même ne pas être le fait d’êtres supérieurs… Ce pourrait être notre faute ?

— C’est une possibilité, répondit Bisesa. Notre science n’est qu’un tout petit peu plus avancée que la vôtre, Josh… nous ne savons vraiment pas.

Ruddy était toujours en train de réfléchir à la relativité.

— Qui était ce physicien… Einstein, avez-vous dit ? Ça sonne allemand à mes oreilles.

— C’était un Juif allemand, dit Abdikadir. À votre époque, c’était, hum, un écolier de six ans vivant à Munich.

— L’espace et le temps eux-mêmes peuvent être gauchis…, marmonna Ruddy. Il n’y a pas de certitudes, même en physique… D’une certaine façon, les idées d’Einstein peuvent avoir précipité le monde vers la catastrophe… et maintenant vous dites que c’était à la fois un Hébreu et un Allemand… C’est si caricatural que c’en est risible !

Le portable dit doucement :

— Bisesa, il y a autre chose.

— Quoi ?

— Tau Ceti.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda Josh. Oh. Une étoile.

— Une étoile comme le soleil, à près de douze années-lumière. Je l’ai vue se transformer en nova. Ce n’était pas très visible et, le temps que je la remarque, son éclat diminuait déjà, le pic de luminosité était passé – il n’a duré que quelques nuits –, mais…

Abdikadir se tripota la barbe.

— Qu’y a-t-il de remarquable à ça ?

— Juste que c’est impossible, dit le téléphone.

— Comment ça ?

— Seuls les systèmes binaires se transforment en novæ… Il faut un compagnon obscur pour fournir de la matière inerte à l’étoile, qui finit par disparaître dans une explosion.

— Mais Tau Ceti est une étoile simple, dit Bisesa. Comment a-t-elle donc pu devenir une nova ?

— Tu peux vérifier mes données, si tu veux, dit son portable, vexé.

Bisesa regarda le ciel d’un air dubitatif.

— Dans les circonstances actuelles, bougonna Ruddy, ça me paraît un mystère assez lointain et abstrait. Nous devrions peut-être nous préoccuper de questions plus terre à terre. Cette machine se livre depuis déjà des jours à ses babyloniennes computations. Combien de temps lui faudra-t-il pour nous révéler ses stupéfiantes conclusions ?

— C’est elle qui le décidera. Elle a toujours eu son petit caractère.

Ruddy éclata de rire.

— Dame Machine, dites-moi donc quelle hypothèse vous avez échafaudée… Expliquez-la-moi de votre mieux, aussi vague soit-elle. C’est un ordre !

— Bisesa…, dit le portable.

Elle avait configuré la protection parentale pour s’assurer qu’il n’en dirait pas trop aux Britanniques. Mais elle haussa les épaules.

— C’est bon, tu peux parler.

— Nous sommes au XIIIe siècle, murmura le portable.

Ruddy se pencha vers lui.

Quelle date ?

— Il m’est difficile d’être plus précis. Les changements dans la position des étoiles sont légers – mes lentilles sont conçues pour la lumière du jour, je dois prolonger les temps d’exposition – et ces nuages sont une vraie plaie… Il y a eu pas mal d’éclipses de Lune pendant cette période : si j’en observais une, je pourrais sans doute déterminer le jour exact.

— Le XIIIe siècle, quand même ! soupira Ruddy, qui leva les yeux vers les cieux ennuagés. À six siècles de chez nous !

— Huit, dans notre cas, dit sombrement Bisesa. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Il se peut que ce soit un ciel du XIIIe siècle, mais la planète sur laquelle nous nous tenons n’est certainement pas la Terre du XIIIe siècle. Le fort de Jamroud n’y existait pas, par exemple.

— Le XIIIe siècle est peut-être un… une fondation. Comme un canevas sur lequel ont été cousus les autres fragments composant le grand patchwork temporel de cette planète.

— Désolé d’avoir été le porteur de mauvaise nouvelle, dit le téléphone.

Bisesa haussa les épaules.

— Je pense qu’elle est plus complexe que mauvaise.

Ruddy s’adossa au rocher, mains croisées derrière la tête. Les nuages se reflétaient dans les verres épais de ses lunettes.

— Le XIIIe siècle, dit-il, songeur. Quel merveilleux voyage que celui-ci. Je pensais venir dans la province de la Frontière du Nord-Ouest, ce qui était déjà une sacrée aventure, mais me retrouver transporté en plein Moyen Âge !… Bien qu’il me faille le reconnaître, ce n’est pas de l’émerveillement que j’éprouve en ce moment. Pas même la peur que j’aurais dû ressentir en apprenant que nous sommes perdus.

Josh sirotait sa citronnade.

— Quoi donc ?

— Quand j’avais cinq ans, répondit Ruddy, j’ai été envoyé dans une famille de Southsea. C’est une pratique courante, bien sûr, car il est normal pour les parents émigrés de vouloir faire élever leurs enfants en métropole. Mais à l’âge de cinq ans je n’en savais rien. J’ai détesté cet endroit dès que j’y ai mis le pied – Lorne Lodge, la Maison du Malheur ! –, je m’y faisais régulièrement punir, à vrai dire, pour le terrible crime d’être simplement moi-même. Ma sœur et moi, nous nous consolions en jouant à Robinson Crusoë, mais je n’aurais jamais imaginé que je deviendrais un jour un Robinson Crusoë du Temps ! Je me demande où est aujourd’hui cette pauvre Trix… Mais ce qui m’a fait le plus souffrir sur le moment, je m’en rends maintenant compte, c’est d’avoir été abandonné – comme je le voyais alors –, trahi par mes parents et laissé dans ce lieu désolé de misère et de souffrance.

— Tout comme celui-ci, ajouta Josh.

— J’ai autrefois été abandonné par mes parents, dit amèrement Ruddy. Aujourd’hui, c’est Dieu lui-même qui nous a abandonnés.

Cela les plongea quelque temps dans le silence. La nuit semblait immense, sous ce ciel peuplé d’étoiles inconnues. Bisesa ne s’était pas sentie aussi perdue depuis l’instant de la Discontinuité et Myra lui manquait terriblement.

— Ruddy, dit doucement Abdikadir, vos parents voulaient votre bien, n’est-ce pas ? Seulement, ils n’avaient pas compris ce que vous ressentiez.

— Essayez-vous de suggérer que le responsable de ce qui est arrivé au monde – Dieu ou autre – lui veut en fait du bien ?

Abdikadir haussa les épaules.

— Nous sommes humains et le monde a été transformé par des forces manifestement surhumaines. Pourquoi faudrait-il espérer comprendre leurs mobiles ?

— D’accord, dit Ruddy. Mais y en a-t-il un parmi nous pour croire vraiment qu’il puisse y avoir de la bienveillance derrière cette ingérence ?

Personne ne lui répondit.

L'Oeil du temps
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