25

LA FLOTTE

Malgré le mauvais temps, la flotte d’Alexandre rassemblée non loin du rivage offrait un spectacle superbe. Les trirèmes arboraient leurs triples rangées de rames, des chevaux hennissaient nerveusement à bord de barges à fond plat, mais les plus impressionnants étaient les zohruks, ces chalands indiens de transport de céréales à faible tirant d’eau d’un modèle qui existait encore au XXIe siècle. La pluie tombait à verse, plongeant tout dans la pénombre, délavant les couleurs et estompant détails et perspectives, mais elle était chaude et les rameurs étaient nus, leurs corps bronzés aux muscles noueux aussi luisants que leurs cheveux plaqués sur le crâne par l’eau qui ruisselait ensuite sur leur visage.

Bisesa ne put résister à l’envie de prendre des photos, mais son portable protesta :

— Où est-ce que tu te crois, dans un parc à thème ? Tu vas saturer ma mémoire bien avant d’arriver à Babylone et qu’est-ce que tu feras alors ? En plus, ça m’expose à l’humidité…

Pendant ce temps, Alexandre sollicitait des dieux leur bienveillance pour l’expédition à venir. Debout à la proue de son navire, il versait avec une coupe en or des libations dans la mer et demandait à Poséidon, aux Néréides et aux esprits de l’Océan de protéger sa flotte. Puis il poursuivit par des offrandes à Héraklès, censé être son ancêtre, et à Ammon, le dieu égyptien assimilé à Zeus qui lui avait « révélé » être son père dans un sanctuaire en plein désert.

Les quelques centaines de soldats britanniques du XIXe siècle, approximativement alignés par leurs officiers, regardaient avec stupéfaction, et non sans quelques commentaires ironiques, le roi accomplir son devoir divin. Mais, Tommies aussi bien que cipayes, ils avaient profité sans rechigner de l’hospitalité du camp macédonien ; la cérémonie en cours marquait la fin de plusieurs jours de sacrifices et de célébrations, de joutes musicales et de compétitions athlétiques. La veille au soir, le roi avait offert à chaque escouade un animal « sacrificiel» – vache, chèvre ou mouton. Aux yeux de Bisesa, il s’était agi du plus formidable barbecue de l’histoire.

Ruddy Kipling, debout près d’elle, son large visage abrité sous la visière de sa casquette, se tirailla nerveusement la moustache.

— L’esprit humain est encombré de tant d’absurdités ! Vous savez, quand j’étais enfant, mon ayah, qui était catholique romaine, nous emmenait à l’église – celle qui se trouve près du jardin botanique de Parel, si vous connaissez. J’aimais la solennité et la dignité des cérémonies qui s’y déroulaient. Plus tard, nous avons eu un porteur nommé Meeta qui nous apprenait des chansons locales et nous emmenait dans des temples hindous. J’appréciais assez leurs dieux tapis dans la pénombre, mais amicaux.

— Une enfance d’un œcuménisme intéressant, dit sèchement Abdikadir.

— Peut-être, dit Kipling. Mais les histoires qu’on raconte aux enfants sont une chose… et le ridicule panthéon hindou n’est guère plus que cela : monstrueux, inepte et truffé d’obscènes images phalliques ! Et qu’est-ce, sinon un lointain écho de cette grotesque clique en l’honneur de qui Alexandre gaspille du bon vin… et à laquelle il croit lui-même appartenir ?

— À Rome, fais comme les Romains, dit Josh.

Ruddy lui donna une claque dans le dos.

— Mais, mon cher, sur ce monde Rome n’a probablement jamais été fondée ! Que suis-je donc censé faire ? Hein, hein ?

Les cérémonies enfin terminées, Bisesa et ses compagnons se dirigèrent vers les embarcations qui devaient les transférer à bord. Il était prévu qu’ils voyagent avec la flotte, en compagnie de la majeure partie des troupes britanniques et de près de la moitié de l’armée d’Alexandre, tandis que le reste suivrait la côte par voie de terre.

L’armée leva le camp et le convoi commença à se former. Le spectacle était chaotique, avec ces milliers d’hommes, de femmes, d’enfants, de chevaux, de mulets, de bœufs, de chèvres et de moutons grouillant en tous sens. Il y avait des chariots croulant sous les marchandises et les ustensiles appartenant aux cuisiniers, charpentiers, cordonniers, armuriers et autres artisans ou marchands qui suivaient l’armée. Les catapultes et les machines de siège démontées pour le transport dressaient leurs silhouettes énigmatiques. Des prostituées et des porteurs d’eau passaient parmi la foule et les têtes altières des chameaux dominaient la cohue. Le vacarme – tumulte de voix, de cloches et de trompettes mêlé aux mugissements des animaux de trait – était extraordinaire. La présence des australopithèques désorientées, enfermées dans une cage improvisée installée sur un chariot, ne faisait qu’ajouter à l’atmosphère de cirque de l’ensemble.

Les rescapés du XXIe siècle étaient médusés.

— Quel boxon, dit Casey. Je n’ai jamais vu ça de ma vie.

Mais tout se mit en place petit à petit. Les barreurs crièrent des ordres et les rames plongèrent dans l’eau. Et, sur terre comme sur mer, les hommes d’Alexandre entonnèrent des chants rythmés.

— Les chansons du Sindh, dit Abdikadir. Quelle splendeur, ces milliers de voix qui s’élèvent à l’unisson.

— Allez, viens, dit Casey, montons à bord avant que les cipayes raflent les meilleures places.



La flotte devait voguer vers l’ouest sur la mer d’Oman, puis entrer dans le golfe Persique, pendant que l’armée et le reste du convoi la suivaient en longeant les côtes du Pakistan et de l’Iran. Tous se retrouveraient au fond du golfe et remonteraient ensuite vers Babylone. Ces routes parallèles étaient nécessaires : les navires d’Alexandre ne pouvaient rester plus de quelques jours en mer sans faire escale pour se réapprovisionner.

Mais, sur terre, la progression était difficile. L’étrange pluie volcanique tombait presque sans discontinuer d’une chape de nuages d’un gris cendreux. Le sol n’était plus que boue où s’enlisaient chariots, bêtes et humains, tandis que la chaleur restait étouffante et l’humidité prodigieuse. Le convoi se retrouva vite étiré sur des kilomètres, véritable chaîne de souffrances laissant dans son sillage des débris de matériel irréparable et des cadavres d’animaux épuisés – puis, au bout d’à peine quelques jours, ceux d’hommes, de femmes et d’enfants.

Casey trouvait insupportable la vue des Indiennes qui devaient marcher derrière les chariots ou les chameaux en portant des quantités de marchandises empilées sur la tête. Comme le fit remarquer Ruddy :

—Avez-vous vu tout ce dont manquent ces gens de l’âge du fer – pas seulement le plus évident, comme l’éclairage au gaz, les machines à écrire et les pantalons, mais des choses d’une simplicité aussi flagrante que le collier d’attelage ? Je suppose que c’est juste parce que personne n’en a encore eu l’idée et que, une fois qu’une chose a été inventée, elle le reste

Cette remarque frappa Casey. Quelques jours plus tard, il dessina une brouette rudimentaire et alla trouver les conseillers d’Alexandre. Héphestion refusa de réfléchir à sa suggestion, et même Eumène se montra sceptique, tant que Casey n’eut pas bricolé un modèle réduit pour démontrer le principe.

À la halte suivante, Eumène ordonna la construction du plus grand nombre possible de brouettes. Il y avait peu d’arbres disponibles à proximité, mais on recycla le bois d’un chaland qui avait sombré. Ce soir-là, les charpentiers assemblèrent sous la direction de Casey plus de cinquante brouettes utilisables, puis, le lendemain, ayant appris de leurs erreurs de la veille, près d’une centaine. Pour une armée qui avait réussi à construire toute une flotte sur les rives de l’Indus, bricoler quelques brouettes n’était pas un si grand exploit.

Les jours suivants, le convoi se trouva passer sur un terrain rocheux où les brouettes firent merveille. Il fallait voir les femmes du convoi pousser joyeusement des engins qui auraient pu venir d’une jardinerie du centre de l’Angleterre, chargés de marchandises et d’enfants perchés en équilibre précaire au sommet. Mais ensuite la boue revint et les brouettes s’enlisèrent. Les Macédoniens ne tardèrent pas à les abandonner, avec force moqueries à l’encontre de la technologie moderne.

Tous les trois ou quatre jours, les navires devaient mouiller près du rivage pour se ravitailler. Les troupes voyageant par voie de terre étaient censées se procurer au passage leur propre subsistance et celle des équipages et des passagers des navires. Ce qui se révélait de plus en plus problématique à mesure qu’ils s’éloignaient du delta de l’Indus, le pays étant de plus en plus désolé.

Les marins amélioraient donc leur ordinaire à l’aide de ce qu’ils trouvaient dans les flaques laissées par les marées : solens, huîtres et parfois moules. Une fois, alors que Bisesa participait à une de ces distrayantes expéditions de pêche à pied, une baleine creva la surface de l’eau, le panache craché par son évent jaillissant dangereusement près des navires à l’ancre. Les Macédoniens furent d’abord terrifiés, mais les Indiens rirent. Un groupe de fantassins se précipita dans la mer en hurlant et en frappant l’eau avec leur lance, leur bouclier ou le plat de leur épée. Quand l’animal refit surface, il s’était éloigné de plusieurs centaines de mètres et, ensuite, on ne le revit plus.

Au passage, des éclaireurs exploraient la région qu’ils traversaient pour dresser des cartes, comme l’armée d’Alexandre l’avait toujours fait. La cartographie avait aussi été un outil essentiel aux Britanniques pour bâtir et conserver leur empire, et maintenant des cartographes britanniques armés de théodolites se joignaient aux éclaireurs grecs et macédoniens. Partout où ils passaient, ils dressaient de nouvelles cartes qu’ils comparaient à celles d’avant la Discontinuité.

Mais ils croisaient peu de monde.

Les éclaireurs revinrent une fois en disant qu’ils avaient rencontré un groupe d’une centaine d’hommes, de femmes et d’enfants étrangement habillés de vêtements aux couleurs vives qui tombaient en loques. Ils mouraient de soif et parlaient une langue que les Macédoniens n’avaient pas reconnue. Personne, dans l’entourage de Bisesa ou des soldats britanniques, ne les avait vus de leurs yeux. Abdikadir supposa qu’ils venaient d’un hôtel du XXe siècle, ou même du XXIe. Condamnés à errer, coupés de leur pays d’origine disparu dans les couloirs du temps, ces réfugiés pouvaient être comparés à des ruines en négatif. Dans un contexte historique normal, les populations disparaissaient, laissant les sables envahir peu à peu leurs cités ; là, c’était l’inverse… Les soldats d’Alexandre, qui avaient reçu l’ordre de protéger le convoi d’approvisionnement, avaient tué deux ou trois réfugiés à titre d’exemple et chassé les autres.

Si les gens étaient rares, les Œils étaient omniprésents. Le long de la côte, ils étaient alignés tels des lampadaires plantés tous les quelques kilomètres sur le front de mer, et dans l’intérieur des terres ils recouvraient le pays d’un maillage distendu.

Presque tout le monde les ignorait, mais Bisesa continuait à éprouver pour eux une fascination morbide. Si un Œil s’était subitement matérialisé dans son ancien monde – faisant par exemple son apparition sur ce vieux classique des amateurs d’ovnis, la pelouse de la Maison-Blanche -, il se serait agi d’un événement extraordinaire, de la sensation du siècle. Mais ici, la plupart des gens ne voulaient même pas en parler. À la notable exception d’Eumène : il se plantait devant eux pour les regarder, mains sur les hanches, comme pour les défier de répondre.

Malgré les fatigues de la marche, Ruddy semblait avoir chaque jour meilleur moral. Il écrivait dès qu’il en avait l’occasion, d’une petite écriture en pattes de mouche pour économiser le papier. Et il spéculait sur l’état de la planète, exposant le fruit de ses réflexions à qui voulait bien l’écouter.

— Nous ne devrions pas nous arrêter à Babylone, disait-il.

Bisesa, Abdikadir, Josh, Casey, Cecil De Morgan et lui étaient assis sous le taud d’un navire réservé aux officiers ; la pluie, qui criblait la surface de la mer, tambourinait sur la toile.

— Nous devrions continuer… explorer la Judée, par exemple. Songez un peu, Bisesa ! L’œil aérien de votre vaisseau de l’espace n’a pu y distinguer que quelques villages épars, quelques filets de fumée. Et si en ce moment même, dans une de ces méchantes huttes, le Nazaréen était en train de vivre ses premiers instants ? Nous serions tels dix mille mages suivant une étoile inconnue !

— Il y a aussi La Mecque, dit sèchement Abdikadir.

Ruddy écarta les mains, magnanime :

— Soyons œcuméniques !

— Ainsi donc, après vos expériences contrastées, vous avez fini dans la peau d’un chrétien, Ruddy ?

Celui-ci se lissa la moustache.

— Si on veut. Je crois en Dieu. Pour La Trinité, je ne sais pas trop. J’ai plus de difficultés à accepter l’idée de damnation éternelle… mais il faut bien qu’il y ait un châtiment.

Il sourit et commenta :

— On croirait entendre un méthodiste ! Mon père serait content. En tout cas, je serais ravi de rencontrer le gars qui est à l’origine de tout ça.

— Fais attention de ne pas souhaiter n’importe quoi, Ruddy, dit Josh. Ce n’est pas un vaste musée que nous sommes en train de visiter. Tu trouverais peut-être le Christ en Judée. Mais dans le cas contraire ? C’est peu probable, après tout… En fait, il y a beaucoup plus de chances pour que tout ce qui s’y trouve provienne d’une époque antérieure à sa naissance.

— Je suis né après l’Incarnation, dit fermement Ruddy. Ça ne fait aucun doute. Et si je pouvais faire comparaître un ancêtre après l’autre dans la longue succession de mes aïeux, je les en ferais témoigner.

— Oui, dit Josh. Mais tu n’es plus dans le monde de tes ancêtres, Ruddy. Et si, dans ce monde, il n’y avait pas eu d’Incarnation ? Tu serais alors un bon chrétien dans un monde païen. Es-tu Virgile, ou Dante ?

— Je, euh…

Ruddy se tut, plissant son large front.

— Il faudrait un meilleur théologien que moi pour élucider ce mystère. Ajoutons ça à notre itinéraire… Il faut aller trouver Augustin, ou Aquinas, pour leur demander ce qu’ils en pensent. Et vous, Abdikadir ? Et si La Mecque n’existait pas… et si Mahomet n’était pas encore né ?

— À l’inverse du christianisme, l’islam n’est pas circonscrit dans le temps. Tawhid, l’« unicité », demeure vraie : sur Mir comme sur Terre, dans le passé comme dans l’avenir, il n’y a pas d’autre dieu que Dieu et chaque particule de l’univers, chaque feuille de chaque arbre est l’expression de Son immanence. Et le Coran est la parole inaltérable de Dieu, dans ce monde comme dans tout autre, que Son Prophète s’y soit ou non manifesté pour la transmettre.

— C’est un point de vue rassurant, dit Josh en hochant la tête.

As salaam aleikum, dit Abdikadir.

— En fait, ça pourrait être encore plus compliqué, dit Bisesa. N’oubliez pas que Mir n’est pas venue d’un seul créneau temporel. C’est une mosaïque et ça s’applique sûrement à La Mecque et à la Judée. Il y a sans doute des bouts de Judée antérieurs à la naissance du Christ – mais d’autres postérieurs, qu’il a pu fouler. Par conséquent, l’Incarnation a-t-elle eu lieu dans cet univers ou non ?

—Comme c’est bizarre ! dit Ruddy. Admettons qu’il nous soit accordé à chacun vingt-cinq mille jours de vie. Est-il possible que nous soyons, nous aussi, fragmentés – que chacun de nos jours ait été extrait de notre vie comme une tesselle de mosaïque ?

Il montra le ciel gris cendreux.

— Est-il possible qu’il y ait par là quelque part vingt-cinq mille autres Ruddy dont chacun continue sa vie comme il peut ?

— Un seul foutu bavard comme vous, c’est déjà trop pour moi, bougonna Casey, dont c’était la première contribution au débat, avant de boire à son outre une rasade de vin allongé d’eau.

Cecil De Morgan écoutait la plupart du temps ce genre de conversations en silence. Bisesa savait qu’il avait formé une vague alliance avec Eumène, le chancelier grec d’Alexandre, et qu’il rapportait à son nouveau partenaire le résultat de leurs cogitations. Ils travaillaient chacun pour soi, bien entendu : la priorité d’Eumène était sa lutte d’influence personnelle avec les autres courtisans d’Alexandre, surtout Héphestion, et Cecil, comme toujours, jouait les uns contre les autres. Tout le monde était au courant. Et Bisesa ne voyait pas de mal à ce qu’il informe Eumène. Ils étaient tous dans la même galère, après tout.

La flotte poursuivait son chemin.

L'Oeil du temps
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