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Cumberland, Maryland
Vendredi 8 avril, 16 heures

Grayson fixa le badge d’identification au revers de sa veste. Tout au long de sa carrière de procureur, ses fonctions l’avaient souvent amené à se rendre au centre pénitentiaire de North Branch. Chaque fois, c’était pour un motif important. Pour interroger un criminel, pour faire avancer la cause des victimes.

Mais aujourd’hui, c’est différent, se dit-il. Aujourd’hui, c’est une victime qui est derrière les barreaux.

Jamais il n’avait abordé un entretien dans cette prison avec autant d’appréhension.

— Détends-toi, murmura Paige. Fais ce que tu dois faire, advienne que pourra.

Elle fixa son propre badge sur son chemisier et ajouta :

— Je me sens plus légère.

— Pas étonnant, dit Grayson. Tu as laissé ton arsenal au gardien. Ça te fait quelques kilos en moins…

Le gardien en question avait écarquillé les yeux lorsqu’elle avait sorti tous ses pistolets et couteaux pour les lui confier le temps de la visite.

— Je me sens surtout plus vulnérable, dit-elle.

Et moi, je me sens fébrile et angoissé, songea Grayson.

On les conduisit dans un parloir particulier où un homme en combinaison orange les attendait. Il était assis à une table, les yeux baissés. Ses mains entravées étaient croisées devant lui.

— Ramon, dit doucement Paige. Je suis Paige Holden. J’étais une amie d’Elena.

Ramon leva les yeux et Grayson dut se forcer à ne pas tressaillir. Le visage de Ramon était couvert d’hématomes, certains anciens et jaunissants, d’autres tout récents et violets. Son œil droit était si gonflé qu’il pouvait à peine l’ouvrir. Son regard était vide de toute étincelle de vie, aussi inexpressif que celui d’un cadavre. C’était celui d’un homme qui avait renoncé à tout. Qui avait été maté, brisé, écrasé.

Et qui semblait se moquer éperdument de tout.

Il ne répondit à Paige que d’un vague mouvement de la tête.

C’est toi qui lui as fait ça, se dit Grayson.

Il déglutit péniblement.

Non, je n’ai fait que mon devoir… J’ai trop bien fait mon travail d’accusateur public.

Paige s’assit en face de Ramon, et se tourna vers Grayson en désignant des yeux l’autre chaise. Grayson se décida à s’y asseoir. Il crut voir un éclat de haine raviver fugitivement le regard éteint de Ramon.

Il se souvient de moi. Comment aurait-il pu m’oublier ?

Grayson resta coi, ne sachant que dire. Paige rompit le silence pesant :

— Je disais donc que je m’appelle Paige. Et voici le procureur Grayson Smith. J’ai été bouleversée par le décès d’Elena et de Maria. C’étaient des femmes admirables.

— Chef, dit Ramon en s’adressant au gardien d’une voix dénuée de toute inflexion, ramenez-moi dans ma cellule.

— Non ! s’écria Paige quand Ramon se leva. Attendez ! Je vous en supplie… J’étais avec Elena quand elle a été tuée. Je sais ce qui s’est passé. Elle est morte pour vous… Elle vous aimait, Ramon.

— Non, elle ne m’aimait pas.

— C’est pour vous venir en aide qu’elle a couché avec Denny Sandoval. Pour se procurer les preuves de votre innocence. Et elle les a trouvées, ces preuves, Ramon. Elle a prouvé que votre alibi était véridique. C’est ça qui a causé sa mort.

Ramon se crispa.

— Je n’y crois pas, répondit-il.

— C’est pourtant la vérité, intervint Grayson. Les preuves qui ont été présentées pendant votre procès étaient falsifiées. Des témoins ont été subornés pour vous accabler. Vous avez été piégé pour porter la culpabilité du meurtre de Crystal Jones. Aujourd’hui, nous en avons l’absolue certitude.

— Elena est allée voir Sandoval pour accéder à son ordinateur, Ramon, insista Paige. Elle a trouvé dans son disque dur une photo qui atteste que vous étiez bien dans son bar à l’heure du crime. Et une autre photo prouvant que le témoignage de Sandoval avait été acheté.

— Je sais tout ça, murmura Ramon. Je l’ai vu à la télé. Il s’est suicidé après avoir tué Elena.

Son regard était toujours inexpressif. Il ne se rassit pas et resta comme figé sur place.

— Non, c’est inexact, dit Paige. Il a été tué par l’homme qui l’avait soudoyé et qui a organisé le trucage du procès. Il s’appelait Stuart Lippman et il travaillait pour votre avocat, qui était lui aussi dans le coup. Ils étaient tous les deux corrompus jusqu’à la moelle.

— Bob Bond, dit Ramon.

— Il est mort, lui aussi, répliqua Paige. Ainsi que Lippman. Ils ont piégé de la même manière de nombreux innocents. Ils étaient payés par les familles de vrais coupables, des familles riches et influentes. Nous en sommes certains.

Ramon se rassit lentement.

— Tout ça, grâce à Elena ? demanda-t-il avec circonspection.

— Oui, répondit-elle. Elle a déclenché une réaction en chaîne qui a permis de dévoiler le rôle occulte de ces avocats véreux et de leurs complices. Je suis détective privée. Elena et votre mère m’ont engagée pour vous aider. Elles croyaient à votre innocence, elles avaient foi en vous. Elena n’a jamais cru un instant que vous étiez coupable. Elle n’a jamais cessé de vous aimer. J’étais à son côté quand elle est morte, et elle me l’a dit juste avant de mourir. Elle m’a fait jurer de vous dire qu’elle vous aimait. C’est pour ça que je suis venue aujourd’hui, pour vous transmettre ce message d’amour et de fidélité. Votre femme a donné sa vie pour vous, Ramon.

Ramon ferma les yeux, serrant les poings à s’en blanchir les phalanges.

— Qui l’a tuée ? demanda-t-il.

— Un ancien flic passé à la solde de Lippman.

Ramon se raidit de nouveau.

— Silas Dandridge, dit-il.

— Vous le connaissiez ? demanda Grayson, étonné.

— Il fréquentait le bar de Sandoval, répondit Ramon d’une voix impassible. Mes frères m’ont raconté qu’il y allait tous les soirs pendant les mois qui ont suivi mon arrestation. Il observait les clients en silence. Il ne disait jamais rien…

— Pour intimider ceux qui connaissaient la vérité et auraient pu se montrer bavards, fit remarquer Grayson.

— Pourquoi ne l’ont-ils pas dénoncé ? demanda Paige.

— A qui ? Aux flics, peut-être ? Dans le quartier, tout le monde savait que Silas Dandridge en était un, tout le monde avait peur de lui…

— Il est mort, dit Grayson.

Pour la première fois, il discerna une lueur dans le regard de Ramon. Une lueur de haine, aussi intense que fugitive.

— Tant mieux, murmura-t-il.

— Jorge Delgado est mort, lui aussi.

— Qu’il brûle en enfer ! s’exclama sourdement Ramon, les narines frémissantes.

Paige hocha la tête.

— Je comprends vos sentiments, dit-elle.

Ramon désigna du menton Grayson.

— Lui aussi, qu’il brûle en enfer !

Paige inspira profondément.

— Il a risqué sa vie pour prouver votre innocence. Il a failli être tué à plusieurs reprises parce qu’il s’obstinait à vouloir découvrir la vérité. Moi aussi, d’ailleurs.

— Quelle importance ? demanda Ramon.

— C’est important, pour moi ! répliqua Paige, visiblement agacée. On m’a tiré dessus et poignardée, et j’ai failli être déchiquetée par une explosion.

Ramon la regarda droit dans les yeux en brandissant ses poignets entravés.

— Excusez-moi si je ne peux pas applaudir, dit-il avec une amère ironie.

— Ce n’est pas ce que j’attends de vous, soupira-t-elle. Je n’attends rien de vous, Ramon. Ce n’est pas pour m’attirer votre reconnaissance que j’ai fait tout ça. Je l’ai fait pour votre mère. Et pour Elena… Parce qu’elles vous aimaient tellement ! Et M. Smith a pris tous ces risques parce qu’il a compris qu’il avait été manipulé dans cette affaire. Il n’a pas digéré que vous n’ayez pas pu bénéficier d’un procès équitable.

— Vous n’auriez d’ailleurs jamais dû être mis en accusation, déclara Grayson. Vous n’auriez pas dû passer une seule journée en prison.

Ramon ferma les yeux.

— Ça n’a plus aucune importance, tout ça, murmura-t-il.

— Quoi donc ? demanda Grayson.

— Tout ça…

— J’ai vu le procureur général adjoint Yates avant de venir ici. A la lumière de tout ce que nous savons désormais, nous allons demander la révision de votre procès. Votre condamnation sera annulée et effacée de votre casier judiciaire. Vous serez entièrement blanchi. Et vous serez très bientôt libre…

Ramon se leva une nouvelle fois.

— Chef, dit-il, je veux retourner dans ma cellule.

Paige se leva, elle aussi.

— Vous avez entendu ? demanda-t-elle. Vous allez être libéré.

— Je m’en fiche. Elena est morte. Ma mère est morte. Ma vie est foutue. Même si je sors d’ici, je ne me sentirai pas libre.

Il avança vers la porte en traînant des pieds, car ses chevilles étaient également entravées. Il attendit que le gardien lui ouvre la porte en tournant la tête, et Grayson vit des larmes couler sur ses joues.

— Monsieur Muñoz…, dit Grayson. Je n’ai fait que mon devoir pendant le procès, par considération pour la victime d’un meurtre atroce. Je vous ai accusé en usant au mieux de mes capacités parce que sa mémoire l’exigeait.

— Et vous voulez que je vous pardonne, c’est ça ? demanda Ramon.

— Non. Mais je veux que vous sachiez que je requerrai avec le même zèle contre ceux qui sont coupables du meurtre de votre épouse. Elena obtiendra justice.

Ramon hocha brièvement la tête.

— Je vous en remercie, au nom d’Elena. Mais, en ce qui me concerne, vous pouvez quand même aller en enfer.

Le gardien ouvrit la porte et Ramon sortit avec lui, laissant Paige et Grayson seuls dans le parloir.

— Ce n’est pas comme ça que je m’étais imaginé cette rencontre, fit remarquer Paige.

— Tu croyais qu’il se montrerait reconnaissant ? demanda Grayson. Il a tout perdu. C’est toi-même qui as dit que je ne pourrais pas lui rendre ce qu’il a perdu. Pas plus que toi, d’ailleurs. Nous, nous ne pouvons agir que pour les victimes.

Elle le regarda dans les yeux.

— Comment t’est venue cette sagesse soudaine ? demanda-t-elle.

— En t’écoutant. Allez, rentrons à la maison.

Vendredi 8 avril, 19 h 45

« La maison » s’avéra être la demeure des Carter. Paige, qui tenait d’une main ferme la laisse de Peabody, se retint de ne pas s’émerveiller trop visiblement en remontant l’allée menant à la porte d’entrée. Mais il lui était impossible de ne pas rester bouche bée devant tant de luxe. La vaste bâtisse semblait tout droit sortie d’un film.

Ils furent accueillis sur le perron par Katherine, qui l’enlaça spontanément.

— Nous sommes ravis de vous voir ici, dit-elle.

Elle la serra dans ses bras avec un tel enthousiasme que Paige crut suffoquer et que Peabody lâcha un petit grondement menaçant.

— Tu l’étouffes, Katherine ! protesta gentiment Grayson en saisissant la laisse du chien. Et tu rends Peabody nerveux.

Katherine la lâcha en émettant un petit rire guttural.

— Voici donc le fameux Peabody ! s’exclama-t-elle. J’ai un cadeau pour lui, si vous n’y voyez pas d’inconvénient.

De sa poche, elle sortit un énorme biscuit pour chien.

— C’est Brian qui l’a cuit, en gage de notre reconnaissance, précisa-t-elle.

— Si c’est Brian qui l’a fait, il doit être délicieux, dit Paige. Mais je vais sans doute attendre d’être chez moi pour le lui donner. Il risque de mettre des miettes partout dans votre belle maison.

— Les miettes, ça se nettoie, répondit Katherine. Peabody est un héros. Hier soir, Holly et Joseph nous ont relaté ses exploits. Ce que vous avez fait pour ma fille… Mais voilà que je sanglote… Je ne sais comment vous remercier, Paige, pour avoir sauvé la vie de Holly.

— De rien.

— Mes enfants ne parlent plus que de vous, reprit Katherine. Et ils n’ont que des louanges à la bouche. Venez me tenir compagnie pendant que je finis de préparer le dîner.

Elle s’empara d’autorité du bras de Paige et la conduisit vers la cuisine.

Paige lança un regard désespéré à Grayson par-dessus son épaule, mais celui-ci se contenta de sourire et leur emboîta le pas.

Brian et Lisa se trouvaient déjà dans la cuisine. Le fumet des mets qu’ils préparaient vint agréablement chatouiller les narines de Paige, la faisant saliver.

— Je crois qu’on a oublié de déjeuner, aujourd’hui, fit-elle remarquer.

— Asseyez-vous, dit Lisa en désignant des tabourets alignés le long du comptoir. Brian a confectionné des amuse-gueules.

Paige obéit et se mit à dévorer un amuse-gueule au nom imprononçable, le genre de mignardise qu’un serveur en smoking sert sur un plateau d’argent dans un grand restaurant.

— Où est Holly ? s’enquit-elle.

Lisa et sa mère échangèrent un regard anxieux.

— Holly n’a pas bien dormi, cette nuit, répondit Lisa.

— Pas étonnant, dit Paige. Je m’inquiète pour elle. Elle a vécu des moments épouvantables. Et elle a assisté à la mort de Lippman. Elle ne l’oubliera pas de sitôt.

— C’est probable, fit observer Katherine avec pondération. Nous avons contacté un psychothérapeute, ce matin. Holly ira le consulter dès demain. Elle aimerait que vous l’accompagniez, Paige, si ça ne vous dérange pas. Elle n’arrête pas de dire que vous êtes la seule à pouvoir comprendre vraiment ce qu’elle ressent.

Paige fronça les sourcils.

— Je comprends ce qu’elle ressent, c’est vrai, et je l’accompagnerai bien volontiers, dit-elle. Mais comment Holly sait-elle que j’ai vécu une expérience similaire ?

— Elle ne sait pas que vous avez vu votre amie mourir, dit Lisa. Elle sent tout simplement que vous la comprenez. Avec vous, elle se sent mieux qu’avec quiconque.

— Donnez-moi l’adresse et l’heure du rendez-vous. J’y serai.

Grayson se pencha par-dessus le comptoir et demanda :

— Où est Holly ? Et ma mère ? Et Jack ?

Katherine lâcha un petit soupir.

— Vers 5 heures du matin, Holly s’est mis en tête qu’il lui fallait un chien comme Peabody. Jack et Judy l’ont emmenée visiter une animalerie.

— Nous pensons qu’elle ne pensait pas à un chien de protection, mais aux rottweilers en général, dit Lisa. Jack et Judy ont appelé des animaleries à son insu, jusqu’à ce qu’ils en trouvent une qui n’en vendait pas. Et c’est là qu’ils sont allés, pour lui donner le change.

— Nous pensons qu’il serait préférable que ce soit vous qui le choisissiez, dit Katherine. Si ça ne vous dérange pas. Je parle d’un chien de protection… Ça me rassurerait, surtout avec ces garçons qui l’embêtent au centre social. Je voudrais que Holly soit plus indépendante. Qu’elle profite davantage de la vie. Mais je suis quand même sa mère et je me fais du souci pour elle.

— Peabody m’a énormément rassurée quand j’avais peur de me retrouver seule, dit Paige en lui grattant affectueusement les oreilles. Si vous le souhaitez, je peux m’adresser à une amie qui a un chenil dans le Minnesota. C’est elle qui a dressé Peabody. Je suis sûre que Brie sera heureuse de trouver un chien qui convienne spécifiquement à Holly.

— Je vous laisse le soin de faire les arrangements nécessaires avec votre amie, répondit Katherine. Moi, je m’occuperai des billets d’avion. On pourrait y aller lors d’un prochain week-end. On fera des trucs de filles. Et vous me présenterez votre famille… Vous comprenez… Puisque vous fréquentez Grayson, qui est comme un fils pour nous…

— Elle n’a pas de famille, Katherine, intervint Grayson en grimaçant.

— Aucune ? demanda Katherine en se mordant la lèvre. J’ai gaffé, pardonnez-moi.

— Ne vous en faites pas, répliqua Paige avec sincérité. Mes grands-parents sont décédés, mais j’ai beaucoup d’amis, là-bas, qui seraient ravis de faire votre connaissance et celle de Holly.

— Je pourrai venir ? demanda Grayson.

— Bien sûr, répondit Paige. Comme ça, tu rencontreras Olivia, et elle cessera de s’inquiéter au sujet de ma vie sentimentale.

Grayson voulut ajouter quelque chose, mais son téléphone se mit à sonner.

— Smith à l’appareil, dit-il en l’ouvrant.

Il écouta un instant avant de s’exclamer :

— Belle prise ! Je regrette de ne pas avoir assisté à la perquisition… Tout de suite ? D’accord. Merci.

Sur ces mots, il raccrocha.

— C’était Hyatt. Il m’a demandé d’allumer la télé pour regarder les infos.

Brian dirigea une télécommande vers le mur opposé, et un téléviseur surgit silencieusement de son support mural télescopique. Une seconde plus tard, Phin Radcliffe apparaissait à l’écran. Il se trouvait devant le bureau de police et commentait l’arrivée d’une voiture. Un homme en sortit, tiré sans ménagement par deux inspecteurs de police. La caméra zooma sur l’homme. C’était Jim McCloud. Son visage était écarlate et son regard maussade. Il était menotté.

— En voilà, un beau spectacle ! s’exclama Paige.

— Je préférerais le voir en combinaison orange, murmura Grayson.

— Bientôt, dit-elle. Grâce à toi.

A l’écran, Radcliffe escortait le sénateur d’aussi près que le lui permettaient les inspecteurs.

— Monsieur McCloud, cria Radcliffe. Quelles sont les charges qui pèsent contre vous ?

McCloud ne daigna pas répondre.

— Il paraît que vous êtes accusé de meurtre, insista Radcliffe. Et de deux viols. Mme McCloud vient d’être mise en examen pour tentative de meurtre sur Adele Shaffer, le meurtre de Betsy Malone et pour complicité de viol. Ce sont de très graves accusations…

McCloud s’arrêta brusquement et se tourna pour faire face à l’objectif.

— Ces accusations sont entièrement fabriquées, répondit-il d’un ton doucereux. Elles proviennent du cerveau malade d’Adele Shaffer. Nous prouverons qu’elles ne reposent sur rien, puis nous aiderons cette malheureuse à recevoir les soins que son état mental requiert.

Il fut ensuite conduit en haut des marches et disparut derrière la lourde porte, laissant Radcliffe seul devant la caméra. Ce dernier entreprit aussitôt de résumer la vie et la carrière du sénateur.

— Tu peux éteindre, dit Grayson. Hyatt m’a dit que les flics n’avaient pas encore fini de fouiller le domaine, mais devine ce qu’ils ont trouvé dans le bureau du sénateur ? Le sac à main de Crystal.

— On le tient ! s’exclama Paige. On va pouvoir l’envoyer en prison.

— Dans le sac, les flics ont trouvé son portable… Un appareil jetable à numéro anonyme, ce qui explique pourquoi on n’arrivait pas à retrouver de données téléphoniques à son nom. Il y avait aussi une carte de crédit, un bâton de rouge à lèvres et un aérosol de gaz lacrymogène.

— Je te l’avais bien dit ! s’exclama-t-elle.

— C’est vrai, reconnut Grayson.

Il se retourna en entendant s’ouvrir la porte d’entrée.

— Viens, poursuivit-il. Il faut que je te présente Jack.