Lucie

— Dallas m'a dit que Neferet avait présenté le corps de Kalona au conseil supérieur, fît Lucie, songeuse.

— Qui est Dallas ? demanda Rephaïm.

— Un mec que je connais. Cela voudrait dire que Neferet a livré Kalona, alors qu'ils sont censés être ensemble.

— Neferet a séduit mon père et prétend être sa compagne, mais la seule chose qui l'intéresse, c'est elle. Lui est mû par la colère ; elle par la haine. La haine est un moteur autrement plus dangereux.

— Alors, tu penses que Neferet trahirait Kalona pour sauver sa peau ?

— Je suis certain que Neferet trahirait n'importe qui pour sauver sa peau.

— Que gagnerait-elle à livrer Kalona, surtout sans son âme ?

— En le présentant au conseil, elle éloigne les soupçons.

— Oui, ça se tient. Je sais qu'elle veut la mort de Zoey. Et elle se moque bien de Heath. Elle doit jubiler que l'âme de Zoey se soit brisée après qu'elle a lancé sur Kalona l'esprit d'un des cinq éléments qu'elle maîtrise. Apparemment, c'est déjà un pas vers la mort.

— Zoey a attaqué mon père avec l'esprit ?

— Oui, d'après Lenobia et Dragon.

— Alors, il a été gravement blessé, fit Rephaïm en détournant le regard.

— Hé, tu dois me dire ce que tu sais !

Comme il se taisait, elle soupira.

— OK, voilà la vérité. Je suis venue ce soir pour t'obliger à me parler de Kalona et de l'au-delà ; mais je ne veux pas te forcer.

Elle lui toucha le bras d'un geste hésitant. Il sursauta, mais ne se déroba pas.

— Ne peut-on pas collaborer ? insista-t-elle. Tu veux vraiment que Zoey meure ?

Il la fixa, l'air grave.

— Je n'ai aucune raison de désirer la mort de ton amie. En revanche, toi, tu souhaites qu'il arrive du mal à mon père.

Elle leva les yeux au ciel.

— Bon, et si je te disais que je veux simplement que Kalona nous laisse tous tranquilles ?

— Je ne sais pas si c'est possible.

— C'est tout ce que je souhaite ! Pour l'instant, Zoey et Kalona n'ont plus d'âme. Je sais que ton père est immortel, mais ça ne doit pas être bon pour lui si son corps n'est plus qu'une coquille vide.

— Non, ce n'est pas une bonne chose.

— Alors, collaborons pour les ramener tous les deux, on s'occupera du reste le moment venu.

— Je suis d'accord, fit Rephaïm.

— Cool ! s'écria Lucie en lui serrant le bras. Tu as dit que Kalona était blessé. Pourquoi ?

— Son corps ne peut mourir, mais si son esprit est endommagé, il est affaibli physiquement. C'est comme la fois qu'Aya l'a piégé. Son esprit était embrumé par ce qu'il ressentait pour elle. Cela l'avait déconcerté et privé de ses forces, et son corps était devenu vulnérable.

— Et c'est grâce à ça que Neferet a réussi à le livrer au conseil ! conclut Lucie.

— Il n'y a pas que ça. S'il était libre, il devrait se remettre presque immédiatement.

—— De toute évidence, Neferet a mis la main sur lui avant qu'il ne soit guéri. Mauvaise comme elle est, elle l'a sans doute mis K-O avec cette Obscurité effrayante qu'elle commande et...

— C'est ça !

Le Corbeau Moqueur se leva brusquement et grimaça de douleur. Il frotta son bras blessé et se rassit en le serrant contre lui.

— Elle a continué d'attaquer son esprit. Neferet est Tsi Sgili. C'est en exploitant les forces sombres du royaume de l'esprit qu'elle maintient son pouvoir.

— Elle a tué Shekinah sans même la toucher, se souvint Lucie.

— Neferet a bien touché la grande prêtresse, mais pas avec ses mains. Elle a pu l'atteindre grâce à son pouvoir, qu'elle tire du royaume des morts. C'est ainsi qu'elle a tué Shekinah, et qu'elle s'est emparée de l'esprit de mon père.

— Mais que fait-elle avec lui ?

— Elle tient son corps captif et se sert de son esprit à des fins maléfiques.

— Elle essaie de faire bonne impression au conseil supérieur. Je suis sûre qu'elle dit des trucs genre : « Oh. pauvre Zoey ! » et : « Je ne sais pas ce qui a pris à Kalona. ».

— La Tsi Sgili est très puissante. Pourquoi jouerait-elle une telle comédie ?

— Pourquoi ? Parce qu'elle ne veut pas que les membres du conseil sachent à quel point elle est diabolique, elle veut diriger le monde ! Elle n'est peut-être pas prête à prendre le contrôle de tous les vampires et des humains. Pas encore.

Alors, elle ne peut pas montrer qu'elle est contente que Zoey soit sur le point de mourir.

— Père ne souhaite pas la mort de Zoey. Il veut simplement la posséder.

Lucie lui lança un regard dur.

— Être possédé contre son gré est pire que la mort !

II eut un petit rire méprisant.

— Comme d'imprimer par accident, n'est-ce pas ?

Elle fronça les sourcils.

— Non, ce n'est à ça que je faisais allusion.

Il ricana de nouveau en se frottant le bras.

— Mais ce que tu prétends, toi, reprit Lucie, c'est que Kalona ne voulait pas que l'âme de Zoey se brise quand il a tué Heath ?

— Non, car cela aurait probablement provoqué sa mort.

— Probablement ? Cela signifie que ce n'est pas sûr pour cent ? Pourtant les vampires disent qu'elle l'est.

— Les vampires ne pensent pas comme un immortel. La mort n'est jamais aussi certaine que le croient ceux qui y sont condamnés. Zoey mourra si son esprit ne retrouve pas dans son corps, mais il n'est pas impossible que son âme redevienne entière. Ce serait difficile... et il lui faudrait un guide et un protecteur dans l'au-delà, mais...

Il l'interrompit, les yeux écarquillés.

— Quoi ? le pressa Lucie.

— Neferet se sert de mon père pour s'assurer que l'esprit de Zoey ne reviendra pas ! Elle a piégé son corps alors qu'il était blessé et a ordonné à son âme d'exécuter les ordres dans l'au-delà.

— Mais tu as dit toi-même que Nyx lui en avait interdit l'accès. Comment pourrait-il y retourner ?

— Son corps en a été banni.

— Or son corps est toujours sur Terre, enchaîna la novice. Seul son esprit y est retourné.

— Oui ! Neferet l'y a forcé. Je connais bien mon père. Il n'y serait jamais allé sans que la déesse le lui demande, il est beaucoup trop fier.

— Pas sûr ! Et s'il poursuit Zoey parce qu'il a finalement compris qu'elle ne serait jamais avec lui, et que, comme un obsédé psychopathe, il préfère la voir morte qu'avec un autre ?

Rephaïm secoua la tête.

— Père est persuadé qu'elle finira par le choisir. C'est ce qu'a fait Aya, et une partie de cette jeune femme vit encore dans l'âme de Zoey. Mais je sais comment on peut s'en assurer. Si Neferet se sert de lui, alors elle aura attaché son corps avec l'Obscurité.

— L'obscurité ? Tu veux dire le contraire de la lumière ?

— Plutôt le mal absolu. L'Obscurité dont je parle est vivante. Trouve quelqu'un qui est capable de percevoir les créatures du monde de l'esprit, et cette personne pourra voir les chaînes que la Tsi Sgili a utilisées pour attacher mon père, si tel est le cas.

— En es-tu capable, toi ?

— Oui, dit-il en soutenant son regard. Souhaites-tu que je me rende au conseil supérieur des vampires ?

Elle se mordilla la lèvre. Que faire ? Envoyer Rephaïm là-bas, ce serait échanger sa vie contre celle de Zoey. Elle non plus ne serait pas à l'abri des conséquences, puisqu'elle devrait l'accompagner, et que ces vampires hyper perspicaces se douteraient bien qu'ils avaient imprimé. Elle mourrait pour Zoey, évidemment. Cependant elle préférerait l'éviter... Et puis, Zoey ne voudrait pas qu'elle meure. Cela dit, son amie n'apprécierait pas non plus de savoir qu'elle avait sauvé un Corbeau Moqueur avant d'imprimer avec lui...

Personne n'apprécierait. Même elle n'appréciait pas. Enfin, la plupart du temps...

— Lucie ?

Sortant de ses pensées, elle se rendit compte que Rephaïm l'observait.

— Souhaites-tu que je me rende au conseil supérieur des vampires ? répéta-t-il avec solennité.

— Seulement en dernier recours et si tu y vas, moi aussi j'irai. De toute façon, le Conseil ne te croirait sans doute pas.

La jeune fille réfléchit quelques instants.

— Tu as dit que ce qu'il nous fallait, c'était quelqu'un d'assez doué pour déceler l'Obscurité, c'est bien ça ?

— Oui.

— Bon, il y a plein de vampires puissants au sein du conseil supérieur. L'un d'eux doit bien en être capable.

Il pencha la tête sur le côté.

— Ce serait étonnant qu'un vampire puisse percevoir les forces obscures que manipule la Tsi Sgili. C'est l'une des raisons pour lesquelles Neferet a réussi à jouer la comédie pendant si longtemps. Identifier le mal est difficile, à moins d'être soi-même familier de la chose.

— Alors l'un deux doit bien en être capable.

Elle s'exprimait avec beaucoup plus d'assurance qu'elle n'en éprouvait réellement. Tout le monde savait que les membres du conseil étaient choisis pour leur honneur et leur intégrité, bref, pour leur bonté, ce qui n'allait pas vraiment de pair avec une connaissance intime de l'Obscurité. Elle se racla la gorge.

— Bon, il faut que je retourne à la Maison de la Nuit et que j'appelle Venise, dit-elle avec fermeté.

Elle posa les yeux sur le bras et l'aile de Rephaïm, et sur ses bandages tachés.

— Tu as très mal, hein ?

Il hocha la tête.

— Tu as fini de manger ?

De nouveau Lucie repensa avec appréhension à la douleur qu'elle avait ressentie en bandant son aile cassée, la dernière fois.

— J'aurai besoin du matériel médical. Malheureusement, il doit se trouver dans le bureau du gardien, ce qui veut dire que je serai encore obligée de manipuler sa cervelle de moineau.

— Comment tu sais qu'il a un petit cerveau ?

— Tu as vu son pantalon ? Aucune personne âgée de moins de quatre-vingts ans dotée d'un cerveau de taille normale ne porte des pantalons de grand-père remonté jusque sous les aisselles. Une cervelle de moineau, je te dis.

Alors, les surprenant tous les deux, Rephaïm éclata de rire.

« J'aime l'entendre rire », pensa Lucie.

— Tu devrais rire plus souvent.

Il ne dit rien, et Lucie ne parvint pas à déchiffrer le regard étrange qu'il lui lança. Mal à l'aise, elle sauta de son tabouret.

— Bon, je vais aller chercher la trousse de premiers secours. Ne bouge pas, je reviens tout de suite.

— Je préférerais y aller avec toi, dit-il en se levant avec précaution.

— Ce ne serait pas..., commença Lucie.

— S'il te plaît, la coupa-t-il.

À ces mots, elle eut une drôle de sensation, tout au fond d'elle, mais elle se contenta de hausser les épaules d'un air nonchalant.

— OK, comme tu veux. Mais ne gémis pas si tu te fais mal.

— Je ne gémis jamais !

Il la regarda avec tant de fierté masculine que, cette fois, ce fut elle qui éclata de rire alors qu'ils quittaient la cuisine, côte à côte.

Sur le chemin de la Maison de la Nuit, Lucie élabora son plan d'attaque.

C'était facile : elle allait appeler Aphrodite. Quelles que soient les tragédies qui secouaient le monde, Aphrodite ferait tout pour sauver Zoey.

Ensuite, elle pensa à Rephaïm. Bander cette fichue aile avait été horrible !

Elle sentait encore la douleur dans son épaule droite et dans son dos. Même après avoir trouvé le tube de lidocaïne, un analgésique, et en avoir recouvert l'aile et le bras blessés du Corbeau Moqueur, elle sentait encore sa profonde souffrance. Rephaïm n'avait pas dit un mot pendant toute l'opération. Il avait détourné la tête et, juste avant qu'elle ne s'y mette, avait demandé : « Tu pourrais recommencer à bavarder, pendant que tu fais mon bandage ?

— Bavarder ? De quoi tu parles ?

Il l'avait regardée par-dessus son épaule, et elle aurait juré avoir vu un sourire dans ses yeux.

« Tu parles, Lucie, tu parles beaucoup. Alors, vas-y ! Ça me fera un truc plus agaçant que la douleur à maudire. »

Elle avait ronchonné, mais cela l'avait amusée. Et elle n'avait cessé de parler en nettoyant, bandant et immobilisant son aile cassée. Elle avait dit tout et n'importe quoi en partageant sa douleur. Lorsqu'elle avait eu terminé, il l'avait suivie lentement, en silence, jusqu'au manoir abandonné, et elle avale essayé de rendre sa cachette plus confortable en y entassant des couvertures.

« Tu dois y aller, l'avait-il pressée. Ne t'en fais pas pour ça. »

Il lui avait pris la dernière couverture de la main et s'était pratiquement effondré dans le placard.

« Bon, j'ai mis le sac de nourriture juste là. Et n'oublie pas de boire beaucoup d'eau et de jus de fruits. Il faut que tu t'hydrates. »

Soudain, l'inquiétude l'avait envahie à l'idée de le laisser seul dans cet état, faible et épuisé.

« D'accord, avait-il dit. Va-t'en.

— J'y vais. Mais j'essaierai de revenir demain. »

Il avait hoché la tête, las.

« Bon. Je m'en vais. »

Alors qu'elle s'apprêtait à partir, il avait repris la parole.

« Tu devrais contacter ta mère. »

Elle s'était arrêtée.

« Pourquoi ?

— Tu n'as pas arrêté de parler d'elle pendant que tu faisais mes bandages. Tu ne t'en souviens pas ?

— Non. Si. Je crois que je ne faisais pas vraiment attention à ce que je disais en m'efforçant de terminer le plus vite possible.

— Je t'ai écoutée, toi, plutôt que la douleur.

— Oh ! »

Elle n'avait pas su quoi répondre.

« Tu as dit qu'elle te croyait morte. Je... »

Il s'était tu, perplexe, comme s'il essayait de déchiffrer une langue inconnue.

— Je pense qu'elle aimerait savoir que tu es en vie, tu ne crois pas ?

— Si. »

Ils s'étaient regardés un long moment.

« Au revoir. N'oublie pas de manger ! » avait-elle lancé avant de se sauver en courant.

— Pourquoi est-ce que j'ai paniqué quand il a parlé de ma mère ? se demanda-t-elle à voix haute.

Elle connaissait la réponse, et elle ne voulait pas prononcer ces mots. Il s'était intéressé à ce qu'elle lui avait dit ; il avait compris que sa mère lui manquait.

Alors qu'elle se garait sur le parking de la Maison de la Nuit et qu'elle sortait de la voiture de Zoey, elle s'avoua que ce qui l'avait fait paniquer, c'étaient les sentiments que la sollicitude de Rephaïm avait éveillés en elle. Elle était heureuse qu'il se soucie d'elle, et elle savait que c'était dangereux d'être heureuse qu'un monstre tienne à elle.

— Te voilà ! Ce n'est pas trop tôt ! s'écria Dallas en sortant de derrière un buisson.

— Dallas ! Je te jure que je vais te mettre une raclée si tu continues de me faire peur comme ça !

— On réglera ça plus tard. Pour l'instant, il faut que tu ailles dans la salle du conseil. Lenobia n'est pas contente que tu sois partie.

Lucie soupira et suivit Dallas dans l'escalier. Une fois sur le seuil de la pièce, elle hésita. La tension qui y régnait était presque palpable. La table ronde, censée rapprocher les gens, semblait réunir des clans qui se détestaient.

D'un côté se tenaient Lenobla, Dragon, Erik et Kramisha. De l'autre, les professeurs Penthésilée, Garmy et Vento. Ils se foudroyaient tous du regard quand Dallas se racla la gorge. Lenobia se tourna vers la porte.

— Lucie ! Enfin... Je sais que la situation est inhabituelle, et que nous sommes tous soumis à un stress terrible, mais j'apprécierais que tu ne t'absentes pas alors que le conseil de l'école se réunit. Tu occupes désormais la place de grande prêtresse, et tu dois tel conduire comme telle.

Lenobia avait parlé avec une telle dureté que Lucie se braqua. Elle allait répliquer que le professeur d'équitation n'avait pas à lui donner d'ordres, et s'en aller téléphoner à Venise. Elle se souvint cependant qu'elle n'était plus une simple novice, et que tourner le dos à un groupe de vampires qui tenaient à Zoey - du moins pour certains d'entre eux - n'allait pas arranger la situation.

Alors, au lieu de piquer une crise et de tourner les talons, elle entra dans la salle et s'assit dans l'un des fauteuils, pile entre les deux groupes. Lorsqu'elle prit la parole, elle ne trahit pas son énervement. Elle s'efforça d'imiter sa mère quand celle-ci était très déçue par la conduite de sa fille.

— Lenobia, j'ai une affinité avec la Terre. Cela signifie que, parfois, j'ai besoin de m'isoler pour me retrouver seule avec mon élément afin de réfléchir.

Je partirai donc de temps en temps, avec ou sans permission, que vous ayez ou non organisé une réunion. Et je n'ai pas à me conduire comme une grande prêtresse. Je suis la première et la seule grande prêtresse des vampires Rouges dans le monde. C'est inédit, et je pense que je devrais inventer de nouvelles règles au fur et à mesure.

Elle s'adressa aux autres vampires.

— Bonjour, professeurs Penthésilée, Garmy et Vento. Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas vus.

Ils répondirent en marmonnant, et elle ignora le fait qu'ils fixaient tous ses tatouages rouges comme si elle était le fruit d'une expérience scientifique ayant mal tourné.

— Dallas m'a appris que Neferet avait présenté le corps de Kalona au conseil supérieur, poursuivit Lucie, et qu'il semblerait que son âme soit elle aussi brisée.

— En effet, même si certains ne veulent pas le croire, dit Penthésilée en jetant un regard noir à Lenobia.

— Kalona n'est pas Erebus ! explosa Lenobia. Tout comme Neferet n'est pas l'incarnation terrestre de Nyx ! Toute cette histoire est ridicule.

— D'après le conseil, la prophétesse Aphrodite a annoncé que l'esprit de l'immortel ailé s'était brisé, à l'instar de celui de Zoey, intervint Garmy.

— Attendez ! dit Lucie, levant la main pour faire taire Kramisha, qui allait se lancer dans une tirade. Vous avez prononcé les mots « Aphrodite » et «

prophétesse » dans la même phrase ?

— C'est le titre que lui a donné le conseil supérieur, expliqua sèchement Erik. Toutefois, la plupart d'entre nous ne l'appelleraient pas ainsi.

Lucie le regarda en haussant les sourcils.

— Vraiment ? Moi, si. Zoey aussi. Et toi, qui as suivi ses visions, avoue-le !

J'ai imprimé avec elle, et je peux assurer qu'elle a bel et bien été touchée par Nyx, et qu'elle est au courant de beaucoup de choses.

Elle pivota vers le professeur Garmy.

— Aphrodite en sait-elle plus sur l'esprit de Kalona ?

— C'est ce que pense le conseil supérieur.

Lucie poussa un soupir de soulagement :

— C'est la meilleure nouvelle que j'aie entendue depuis des jours !

Elle jeta un coup d'œil à l'horloge : Il était 22 h 30. Le décalage horaire entre Tulsa et Venise étant de sept heures, le jour se levait là-bas.

— Je dois appeler Aphrodite. Mince ! J'ai laissé mon portable dans ma chambre.

Elle se leva.

— Lucie, qu'est-ce que tu fais ? lança Dragon alors que tout le monde la dévisageait.

Elle soutint le regard de chacun des vampires.

— Et si je vous disais plutôt ce que je ne fais pas ? Je ne reste pas assise à discuter de Kalona et Neferet pendant que Zoey a besoin d'aide. Je ne vais pas abandonner Zoey, et je ne vais pas me laisser entraîner dans une guerre entre enseignants.

Elle se tourna vers Kramisha.

— Crois-tu que je sois ta grande prêtresse ?

— Oui, répondit la novice rouge sans hésitation.

— Alors, viens avec moi. Tu perds ton temps ici. Dallas ?

— Quelle question !

Lucie examina chacun des vampires tour à tour.

— Il faut que vous régliez vos problèmes. Voilà une info que je vous donne en tant que la seule prêtresse qu'il reste dans cette école : Zoey n'est pas morte.

Et croyez-moi, je m'y connais. J'ai été morte moi-même.

Sur ce, elle leur tourna le dos et s'en alla, suivie de novices.

CHAPITRE HUIT