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UN « CAMP POLONAIS »

Juin, juillet, août 1940 : les premiers convois. Auschwitz, camp « très ordinaire », ne se distingue en rien des centres de « redressement » ou de « privation de liberté » implantés dans les différents territoires du nouveau grand Reich. Les arrivants, tous Polonais, s’attellent à la construction des blocks. Peut-être le régime quotidien est-il un peu plus sévère, un peu plus brutal qu’à Dachau ou Buchenwald !

— Nous(9) étions plus de 1 700, exténués par tout ce que nous avions vécu dernièrement, par l’insomnie et par les conditions terribles du voyage. L’air du wagon était lourd, étouffant et pollué. La fraîcheur de la nuit avait diminué la soif sans l’apaiser. Résignés, nous attendions ce qui allait se passer. Tout à coup, dans le silence, des pas et des bruits de conversation se firent entendre. Les pas se rapprochent des wagons. Nous sentons la présence d’étrangers. Tout cela ne dure qu’un instant. Avant que nous ayons pu nous rendre compte, le wagon est ouvert avec fracas. Les S.S. apparaissent : c’est en rugissant et nous insultant qu’ils nous donnent l’ordre de quitter le wagon. Nous n’avons ni le temps ni la possibilité de retrouver et d’emporter nos affaires, ce sont des cris, des rugissements, des insultes, des menaces, des vociférations assourdissantes.

— Chacun se lève, saisit ce qu’il a sous la main et à moitié habillé, abandonnant une partie de ses vêtements et de ses bagages, c’est-à-dire valises, vestons, couvertures, linge, chacun saute sur le quai. Mais au même moment, avant d’avoir posé le pied sur terre, il reçoit des coups de poing, de bâton, de crosse ou de botte. Beaucoup tombent, obstruant le chemin ; les suivants, rencontrant un obstacle, tombent à leur tour et c’est un tas de corps humains qui se débattent. Des cris de déments, des insultes et des coups répartis savamment ne cessent de pleuvoir… Ceux qui ne sont pas tombés ou qui ont réussi à se relever rapidement sont chassés vers un chemin où ils doivent courir pour se mettre en rangs par dix. On voyait des hommes sans veston, sans casquette, sans souliers, sans pantalon même. Tous fatigués, haletants, plusieurs couverts de bleus, souvent ensanglantés.

— Des S.S.(10) étaient postés sur le quai de la gare et tout le long du chemin menant au camp ; il y en avait aussi dans les fossés, accroupis, la main sur la gâchette de leurs fusils. Ils étaient en outre armés de matraques et accompagnés de chiens policiers. Roués de coups, les prisonniers étaient chassés vers la place d’appel, ou, sans cesse battus, ils devaient défiler devant un S.S. monté sur une table. De l’autre côté de la place, les nouveaux prisonniers étaient rangés par dix. Les Kapos leur retiraient tout ce qu’ils avaient de précieux : ils enlevaient aux prisonniers leurs bagues, leurs alliances, ils leur arrachaient chaînettes et médailles tout en les battant. Beaucoup perdirent connaissance.

— Dans la cour, entre les blocks 15 et 16, les prisonniers devaient se déshabiller et rendre leurs vêtements. Ensuite on leur coupait les cheveux et on leur donnait leur numéro d’enregistrement. Puis, toujours sous les coups, le groupe tout entier passait aux bains. De bain, il n’en était pas question, c’est à peine si l’on pouvait s’asperger avec un peu d’eau froide. C’est dans le même bâtiment qu’avait lieu le prétendu « examen médical » ; le médecin demandait au prisonnier s’il était bien portant et sans tenir compte de la réponse l’expédiait aussitôt. Des bains, les prisonniers étaient conduits dans une autre cour où se trouvaient deux grands tas d’uniformes de prison en toile rayée. Les prisonniers devaient les enfiler en courant et se mettre immédiatement en rangs dans la cour d’appel. Avec ce système de répartition des vêtements, un homme grand recevait parfois une veste qui ne lui couvrait que la moitié du torse tandis qu’un prisonnier de petite taille était affublé d’un vêtement beaucoup trop grand. Il en était de même des chaussures. On comprend que dans ces conditions les prisonniers qui pourtant étaient arrivés dans le même groupe, avaient de la peine à se reconnaître.

— Heureux ceux pour qui les formalités avaient été terminées en un jour, car ils avaient la chance de passer la nuit sous un toit. Si au contraire le convoi arrivait à Auschwitz dans l’après-midi, les prisonniers, auxquels bien souvent on avait pris tout ce qu’ils avaient, passaient la nuit nus à la belle étoile, quels que soient la saison et le temps. Il arrivait donc souvent, surtout en hiver, que de nombreux prisonniers ne puissent supporter cette épreuve et meurent dès cette première nuit passée au camp. Pendant toute la durée des formalités, les prisonniers ne recevaient absolument rien à manger ni à boire…

— Les formalités d’enregistrement terminées, les prisonniers étaient chassés dans le camp-quarantaine, où quelquefois ils devaient rester jusqu’à huit semaines. C’était une période durant laquelle la résistance physique du futur esclave était mise à l’épreuve. Elle était organisée de telle façon que seuls les mieux portants pouvaient la supporter…

— Dans les baraques dont chacune était prévue pour 52 chevaux, et destinée théoriquement à quelque 300 prisonniers, on entassait plusieurs centaines et quelquefois même plus d’un millier de malheureux, sur des bat-flanc à deux étages, sans paillasse, sans couvertures, à même les planches. Lorsque les places venaient à manquer, les détenus passaient la nuit dehors. Le jour, on les torturait en les astreignant à des travaux meurtriers comme creuser des fossés et assécher les marécages sur le terrain de la quarantaine, ou bien on les forçait à rester sans rien faire, pieds nus sur la place d’appel, de 4 h 30 du matin jusque tard dans la soirée, quels que fussent la saison et le temps. Mais le pire était le « sport » et la « gymnastique ».

— Pendant la quarantaine on enseignait aux prisonniers à se mettre en rangs de cinq, à s’aligner comme des soldats, à se découvrir sur l’ordre du gardien et à marcher. Ils y étaient bien vite « familiarisés », car l’enseignement était inculqué à coups de bâtons. Pendant les heures de « sport » les prisonniers, entourés et battus par les S.S. et les Kapos, devaient sauter accroupis, danser les mains levées, ou courir pieds nus sur le gravier de la cour d’appel. Beaucoup de ces malheureux n’avaient plus de force dès les premières heures.

— Les Kapos les traînaient à l’écart, où Léo, le supérieur du camp, les achevait en leur enfonçant un bâton dans la bouche. Ceux qui ne couraient pas avec assez d’entrain étaient saisis et conduits par un S.S. derrière le block 8, où il les tuait. La moindre tentative de redresser le corps pendant l’exercice de la « grenouille » était punie de coups de pied et de bâton. On ordonnait aux prisonniers, vêtus seulement d’une chemise, de se rouler par terre pour exiger ensuite qu’au bout d’une demi-heure elle soit lavée et propre, sans qu’on leur ait donné ni eau ni savon.

— Beaucoup de prisonniers mouraient pendant la « gymnastique » et le « sport ». Les autres étaient blessés, leurs pieds étaient meurtris et enflés d’avoir couru sans arrêt sur du gravier, des barbelés et des clous.

— À midi, les prisonniers devaient se présenter à l’appel qui durait 45 minutes. Après le quart d’heure accordé pour la soupe, les S.S. les faisaient ranger sur la place d’appel et leur apprenaient de banales chansons allemandes, telles que « O du mein Bubikopf » ou « Im Lager Auschwitz war ich zwar so manchen Monat, so manches Jahr ». On rassemblait tous les Juifs pour leur faire chanter « O du mein Jerusalem » – chanson qui raillait leur race. Souvent c’était un prêtre catholique qui devait diriger ce chœur. Les prisonniers qui ne comprenaient pas l’allemand ne pouvaient retenir les paroles de ces chansons, et les Kapos, mécontents, les rouaient de coups et les leur faisaient chanter accroupis ou allongés, le visage contre terre. Ils les rouaient de coups et les piétinaient.

— La leçon de chant se poursuivait jusqu’à 15 heures et tout de suite après commençait la « gymnastique » qui durait jusqu’à 18 h 30. La « gymnastique » était suivie de l’appel du soir qui durait deux heures. Il arrivait que des groupes de prisonniers dussent, « en punition », rester au garde-à-vous sur la place d’appel, les bras sur la nuque, de 9 heures du soir au lendemain midi. Ils étaient éclairés la nuit par des projecteurs. Les S.S., qui se relevaient régulièrement, contrôlaient scrupuleusement si les prisonniers ne baissaient pas les bras, et quand cela arrivait aux plus faibles, ceux-ci étaient battus et torturés sans pitié. Sur un groupe de 265 prisonniers, une soixantaine à peine pouvaient supporter ce genre d’appel. Ceux qui tombaient d’épuisement étaient ranimés à coups de bâton et arrosés d’eau.

— De retour au block, on n’était autorisé à aller aux latrines que lorsque les rations de vivres avaient été distribuées. Des milliers d’hommes s’y pressaient à la fois, et là encore ils étaient battus. Dans ces conditions, la quarantaine n’était qu’une succession de souffrances cruelles. Les malheureux ne savaient que faire, ni où se cacher pour se soustraire à ces tourments continuels. Tous rêvaient d’être transférés au camp de travail, espérant qu’ils pourraient mieux le supporter. Ils ignoraient toutefois que les mêmes supplices les y attendaient.

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*   *

Camp monotone, avec ses vivants et ses morts. Un camp oublié. Un camp « pour Polonais ». Cependant, au mois de novembre 1940, Hoess est convoqué à Berlin par le Reichsführer Himmler.

— Nous allons faire de grandes choses… Votre capacité d’accueil doit passer de 10 000 à 30 000. Nous allons installer des complexes industriels… La S.S. a un rôle de pointe à jouer dans les fabrications d’armement…

Hoess est abasourdi. Des milliers de questions l’envahissent. Il n’en pose aucune, claque des talons et se replonge dans ses problèmes de bâtisseur : sacs de ciment, barbelés, canalisations, planches, tuiles, four crématoire, prison… Le 31 décembre, il tient à accueillir en personne son 7 879e détenu. Il lui remet un colis de « friandises ».

— C’est peut-être un peu tard… Vous avez dû passer Noël en prison. Ici… grand air… nature… bonne camaraderie.

Le 1er mars 1941, Heinrich Himmler visite pour la première fois Auschwitz. Il est accompagné du Gauleiter Bracht, du chef de la S.S. et de la police de Silésie Schmauser, de l’inspecteur des camps de concentration Glücks et d’un détachement important d’ingénieurs civils de la société I.G. Farben.

— Avant(11) la guerre, les camps de concentration n’avaient servi qu’à assurer la sécurité de l’État. Mais, dès le début des hostilités, le Reichsführer leur avait assigné un rôle tout différent. L’internement n’était plus qu’un moyen pour obtenir la main-d’œuvre nécessaire. Chaque prisonnier devait servir les besoins de la guerre, se transformer, dans toute la mesure du possible, en ouvrier de l’armement et chaque commandant devait exploiter son camp dans ce but unique(12).

— Selon la volonté du Reichsführer, Auschwitz était destiné à devenir une immense centrale de matériel de guerre actionnée par les déportés. Les indications qu’il nous donna lors de sa visite de mars 1941 étaient suffisamment précises. Il ne s’agissait plus d’élargir l’ancien camp pour y recevoir trente mille internés : il fallait encore installer un camp pour cent mille prisonniers de guerre et tenir dix mille internés à la disposition de l’entreprise chimique « Buna »(13). C’étaient là des chiffres tout nouveaux dans l’histoire des camps de concentration car, à l’époque, un camp comprenant dix mille prisonniers représentait déjà quelque chose d’inhabituel… J’étais appelé à faire surgir du néant, dans les délais les plus brefs, quelque chose d’immense, de colossal.

Ce quelque chose « d’immense, de colossal » Hoess l’entrevoit à peine. Il devra attendre le 15 juin pour être définitivement fixé :

HOESS : Pendant(14) l’été de 1941, j’ai été convoqué à Berlin par le Reichsführer S.S. pour recevoir ses instructions. Il m’a dit à peu près – je ne me rappelle pas ses paroles exactes – que le Führer avait ordonné la mise en application immédiate de la « solution définitive » du problème juif. Nous, les S.S., devions exécuter cet ordre. Si nous ne le faisions pas, tôt ou tard, les Juifs détruiraient le peuple allemand. Nous avions choisi Auschwitz à cause de sa facilité d’accès par chemin de fer et aussi parce que, grâce à son étendue, le camp pouvait être complètement isolé.

L’AVOCAT : Au cours de cette entrevue, Himmler vous a-t-il dit que cette opération devait être considérée comme « une affaire secrète du Reich » (Geheime Reichssache) ?

HOESS : Oui, il a insisté sur ce point. Il m’a dit de ne pas en parler à mon supérieur immédiat, le Gruppenführer Glücks. Cette discussion devait rester entre nous et il m’a recommandé de garder à ce sujet le silence le plus absolu.

L’AVOCAT : L’expression « Affaires secrètes du Reich » signifie-t-elle que nul ne pouvait y faire allusion devant des étrangers sans mettre sa vie en danger ?

HOESS : Oui. L’expression « Affaires secrètes du Reich » impliquait que tous étaient tenus d’observer le silence le plus strict à cet égard.

L’AVOCAT : Vous est-il arrivé de manquer à ce serment ?

HOESS : Non, pas avant la fin de 1942.

L’AVOCAT : Pourquoi précisez-vous l’époque ? En avez-vous parlé après, devant des étrangers ?

HOESS : À la fin de 1942, la curiosité de ma femme fut éveillée par une remarque du Gauleiter de Haute-Silésie concernant les événements qui se déroulaient dans mon camp. Elle me demanda si ces allusions reflétaient la vérité. J’ai répondu par l’affirmative. C’est la seule fois où j’ai manqué à la promesse faite au Reichsführer. Autrement, je n’ai jamais rien révélé à personne.

L’AVOCAT : Quand avez-vous rencontré Eichmann ?

HOESS : J’ai rencontré Eichmann environ un mois après avoir reçu les instructions du Reichsführer. Eichmann est venu à Auschwitz pour discuter avec moi des détails relatifs à l’exécution des ordres donnés. Comme me l’avait annoncé le Reichsführer au cours de notre entretien…, Eichmann devait m’apporter des directives complémentaires.

L’AVOCAT : Est-il vrai que le camp d’Auschwitz était complètement isolé ? Veuillez décrire brièvement les mesures prises pour exécuter en secret la tâche qui vous avait été confiée.

HOESS : Le camp d’Auschwitz était situé à trois kilomètres de la ville. Les habitants de la périphérie avaient été évacués sur une surface d’environ huit mille hectares. Ne pouvaient y pénétrer que les S.S. ou les employés porteurs d’un laissez-passer spécial. À ce moment-là, l’agglomération de Birkenau, où le camp d’extermination fut construit plus tard, se trouvait à deux kilomètres du camp d’Auschwitz. Les installations elles-mêmes, je veux parler des installations provisoires qui furent utilisées au début, étaient dissimulées dans les bois, à l’abri de tout regard. En outre, cette zone était interdite et les S.S. eux-mêmes, s’ils n’avaient pas de laissez-passer ne pouvaient y entrer. Autant qu’on en puisse juger, il était donc impossible à quiconque de s’introduire dans la place sans autorisation spéciale.

L’AVOCAT : C’est alors que les convois ont commencé à arriver. À quelle époque et combien de personnes contenaient-ils d’après vous ?

HOESS : Jusqu’en 1944, certaines opérations furent exécutées dans les différents pays d’Europe mais sporadiquement on ne peut donc parler d’un afflux intensif. Il fallait compter une expédition toutes les quatre à six semaines. Entre-temps, deux ou trois trains contenant chacun environ deux mille personnes arrivaient quotidiennement. Ces trains étaient d’abord dirigés sur une voie de garage aux environs de Birkenau et les locomotives repartaient. Les gardes qui avaient accompagné les convois devaient aussitôt quitter la région et les personnes transportées étaient prises en charge par les gardiens du camp. Deux médecins S.S. examinaient les nouveaux arrivants. Ceux qui étaient jugés bons pour le travail étaient envoyés à Auschwitz ou dans le camp de Birkenau. Les autres étaient d’abord dirigés sur les installations provisoires et transportés ensuite dans les fours crématoires construits depuis peu.

L’AVOCAT : Vous m’avez dit l’autre jour au cours d’un interrogatoire que soixante hommes étaient désignés pour recevoir ces convois et qu’eux aussi étaient tenus de ne rien divulguer. Le maintenez-vous aujourd’hui ?

HOESS : Oui. Ces soixante hommes se tenaient toujours prêts à emmener les détenus inaptes au travail jusqu’aux installations provisoires et ensuite dans les autres. Ce groupe composé de dix chefs et sous-chefs de même que le personnel médical avait reçu l’ordre écrit et verbal de garder le silence absolu sur tout ce qui se passait dans les camps.

L’AVOCAT : En assistant à l’arrivée de ces convois, un étranger aurait-il pu déceler à certains indices que des êtres humains allaient être détruits ou cette éventualité était-elle réduite du fait qu’Auschwitz recevait de nombreux arrivages de matériel ?

HOESS : Un observateur non averti n’aurait pas eu la moindre idée de ce qui se tramait car les convois n’étaient pas destinés uniquement à être détruits. Il en arrivait continuellement avec des détenus qui devaient être employés comme main-d’œuvre. En outre, de nombreux transports de travailleurs quittaient fréquemment le camp. Les trains eux-mêmes étaient hermétiquement clos, autrement dit les fourgons étaient fermés de telle sorte qu’il était impossible de voir ce qu’ils contenaient. Enfin, une centaine de camions transportant du matériel et du ravitaillement entraient quotidiennement dans le camp ou quittaient les ateliers où se fabriquait le matériel de guerre.

L’AVOCAT : Et après l’arrivée des convois, les victimes devaient se dépouiller de tout ce qu’elles possédaient, c’est-à-dire, se déshabiller complètement et remettre leurs objets précieux ? Est-ce exact ?

HOESS : Oui.

L’AVOCAT : Et elles étaient aussitôt envoyées à la mort ?

HOESS : Oui.

L’AVOCAT : D’après vous, savaient-elles ce qui les attendait ?

HOESS : La majorité ne le savait pas car toutes les dispositions étaient prises pour les laisser dans l’ignorance au sujet de leur sort ; de cette façon, elles ne se doutaient probablement pas qu’elles allaient mourir. Ainsi, sur toutes les portes et sur tous les murs s’étalaient des inscriptions destinées à leur faire croire qu’on les emmenait à la douche ou à une séance d’épouillage. C’est ce que leur répétaient dans toutes les langues d’autres détenus arrivés précédemment et employés comme personnel auxiliaire pendant toute l’opération.