ÉPILOGUE

Dans ses appartements, Drizzt Do’Urden passait en revue tout ce qu’il venait de vivre. Wulfgar dominait ses pensées. Cependant, elles ne se concentraient pas sur la grotte où il avait disparu, mais sur les nombreuses aventures partagées avec son ami. Le barbare allait rejoindre Zak dans son cœur. Des souvenirs heureux amenèrent un sourire doux-amer sur ses lèvres.

Catti-Brie suivrait le même chemin. Jeune, robuste, elle avait encore soif d’aventures. Tôt ou tard, elle apprendrait à sourire à travers les larmes.

Drizzt s’inquiétait surtout pour Bruenor. Âgé, il n’avait plus assez de rêves pour noyer ses peines. Mais au cours de sa longue existence, il avait traversé maintes tragédies. En règle générale, les nains considéraient la mort avec stoïcisme. Peut-être Bruenor trouverait-il en lui assez de ressort pour accepter celle-là.

L’elfe noir repensa a Régis. Entreri le maléfique n’était plus. Aux quatre coins de Féérune, des légions s’en réjouiraient.

La Maison Do’Urden, son dernier lien avec Ombre-Terre, avait été anéantie. Etait-il vraiment libéré des griffes démoniaques de Menzoberranzan ? La menace drow éliminée, connaîtrait-il la paix ?

Drizzt aurait voulu en être certain. Wulfgar avait eu une vestale de Lloth pour adversaire. Si le seul désespoir de Vierna avait conduit cette expédition jusqu’aux abords de Mithril Hall, comment expliquer la présence d’une créature si puissante en son sein ?

Troublé, Drizzt doutait d’être véritablement débarrassé de ses frères de sang.

 

 

 

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— Les émissaires de Pierrestable sont arrivés, annonça Catti-Brie à son père.

Elle avait fait irruption dans la salle sans prendre la peine de frapper.

— Je m’en fiche, grommela-t-il.

Elle le prit par les épaules et le força à croiser son regard. Ils se comprirent sans mot dire, partageant leur chagrin et une intime conviction : baisser les bras rendrait inutile le sacrifice de Wulfgar.

Que vaut une mort, et donc une vie, si on n’en boit pas la coupe jusqu’à la lie ?

Les bras autour de la taille fine de sa fille, Bruenor L’étreignit comme jamais. Les joues ruisselantes de larmes, Catti-Brie lui rendit son étreinte. Un sourire triste aux lèvres, elle écouta les sanglots étouffés de son père.

Lui aussi trouverait la paix.

Bruenor était le huitième roi de Mithril Hall.

Au milieu des joies et des peines, Catti-Brie venait d’avoir vingt ans. 

Il leur restait à tous beaucoup à faire.