
Il était bien plus de minuit, sans doute près d’une heure du matin. Il faisait déjà noir quand Jack et Costas avaient quitté la Seaquest II et conduit le Zodiac jusqu’à la côte pour rejoindre le point de rendez-vous, bien avant l’heure fixée. Ils n’entendaient plus que le martèlement incessant de la pluie. Le son montait et descendait à chaque fois qu’une averse torrentielle s’abattait sur eux. L’humidité était étouffante. Jack savait qu’ils se trouvaient dans un petit véhicule, un quatre-quatre d’après le bruit du moteur. Il était recroquevillé sur la banquette arrière, à côté de Costas. Depuis une éternité, qui n’avait probablement duré qu’une demi-heure, ils étaient secoués par les cahots d’une piste qui partait de la plage et s’enfonçait quelque part dans la jungle. Jack avait des élancements dans la cuisse. Ils avaient suivi les instructions à la lettre et attendu à côté du Zodiac, les yeux bandés, avec leur équipement de plongée. Leur ravisseur était arrivé sans un mot et les avait poussés dans la voiture sans dévoiler son identité ni l’endroit où ils se rendaient. C’était troublant, mais Jack était rassuré par la présence de Costas, qui faisait des bonds à côté de lui en jurant à chaque ornière.
Depuis qu’il avait reçu l’ultimatum par courrier électronique, il avait compris qu’ils seraient seuls, qu’ils devraient suivre les instructions des ravisseurs de Maria à la lettre et s’en remettre au hasard. Il ne savait pas ce qu’on attendait d’eux mais, apparemment, ils allaient devoir plonger. Et étant donné l’itinéraire qu’ils avaient emprunté, ils se dirigeaient probablement vers l’intérieur des terres. Allaient-ils plonger dans les cenotes, dans les rivières souterraines ? La pluie commençait à inquiéter Jack. Avec une tempête comme celle-ci, les eaux de crue pouvaient être dangereusement hautes et remplir les grottes souterraines. De plus, si près de la mer, les courants d’eau douce qui sillonnaient le Yucatan pouvaient être extrêmement forts et aspirer l’eau de pluie à travers le labyrinthe de galeries calcaires pour la véhiculer jusqu’à la mer.
La voiture s’arrêta, Jack revint brusquement à la réalité. On le sortit par la portière pour lui faire traverser un terrain irrégulier, recouvert d’une végétation rendue glissante par la pluie torrentielle qui s’abattait sur lui. Puis il se trouva à l’intérieur d’une sorte d’abri, sec mais horriblement chaud. On projeta Costas contre lui et il entendit qu’on déchargeait leur matériel. Il fut de nouveau poussé en avant. Enfin, on lui arracha son bandeau. Il chancela en clignant des yeux. On lui retira brutalement le ruban adhésif qu’il avait autour des poignets. Il était dans un endroit obscur, éclairé à la bougie. Il vit Costas à côté de lui, sur sa gauche, et un homme en face d’eux. Il sut immédiatement de qui il s’agissait : Pieter Reksnys était le portrait craché de son père, Andrius, l’homme qu’il avait vu sur la photo de l’équipe de l’Ahnenerbe au Groenland, celle que Kangia avait donnée à Macleod.
Kangia. Le fjord glacé. Tout cela paraissait si loin, de l’autre côté d’une frontière invisible qu’ils avaient franchie pour venir ici, jusqu’à cet endroit où l’enfer peuplé de démons semblait être bien davantage qu’un simple mythe médiéval.
Jack regarda autour de lui. Ils se trouvaient dans une pièce en pierre, peut-être une ancienne église. Il faisait chaud comme dans un compartiment de chaudières et Jack dégoulinait de sueur. Le plafond, en encorbellement, était haut. Il y avait un trou circulaire dans le sol. Un des murs était peint, la bougie en éclairait les couleurs vives.
Puis Jack vit Maria.
Il avait essayé de se préparer à cet instant. Il avait regardé la photo reçue par courrier électronique avant de quitter la Seaquest II, mais ce fut néanmoins un choc. Elle était assise contre un mur, en face de la peinture murale, faible et chancelante. Elle avait les jambes droites, les poignets liés et la bouche fermée par un morceau de ruban adhésif. Son visage était sale et enflé, une écorchure encore à vif lui traversait la joue. Leurs yeux se croisèrent.
Jack s’efforça de maîtriser sa colère.
— C’est lui qui t’a fait ça ?
Maria lui lança un regard implorant puis hocha la tête en montrant quelqu’un d’autre derrière lui. Il se retourna et vit l’homme qui était venu les chercher sur la plage. Il devait s’agir de Loki. Les mêmes cheveux lissés en arrière, le visage sec et mauvais, les yeux délavés. Tel père, tel fils. Loki sourit en voyant Jack le dévisager. Il se tourna vers la lumière et passa le doigt sur sa joue. Puis Jack se souvint de la description du père O’Connor. La cicatrice.
Costas, qui n’avait pas quitté Maria des yeux, se précipita soudain vers Loki. La réaction fut horriblement sûre, rapide et fluide, semblable à celle d’un animal en train de chasser. Loki le tenait par le cou et lui tirait sur la tête en le soulevant du sol sans efforts, malgré sa corpulence.
— Lâche-le !
Jack entendit la voix de Reksnys pour la première fois. Dure, grinçante, elle trahissait un accent indéfinissable semblant provenir d’Europe de l’Est. Loki obéit à son père : il jeta Costas sur le côté. Jack le fixa. C’était bien le tueur sans pitié que lui avait décrit O’Connor, un indépendant qui adorait travailler seul. Cependant, il était totalement asservi à son père. La rage n’était pas sa seule faiblesse.
Costas se releva avec une grimace de dégoût et s’essuya ostensiblement l’épaule du revers de la main, là où Loki l’avait touché. Loki ricana et retourna se tapir dans le coin sombre de la pièce. Reksnys sortit un pistolet, indubitablement un Lüger de l’époque nazie, pour le pointer sur les jambes de Maria.
— D’abord un genou, puis l’autre. Ensuite, je monte progressivement. Ou bien vous cessez de faire l’idiot.
Sa voix avait quelque chose de laid. Costas ne répondit pas tout de suite, puis hocha la tête à contrecœur. Maria était devenue blanche comme un linge à la vue du pistolet, qu’elle fixait avec horreur.
Reksnys se tourna vers Jack.
— Je veux que vous examiniez cette peinture murale. Attentivement.
Jack le regarda, imperturbable, puis baissa les yeux vers Maria, qui hocha faiblement la tête en essayant de l’encourager à travers le ruban adhésif collé sur sa bouche. Il lança à Reksnys un regard de mépris puis s’approcha de la peinture.
C’était une représentation en deux dimensions, sans relief. Il avait dû y avoir autrefois tout un éventail de couleurs éblouissantes, des nuances de marron, de rouge et de vert, sur un fond jaune et bleu. Jack repéra immédiatement la séquence narrative, les vainqueurs et les vaincus. À droite, il vit une mêlée de bateaux, des guerriers au front fuyant vêtus de façon élaborée, des navires à rames dont la proue et la poupe étaient symétriques. Un navire avec une voile carrée, d’autres guerriers.
Une voile carrée.
La scène suivante illustrait une violente bataille dans la jungle. Certains combattants étaient à terre, d’autres sur une rivière rapide apparemment souterraine. Des corps mutilés gisaient un peu partout. Les vainqueurs étaient armés d’un atlatl, un propulseur de lance, et d’un bouclier carré sur lequel était représenté un dieu de la guerre. Ils étaient dirigés par un guerrier aigle, un géant musculeux portant un masque d’aigle. Le redoutable prédateur avait les yeux perçants, les ailes repliées en arrière et d’immenses serres au bout des pattes. Les hommes du géant portaient une coiffure en peau de jaguar, des bracelets aux chevilles et aux poignets, un lourd collier de jade et des boucles d’oreilles. Ils combattaient avec un gourdin et s’abattaient sur leurs victimes avec un regard furieux et terrifiant. Leurs adversaires avaient un bouclier arrondi rouge, une coiffure et des armes différentes.
Jack observa attentivement les armes. Il regarda Maria du coin de l’œil. Déjà assise par terre en face de la fresque avant qu’ils n’arrivent, elle avait dû voir ce qu’il venait de voir, cette scène inconcevable. Elle hocha la tête, presque imperceptiblement. Elle avait vu. Il se tourna de nouveau vers la peinture.
Maintenant, tout était clair.
Jack ne laissa transparaître aucune émotion sur son visage. Il se déplaça vers la gauche. Les prisonniers étaient allongés sur le dos ou à genoux. Certains hommes qui n’étaient pas vêtus en guerriers, des serviteurs, avaient été enchaînés pour devenir les esclaves personnels des guerriers victorieux. Jack se rappela le squelette viking de L’Anse aux Meadows, l’homme qui avait parcouru plus de quatre mille kilomètres en direction du nord et presque réussi à retourner dans son monde. C’était donc ce cauchemar que cet homme avait tenté de fuir...
La scène suivante, caractérisée par des images de mort et de mutilation, dominait la fresque. Un roi-prêtre portant le masque du dieu aigle se tenait au sommet d’une plate-forme en gradins. Il prononçait une sentence contre les hommes capturés au cours de la bataille. Sur les marches du bas se trouvaient des prisonniers soumis à la torture, dont les ongles étaient arrachés. Quelques marches plus haut, un prisonnier demandait grâce en vain, les mains levées vers le ciel. Un autre, dont les doigts saignaient abondamment, s’était évanoui et gisait sur les gradins. En haut, un prêtre plongeait un couteau dans la poitrine d’une victime pour lui arracher le cœur, et l’âme du défunt montait au ciel depuis l’autel en laissant derrière elle une traînée sanglante. Une tête tranchée reposait sur un lit de feuillages et d’autres tombaient dans une cascade de sang le long des gradins. La scène était entourée de feux, de bûchers d’encens. Le rituel n’était pas réservé aux infortunés prisonniers de guerre. Sous une divinité à tête de mort, des guerriers toltèques faisaient jaillir leur propre sang en offrande, s’infligeant des blessures sur tout le corps. Trois femmes richement parées, la tête rasée, se tenaient sur une table de pierre à côté du roi. Un serviteur leur tendait un instrument de saignée et l’une d’elles se passait une corde parsemée d’épines à travers la langue. Juste à côté, un noble se faisait la même chose à travers le pénis.
Jack détourna le regard. Reksnys se délecta de sa réaction.
— J’ai trouvé ce bâtiment moi-même, il y a des années, quand j’ai acheté cette terre, déclara-t-il. C’est un temple situé au beau milieu de la jungle, une chambre sacrificielle surplombant un cenote sacré.
Il fit un signe de tête en direction du trou noir situé au milieu du sol.
— J’ai fouillé toute la jungle pendant des années dans l’espoir de faire une découverte de ce genre. Ce que j’ai trouvé est véritablement remarquable. Les autres membres du félag et moi l’avions deviné, mais nous n’avions aucune preuve.
— Aucune preuve de quoi ? demanda Jack.
Reksnys l’ignora.
— D’après nos sources, vous étiez à la recherche de la menora.
— Vos sources ! dit Jack avec raillerie. Vous voulez dire les aveux que vous avez arrachés au père O’Connor sous la torture.
— O’Connor nous a été très utile, répliqua Reksnys d’une voix soudain plus aiguë. Mais pas de la façon que vous imaginez. Au Vatican, il était devenu moins prudent. En entrant dans la chambre secrète de l’arc de Titus, il est allé trop loin. Il avait un supérieur qui nous rapportait tous ses faits et gestes. Et nous connaissions déjà cette femme.
Il désigna Maria d’un hochement de tête. Lorsqu’il vit le demi-sourire de Jack, il plissa brusquement les yeux.
— Cette information ne vous est d’aucune utilité pour le moment. Que je vous le dise ou non, cela n’aura aucune conséquence. Si je vous fais part de ma découverte, c’est uniquement en tant que collègue archéologue.
Jack promena son regard de part et d’autre de la pièce.
— Je ne vois aucun autre archéologue ici, lança-t-il.
Reksnys fit mine de ne pas l’entendre.
— Nous savons que vous êtes allés jusqu’au Groenland. Bien sûr, nous étions au courant de l’existence du drakkar pris dans la glace, que mon père avait découvert lors de l’expédition de l’Ahnenerbe dans les années 1930. Juste avant d’être assassiné, celui-ci m’avait raconté toute l’histoire. Künzl lui avait arraché la pierre runique des mains avant d’essayer de le tuer avec sa propre dague SS dans la crevasse. Heureusement, mon père avait une excellente mémoire photographique. Il a pu reproduire les symboles devant un runologue des années plus tard, après la guerre.
— J’espère que sa mémoire a aussi photographié toutes les femmes et tous les enfants qu’il a tués sur le front de l’Est et qu’elle l’a empêché de dormir, dit Jack d’un ton glacial.
— On ne les a pas encore tous dénombrés, affirma Reksnys avec dédain avant de poursuivre. Quelque chose m’a rappelé ce petit temple. J’avais eu un aperçu de cette scène de bataille, de l’apparence des guerriers provenant de la mer. Quand je l’ai trouvé, il était englouti par la jungle et rempli de décombres. Les indigènes mayas ne s’en approchent pas. Ils attendent je ne sais quel dieu aigle, le retour de leur roi. Je me suis souvenu de Harald Hardrada, de la menora. Le vieux rêve du félag. Ce n’était pas impossible. J’ai dégagé le temple moi-même, pierre par pierre.
Il parut en tirer une satisfaction puérile.
— Ce fut un de mes meilleurs moments de loisirs, conclut-il.
— Ne jouez pas au plus malin avec moi, le prévint Jack froidement. Ce n’est pas un simple loisir. C’est une obsession. Et c’est illégal.
Reksnys se renfrogna et claqua des doigts. Loki se campa devant Jack à la vitesse de l’éclair. Il tourna vers lui son horrible cicatrice violette et l’obligea à reculer. Il avait manifestement l’habitude d’intimider les personnes plus faibles que lui, mais Jack faisait une tête de plus que lui et le toisait avec mépris.
— Assez ! aboya Reksnys.
Loki se mit à grogner puis à serrer et desserrer les poings en regardant son père comme un chien regarde son maître.
— Tu auras tout le temps plus tard, décréta-t-il.
Loki s’éclipsa et Reksnys se tourna vers la fresque.
— Venons-en à la raison de votre présence ici, reprit-il.
Il traversa la pièce et retira le grand panneau de bois qui masquait le côté gauche du mur, près des décombres.
— Voilà !
C’était la dernière scène, la seule qui ne soit pas baignée de sang. Cependant, les personnages étaient peints dans des couleurs criardes et vêtus de façon plus extravagante qu’auparavant. Une procession se mettait en marche depuis la base du temple. Il y avait des êtres humains, mais aussi des créatures surnaturelles. Des musiciens jouaient et chantaient avec des trompettes et des maracas. Une carapace de tortue s’ouvrait pour faire apparaître un dieu qui tenait une jarre et versait un liquide. D’autres dieux émergeaient de la carapace d’un crabe, de la gueule d’un serpent. Des guerriers et des femmes avançaient entre des rangées d’hommes tenant des torches. Un jaguar mangeait un cœur humain. Une troupe de mimes se produisait en se tortillant, en apparaissant et en disparaissant. L’un d’eux était travesti en crocodile, un autre en crabe, avec d’immenses pinces tournées vers le ciel. Des joueurs équipés d’une ceinture de protection et de genouillères se bousculaient autour d’une balle. Un prêtre chargé du rite sacrificiel emmenait l’un d’eux vers le temple. Au-dessus de la procession, des crânes humains trônaient au bout de piquets. Certains étaient complètement nus, comme les sculptures de Chichén Itzá. D’autres, arrachés à de plus récentes victimes, arboraient encore des lambeaux de chair et des mèches de cheveux. Des cheveux blonds. Une barbe.
Reksnys avait masqué une partie de la scène à l’aide d’un morceau de tissu. Une rangée de femmes en robe blanche, le front fuyant et les cheveux roux attachés en arrière, semblait monter vers cette zone. Elles étaient parées d’immenses coiffes et de plumes vertes de quetzal sacré, qui décrivaient des arcs de cercle derrière leur dos.
Jack comprit qu’il s’agissait là d’une procession triomphale. Une autre image lui vint à l’esprit, une image qui semblait incroyablement éloignée du monde du Yucatan. L’arc de Titus, à Rome. La procession à travers le forum. Le triomphe de Vespasien sur les Juifs.
Il fit quelques pas sur la gauche, sous le regard méfiant de Loki. Le dernier dessin était encore partiellement dissimulé par les décombres, mais suffisamment clair. C’était une forme abstraite, semblable à un chaudron, dont le bord marquait la fin de la voie processionnelle. C’était l’immense gueule béante des enfers, avide de sacrifices.
Chichén Itzá. Le cenote des sacrifices.
Reksnys s’approcha du morceau de tissu et indiqua le coin inférieur.
— Je pense que nous nous trouvons ici, affirma-t-il à Jack comme s’ils étaient collègues. Les enfers, la fin de la procession. Nous savons tous qui sont les vaincus. Je crois que la procession triomphale s’est terminée là où nous nous trouvons actuellement, à l’entrée de ce cenote, situé juste au-dessous de nous.
Il parlait avec assurance, avec la conviction inébranlable des ignorants. Jack chercha le regard de Maria. Cette fois, elle fit non de la tête. Il examina de nouveau la peinture. Rien dans cette fresque ne permettait d’identifier le lieu. Il existait des dizaines de sites cérémoniels toltèques et il pouvait s’agir de n’importe lequel d’entre eux. Seule l’inscription de la pierre runique de L’Anse aux Meadows permettait de faire le lien avec Chichén Itzá. Et Reksnys ne la connaissait pas. La pierre était sous clé à bord de la Seaquest II.
— J’ai découvert ce que vous êtes sur le point de voir il y a seulement trois jours, déclara Reksnys, juste avant que le félag n’exerce sa vengeance sur celui qui l’avait trahi. Une heureuse coïncidence pour votre collègue.
Il pointa son pistolet en direction de Maria.
— Nous savions que votre navire était dans les Caraïbes, poursuivit-il. Nous en avons conclu que nos chemins convergeaient. J’ai pensé que nous pourrions tirer profit de votre expertise. C’est la seule raison pour laquelle mon fils n’a pas également pratiqué son art sur elle.
Il se tenait dos au mur et, d’un mouvement rapide, il souleva le morceau de tissu.
Le silence envahit la pièce. Jack resta bouche bée un instant puis retrouva sa contenance. Maria lui avait dit quelque chose, quelques phrases issues de la tradition rabbinique, qui lui revinrent subitement à l’esprit.
Tracé par le doigt divin. Tracé par un doigt de feu.
C’était la menora.
Sept branches, sept tiges d’un jaune lumineux, comme si elles étaient enflammées, répandant leur éclat tels des faisceaux de lumière. En tête de la procession triomphale, le chandelier d’or était porté devant le puits des sacrifices.
Jack regarda Maria, qui fixait la peinture en transe, comme si elle en tirait une mystérieuse énergie.
Reksnys lâcha brusquement le morceau de tissu pour dissimuler de nouveau le dessin et éclata d’un rire gras.
— Surpris ?
— Vous ne l’avez pas regardée, fit remarquer Jack. Peut-être ne pouvez-vous pas ?
— Je la méprise, siffla Reksnys. Je n’ai aucune envie de posséder cet objet. C’est juste un moyen pour arriver à mes fins.
Il fit un signe de tête à Loki, qui obligea Maria à se lever et la poussa vers lui. Il la garda à distance, la poussant légèrement avec la pointe de son Lüger, un air de dégoût sur le visage. Puis il lui enfonça le pistolet dans le creux des reins en visant vers le bas.
— Je sais exactement comment faire pour lui assurer une mort lente. J’ai beaucoup d’expérience avec les gens comme elle.
Il hocha la tête vers les recycleurs et les sacs de plongée entassés à côté du trou, au milieu du sol, et leva les yeux vers Jack.
— Vous êtes le meilleur explorateur sous-marin du monde, non ? lança-t-il d’un ton sarcastique. Maintenant, votre ami et vous allez descendre dans les enfers et me ramener ce que je convoite.