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Chapitre 3

— Cest incroyable ! sécria Jack. Je savais que Harald Hardrada et les Vikings étaient allés jusquà Constantinople, mais je naurais jamais osé imaginer quils avaient traversé lAtlantique. Voilà qui éclipse Christophe Colomb une fois pour toutes.

— Je suis perdu, répondit Costas. Des Vikings à Constantinople ?

Jack but une gorgée de son café et se leva de sa chaise.

— Attends-moi là.

Les deux hommes avaient quitté la Turquie à laube et se trouvaient en Angleterre depuis moins dune heure. Ils avaient pris un vol direct pour le port aérien de la Royal Navy, à Culdrose, et gagné le campus de lUniversité maritime internationale en hélicoptère Lynx. Costas avait planifié son retour en Angleterre depuis plusieurs jours, car il savait quil allait être très occupé maintenant que lexcavateur sous-marin de la Corne dOr était pleinement opérationnel. Quant à Jack, il avait pris sa décision la veille au soir, après avoir été contacté par Maria de Montijo, qui lui avait téléphoné de Hereford pour lui faire part dune découverte extraordinaire. Il avait réuni durgence le personnel de fouille et demandé à Hiebermeyer dassurer la supervision archéologique, sachant que celui-ci serait secrètement ravi dendosser un rôle dépassant largement ses attributions dans le désert dÉgypte.

— Tu as intérêt à faire vite, dit Costas après avoir sorti de sa combinaison un téléphone portable sur lequel il venait de recevoir un texto. Ils vont arriver dune minute à lautre.

Jack hocha la tête et traversa le patio où ils étaient assis pour se rendre dans son bureau. Il sarrêta devant la porte ouverte et se retourna pour regarder Carrick Roads, un vaste estuaire sinueux qui allait de la pointe de Cornouailles à la Manche et à locéan Atlantique. Cétait ici que plusieurs générations de ses ancêtres avaient hissé les voiles pour forger la destinée de lAngleterre et faire fortune. Les Howard avaient combattu aux côtés de Drake contre lArmada espagnole et sous les ordres de Nelson à Trafalgar, ramené dabondantes richesses des Indes, et cartographié les terres les plus lointaines, par-delà les océans.

Comme il contemplait le paysage, Jack éprouva un sentiment dassurance, car il savait quil perpétuait une tradition familiale remontant à un millier dannées, avant même la conquête normande de lAngleterre. Cétait son père qui avait décidé de faire don de cette propriété de Cornouailles à la toute nouvelle Université maritime internationale. Mais lUMI, cétait son rêve à lui, et il lavait réalisé. Grâce au soutien financier non négligeable dEfram Jacobovich, un vieil ami qui avait fait fortune dans lindustrie du logiciel, la résidence et les dépendances avaient été transformées en un centre de recherche ultramoderne rivalisant avec les meilleurs instituts océanographiques du monde. Au bord de lestuaire, lancien chantier naval était aujourdhui un immense complexe dingénierie, qui comportait un bassin de radoub pour les navires de recherche de lUMI et un bassin dessais des carènes pour la recherche en submersibles. Sur une colline boisée située à proximité du complexe, un beau bâtiment néo-classique, la Howard Gallery, abritait lune des plus grandes collections dart privées du monde et accueillait des expositions itinérantes en provenance du musée maritime de lUMI, à Carthage, en Méditerranée. Quelques semaines plus tôt, Jack avait inauguré une des expositions les plus remarquables de la galerie, un ensemble éblouissant dartefacts issus dune épave minoenne de lâge du bronze, que son équipe et lui avaient fouillée lannée précédente. Une affiche sur laquelle figuraient le disque dAtlantis et la magnifique sculpture à tête de taureau trouvés dans lépave était fixée au mur de son bureau, une ancienne salle de réception de la résidence, qui était aujourdhui le pivot de la recherche de lUMI et de lexploration dans le monde.

Quelques instants plus tard, il était de retour auprès de Costas avec une carte dEurope, quil déroula et fixa sur la table du patio avec leurs tasses de café. Il balaya de la main toute la zone qui allait de la Scandinavie à la mer Noire, tandis que Costas approchait sa chaise.

— Les Byzantins les appelaient les Varègues, commença-t-il. Cétaient de grands barbares blonds terrifiants venus du Nord, des mercenaires issus de la célèbre garde varangienne de lempereur byzantin, qui avait succédé à la garde prétorienne de la Rome antique. À lépoque de Hardrada, la garde varangienne se composait encore essentiellement de Vikings, des guerriers nordiques provenant de Scandinavie dont le comportement était la hauteur de la réputation. Ils pillaient et brûlaient tout sur leur passage. Agissant prétendument au nom de lempereur chrétien dans toute la Méditerranée, ils étaient en réalité les héros païens du Nord, où ils retournaient après avoir accumulé autant de richesses que dexploits sanguinaires. Lorsquils ont été anéantis par les croisés lors du sac de Constantinople, en 1204, la plupart des membres de la garde étaient alors des Anglais, des descendants des guerriers anglo-saxons qui avaient fui lAngleterre après la bataille dHastings, en 1066, lors de laquelle Guillaume de Normandie avait vaincu le roi Harold dAngleterre.

— Harold, pas Harald ? demanda Costas.

— Cest ça. En réalité, en 1066, du sang viking coulait dans les veines de tous les prétendants au trône dAngleterre. Les Normands étaient des hommes du Nord, des descendants des Vikings qui sétaient installés en France au siècle précédent. Les ancêtres anglo-saxons du roi Harold dAngleterre avaient eux-mêmes émigré du Danemark et de lAllemagne du Nord. Mais en 1066, le seul vrai Viking parmi les prétendants était Harald Hardrada, roi de Norvège. Cétait le plus craint de tous. Il avait appris son métier des dizaines dannées auparavant en tant que chef de la garde varangienne de Constantinople.

Costas mesura la distance avec sa main et hocha la tête.

— Cest à plus de trois mille kilomètres de la Norvège, objecta-t-il.

— De même quils commençaient à explorer lOuest, les îles Britanniques et même au-delà, les Vikings se déplaçaient aussi vers lest. Dès le VIIIe siècle apr. J.-C., des marchands Scandinaves ont pénétré dans le système fluvial dEurope centrale, de la Vistule, en mer Baltique, à Dniepr, en mer Noire. Ils étaient à la recherche des légendaires trésors dOrient, qui représentaient une fortune inestimable. En quête dargent et de pierres précieuses, ils sont allés jusquen Asie centrale et dans les terres de lislam. Finalement, ils ont fondé le royaume viking de Rus, berceau de lactuelle Russie. De leur bastion de Kiev, ils nétaient pas très loin de ce quils appelaient Miklagard, la Grande Cité. Le voyage sur le Dniepr était périlleux mais leur donnait accès à des richesses inimaginables.

— Cest comme ça quils sont arrivés à Constantinople ?

— Exactement. Pour en avoir la preuve, il suffit de regarder les trésors vikings découverts en Scandinavie. Les Varègues ont ramené de nombreuses pièces dargent arabes quils avaient échangées contre des fourrures, des esclaves et de lambre.

Jack constata que Costas nétait toujours pas convaincu en raison de la distance qui séparait la Norvège de lactuelle Istanbul.

— Si tu as encore des doutes, regarde ça.

Il lui tendit une photo en noir et blanc dune rampe en marbre poli, couverte de graffitis anciens.

— Tu vois ces symboles linéaires sur le côté ? Ce sont des runes, des caractères vikings, probablement du XIe siècle. Ceux-ci sont trop usés pour quon puisse les déchiffrer complètement, mais on discerne un fragment de phrase : « Halfdan est passé par ici », ou quelque chose comme ça. À ton avis, où cette photo a-t-elle été prise ? Des milliers de touristes passent à côté tous les ans. Cette rampe se trouve dans une alcôve, en haut de la nef de Sainte-Sophie, au cœur de lancienne Constantinople. Halfdan faisait presque certainement partie de la garde varangienne et, étant donné la date, cétait peut-être même un des hommes de Harald Hardrada.

Comme il finissait sa phrase, un bruit sourd en provenance de lest, de plus en plus sonore, se mit à résonner dans le patio et un hélicoptère Lynx sortit des nuages pour se diriger vers lhélistation située à proximité du littoral.

— Je veux bien te croire sur parole, dit Costas en souriant après avoir rendu la photo à Jack. Pour le moment, nous devons accueillir nos invités.

Quelques minutes plus tard, les deux hommes se trouvaient au bord de lhélistation, tandis que les turbomoteurs Rolls-Royce Gem sarrêtaient et que le rotor principal du Lynx sessoufflait. La première personne qui descendit du compartiment passagers était une femme extrêmement séduisante vêtue dun jean et dune veste en cuir et dont les longs cheveux bruns étaient tirés en arrière en un chignon lâche : Maria de Montijo faisait partie des amis proches de Jack, avec Maurice Hiebermeyer et Efram Jacobovich. Ils sétaient tous rencontrés pendant leurs études à Cambridge. Maria et Jack, qui sétaient soutenus mutuellement dans les périodes difficiles, sétaient étroitement liés damitié. Jack avait impliqué sa collègue dans le projet de la Corne dOr dès le départ. Cétait la principale raison pour laquelle elle lui avait immédiatement téléphoné après la découverte de Hereford.

Elle embrassa Jack et Costas lun après lautre avec un sourire qui illuminait ses traits typiquement espagnols.

— Jack, tu connais Jeremy, mon étudiant américain.

Le jeune homme élancé, qui avait bondi derrière Maria, retira sa mèche blonde de son visage et tendit la main à Jack. Celui-ci lavait rencontré quelques semaines auparavant lorsquil sétait rendu à lInstitut détudes médiévales dOxford pour faire traduire le manuscrit de Topkapi, récit dun témoin oculaire du siège de Constantinople par les croisés, qui indiquait lemplacement de la chaîne à lentrée du port. Il avait été impressionné par les facilités de Jeremy en grec médiéval et Maria portait sur le potentiel de son étudiant un jugement enthousiaste, quil navait aucune raison de mettre en doute.

— Cela fait combien de temps que vous êtes partis des États-Unis ? demanda Costas aimablement.

— Trois ans, lui répondit Jeremy, qui était plus grand que lui et le regardait à travers ses lunettes. Jai une bourse universitaire qui mattend à Princeton, mais je narrive pas à méchapper.

— Je sais ce que cest, moi aussi jessaie toujours de méchapper mais, à chaque fois, il trouve toujours une bonne raison de men empêcher, plaisanta Costas en faisant un signe de tête en direction de Jack. Heureusement, quand on travaille dans une boîte internationale, on nest pas obligé de subir le crachin anglais toute lannée.

— Messieurs, permettez-moi de vous présenter le père Patrick OConnor, annonça Maria en se tournant vers lhélicoptère.

Tous suivirent son regard. À la différence du pilote vêtu dune combinaison de vol et dun casque, sur lequel il sappuyait pour descendre, lhomme portait la soutane noire caractéristique des prêtres jésuites. En outre, il tenait deux vieux porte-documents en cuir. Après avoir remercié le pilote dun signe de tête, il traversa lhélistation avec assurance, laissa tomber ses porte-documents sur le tarmac et serra fermement la main de Jack.

— Docteur Howard. Ravi de faire enfin votre connaissance. Maria ma beaucoup parlé de vous et, bien sûr, je vous ai vu à la télévision après vos remarquables découvertes de lannée dernière.

Jack le regarda attentivement. Il reconnut une pointe daccent irlandais, mais lhomme aurait pu tout aussi bien venir de Boston. OConnor, la cinquantaine fringante, les cheveux gris coupés ras, avait le visage buriné et le corps ferme dun homme qui navait pas passé toute sa vie dans un cloître.

— Maria ma dit que vous aviez un doctorat dhistoire de lÉglise, dit Jack.

— Trinity College, Dublin, puis Heidelberg, répondit OConnor. Ensuite, jai trouvé ma vocation. Jai passé vingt ans en Amérique centrale, essentiellement au Mexique, où jai fait ce que nous, jésuites, faisons le mieux, cest-à-dire bâtir des écoles, porter secours aux malades, essayer dapporter un peu dhumanité là où il ny en a parfois pratiquement plus.

— Et vous avez repris la recherche.

— Il y a cinq ans. Javais fait ma part de travail et jai postulé à la bibliothèque du Vatican. Par chance, on ma confié un poste sur mesure dinspecteur des bâtiments anciens et de larchéologie au département des Antiquités. Mon domaine de compétence va de Rome sous légide de lÉglise à la Renaissance, et jai largement le temps de faire mes propres recherches. Je suis allé à Oxford pour assister au séminaire de Maria sur Richard de Haldingham et la Mappa Mundi, qui constituent un de mes principaux centres dintérêt.

— Et la raison pour laquelle nous sommes ici aujourdhui. Mettons-nous au travail.

Après leur avoir offert un café, Jack conduisit ses compagnons dans son bureau. Presque toute lancienne salle de réception était occupée par une grande table en bois massif, dont le plateau en chêne noueux avait été taillé dans du bois qui aurait été récupéré sur des navires ayant appartenu aux envahisseurs normands. À chaque fois quil sasseyait à cette table, Jack ressentait la présence de ses ancêtres, qui lui tenaient compagnie et lincitaient à aller de lavant. Des guerres et des voyages dexploration avaient été minutieusement préparés autour de cette table. Aujourdhui, celle-ci nétait plus couverte de compas à pointes sèches ni de cartes en parchemin, mais dinstruments du XXIe siècle, postes de travail informatiques et consoles de communication. Maria y déposa en outre une grande chemise en kraft noir et, à lautre extrémité, Jack déploya un écran vidéo relié à un portable quil avait ouvert à côté de la chemise.

Costas arriva à bout de souffle après un passage éclair au complexe dingénierie. Jack ferma la porte derrière lui et éteignit les lumières. Maria et OConnor prirent place au bout de la table, entourés de Jeremy dun côté, et de Jack et Costas de lautre.

— Il y a quelque chose que je ne tai pas dit au téléphone, commença Maria dun ton mesuré, les mains posées à plat sur la chemise en kraft. Cest la raison pour laquelle je voulais te montrer cela en personne. Le père OConnor était à Oxford lorsque je suis arrivée de Hereford avant-hier soir et je lui ai immédiatement fait part de ce que nous avions découvert. Il est le plus grand spécialiste mondial de ce que vous allez voir.

Tandis quelle sapprêtait à ouvrir la chemise, OConnor posa la main sur la sienne.

— Ce dont nous allons parler ici doit rester secret, dit-il à voix basse. Cette histoire finira peut-être par faire les gros titres mais, en attendant, la moindre fuite pourrait tout mettre en péril. Et je ne parle pas uniquement darchéologie. Des vies sont en jeu, peut-être même de très nombreuses vies.

OConnor retira sa main et regarda les autres membres du groupe, qui approuvèrent tour à tour. Maria lui lança un dernier regard avant douvrir la chemise, dans laquelle se trouvait un carton épais recouvert dune feuille de papier de soie. Elle retira la feuille et tout le monde vit limage qui lavait pétrifiée deux jours auparavant dans lescalier abandonné de la cathédrale. Costas siffla longuement et Jack se leva en tendant le cou pour mieux voir. Le vélin, qui mesurait environ un mètre carré, avait été déroulé et aplati sous une feuille de polyuréthane transparente. Même après avoir passé sept cents ans dans une cavité poussiéreuse, lencre était toujours noire et indiquait nettement les contours de la carte.

— Fantastique, murmura Jack. Cela fait une éternité que je nai pas vu la Mappa Mundi, mais je la reconnais bien. On voit clairement la forme en équerre représentant la Méditerranée et la mer Rouge, qui divise les continents, lAsie en haut et Jérusalem au centre. LEurope et lAfrique sont même indiquées correctement.

— Il ne fait aucun doute quil sagit du modèle de Richard de Haldingham, répondit OConnor. Cest le croquis que celui-ci a fait à Lincoln et qui a été copié et orné par lenlumineur de Hereford. Maintenant, regardez langle inférieur gauche.

Jack, qui avait dabord voulu avoir une vue densemble de la carte, avait néanmoins repéré les fines lignes de texte et le croquis que Maria montrait du doigt. Il observa de près limage située au-delà de la limite occidentale du monde, qui navait rien à voir avec la dédicace inscrite à cet endroit sur la version achevée de la carte.

— Ce sont bel et bien des runes ! sécria-t-il avec enthousiasme. Je suis un peu rouillé, mais ça doit être ça.

Il indiqua la plus petite des deux inscriptions à Jeremy, qui hocha la tête et récita de mémoire.

— Harald Sigurdsson notre roi et ses compagnons de tolet ont atteint ces terres avec le trésor de Miklagard. Ils y festoient avec Thor dans le Walhalla et attendent lultime bataille du Ragnarok.

— Le Ragnarok est la bataille mythique de la fin des temps, lors de laquelle les guerriers du Valhalla partiront en quête de la gloire suprême, expliqua Maria. La seconde inscription et le croquis sont presque identiques à ceux de la carte du Vinland, qui représente la côte découverte par Leif Eriksson au-delà du Groenland, vers lan 1000 apr. J.-C. Sigurdsson était le nom de famille de Harald Hardrada. Cela signifie que Hardrada et ses compagnons ont atteint lAmérique une génération ou deux après que les premiers Vikings leur ont ouvert la voie.

— Avec le trésor de Miklagard, de Constantinople, murmura Jack. Cest la raison pour laquelle nous sommes ici. Si seulement je savais ce quils ont emporté ! Ce nétait probablement pas un chargement de bronzes classiques.

— Regardez attentivement ces runes, lui dit OConnor. Et vous comprendrez la véritable raison de notre présence.

Jack parcourut le texte de bas en haut, des dernières lignes où lencre avait été le mieux préservée aux inscriptions presque effacées du haut. Les caractères semblaient appartenir à une version standard du futhark, lalphabet runique nordique dont le nom était tiré de ses six premières lettres. Il ne remarqua rien dextraordinaire jusquà ce quil arrive au symbole presque imperceptible du début, un signe légèrement plus gros que les autres, semblable à la lettrine dun manuscrit enluminé.

Il prit la loupe que lui tendait Jeremy et se pencha pour regarder de plus près.

— Celui-ci est étrange, dit-il. Avec ses branches orientées vers le haut du côté droit, on dirait le signe de lalphabet futhark qui correspond à la lettre F, mais il y a trois branches au lieu de deux et la même chose en symétrique de lautre côté.

— Oubliez les runes un instant, lui conseilla Jeremy, qui hochait la tête impatiemment. Prenez du recul.

Jack leva les yeux, fixa Jeremy sans expression et regarda de nouveau le signe. Soudain, il se figea et faillit laisser tomber la loupe.

— La menora.

— Cest Jeremy qui la repérée le premier, précisa Maria après un long silence. Jétais trop absorbée par le tracé extraordinaire de la carte.

— Il y a de quoi être distraite, reconnut Costas.

— Mon père était issu dune lignée de Juifs séfarades, ajouta-t-elle à voix basse. Ceux-ci ont été expulsés dEspagne par le roi chrétien à peu près à lépoque où vos croisés essayaient de sauver la Terre sainte. Un des nombreux épisodes ironiques de lHistoire...

Jack se rassit lentement, le visage paralysé par lincompréhension. OConnor rapprocha le portable de lui et inséra un CD dans le lecteur.

— Pardonnez-moi de men mêler, dit-il, mais, sil sagit de la menora, nous devons connaître son histoire. Et il se trouve que le mystère du trésor perdu du Temple est une autre de mes passions.