La leçon
Un jour, nous avons eu une conversation. Après avoir découvert ce qu’était que m’abandonner, me rendre, je m’étais engagée à continuer dans cette voie. Cela nécessitait de rester passive, prête à me soumettre, d’accepter de le laisser me malmener, de lui permettre de prendre mon cul d’assaut. Cet après-midi-là , il m’a dit qu’il adorait me foutre – moi et mon cul –, que tout était fantastique, et que même si on en restait là , il était toujours partant. Mais, a-t-il poursuivi, si j’apprenais à mieux sucer sa bite, ce serait un réel bonus. Ravalant ma fierté, j’ai répondu : « D’accord, apprends-moi. » Et il m’a appris. Très bien appris. Alors j’ai commencé à ajouter des raffinements de mon cru.
Sucer une bite est une forme d’art. Il m’a donné quelques rudiments. Mouillez, mouillez, mouillez, plus c’est mouillé, meilleur c’est. Il est bon d’encercler, d’une poigne ferme, la base de la verge au-dessus des jumelles. Comme il est bon d’encercler la queue et les boules d’une seule main. Pour la bouche, ne pas mordiller, jamais. Une langue baveuse et appliquée, ou encore mieux, une langue dardée pour bien lécher. Puis nous en sommes venus aux variations de mouvement, de vitesse, de tension et de rythme. « Change de cap, m’a-t-il suggéré, la surprise est toujours agréable. Ne te contente pas de répéter la même caresse. Recommences-en une plusieurs fois et puis passe à autre chose. » Exemple : enserrer la base du pénis dans l’anneau formé par le pouce et le médius, lèvres molles autour de sa queue sur toute la longueur, trouver un rythme fluide, observer son visage, le voir devenir plus intense, alors se retirer et lui laper l’arrière de la verge, lécher aussi ses couilles, et puis les gober une à une dans sa bouche, les mouiller, bien les mouiller et, la bouche pleine des deux, les faire rouler sur sa langue comme des amandes, avant de se remettre à sucer la colonne et de se l’enfoncer palpitante tout au fond de la gorge. Et d’autres variations sur ce thème.
Aller profond est agréable. Hoqueter l’est aussi. Si on ne hoquette pas pour son homme, comment peut-on l’aimer vraiment ? Des liqueurs plus gluantes que la salive vous remontent dans la gorge pour enduire sa queue. C’est l’orgasme de la gorge.
Mes fellations ont connu également une autre amélioration marquée dans le champ visuel, après avoir sucé sa bite devant plusieurs miroirs différents. En expérimentant divers angles, j’ai appris le sens de la mise en scène, le dessin du mouvement, la clarté de l’intention.
Apprendre à lui sucer la bite faisait appel à la concentration. C’est un acte en soi, le seul, l’unique, ce n’est pas un prélude, c’est l’attraction principale du moment. J’ai suivi ces quelques conseils pratiques et me suis entraînée sans relâche. Il n’y a que l’exercice, comme pour la danse classique, rien d’autre que l’exercice. Plus je m’exerçais, plus je découvrais de choses, plus j’adorais sa queue, plus je m’aimais moi, plus je l’aimais lui, plus j’aimais sucer sa queue, plus il était heureux. Maintenant il est si heureux que ses yeux échappent aux miens pour chavirer, et sa respiration s’altère, et ses joues s’enflamment, et je m’emplis de joie comme un réservoir vide à une station-service.
C’est par un après-midi ensoleillé où je m’apprêtais à le sucer qu’un autre coussin a pris place à côté de Pink Square. Une année, pour la Saint-Valentin, on m’avait offert un ravissant coussinet en forme de cœur. Bien rembourré, il mesure à peine une vingtaine de centimètres de large et a de belles rayures de satin roses, noires et dorées sur le dessus, avec des glands roses tout autour. La première fois qu’A-Man a remarqué ce petit échantillon assez kitsch de la frivolité féminine, il l’a soupesé sur la paume de sa main à la manière d’un ballon de foot et, avant de le jeter à bas du lit, s’est écrié avec une surprise amusée : « Qu’est-ce que c’est ? »
Il n’avait jamais vu de prétendu coussin aussi inutile. Un coussin sert en général au soutien et au confort, or ce spécimen n’assurait ni l’un ni l’autre. Jusqu’à cet après-midi inspiré où le coussinet frappé d’ostracisme a trouvé soudain sa vocation. Alors qu’A-Man s’asseyait au bout du lit, je me suis saisie du coussin cœur et, en glissant la pointe vers ses fesses, j’ai disposé ses testicules dessus. Voilà qu’ils trônaient sur un piédestal, avec la verge bien en évidence, telle une offrande royale entourée de fils dorés chatoyants et de glands roses qui pendillaient. Nous avons contemplé cette vision tous les deux en silence. Après une brève hésitation, A-Man a déclaré d’un ton triomphant : « Mais c’est le Coussinet aux boules ! » Nous avons ri de si bon cœur que sa fellation, pourtant imminente, en fut retardée un bon moment. À dater de ce jour, il me réclamait toujours le Coussinet aux boules avec Pink Square.
Il ne jouit jamais, absolument jamais, dans ma bouche. Je peux le pomper pendant quarante minutes, il retiendra tout le temps sa jute, me laissant lui en donner toujours plus, me laissant l’aimer. Sa façon de recevoir est vraiment un cadeau pour moi. J’ignorais quel art subtil la sucette pouvait être, ou quelle experte je cachais en moi, jusqu’à ce que j’aie trouvé un partenaire masculin capable de prendre autant de plaisir pendant aussi longtemps. C’est si difficile avec ces garçons qui éjaculent à la simple vue de votre bouche sur le gland de leur queue. Ce type de mésaventure me laisse paralysée, impotente.
Après que j’eus pompé sa verge plus follement que jamais, tour à tour plus profondément, plus lentement, plus vite, avec ce qu’il fallait de léchage de boules, après que ses yeux eurent chaviré plusieurs fois de suite et qu’il eut pris un air sérieusement désorienté, alors il agrippa ma tête fermement entre ses mains, accommoda sa vue, puis me regarda droit dans les yeux, et murmura : « Bonne petite. »
Dire que j’ai fait tout ce parcours, que je suis allée aussi loin, rien que pour découvrir que tout ce que je voulais au fond, c’était être une bonne petite, la « bonne petite » de papa ! En fin de compte.