Jadis j’ai tant aimé un homme que je n’existais plus – il n’y avait que Lui, Moi je n’étais plus. Maintenant je m’aime assez pour qu’aucun homme n’existe – il n’y a que Moi, Eux ne sont plus. Ils étaient tous Dieu, et j’étais moi une créature de mon imagination ; maintenant ce sont les hommes qui sont des créatures de mon imagination. Le jeu est le même, seules les positions différent. Je ne connais pas d’autre façon de jouer. Quelqu’un au-dessus, quelqu’un en-dessous. Côte à côte, quel ennui ! Un jour, j’ai essayé cette position pendant quelques minutes ; ce fut franchement déroutant. L’égalité nie le progrès, empêche l’action. Quand l’un est dessus et l’autre est dessous, on peut monter au septième ciel et redescendre, alors que sur le côté, nul ne peut s’entendre sur qui va payer, qui sera baisé et qui en fera les frais !

Ma transformation n’a pourtant pas consisté à passer du dessous au dessus, mais de toucher le fond : oui, je suis passée de ma pitoyable soumission affective à ma bienheureuse soumission sexuelle. Ceci est l’histoire de mon retournement – et du prix à payer. Très cher. Inestimable.