47
Nugent attendit sept heures trente précises pour ouvrir la séance. Il s’avança et passa en revue ses troupes.
- Je viens de quitter à l’instant le QHS, dit-il, l’air sombre. Le détenu est tout à fait alerte, et n’a évidemment rien à voir avec le zombie qu’on nous a décrit dans le journal de ce matin.
Il s’arrêta et sourit, espérant que tout le monde appréciait son humour.
- En fait, il a pris son petit déjeuner et commence déjà à rouspéter à propos de son heure de promenade. Voilà au moins quelque chose d’absolument normal. Nous n’avons rien reçu de la Cour fédérale de Jackson. Donc les choses vont se dérouler comme prévu, à moins d’un avis contraire à la dernière minute. C’est bien ça, monsieur Mann?
Lucas, assis à une table, à l’autre bout de la salle, lisait le journal en essayant d’ignorer le colonel.
- Exact.
- Pour le moment deux choses me tracassent. Tout d’abord la presse. J’ai demandé au sergent Moreland de s’occuper de ces fouillemerde. Nous allons les regrouper dans le hall des visiteurs. Pour les empêcher de traîner partout, un cordon de sécurité sera mis en place. Qu’ils essaient donc de bouger! À quatre heures cet après-midi, j’organiserai le tirage au sort qui décidera de ceux qui assisteront à l’exécution. Hier déjà, la liste comportait cent noms. Comme vous savez, il n’y a que cinq places.
” Notre second problème se situe à l’extérieur. Le gouverneur a accepté de poster devant le portail de la prison trois douzaines de gardes nationaux. Es vont arriver d’un moment à l’autre. Quant à nous, nous devons garder nos distances vis-à-vis des cinglés, je parle des skinheads. Pourtant nous sommes responsables du maintien de l’ordre. ll y a déjà eu deux affrontements hier. Les choses auraient pu mal tourner sans notre vigilance. Si l’exécution a lieu, il y aura forcément des instants de tension. Des questions ?
Personne ne leva la main.
- J’espère que chacun agira aujourd’hui de façon professionnelle et remplira sa tâche avec un grand sens de ses responsabilités. La séance est levée.
Il salua sèchement, à la façon militaire, et regarda avec fierté ses troupes quitter la salle.
Sam se mit à califourchon sur le banc, face au damier, et attendit que J.B. Gullitt entre dans l’enclos. Il buvait les dernières gouttes d’un gobelet de café.
Gullitt franchit la porte et s’arrêta pour qu’on puisse lui enlever les menottes. Il frotta ses poignets, posa une main devant ses yeux à cause du soleil, et regarda son ami assis sur le banc. Il s’avança vers lui et s’installa à son tour devant le damier.
Sam n’avait pas levé les yeux.
- Des bonnes nouvelles, Sam? demanda nerveusement Gullitt. Dis-moi que ce n’est pas possible que ça arrive.
- Joue, dit Sam, fixant toujours le damier.
- Ça ne peut pas arriver, Sam, dit Gullitt, le regard suppliant.
- C’est ton tour de jouer le premier. Vas-y.
Gullitt baissa lentement les yeux sur les pions.
La théorie en vogue, ce matin-là, consistait à dire que plus Slattery attendait, plus était grande la probabilité d’obtenir un sursis. Rien n’avait été décidé à neuf heures, rien non plus à neuf heures et demie.
Adam se morfondait dans le bureau de Hez Kerry, le centre opérationnel pour ces dernières vingtquatre heures. Goodman, à l’autre bout de la ville, supervisait les appels en destination de la ligne ouverte du gouverneur. John Bryan Glass s’était installé devant le bureau de Slattery.
Au cas où ce dernier refuserait un sursis, on ferait immédiatement appel devant la cinquième chambre. Le dossier était prêt dès neuf heures. Kerry avait également préparé une pétition demandant l’avis d’une instance supérieure, c’est-à-dire de la Cour suprême des ÉtatsUnis, si la cinquième chambre rejetait cet appel. La paperasserie attendait. L’attente, d’ailleurs, était générale.
Pour se distraire, Adam téléphona à toutes les personnes qui lui traversaient l’esprit. En dernier lieu il appela Sam pour lui parler de l’audience de la veille.
À onze heures, il maudit Slattery. Il en avait plus qu’assez. Il appela Goodman et lui dit qu’il partait pour Parchman.
Il sortit rapidement de Jackson en empruntant la nationale 49. Il lui fallait deux heures pour atteindre la prison, s’il respectait les limitations
1 _~: .. …,e - ;”n r.”i rlnnnait des
informations toutes les demiheures. Au flash d’informations de onze heures trente, il n’y avait toujours rien à propos de (exécution de Cayhall.
Il conduisait entre cent trente et cent quarante kilomètres-heure, franchissant les lignes jaunes dans les virages et sur les ponts. Il ne savait trop pourquoi il se dirigeait si vite vers Parchman. Que ferait-il de plus une fois là-bas? Il se tiendrait probablement près de Sam pour compter les heures. Ou peut-être fêteraient-ils la victoire remportée devant la Cour fédérale.
Il s’arrêta pour prendre de l’essence et acheter des jus de fruits. Il remontait dans sa voiture lorsqu’il entendit les informations. La voix monotone du speaker s’anima lorsqu’il aborda (affaire Cayhall. Le juge Flynn Slattery venait de rejeter le dernier appel de Cayhall. Le dossier serait immédiatement transmis à la cinquième chambre. Sam Cayhall venait de mettre un pied dans la chambre à gaz du Mississippi, déclara d’un ton mélodramatique le speaker.
Au lieu d’appuyer sur (accélérateur, Adam revint dans les limites de vitesse autorisées. Il but son jus de fruits, ferma la radio et entrouvrit sa fenêtre afin de faire circuler un peu d’air frais. Il insulta Slattery pendant des kilomètres et des kilomètres. Il lançait ses injures à son parebrise. ll était midi passé. Slattery, s’il avait eu le moindre fair-play, aurait pu rendre son arrêt depuis plusieurs heures. Bon Dieu, avec un peu d’estomac, il aurait pu le rendre hier dans la soirée. Le dossier pourrait être actuellement devant la cinquième chambre. Adam, pour faire bonne mesure, s’en prit également à Breck Jefferson.
Selon Sam, le Mississippi voulait absolument avoir son exécution. Il traînait les pieds derrière la Louisiane, le Texas, la Floride, (Alabama, la Géorgie et la Virginie. Là-bas on tuait à tour de bras. Il fallait faire quelque chose. Les appels n’en finissaient plus. Les criminels étaient choyés. L’insécurité gagnait du terrain. Il était temps d’exécuter quelqu’un, de montrer au reste du pays que le Mississippi prenait lui aussi au sérieux (ordre public.
Adam, maintenant, en était convaincu.
Il finit son jus de fruits et jeta par la vitre la bouteille dans le fossé, en violation des lois du Mississippi sur le respect de (environnement. En cet instant, il se fichait pas mal du Mississippi et de ses lois.
Adam imaginait Sam, assis dans sa cellule, le regard rivé au téléviseur, écoutant les informations.
Son coeur se serra à la pensée du vieillard. Il avait échoué en tant qu’avocat. Son client allait mourir des mains mêmes du gouvernement, et il n’y avait pas la moindre fichue chose qu’il puisse faire.
La nouvelle avait mis en émoi la foule de journalistes et de photographes qui s’agglutinaient dans la partie réservée aux visiteurs, à côté du portail d’entrée. Ils se eroupaient autour de postes portatifs pour
regArder les émissions retransmises par les stations de Jackson et de Memphis. Quelques-uns envoyèrent des flashes en direct de Parchman. Mais tout le monde piétinait dans cet espace restreint, entouré de cordes et de barrières, et surveillé par les troupes de Nugent.
Le long de la nationale, la tension monta aussi d’un cran lorsque la nouvelle se répandit. Les membres du KKK, une centaine environ, commencèrent à proférer des insultes en direction des bâtiments de l’administration. Les skinheads, les nazis, les racistes agressaient les passants. Les religieuses se recueillaient sous leur parasol, essayant d’ignorer leurs voisins.
Sain entendit la nouvelle alors qu’il tenait une assiette de rutabagas dans sa main, son avant-dernier repas. Il fixa, la télévision pour regarder les images qui passaient de Jackson à Parchman. Un jeune avocat noir, dont il n’avait jamais entendu parler, s’adressait à un journaliste pour lui expliquer ce que les défenseurs de Cayhall, dont il faisait partie, allaient encore entreprendre.
Son ami, Buster Moac, lui avait amèrement fait remarquer que le nombre d’avocats mêlés à son affaire était tel, au cours des derniers jours, qu’il était incapable de distinguer ceux qui étaient de son côté et ceux qui voulaient sa mort. Sain néanmoins
qu’Adam avait le contrôle de la situation.
croyait fermement
Il finit ses rutabagas et déposa (assiette au pied de son lit. Il s’avança vers les barreaux et fit une grimace à (intention du garde qui le surveillait derrière la grille. Le couloir était silencieux. La télévision allumée dans toutes les cellules, mais le son baissé au maximum. Les détenus suivaient les nouvelles avec un intérêt morbide.
Sain enleva sa combinaison rouge pour la dernière fois, la roula en boule et la jeta dans un coin. Il fourra ses sandales en caoutchouc sous son lit, content de s’en débarrasser. Il disposa ses nouveaux vêtements sur son drap, puis lentement déboutonna la chemise avant de (enfiler. Elle lui allait très bien. Il glissa ses jambes dans le pantalon de toile kaki, remonta la fermeture Éclair et boucla la ceinture. Le pantalon avait quelques centimètres de trop. Sain se baissa pour faire un pli ressemblant à un revers. Les socquettes de coton étaient moelleuses et douces, les chaussures à peine trop grandes.
De se sentir à nouveau dans de vrais vêtements amena à son esprit, de façon douloureuse, des souvenirs du monde libre. C’étaient les mêmes pantalons qu’il avait portés pendant quarante ans, jusqu’au moment de son arrestation. Il les achetait dans le magasin de nouveautés situé sur la place de Clanton. Il en avait toujours quatre ou cinq au fond du tiroir de sa commode. Au bout de quelques lavages ils étaient aussi confortables que de vieux pyjamas. Il les portait pour travailler, pour se rendre en ville. Et pour aller à la pêche avec Eddie. Il les portait aussi pour bercer, sur la terrasse, la petite Lee. Il les portait pour aller au café ou pour se rendre aux réunions du KKK. Oui, il en portait un aussi lors
r_~_t i !, . alo ,.,r f-;,P cantpW le rahinta du IUlI.
Il s’assit sur son lit et tira sur le pli. Ça faisait maintenant neuf ans et demi qu’il n’avait pas mis ce genre de pantalon et il ne (avait sur les jambes que pour marcher vers la chambre à gaz.
On le découperait sur son corps avant de le mettre dans un sac en plastique et de le brûler.
Adam s’arrêta d’abord dans le bureau de Lucas Mann. Louise, de garde au portail, lui avait remis un mot l’informant qu’il avait quelque chose d’important à lui communiquer. Manu ferma la porte et lui offrit un siège. Adam resta debout. Il était impatient de revoir Sam.
- La cinquième chambre a reçu votre appel il y a juste une demiheure, dit Mann. Je pensais que vous auriez peut-être envie de vous servir de mon téléphone pour appeler Jackson.
- Merci. Je me servirai de celui du quartier des condamnés à mort.
- Parfait. Je suis en communication avec le bureau de (avocat général toutes les demiheures. Si j’apprends quelque chose, je vous appellerai.
- Merci, dit Adam, ne tenant plus en place.
- Est-ce que Sam veut prendre un dernier repas?
- Je le lui demanderai dans une minute.
- Bien. Téléphonez-moi, ou dites-le simplement à Packer. Qu’en est-il à propos des témoins?
- Sam n’en veut pas.
- Même pas vous ?
- Non. Il ne le supporterait pas. Nous sommes tombés d’accord làdessus il y a longtemps.
- Bon. Je ne vois rien d’autre. J’ai un fax et un téléphone, et comme les choses risquent d’être plus calmes par ici, n’hésitez pas à utiliser mon bureau.
- Merci.
Il roula lentement en direction du quartier des condamnés à mort et gaza sa voiture pour la dernière fois dans le terrain vague près de la clôture. Il s’avança vers le mirador et déposa sa clef dans le seau.
Quatre semaines plus tôt, il se trouvait à la même place et regardait descendre le seau rouge pour la première fois. Ce système était rudimentaire, mais particulièrement efficace. Seulement quatre semaines: il avait l’impression que cela remontait à des années.
Il attendit (ouverture du double portail et retrouva Tiny sur les marches.
Sain était déjà installé dans le bureau du devant. Assis sur le bord
Adam entrait.
de la table, il admirait ses chaussures.
- Je reluque mes nouvelles fringues, dit-il fièrement au moment où
Adam s’approcha et examina les vêtements un par un, de bas en haut. Sain avait l’air béat. Il était rasé de près.
Chic. Vraiment chic, dit Adam.
= Un vrai milord, hein?
- Vous êtes superbe, Sam, tout à fait superbe. Est-ce que c’est Donnie qui a apporté ça?
- Oui. Acheté dans un supermarché. J’avais pensé d’abord à un grand couturier, mais, bon Dieu, il ne s’agit que d’une exécution. Je t’avais dit que je ne les laisserais pas me tuer dans leur combinaison rouge. Je l’ai enlevée tout à l’heure pour ne plus jamais la remettre. Un vrai soulagement.
- Vous connaissez les dernières nouvelles?
- Bien sûr. Ils n’arrêtent pas d’en parler à la télé. Désolé pour l’audience.
- C’est devant la cinquième chambre maintenant, et j’ai un bon pressentiment. Je crois à nos chances.
Sam sourit et détourna le regard comme s’il n’était pas dupe.
- Aux informations de midi, il y avait un avocat noir qui disait qu’il travaillait pour moi. Bon Dieu, que se passe-t-il?
- C’était probablement Hez Kerry, dit Adam en posant son attaché-case sur le bureau avant de s’asseoir.
- Je le paie aussi?
- Oui, Sam. Vous le payez avec la même monnaie que vous me payez, moi.
- Simple curiosité. Ce docteur tordu, quel est son nom déjà, Swinn? Il doit m’avoir drôlement arrangé.
- C’était vraiment triste, Sam. À la fin de son témoignage, la salle entière vous voyait errer hagard dans votre cellule, grinçant des dents et pissant par terre.
- Bon. Je vais bientôt être débarrassé de toutes ces misères, dit Sam d’une voix forte et ferme, presque provocante.
Aucune trace de peur.
- Écoute, j’ai encore une petite faveur à te demander, dit-il en s’emparant d’une autre enveloppe.
- Pour qui, cette fois ?
Sam lui tendit la lettre.
- Je veux que tu emmènes ça avec toi jusqu’à la nationale, que tu repères le chef de cette bande du KKK et que tu la lui lises. Essaie de faire en sorte qu’il y ait des caméras. Je veux que tout le monde soit au courant.
Adam prit l’enveloppe, l’air inquiet.
Qu’est-ce que vous dites, là-dedans?
- Je ne suis pas sûr que ce soit une très bonne idée maintenant, dit Adam, l’air pensif.
- Et pourquoi pas ?
- Parce que, juste en ce moment, nous prétendons devant la cinquième chambre que vous n’êtes plus qu’un légume, que vous êtes incapable de mettre deux idées bout à bout.
Sam devint brusquement furieux.
- Ah, vous les avocats, gronda-t-il, vous ne renoncez jamais, n’est-ce pas? C’est fini, Adam, arrête de faire joujou.
- Ce n’est pas fini.
- En ce qui me concerne, c’est fini. Maintenant prends cette foutue lettre et fais ce que je te demande.
- À l’instant? demanda Adam en regardant sa montre - il était une heure trente.
- Oui. Sur-le-champ. J’attends ici.
- C’est court et net. Je leur demande de rentrer chez eux, de me laisser tranquille. Je veux mourir en paix. Je n’ai jamais entendu parler de ces gens. Ils cherchent à tirer profit de ma mort.
- Vous ne pouvez les forcer à partir.
- Ce n’est pas ce que j’espère. Mais la télévision donne (impression que ce sont mes amis, mes copains. Alors que je n’en connais pas un seul.
Adam gara sa voiture près du poste de garde et expliqua à Louise ce qu’il allait faire. ll se sentait nerveux. Elle jeta un regard mauvais à(enveloppe blanche et appela deux gardes en uniforme. Ils escortèrent Adam jusqu’à l’endroit réservé aux manifestants. Quelques journalistes le reconnurent et se précipitèrent sur lui. Adam et son escorte marchèrent rapidement le long de la clôture sans répondre à leurs questions. Malgré ses craintes, Adam était résolu.
II se dirigea immédiatement vers la grande tente bleu et blanc du quartier général du KKK. Un groupe d’hommes en robe blanche l’attendait. Les journalistes, ses gardes du corps, les hommes du KKK, tout le monde entourait Adam.
- Qui est le responsable? demanda-t-il, retenant sa respiration.
- Qui veut le savoir? s’enquit un jeune homme costaud à la barbe noire, avec des coups de soleil sur le front.
De la sueur tomba de ses sourcils au moment où il s’avançait.
- J’ai une déclaration à faire de la part de Sam Cayhall.
Le cercle se resserra. Les appareils photos se mirent à cliqueter. Les journalistes tendaient leurs micros en direction d’Adam.
- Silence! cria quelqu’un.
- Reculez! lança un des gardes.
Les membres du KKK, passablement excités, se serrèrent épaule contre épaule devant Adam. Ils portaient des robes mais pas de cagoule. Adam ne reconnut aucun de ceux avec qui il s’était accroché vendredi.
Le chahut s’arrêta sur le bas-côté de la route. La foule s’approchait pour écouter (avocat de Sam.
Adam sortit une feuille de (enveloppe et la tint à deux mains.
- Je m’appelle Adam Hall. Je suis (avocat de Sam Cayhall. Voici une déclaration de mon client. Elle est datée d’aujourd’hui et s’adresse àtous les membres du KKK ainsi qu’aux autres manifestants qui se
trouvent ici à cause de lui. Je cite : ” Partez, s’il vous plaît. Votre préseuce ne me réconforte pas. Vous profitez de mon exécution afin de servir vos propres intérêts. Je ne connais personne d’entre vous et je n’ai aucune envie de vous rencontrer. S’il vous plaît, partez immédiatement. Je préfère mourir dans le calme. “
Adam jeta un coup d’oeil aux visages tendus des hommes du KKK. Ils transpiraient abondamment.
- Le dernier paragraphe dit ceci, je cite : ” Je n’appartiens plus au KKK, je me désolidarise de cette organisation et de tous ceux qui la représentent. Je serais libre aujourd’hui si je n’avais jamais entendu parler du Ku Klux Klan. ” C’est signé: ” Sam Cayhall “.
Adam agita la feuille et la fourra sous le nez des hommes du KKK qui restaient figés et sans voix.
L’homme à la barbe noire plongea en direction d’Adam pour s’emparer de la lettre.
- Donne-moi ça! hurla-t-il.
Mais Adam retira vivement la main. Le gardien, à la droite d’Adam, s’avança rapidement. Une bousculade s’ensuivit. Pendant quelques secondes terrifiantes, les gardes du corps d’Adam se bagarrèrent avec quelques hommes du KKK. D’autres gardiens qui surveillaient de loin arrivèrent pour protéger leurs camarades. L’ordre fut rétabli rapidement. La foule se dispersa.
Adam adressa un petit sourire satisfait aux membres du KKK.
- Partez! leur cria-t-il. Vous avez entendu ce qu’il dit. Il a honte de vous.
- Va te faire foutre! lui lança leur chef.
Les deux gardiens saisirent Adam par le bras pour l’éloigner avant qu’il ne recommence à provoquer ses adversaires. Ils l’entraînèrent vers le portail, écartant journalistes et cameramen.
pratiquement au pas de course
Ils franchirent (entrée
Ne retournez surtout pas là-bas, d’accord? lui conseilla un de ses gardes du corps.
Le bureau de McAllister avait autant de fuites qu’une vieille chasse d’eau. En début d’après-midi, le bruit courait à Jackson que le gouverneur pensait sérieusement à un recours en grâce dans le cas de Sam Cayhall. La rumeur parvint d’abord aux journalistes en faction devant (hôtel de ville. De là, elle circula de bouche à oreille parmi la presse et les curieux, prenant, en cours de route, de plus en plus d’ampleur. En moins d’une heure, la rumeur était devenue un fait quasiment certain.
Mona Stark retrouva les journalistes dans le hall et promit une déclaration du gouverneur en fin de journée. Les cours de justice n’avaient pas encore fini d’examiner (affaire, expliqua-t-elle. Oui, le gouverneur était devant un dilemme moral.