18
Peu avant l’aube, Sam fut réveillé par des coups de tonnerre et des éclairs. Un orage venait d’éclater sur le delta. La pluie fouettait les vasistas entrouverts, puis il entendit les gouttes ruisseler contre le mur, pas très loin de sa cellule. Son lit humide se rafraîchit brusquement. La journée serait peut-être moins étouffante. Sam caressait toujours cet espoir lorsqu’il pleuvait. Mais en été, un orage n’annnonce rien de mieux qu’un sol gorgé d’eau qui, sous l’effet de l’évaporation, rendra l’atmosphère moite et suffocante.
Il leva la tête et regarda la pluie passer par les fenêtres et couler sur le sol. L’eau scintillait à la lueur d’une ampoule jaunâtre. Mis à part ce reflet, le quartier des condamnés à mort baignait dans l’ombre. Tout était silencieux.
Sam aimait ces averses, surtout par les nuits d’été. L’État du Mississippi, dans son immense sagesse, avait construit cette prison dans la zone la plus torride qui soit. Le QHS était un véritable four. Bien sûr, on avait pris soin de rendre les vasistas trop étroits pour être d’une quelconque utilité. Les architectes de ce mouroir n’avaient pas davantage oublié de le priver de ventilation. Une prison modèle, donc pas d’air conditionné. Le quartier de haute sécurité bénéficierait de la même chaleur et de la même hygrométrie que les champs de coton.
Mais l’État du Mississippi ne gouvernait pas la météo. Lorsque la pluie rafraîchissait l’air, Sam souriait intérieurement et prononçait quelques petites prières d’action de grâces. La preuve était faite qu’un être supérieur tenait les commandes. L’État du Mississippi était impuissant àconjurer la pluie. C’était déjà une petite victoire.
Sam se mit debout et s’étira. Son lit, un morceau de mousse d’un mètre quatre-vingt-cinq sur soixante centimètres et d’une épaisseur de dix centimètres, reposait sur des montants métalliques scellés dans le sol et dans le mur. Il y avait des draps. En hiver, on distribuait parfois des couvertures. Le mal de dos est très fréquent chez les condamnés à mort. Mais avec le temps le corps s’habitue. Il était rare d’entendre un détenu
se plaindre à ce sujet. Le médecin de la prison ne passait pas pour un philanthrope parmi les prisonniers.
Sam fit deux enjambées et glissa ses bras à travers les barreaux. Il écoutait le bruit du vent et le roulement du tonnerre. Quel merveilleux bonheur ce serait de franchir ce mur et de fouler l’herbe humide, là-bas, de l’autre côté, de faire le tour de la prison sous la pluie battante, nu et fou, l’eau ruisselant sur tout le corps, dégoulinant dans les cheveux.
L’horreur spécifique au quartier des condamnés à mort, c’est de s’y voir mourir un peu plus chaque jour. L’attente vous tue. Vous logez dans une cage et, lorsque vous vous réveillez pour cocher un nouveau jour, vous vous dites que la mort s’est encore rapprochée de vingtquatre heures.
Par moments, on la souhaite. Entre mourir ou vivre dans cette prison, Sam choisirait de respirer le gaz. Mais il y a toujours l’espoir de capter l’attention d’un juge. Chacun des condamnés rêve d’un miracle. Et ce rêve l’aide à survivre.
Sam avait lu que les ÉtatsUnis comptaient l’année précédente, en 1989, près de cinq cents condamnés à mort et qu’on n’en avait exécuté que seize, dont quatre dans le Mississippi, depuis 1977. Cette année-là, Gary Gilmore avait insisté pour obtenir un peloton d’exécution dans l’Utah. Ces chiffres étaient rassurants. Il devait multiplier le nombre de ses appels et de ses requêtes.
Il fumait appuyé contre les barreaux tandis que l’orage s’éloignait. Il prit son petit déjeuner au lever du soleil et, à sept heures, alluma la télévision. Il venait de mordre dans un toast refroidi quand son visage apparut sur l’écran, derrière la présentatrice du journal du matin. Elle parlait de la bizarre affaire Cayhall. Son nouvel avocat serait son petitfils disparu depuis longtemps. Un certain Adam Hall, qui travaillait pour le grand cabinet de Chicago, Kravitz et Bane. La photo du prisonnier datait d’au moins dix ans. La télévision et la presse l’utilisaient toujours. La photo d’Adam était plus surprenante. De toute évidence, il s’agissait d’un instantané. Quelqu’un l’avait piégé dans la rue. La présentatrice expliqua avec des yeux pétillants qu’Adam Hall avait confirmé au Memphis Press qu’il était bien le petitfils de Sam Cayhall. Elle fit un bref rappel des crimes de Sam et, à deux reprises, précisa la date prévue pour l’exécution. Des informations plus détaillées sous peu, promit-elle, peutêtre même à l’heure du “Journal de midi “.
Sain jeta le toast par terre et le fixa, l’oeil vide. Un insecte le découvrit immédiatement, rampa dessus, le contourna au moins une demidouzaine de fois avant de décider qu’il ne présentait aucun intérêt. Ainsi, son avocat avait déjà parlé à la presse. Qu’apprend-on donc à ces gamins à la faculté de droit? Pas à se méfier des médias en tout cas.
- Sam, tu es là? interrogea Gullitt.
- Oui.
- Tu viens de passer sur la quatrième.
- Oui, j’ai vu ça.
Furieux? . - ,Ça va. . - Respire à fond, Sam.
Parmi les condamnés, l’expression ” Respire à fond ” était souvent prononcée sur un ton humoristique. Ils l’employaient aussi lorsqu’ils étaient en colère. Mais si l’un des gardiens s’en servait, ça n’avait plus rien de drôle. C’était une violation du règlement. Elle avait été utilisée au cours de différents procès intentés pour traitements cruels subis dans le QHS.
Sam se rangea à l’avis de l’insecte et renonça au reste de son petit déjeuner.
À neuf heures et demie, le gardien-chef Packer pénétra dans la galerie pour emmener Sam. C’était l’heure de la promenade. La pluie n’était plus qu’un souvenir. Le soleil cognait de toutes ses forces sur le delta. Deux surveillants accompagnaient Packer. Celui-ci avait pris avec lui des fers pour entraver les jambes. Sam montra les chaînes.
- Pourquoi ça ?
- Mesure de sécurité, Sam.
- À l’heure de la récré ?
- Sam, on t’emmène à la bibliothèque de droit. Ton avocat veut te rencontrer là-bas. Tes poignets.
Sam présenta ses deux mains dans l’ouverture de la grille. Packer lui passa les menottes, puis la porte s’ouvrit et Sam s’avança dans le couloir. Les gardiens se mirent à genoux et attachèrent les fers.
- Et ma promenade ?
- Quoi, ta promenade ?
- Ça sera pour quelle heure?
- Plus tard.
- Tu m’as déjà menti hier, et tu me mens encore aujourd’hui. Je vais te poursuivre.
- Un procès, ça prend du temps, Sam. Ça prend des années.
- Je veux voir le directeur.
- Sûr qu’il a envie lui aussi de te parler, Sam. Veux-tu voir ton avocat, oui ou non ?
- J’ai le droit de voir mon avocat et j’ai droit à ma promenade.
- Arrête tes conneries, Packer ! lança Hank Henshaw à moins de deux mètres.
- Tu mens, Packer ! Tu mens! cria de l’autre côté J.B. Gullitt.
- La paix, les enfants, dit Packer calmement. Nous, on s’occupe du vieux Sam.
- Tu parles, tu le mettrais dans la chambre à gaz aujourd’hui si tu pouvais! hurla Henshaw.
Les jambes enchaînées, Sam traîna les pieds dans sa cellule pour prendre un dossier.
- Envoie-les se faire foutre, Sain! hurla encore Henshaw alors que les hommes s’éloignaient.
D’autres cris partaient des cellules pour soutenir Sam et siffler Packer.
- Le directeur a dit que tu aurais deux heures de promenade cet après-midi, deux heures chaque jour jusqu’à ce que ça soit fini, dit Packer tandis qu’ils avançaient lentement dans un petit couloir.
-Jusqu’à ce que quoi soit fini?
- La chose.
- Quelle chose?
Packer et la plupart des gardiens parlaient de l’exécution comme de ” la chose “.
- Tu sais bien ce que je veux dire, lança Packer.
- Va dire au directeur que c’est un vrai petit ange. Et demande-lui si j’aurai toujours mes deux heures si ça n’arrive pas. Pendant que tu y es, dis-lui que c’est un sale menteur.
- Il le sait déjà.
Ils s’arrêtèrent devant des barreaux et attendirent que la grille s’ouvre. Après l’avoir franchie, ils s’immobilisèrent près de deux gardiens qui se tenaient devant la porte d’entrée. Packer écrivit rapidement quelques mots sur son calepin et les hommes se retrouvèrent dehors. Un minibus blanc les attendait. Les gardiens prirent Sam sous les aisselles et le firent passer, enchaîné, par la porte de côté. Packer s’assit à côté du conducteur.
- Est-ce que ta charrette a l’air conditionné? lança Sam au chauffeur dont la vitre était baissée.
- Oui, répondit le chauffeur.
- Alors mets ce fichu système en marche.
- Assez, Sam, dit Packer sans conviction.
- On sue déjà toute la journée dans une cage sans climatiseur, alors c’est vraiment stupide d’être assis ici et de suffoquer. Mets ce fichu système en marche. J’ai quand même des droits.
- Respire à fond, Sam, dit Packer avec son accent traînant en faisant un clin d’oeil au chauffeur.
- Tu me paieras ça, Packer. Tu le regretteras, crois-moi.
Le chauffeur appuya sur un bouton et l’air frais commença à pénétrer dans la cabine. Le minibus franchit les deux grilles et s’engagea lentement sur un chemin empierré. On quittait le quartier des condamnés àmort.
Malgré les menottes aux mains et des chaînes aux pieds, Sain apprécia ce petit parcours à l’extérieur. La pluie avait laissé des flaques dans les fossés qui bordaient le chemin. Elle avait lavé les cotonniers. Les tiges et les feuilles étaient d’un beau vert sombre. Sam se souvenait d’avoir récolté le coton lorsqu’il était enfant mais chassa aussitôt cette pensée. Il avait entraîné son esprit à refouler le passé. Si, d’aventure, un souvenir d’enfance venait à surgir, il l’étouffait sur-le-champ.
Il aperçut deux détenus assis sous un arbre, devant un type qui soulevait des haltères en plein soleil.
On appelait la bibliothèque juridique l’Appendice parce qu’elle était minuscule. Seuls les condamnés à mort fréquentaient l’Appendice. Accolée à l’arrière d’un bâtiment de l’administration, elle n’avait qu’une porte et pas de fenêtre. Sam s’y était rendu bien souvent ces dernières neuf années. ll y avait là un nombre raisonnable de livres de droit courants et une documentation à jour. Une grande table de réunion en mauvais état était installée au centre de la pièce. Les rangées de livres s’alignaient sur des étagères fixées aux murs. De temps à autre, un prisonnier modèle se proposait comme bibliothécaire. Mais généralement c’était difficile d’avoir de l’aide. De plus, les livres se trouvaient rarement à leur place. Sain le supportait mal car il admirait l’ordre et méprisait les Africains : or à son avis tous les bibliothécaires étaient noirs.
Les deux gardiens lui retirèrent ses fers.
- Tu as deux heures, lui dit Packer.
- J’ai autant de temps que je veux, dit Sam, frottant ses poignets comme s’ils avaient été brisés par les menottes.
- D’accord, Sam. Mais quand je viendrai te chercher dans deux heures, je veux bien parier que nous te ferons grimper dans ce minibus.
Packer ouvrit la porte. Les gardiens se mirent en position de chaque côté. Sam entra dans la bibliothèque et claqua la porte derrière lui. Il posa son dossier sur la table et fixa son avocat.
Adam se tenait à l’autre bout, un livre à la main, attendant son client. Il avait regardé Sam entrer dans la pièce, sans gardien et sans menottes. Il le retrouvait dans sa combinaison rouge, bien plus petit que derrière le treillis métallique.
Les deux hommes s’observèrent un moment audessus de la table, le petitfils et le grand-père, l’avocat et son client. Des étrangers.
- Bonjour, Sam, dit Adam en s’avançant vers lui.
- B’jour. Je nous ai vus à la télé il y a quelques heures.
- Avezvous lu le journal?
- Pas encore. Il arrive plus tard.
Adam fit glisser le journal du matin et Sam l’intercepta. Il le lut attentivement et regarda longuement leurs photos.
Todd Marks avait de toute évidence passé une bonne partie de sa soirée à s’informer. Il avait effectivement vérifié qu’un certain Allan Cayhall était né à Clanton, dans le comté de Ford, en 1964, et que le nom du père porté sur l’acte de naissance était bien celui d’Edward S. Cayhall. Il avait aussi vérifié l’extrait de naissance d’Edward S. Cayhall et découvert que son père était Samuel Lucas Cayhall, l’homme qui se trouvait actuellement dans le quartier des condamnés à mort.
L’article expliquait comment Eddie et sa famille avaient quitté Clanton, en 1967, après l’arrestation de Sam et filé en Californie où Eddie devait quelque temps après se suicider. La piste s’arrêtait là. Marks, de toute évidence, avait manqué de temps et n’avait pu recouper
les informations concernant la Californie. Ses sources ne mentionnaient pas la fille de Sam qui vivait à Memphis. Lee était épargnée. Néanmoins, Marks concluait en beauté par un rappel de l’attentat contre les Kramer.
Lee avait montré le journal à son neveu tôt ce matin, alors qu’il était assis sur la terrasse à contempler les bateaux sur le fleuve et à boire du café et des jus de fruits.
- As-tu parlé à ce corniaud? gronda Sam en reposant le journal sur la table.
Adam vint s’asseoir en face de lui.
- Nous nous sommes rencontrés.
- Pourquoi?
- Il a appelé notre bureau à Memphis en disant avoir eu vent de certaines rumeurs. Je voulais mettre les choses au point. C’est tout.
- Notre photo en première page, c’est tout, aussi?
- Pour vous, ce n’est pas la première fois.
- Pour toi?
- Comme vous le voyez, c’est un instantané. Un photographe m’a piégé. A vrai dire, je parais plutôt fringant.
- Lui as-tu confirmé les faits ?
- Oui. Il ne devait pas m’utiliser comme source. Il a violé notre contrat et profité de moi. Il a aussi amené son photographe. J’ai donc parlé pour la première et la dernière fois au journaliste du Memphis Press.
Sam fixa le journal un instant. Il avait l’air détendu. ll esquissa même un léger sourire.
- Et tu as confirmé que tu étais mon petitfils ?
- Pouvais je réellement le nier?
- Avais-tu envie de le nier ?
- Lisez le journal, Sam. Si j’avais voulu le nier, est-ce que ça se trouverait en première page ?
Cette réponse parut satisfaire Sam. Le sourire s’accentua. Il mordit sa lèvre inférieure et fixa Adam. Puis il sortit un paquet de cigarettes pas encore entamé. Adam jeta un coup d’oeil autour de lui dans l’espoir de trouver une fenêtre.
- Les journalistes sont grossiers et stupides. Ils mentent et commettent des gaffes qui te retombent dessus. Tiens-toi à l’écart de la presse.
- Je suis avocat, Sam. Difficile de m’empêcher de parler.
- Je le sais. C’est dur, mais essaie de te contrôler.
Adam prit son attaché-case, sourit et sortit
- Je crois tenir une très, très bonne idée.
Il se frotta les mains, puis sortit son stylo de sa poche.
- Je t’écoute.
- Eh bien, comme vous l’imaginez sans doute, j’ai fait pas mal de recherches.
- C’est pour ça qu’on te paie.
quelques documents.
— Je vais présenter une nouvelle requête lundi. Voilà l’idée : le Mississippi,fait partie des cinq derniers États qui utilisent encore la chambre à gaz. Je ne me trompe pas?
- C’est excact.
- Et le Mississippi, en 1984, a édicté une loi selon laquelle un condamné à mort a le droit de choisir entre une piqûre mortelle ou la chambre à gaz. Cette nouvelle loi vise les détenus qui ont été condamnés après le ler juillet 1984. Donc elle ne s’applique pas à vous.
- C’est juste. La moitié environ des types du quartier des condamnés à mort auront le choix. Pour eux, il n’y a pas urgence.
- Le Mississippi est favorable à l’injection de dose fatale parce que cette manière de faire est plus humaine. J’ai étudié la procédure ayant conduit au vote de cette loi. Leur argument est simple: si les exécutions sont rapides et indolores, elles soulèveront moins de protestations. Notre argument à nous en découle. Puisque l’État a adopté la mort par injection, ça signifie que la chambre à gaz est périmée. Et pourquoi est-elle périmée ? Parce que c’est une façon inhumaine de tuer les gens.
Sain tira en silence sur sa cigarette pendant une minute pour réfléchir.
- Continue, dit-il.
- Nous rejetterons la chambre à gaz comme mode d’exécution.
- Te limiteras-tu au Mississippi?
- Probablement. Je sais qu’il y a eu des problèmes avec Teddy Doyle Meeks et Maynard Tole.
Sam renifla et souffla sa fumée en direction d’Adam.
- Des problèmes? Tu peux le dire.
- Qu’est-ce que vous savez?
- Écoute, on les a tués à cinquante mètres de moi. Pour l’un comme pour l’autre, on a passé toute la journée dans nos cellules à penser à leur mort.
- Racontez-moi ça.
Sam, l’air absent, fixa le journal devant lui.
- Meeks était le premier condamné exécuté dans le Mississippi depuis dix ans. Ces salauds ne savaient pas ce qu’ils faisaient. On était en 1982. J’étais là depuis presque deux ans. Jusqu’alors nous vivions dans une sorte de rêve. On ne pensait jamais à la chambre à gaz, aux pastilles de cyanure, au dernier repas. Nous étions condamnés à mort, mais bon Dieu, ils ne tuaient plus personne. Pourquoi s’en faire? Meeks nous a réveillés. Ils l’ont tué, donc ils pouvaient nous tuer.
- Que lui est-il arrivé ?
Adam avait lu une douzaine d’articles sur l’exécution ratée de Teddy Doyle Meeks, mais il voulait entendre la version de Sam.
- Tout est allé de travers. As-tu vu la chambre à gaz ?
- Pas encore.
- Il y a un petit cagibi juste à côté où le bourreau mélange la préparation. Pour l’exécution de Meeks le bourreau était ivre.
- Voyons, Sam!
- D’accord, je ne l’ai pas vu. Mais tout le monde sait qu’il l’était. L’État nomme un bourreau. Le directeur et sa bande n’y ont pensé qu’au dernier moment. N’oublie pas que personne ne croyait à cette exécution. Nous attendions tous un sursis de dernière minute. Il était déjà passé à travers deux fois. Pas cette fois-là. Toute la bande a dû se démener pour mettre la main sur le bourreau officiel. Quand ils l’ont trouvé, il était ivre. Un plombier, je crois. Son premier mélange était complètement raté. Il a mis le bidon dans le tuyau, a appuyé sur le levier. Chacun attendait que Meeks respire à fond et meure. Meeks a retenu son souffle aussi longtemps qu’il a pu, puis il a été obligé de respirer. Rien. On attendait. Meeks attendait. Les témoins attendaient. Rien. Tout le monde s’est tourné vers le bourreau. Lui aussi attendait en pestant. Il est retourné dans son cagibi et a refait sa préparation. Bon. Il fallait maintenant enlever le vieux bidon du tuyau. Dix minutes. Le directeur, Lucas Mann et toute la clique étaient là à attendre. Ils s’agitaient, maudissaient le plombier. Cet ivrogne est finalement parvenu à introduire le nouveau bidon et à pousser le levier. L’acide sulfurique a atterri où il fallait, c’est-à-dire dans le récipient, sous le fauteuil de Meeks. Le bourreau a tiré sur le second levier. Les capsules de cyanure sont tombées. Le gaz allait monter aux narines de ce vieux Meeks qui retenait son souffle. On voit la fumée, tu sais. Quand il a fini par respirer, il a commencé à trembler, à s’agiter pendant un bon moment. Pour je ne sais quelle raison, une barre métallique part du plafond de la cabine jusqu’au sol et se trouve directement derrière le fauteuil. Juste au moment où Meeks se calmait, quand tout le monde a pensé qu’il était enfin mort, il a commencé à secouer sa tête violemment d’avant en arrière, heurtant le poteau métallique avec une violence inouïe. Ses yeux étaient blancs, révulsés, sa bouche grande ouverte et de l’écume coulait de ses lèvres. L’horreur absolue.
- Combien de temps a-t-il fallu pour le tuer?
- Qui sait. D’après le médecin de la prison, la mort a été instantanée et sans douleurs. D’autres témoins affirment que Meeks a été pris de convulsions, s’est mis à haleter et a cogné sa tête pendant cinq minutes.
L’exécution de Meeks donnait aux partisans de la suppression de la peine de mort de puissants arguments. Le condamné avait énormément souffert. On avait écrit un tas de rapports sur cette mort. La version de Sain coïncidait remarquablement avec celle des témoins.
- Qui vous a raconté tout ça ? demanda Adam.
- Des gardiens ont parlé. Pas à moi, bien sûr, mais le bouche àoreille a fonctionné rapidement. Avalanche de protestations. Elles auraient été même plus importantes si Meeks n’avait pas été une telle ordure. Tout le monde le haïssait. Le gosse auquel il s’était attaqué avait terriblement souffert. C’était difficile d’éprouver de la sympathie pour le coupable.
- Où étiez-vous quand il a été exécuté ?
- Dans ma première cellule, galerie D, de l’autre côté l’opposé, loin dé la chambre à gaz. On nous a tous enfermés cette nuit-là, tous les détenus de Parchman. Ça s’est passé juste après minuit. Tu noteras, détail plaisant, que l’État du Mississippi avait toute la journée pour exécuter le condamné. L’ordre d’exécution ne spécifie aucune heure, uniquement le jour. Cette bande de salauds programme toujours les exécutions une minute après minuit. S’il y a un sursis, les avocats de l’administration disposent d’une journée entière pour le faire annuler. Buster Moac est passé par là. On l’a ligoté à minuit, puis, à la suite d’un appel téléphonique, on l’a reconduit dans l’isoloir. Il a attendu là-dedans pendant six heures. Les avocats sautaient d’une cour à l’autre. Finalement, au lever du jour, on l’a ligoté pour la dernière fois. Tu connais ses dernières paroles ?
- Je n’en ai pas la moindre idée.
- Buster était un de mes amis, un chic type. Naifeh lui a demandé s’il avait un dernier mot à dire. Il a fait remarquer que le steak qu’on lui avait préparé pour son dernier repas était un peu trop saignant. Naifeh a marmonné qu’il en parlerait au cuisinier. Puis Buster lui a demandé si le gouverneur lui avait accordé sa grâce. Naifeh a dit non. Buster lui a lancé: ” Eh bien, dites à cet enfant de pute qu’aux prochaines élections il n’aura pas ma voix. ” Ils ont claqué la porte et l’ont gazé.
Sam, de toute évidence, s’en amusait, Adam se sentit obligé de lui adresser un petit sourire gêné. Il regarda son calepin tandis que Sam allumait une autre cigarette.
Quatre ans après l’exécution de Teddy Doyle Meeks, les appels et requêtes de Maynard Tole avaient tous été rejetés.
Le moment était venu de remettre en service la chambre à gaz. Tole profitait de l’assistance judiciaire gratuite de Kravitz et Bane. Un jeune avocat, du nom de Peter Wiesenberg, représentait Tole, sous la supervision de Garner Goodman. Tous les deux avaient assisté à l’exécution qui, à sa façon, avait été aussi sordide que celle de Meeks. Adam n’avait pas parlé de l’exécution de Tole avec Goodman, mais il connaissait le dossier et avait lu son témoignage et celui de Wiesenberg.
- Que s’est-il passé avec Maynard Tole ? demanda Adam.
- C’était un Africain, un militant. Il avait tué un tas de gens lors d’un vol à main armée. Naturellement, il mettait tout sur le dos du système. Il parlait toujours de lui comme du guerrier d’Afrique. Il m’a menacé à plusieurs reprises, mais c’était toujours du pipeau.
- Du pipeau?
- Oui. Ça signifie qu’un type est nul, ne sort que des arguments stupides. C’est fréquent avec les Africains. Ils sont innocents, tous tant qu’ils sont. Ils en sont là parce qu’ils sont noirs, et que le système est blanc. Même s’ils ont violé, tué, c’est toujours la faute de quelqu’un d’autre. Toujours, absolument toujours la faute de quelqu’un d’autre.
- Donc, vous étiez content lorsqu’il y est passé?
- le n’ai pas dit ça. Tuer n’est pas bien. Ce n’est pas bien pour les
Africains de tuer, ce n’est pas bien pour les Blancs de tuer, et ce n’est pas bien pour les gens de l’État du Mississippi de tuer les détenus. Ce que j’ai fait était mal, mais comment peut-on, en me tuant, faire que ça devienne bon?
- Est-ce que Tole a souffert?
- Comme Meeks. Ils ont trouvé un nouveau bourreau et celui-là avait l’air de connaître son métier. Le gaz est entré vite fait dans les poumons de Tole. ll a été pris immédiatement de convulsions. Il a cogné sa tête sur le poteau exactement comme l’avait fait Meeks. Tole devait avoir la tête plus dure parce qu’il a continué de cogner plus longtemps. Ça durait, ça durait. Finalement, Naifeh et sa bande de tueurs ont commencé à s’inquiéter. Ce garçon ne voulait vraiment pas mourir. Les choses devenaient moches. Aussi ils n’ont rien trouvé de mieux que de renvoyer les témoins. Vraiment dégueulasse.
- J’ai lu quelque part qu’il avait fallu au moins dix minutes avant qu’il meure.
- Il s’est bien battu, c’est tout ce que je sais. Naturellement les gardiens et le toubib ont dit que la mort avait été instantanée et sans douleurs. Typique. N’empêche, ils ont apporté une légère modification au système après l’affaire Tole. Lorsque ce fut le tour de mon copain Moac, ils avaient mis au point ce mignon petit serre-tête en cuir avec une boucle. De quoi bloquer la nuque du type contre ce foutu poteau. Délicate attention, n’est-ce pas? Ça devenait plus facile pour Naifeh et les témoins.
- Vous voyez où je veux en venir, Sam? C’est une manière atroce de mourir. Nous allons attaquer cette méthode. Nous trouverons des gens qui témoigneront contre ces exécutions. Nous essaierons de convaincre un juge pour qu’il déclare que la chambre à gaz n’est pas légale.
- Et puis? On va leur proposer une piqûre mortelle? Ça nous mènerait à quoi? Ça me semble assez dingue de déclarer que je préférerais ne pas mourir dans la chambre à gaz, mais que, après tout, une piqûre mortelle pourrait me convenir. Si on m’injecte leur drogue, je serai mort quand même, non? Je ne comprends pas.
- C’est vrai. Mais on gagne du temps. Attaquer la chambre à gaz pour obtenir un sursis, puis présenter la chose à l’échelon supérieur. On peut embrouiller l’affaire pendant des années.
- Ç’a déjà été fait.
- Que voulez-vous dire?
- Au Texas, en 1983. L’affaire Larson : on a présenté les mêmes arguments, en vain. La Cour a décidé que les chambres à gaz avaient fonctionné pendant cinquante ans et avaient prouvé leur efficacité pour tuer humainement.
- D’accord, mais il y a une grande différence.
- Laquelle?
- On n’est pas au Texas. Meeks, Tole, Moac, Parris n’ont pas été
gazes au Texas. À propos, le Texas a maintenant choisi l’injection. Ils ont.renoncé à leur chambre à gaz parce qu’ils ont trouvé un meilleur moyen de tuer. La plupart des États qui avaient une chambre à gaz l’ont échangée pour une technologie plus avancée.
Sam se leva.
- Eh bien, quand le moment arrivera pour moi, ça ne fera pas un pli: je tiens à partir avec la technologie la plus avancée.
ll marcha de long en large, trois ou quatre fois, puis s’arrêta.
- Il y a six mètres d’un bout de cette pièce à l’autre. Je peux marcher six mètres sans rencontrer de barreaux. Tu te rends compte, passer vingttrois heures par jour dans une cellule de trois mètres sur deux? Ici je suis un homme libre.
Il se remit à marcher de long en large en tirant sur sa cigarette.
Adam observait cette frêle silhouette s’agiter le long de la table en laissant derrière elle un nuage de fumée. Sam n’avait pas de chaussettes, il portait simplement des chaussons de douche en caoutchouc qui couinaient à chacun de ses pas. Il s’arrêta brusquement, s’empara d’un livre sur une étagère, le posa bruyamment sur la table et commença à en tourner vivement les pages. Il finit par trouver ce qu’il cherchait.
- Voilà, c’est ici, marmonna-t-il. J’étais sûr de l’avoir lu.
- Qu’est-ce que c’est?
- Une affaire en Caroline du Nord, année 1984. Le type s’appelait Jimmy Old, et, bien entendu, Jimmy ne voulait pas mourir. Il a fallu le traîner dans la chambre à gaz. Il donnait des coups de pied, se débattait, hurlait. Difficile même de le ligoter. Ils ont claqué enfin la porte et ont envoyé le gaz. Le menton de Jimmy s’est affaissé sur sa poitrine. Puis sa tête est partie en arrière et s’est mise à osciller. Il s’est tourné vers les témoins. Des yeux blancs, de la bave. Son corps tressautait. Ça n’en finissait pas. Un des témoins, un journaliste, s’est mis à vomir. Le directeur en a eu assez et a tiré le rideau noir afin qu’on ne puisse plus rien voir. On estime qu’il a fallu près d’un quart d’heure pour tuer Jimmy Old.
- Inhumain.
Sam ferma le livre et le replaça soigneusement sur l’étagère. Il alluma une cigarette et regarda le plafond.
- En fait, toutes les chambres à gaz ont été construites par une société de Salt Lake City, Eaton Metal Products. J’ai lu quelque part que celle du Missouri avait été construite par des détenus. Mais notre petite chambre à gaz a bien été fabriquée par Eaton. Elles sont toutes Semblables d’ailleurs, en acier, de forme octogonale, percées de plusieurs hublots pour que les gens puissent assister à l’agonie. Pas beaucoup de place à l’intérieur de la cabine, juste un siège en bois et des courroies partout. Une cuvette en métal sous le fauteuil. Quelques centimètres audessus de la cuvette, un petit sac de pastilles de cyanure que le bourreau contrôle grâce à un levier. C’est encore lui qui agit sur l’acide sulfurique. Lorsque la, cuvette est pleine d’acide, il tire le levier pour faire tomber les
pastilles de cyanure. Alors se répand le gaz mortel et, en principe, c’est la mort instantanée et sans douleurs.
- Ça a été mis au point pour remplacer la chaise électrique, non?
- Exact. Dans les années vingt et trente, chaque État possédait une chaise électrique. C’était alors l’appareil le plus merveilleux jamais inventé. Lorsque j’étais enfant, ces braves gens la trimballaient dans les différentes juridictions. On s’arrêtait devant la prison du coin, on faisait sortir les condamnés enchaînés, on les mettait en ligne près de la remorque, puis on les expédiait. Un moyen efficace de régler la surpopulation des prisons.
Sam secoua la tête comme s’il arrivait à peine à croire ce qu’il racontait.
- Bien entendu, ces gens n’avaient aucune idée de ce qu’ils faisaient. Ça fourmille de récits horribles sur les souffrances infligées aux détenus. Or c’est la peine capitale, non? Ce n’est pas la torture capitale. Beaucoup d’États utilisaient cette antiquité et la confiaient à des amateurs. Un jour, ils ont ligoté un pauvre type et ont actionné les manettes. La décharge n’était pas suffisante. Le type cramait à l’intérieur mais refusait de mourir. Ils ont attendu quelques minutes puis lui ont envoyé une autre décharge. Ça a duré un quart d’heure. S’ils ne plaçaient pas les électrodes au bon endroit, ce n’était pas rare de voir des flammes et des étincelles sortir par les yeux et les oreilles. J’ai lu le récit d’un type àqui on avait envoyé un voltage aberrant. Une sorte de vapeur sous pression a rempli sa tête et ses yeux ont jailli de ses orbites. Le sang ruisselait sur son visage. Au cours d’une électrocution, la peau devient si chaude qu’il est impossible de toucher le bonhomme. Il faut le laisser refroidir avant de confirmer sa mort. Plein de pauvres bougres se figeaient après la première décharge, puis se remettaient à respirer. Nouvelle décharge. Quatre ou cinq fois de suite. Terrible. Un médecin militaire a donc inventé la chambre à gaz, ce moyen plus humain de tuer les gens. Mais aujourd’hui, on a trouvé encore mieux: la piqûre.
Sam avait un public, Adam était fasciné.
- Dans le Mississippi, combien d’hommes ont péri dans la chambre à gaz ? demanda-t-il.
- Première utilisation en 1954. Entre cette date et 1970, ils ont tué trente-cinq hommes. Aucune femme. Après l’affaire Furman, en 1972, elle est resté inutilisée jusqu’en 1982 au moment de l’exécution de Teddy Doyle Meeks. Ils s’en sont servis trois fois depuis. Total: trenteneuf types exécutés. Je serai le quarantième.
Il se remit à marcher, mais beaucoup plus lentement.
- C’est un moyen terriblement inefficace de tuer les gens, continua-t-il, sur un ton professoral. Et c’est dangereux. Dangereux pour le malheureux ligoté sur la chaise, mais aussi pour ceux qui se trouvent dans les parages. Ces vieux appareils ont des fuites. Les joints d’étanchéité pourrissent et se délitent. Construire une chambre à gaz réellement étanche coûte une fortune. Et la moindre fuite peut être mortelle
pouf le bourreau ou ceux qui se trouvent à proximité. Il y a toujours du mpnde. Naifeh, Lucas Mann, un religieux, le médecin, un gardien ou deux. La pièce a deux portes, tenues hermétiquement closes lors de l’exécution. Si jamais un peu de gaz s’échappait, Naifeh et Lucas Mann crèveraient d’un seul coup. Pas une mauvaise affaire, si on y réfléchit.
” Les témoins n’en ont pas conscience mais ils sont pareillement exposés. Aucune protection, sinon une rangée de vieux hublots. La moindre fuite suffirait à les contaminer. La suite des opérations comporte des risques encore plus grands. Dès que le médecin, à l’aide d’électrodes placées sur la cage thoracique du condamné et connectées àtravers les parois de la cabine, a constaté le décès, on actionne une soupape de sûreté qui laisse échapper les émanations mortelles. Quinze minutes plus tard, ouverture des portes. La bouffée d’air frais qui pénètre dans la cabine provoque une condensation. Des résidus gazeux se déposent sur les murs, les vitres, le sol, le plafond, la porte, et sur le cadavre. Un poison mortel.
” On pulvérise aussitôt de l’ammoniaque pour neutralisez les gaz, puis l’équipe de nettoyage, équipée de masques, asperge de nouveau le supplicié avec de l’ammoniaque ou du chlore. Il faut te dire que le poison s’incruste dans la peau. Les vêtements seront jetés dans un sac et incinérés. Encore récemment, le condamné n’avait droit qu’à un short pour leur faciliter la tâche. Aujourd’hui, on nous accorde le privilège de porter ce qu’on désire. Si j’en arrive là, il me faudra un temps fou pour me choisir un beau costume dans ma garde-robe.
Sam cracha par terre rien qu’à cette pensée.
- Qu’advient-il du corps? demanda Adam, un peu honteux d’aborder un sujet aussi macabre.
Sam grogna une fois ou deux, puis porta sa cigarette à ses lèvres.
- Veux-tu connaître en détail le contenu de ma garde-robe ?
- Non.
- Deux combinaisons rouges, quatre ou cinq maillots de corps, quatre caleçons, et une paire de ces mignonnes petites sandales en caoutchouc. Je refuse de mourir dans cette combinaison. J’ai pensé me rendre dans la chambre à gaz nu comme un ver et faire en sorte que les témoins voient mes fesses. C’est ce que je ferai.
- Que font-ils du corps? redemanda Adam.
- Une fois qu’on l’a bien lavé, bien désinfecté, on lui met une tenue de prisonnier, on le tire du fauteuil et on le jette dans un grand sac. Puis on le met dans une ambulance pour le conduire au dépôt mortuaire. La famille alors prend le relais. Théoriquement.
Sam tournait le dos à Adam. Il parlait au mur, appuyé contre un rayonnage. Puis il se tut. Immobile et silencieux, il fixait un coin de la pièce. Il pensait aux quatre hommes qu’il avait connus et qui y étaient passés. D’après une règle non écrite, il ne fallait pas porter la combinaison rouge de la prison dans la chambre à gaz.
Peut-être que son frère, celui qui lui envoyait son tabac, lui ferait
parvenir une chemise et un pantalon. Des chaussettes neuves seraient les bienvenues. N’importe quoi plutôt que ces sandales en matière synthétique. Il préférerait rester pieds nus plutôt que de les enfiler.
Il se retourna et s’avança lentement vers Adam.
- Ton idée me plaît, dit-il tranquillement. Ça vaut la peine d’essayer.
- Parfait. Alors au travail. Trouvez-moi d’autres affaires du genre de celle de Jimmy Old. Qu’on les étudie à fond. Nous mettrons tout ça dans la balance. Il me faut aussi la liste des gens qui peuvent témoigner sur les exécutions de Meeks et de Tole. Peut-être même sur celles de Moac et de Parris.
Sam sortait déjà des livres des rayonnages. Il en entassa une bonne douzaine sur la table, puis se plongea dans leur lecture.