27
Ce soir, les choses sont censées se passer comme ça : je me cache dans le placard de la chambre à coucher pendant que la fille prend une douche. Ensuite, elle sort toute brillante de sueur, l’air chargé de vapeur d’eau et d’un brouillard de laque et de parfum, elle sort nue hormis un peignoir de bain à trou-trous comme une dentelle. C’est alors que je jaillis, la tête couverte d’un quelconque collant étiré sur le visage et des lunettes de soleil sur le nez. Je la balance sur le lit. Je lui colle un couteau contre la gorge. Et puis je la viole.
Aussi simple que ça. La spirale de la honte continue.
Simplement, continuez à vous poser la question : Qu’est-ce que Jésus n’irait PAS faire ?
Seulement, voilà, je n’ai pas le droit de la violer sur le lit, dit-elle, le couvre-lit est en soie rose pâle et les taches se verront. Et pas non plus par terre parce que la moquette lui irrite la peau. Nous nous sommes mis d’accord pour par terre, mais sur une serviette. Pas non plus une belle serviette pour invités, a-t-elle déclaré. Elle m’a dit qu’elle laisserait sur la commode une serviette bien râpée qu’il faudrait que j’étale par terre à l’avance pour ne pas briser l’atmosphère de l’instant.
Elle laisserait la fenêtre de la chambre déverrouillée avant d’entrer dans la douche.
Ainsi donc je me cache à l’intérieur du placard, nu, avec tous ses vêtements de retour du pressing qui me collent à la peau, le collant sur la tête, les lunettes sur le nez, armé du couteau le plus émoussé que j’aie pu trouver, et j’attends. La serviette est étalée par terre. Le collant me tient tellement chaud que mon visage dégouline de sueur. Les cheveux plaqués sur mon crâne commencent à me démanger.
Pas non plus près de la fenêtre, a-t-elle dit. Et pas non plus près de la cheminée. Elle a dit de la violer près de l’armoire, mais pas trop trop près. Elle a dit d’essayer d’étaler la serviette dans une zone à grande circulation où la moquette ne laisserait pas voir de traces d’usure aussi aisément.
Il s’agit ici d’une fille prénommée Gwen que j’ai rencontrée au rayon Convalescence d’une librairie. Il est difficile de dire qui a dragué qui, mais elle faisait semblant de lire un livre à douze étapes sur l’addiction sexuelle, et moi, j’étais vêtu de ma tenue camouflage fétiche et je la filais avec, en main, un exemplaire du même livre, et je me disais : quel mal y a-t-il à une liaison dangereuse de plus ?
Les oiseaux le font. Les abeilles le font.
J’ai besoin de cette poussée d’endorphines. Pour me tranquilliser. Je crève d’envie de ce peptide de phényl-éthylamine. Voilà bien celui que je suis. Un drogué absolu. Un accro. Je veux dire, quel est celui qui tient bien un décompte exact ?
Dans la cafétéria de la librairie, Gwen a dit de me procurer un peu de corde, mais pas de la corde en nylon parce que ça faisait trop mal. Le chanvre lui enflammait la peau et lui donnait des rougeurs. Le chatterton noir d’électricien conviendrait également, mais pas sur sa bouche, et pas non plus d’adhésif de plombier grande largeur.
« Arracher de l’adhésif grande largeur, a-t-elle dit, c’est à peu près aussi érotique que de me faire épiler les jambes à la cire. »
Nous avons comparé nos emplois du temps respectifs, et jeudi était à éliminer. Vendredi, j’avais ma réunion habituelle de sexooliques. Rien que je puisse placer cette semaine. Samedi, je passais la journée à St Anthony. Le dimanche soir, la plupart du temps, elle donnait un coup de main à un loto paroissial, donc nous nous sommes mis d’accord sur lundi. Lundi, vingt et une heures, pas vingt heures, parce qu’elle travaillait tard ce soir-là, et pas vingt-deux heures parce qu’il fallait que je sois au boulot de bonne heure le lendemain matin.
Et donc arrive lundi. Le chatterton est prêt. La serviette est étalée, et quand je bondis sur elle avec mon couteau à la main, elle dit : « C’est mes collants que vous portez, là ? »
Je lui tords un bras derrière le dos et je place la lame rafraîchie contre sa gorge.
« Pour l’amour du ciel, dit-elle. Vous dépassez les limites, et de très loin. J’ai dit que vous pouviez me violer. Je n’ai pas dit que vous pouviez bousiller mes collants. »
De ma main couteau, j’agrippe son peignoir de bain à trou-trous par le rebord et j’essaie de le faire glisser sur son épaule.
« Arrêtez, arrêtez, arrêtez, dit-elle en me chassant la main d’une tape. Là, laissez-moi faire. Tout ce que vous allez réussir à gagner, c’est de le bousiller. »
Elle se tortille pour se libérer de ma prise.
Je demande si je peux enlever mes lunettes de soleil.
« Non », dit-elle, et elle se dégage de son peignoir.
Ensuite, elle va au placard ouvert et accroche le peignoir à un cintre capitonné.
Mais c’est à peine si je vois quelque chose.
« Ne soyez pas aussi égoïste », dit-elle. Maintenant nue, elle me prend la main et la presse autour d’un de ses poignets. Puis elle glisse le bras dans le dos, en pivotant pour coller son dos nu à ma personne. Ma queue relève le nez, de plus en plus haut, et la fente chaude de son cul lisse se glue à moi, et elle dit : « J’ai besoin que vous soyez un agresseur sans visage. »
Je lui dis que c’est trop gênant d’acheter une paire de collants. Un mec qui achète des collants est soit un criminel, soit un pervers ; d’une manière comme de l’autre, c’est tout juste si la caissière accepte de prendre votre argent.
« Mais bon sang, arrêtez de gémir, dit-elle. Tous les violeurs que j’ai connus avaient fourni leur propre collant. »
En plus, je lui dis, quand on est en face du présentoir à collants, il y a toutes sortes de couleurs et de tailles. Chair, anthracite, beige, bronze, noir, cobalt, et aucun d’eux ne porte simplement l’étiquette « taille tête ».
Elle tord le cou et détourne le visage en gémissant. « Puis-je vous dire une chose ? Puis-je vous dire une seule petite chose ? »
Je dis : quoi ?
Et elle dit : « Vous avez vraiment mauvaise haleine. »
Alors que nous étions dans la cafétéria de la librairie, occupés à rédiger le script, elle a dit : « Assurez-vous de mettre le couteau dans le congélateur bien à l’avance. J’ai besoin qu’il soit très très froid. »
J’ai demandé si peut-être nous pouvions utiliser un couteau en caoutchouc.
Et elle a dit : « Le couteau est très important pour que mon expérience soit totale. »
Elle a dit : « Il est préférable que vous mettiez le tranchant du couteau contre ma gorge avant qu’il n’atteigne la température ambiante. »
Elle a dit : « Mais faites bien attention, parce que si vous me coupez accidentellement », elle s’est penchée vers moi par-dessus la table, en me poignardant d’un coup de menton en avant, « si vous m’égratignez seulement, ne serait-ce qu’une fois, je vous jure que vous vous retrouverez en prison avant d’avoir pu renfiler votre pantalon. »
Elle a siroté sa tisane chai et reposé la tasse sur la soucoupe, avant de dire : « Mes sinus apprécieraient que vous ne mettiez pas d’eau de toilette, d’après-rasage ou de déodorant fortement parfumés, parce que je suis très sensible. »
Ces nanas sexooliques en chaleur, elles ont un seuil de tolérance très élevé. Elles ne peuvent tout bonnement pas ne pas se faire défoncer. Elles ne peuvent tout bonnement pas arrêter, et peu importe que les choses en arrivent à un stade très dégradant.
Seigneur, qu’est-ce que j’aime être codépendant.
Dans la cafétéria, Gwen ramasse son sac à main pour le mettre sur ses genoux et elle farfouille à l’intérieur.
« Tenez », dit-elle, et elle déplie une liste photocopiée de tous les détails qu’elle veut voir inclus. Au sommet de la liste, ça dit :
Le viol est une question de pouvoir. Ce n’est pas romantique. Ne tombez pas amoureux de moi. Ne m’embrassez pas sur la bouche. N’espérez pas traîner dans les parages à l’issue de l’événement. Ne demandez pas à passer à la salle de bains.
Ce lundi soir-là dans sa chambre, pressée au creux de moi, nue, elle dit : « Je veux que vous me frappiez. » Elle dit : « Mais pas trop fort et pas trop doucement. Frappez-moi juste assez fort pour que je jouisse. »
Une de mes mains lui tient le bras derrière le dos. Elle tortille son popotin contre moi, et elle a un petit corps bronzé à vous laisser sur le cul sauf que son visage est trop pâle et tout cireux à cause d’un excès de crème hydratante. Dans le miroir de la porte du placard, je vois son côté face avec mon visage qui reluque par-dessus son épaule. Ses cheveux et sa sueur se rassemblent en petite flaque dans le creux où ma poitrine et son dos se pressent l’une contre l’autre. Sa peau a l’odeur de plastique chaud d’un lit à UV. Mon autre main tient le couteau, et donc je demande : est-ce qu’elle veut que je la frappe avec le couteau ?
« Non, dit-elle. Ça, ce serait du poignardage. Frapper quelqu’un avec un couteau, c’est du poignardage. »
Elle dit : « Posez le couteau et servez-vous de votre main, ouverte. »
Et donc je m’apprête à balancer le couteau.
Et Gwen dit : « Pas sur le lit. »
Aussi je balance le couteau sur la commode, et je lève la main pour frapper. Vu ma position, derrière elle, ce n’est vraiment pas commode.
Et elle dit : « Pas sur le visage. »
Et donc je baisse un peu la main.
Et elle dit : « Et ne frappez pas mes seins, sinon vous allez me donner des grosseurs. »
Voir aussi : Mastite à kystes.
Elle dit : « Et si vous vous contentiez de me frapper sur le cul ? »
Et je lui dis : et si elle se contentait de la fermer tout simplement pour me laisser la violer à ma manière ?
Et Gwen dit : « Si c’est comme ça que vous le sentez, autant que vous retourniez à la maison tout de suite en emportant votre petit pénis. »
Dans la mesure où elle vient tout juste de sortir de la douche, sa toison est douce et gonflée, et pas complètement raplatie comme quand on enlève les dessous d’une femme la première fois. Ma main libre se faufile en douceur et la contourne jusqu’entre ses jambes, et elle touche du faux, caoutchouteux et plastique. Trop lisse. Un peu graisseux.
Je dis : « Qu’est-ce qu’il a, votre vagin ? »
Gwen baisse les yeux sur sa propre personne et dit : « Quoi ? » Elle dit : « Oh, ça. C’est un Fémidom. Un condom féminin. C’est les rebords qui ressortent comme ça. Je n’ai pas envie que vous me refiliez des maladies. »
Est-ce que c’est juste moi qui suis comme ça, je dis, mais je pensais que le viol était censé être quelque chose de plus spontané, vous voyez, quelque chose comme un crime de passion.
« Ce qui montre bien que vous connaissez que dalle sur la manière de violer quelqu’un, dit-elle. Un bon violeur va planifier son crime méticuleusement. Il ritualise jusqu’au plus petit détail. Cela devrait pratiquement ressembler à une cérémonie religieuse. »
Ce qui se passe ici, dit Gwen, est sacré.
Dans la cafétéria de la librairie, elle m’avait passé la feuille photocopiée et dit : « Pouvez-vous accepter de satisfaire à toutes ces clauses ? »
La feuille disait : Ne demandez pas où je travaille.
Ne demandez pas si vous me faites mal.
Ne fumez pas dans ma maison.
N’espérez pas passer la nuit chez moi.
La feuille dit : le mot de sûreté est caniche.
Je lui demande ce qu’elle entend par mot de sûreté.
« Si les événements vont un peu trop loin, ou que ça ne marche pas pour l’un de nous, dit-elle, il suffit de prononcer le mot « caniche » et tout s’arrête. »
Je lui demande si j’ai le droit de cracher ma purée.
« Si c’est tellement important pour vous », dit-elle.
Ensuite, je dis : okay, où est-ce que je signe ?
Ces nanas sexooliques pathétiques. Elles ont une telle fringale de queues.
Sans ses vêtements, elle a l’air un peu osseuse. Sa peau est chaude et moite, on croirait presque que va en jaillir de l’eau tiède et savonneuse si on presse un peu. Ses jambes sont tellement minces qu’elles ne se touchent pas avant d’arriver au cul. Ses petits seins plats semblent s’accrocher à sa cage thoracique. Son bras toujours derrière le dos, en nous observant tous les deux dans le miroir de la porte de placard, elle présente le long col et les épaules arrondies et tombantes d’une bouteille de vin.
« Arrêtez, s’il vous plaît, dit-elle. Vous me faites mal. S’il vous plaît, je vous donnerai de l’argent. »
Je demande : combien ?
« Cessez, s’il vous plaît, dit-elle. Sinon, je hurle. »
Et donc je lâche son bras et je me recule : « Ne hurlez pas, je dis. Simplement, ne hurlez pas. »
Gwen soupire, se dégage et me colle un coup de poing dans la poitrine.
« Espèce d’idiot ! dit-elle. Je n’ai pas dit “caniche”. »
C’est l’équivalent sexuel de Jacadi.
Elle se re-tortille pour reprendre sa pose de prisonnière. Puis elle nous fait avancer jusqu’à la serviette et dit : « Attendez. »
Elle va à la commode et en revient avec un vibromasseur en plastique rose.
« Hé, je lui dis, vous n’allez pas vous servir de ça sur moi. »
Gwen hausse les épaules et dit : « Bien sûr que non. C’est le mien. »
Et je dis : « Et moi, alors ? »
Et elle dit : « Désolée, la prochaine fois, apportez votre propre vibromasseur.
— Mais, et mon pénis, alors ? »
Et elle dit : « Quoi, votre pénis ? »
Et je demande : « Comment trouve-t-il sa place dans tout ça ? »
En s’installant sur la serviette, Gwen secoue la tête et dit : « Pourquoi est-ce que je fais ça ? Pourquoi est-ce que je tombe toujours sur le mec qui veut se montrer gentil et conventionnel ? Le prochain truc que vous allez me demander, ce sera de m’épouser. » Elle dit : « Rien qu’une fois, une toute petite fois, j’aimerais bien avoir une relation agressive violente. Une fois ! »
Elle dit : « Vous pouvez vous masturber pendant que vous me violerez. Mais uniquement sur la serviette et uniquement si vous n’en dégorgez pas une goutte sur moi. »
Elle étale bien la serviette tout autour de son cul et tapote un petit carré de tissu éponge tout à côté d’elle. « Quand ce sera le moment, dit-elle, vous pourrez déposer votre orgasme ici. »
Et sa main y va, tapoti, tapota, et puis voilà.
Euh, okay, dis-je, et maintenant quoi ?
Gwen soupire et me colle son vibromasseur à la figure. « Servez-vous de moi, dit-elle. Dégradez-moi, espèce d’idiot ! Avilissez-moi, espèce de branlotin ! Humiliez-moi ! »
L’emplacement de l’interrupteur n’est pas très évident, elle est donc obligée de me montrer comment on le met en marche. Et alors l’animal se met à vibrer si fort que je le laisse tomber. Et il se met à bondir par terre dans tous les sens, et je suis obligé de courir après pour le rattraper, ce foutu truc.
Gwen remonte ses jambes repliées et les laisse retomber de chaque côté à la manière dont un livre s’ouvre en tombant, et moi, je m’agenouille au bord de la serviette et j’engage le bout vibrant juste au bord de ses revers en plastique souple. Je me travaille la queue de mon autre main. Ses mollets sont rasés et s’affinent jusqu’à deux pieds incurvés aux ongles vernis de bleu. Elle s’est allongée, les yeux clos et les jambes écartées. Tenant les mains croisées et étirées au-dessus de la tête de sorte que ses seins se redressent en deux petites et parfaites poignées, elle dit : « Non, Dennis, non. Non. Ne fais pas ça. Je ne peux pas être à toi. »
Et je dis : « Je m’appelle Victor. »
Et elle, elle me dit de la fermer et de la laisser se concentrer.
Et moi, j’essaie de nous offrir à tous les deux une tranche de bon temps, mais ce que je suis en train de faire, c’est l’équivalent sexe de se tapoter l’estomac en se frottant la tête en même temps. Soit je suis concentré sur elle, soit je suis concentré sur moi. D’une façon comme de l’autre, c’est la même chose qu’une mauvaise séance de baise à trois. Il y en a toujours un qui reste sur le côté. Sans compter que le vibromasseur est glissant et difficile à maintenir en bonne place. Il commence à chauffer et dégage une odeur âcre et enfumée comme si quelque chose brûlait à l’intérieur.
Gwen entrouvre un œil, rien qu’un chouïa, elle plisse les paupières sur moi en train de me fouetter la queue, et dit : « Moi d’abord ! »
Je bataille avec ma queue. Je récure le conduit de Gwen. J’ai moins l’impression d’être violeur que plombier. Les rebords du Femidom ne cessent de glisser vers l’intérieur, et je dois m’arrêter pour les ressortir avec deux doigts.
Gwen dit : « Dennis, non, Dennis, arrête, Dennis », d’une voix qui remonte du fond de sa gorge.
Elle se tire les cheveux et halète. Le Femidom reglisse à l’intérieur, et je le laisse faire, point final. Le vibromasseur le dame de plus en plus profond. Elle me dit de jouer avec ses tétons de mon autre main.
Je dis : j’ai besoin de mon autre main. Mes noisettes commencent à se resserrer, prêtes à tout lâcher, et je dis : « Oh, ouais. Oui. Oh, ouais. »
Et Gwen dit : « Ne vous avisez surtout pas », et elle se mouille deux doigts. Elle épingle ses deux yeux aux miens et se baratte l’entrejambe de ses doigts mouillés, pour être la première.
Et moi, tout ce que j’ai à faire, c’est de me représenter Paige Marshall, mon arme secrète, et la course est terminée.
La seconde qui précède le grand lâcher, cette sensation du trou du cul qui commence à se verrouiller sur lui-même, c’est à ce moment-là que je me tourne vers le petit carré sur la serviette indiqué par Gwen. Je me sens stupide, comme l’animal bien dressé à déposer ses petits effets sur un morceau de papier, et mes petits soldats blancs se mettent à gicler, et peut-être par accident, ils se méprennent sur la trajectoire à suivre et retombent à la surface de son couvre-lit rose. Le grand paysage de Gwen, tout rose, tout gonflé, tout vaste. Arc après arc, crampe après crampe, ils jaillissent en boulettes brûlantes de toutes tailles, à travers le couvre-lit et les taies d’oreiller et les volants de soie rose.
Qu’est-ce que Jésus n’irait pas faire ?
Graffitis de foutre.
« Vandalisme » n’est pas vraiment le mot qui convienne, mais c’est le premier qui vient à l’esprit.
Gwen s’est effondrée sur la serviette, haletante, les yeux clos, le vibromasseur bourdonnant à l’intérieur d’elle. Les yeux révulsés dans leurs orbites, elle coule et gicle entre ses propres doigts en murmurant : « Je vous ai battu…»
Elle murmure : « Espèce de salopard, je vous ai battu…»
Je suis en train de me rengoncer dans mon pantalon et j’attrape mon manteau. Les soldats blancs s’accrochent à toute la surface du lit, des rideaux, du papier peint, et Gwen est toujours là, gisante, la respiration haletante, avec son vibromasseur qui ressort à moitié à l’oblique. Une seconde plus tard, il glisse et se libère et tombe par terre comme un poisson mouillé bien en chair. C’est à ce moment-là que Gwen ouvre les yeux. Elle commence à se redresser sur les coudes lorsqu’elle voit l’étendue des dégâts.
Je suis à moitié sorti par la fenêtre quand je dis : « Oh, à propos… Caniche. »
Et dans mon dos, j’entends son premier hurlement pour de vrai.