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LE BATHYBIUS ET L’EOZOON
 

Lorsque Thomas Henry Huxley perdit son jeune fils, « notre enchantement et notre joie », emporté par la scarlatine, Charles Kingsley tenta d’atténuer sa peine en lui infligeant une longue péroraison sur l’immortalité de l’âme. Huxley, qui inventa le mot « agnostique » pour décrire ses propres sentiments, remercia Kingsley de ses bonnes intentions, mais rejeta la consolation offerte pour manque de preuves. Dans un passage célèbre que, depuis, bien des savants ont pris comme devise d’action, il écrivit : « Mon travail consiste à apprendre à mes aspirations à se conformer aux faits, non pas à essayer d’harmoniser les faits avec mes aspirations. […] Placez-vous devant les faits comme un petit enfant, soyez prêt à abandonner toute idée préconçue, suivez humblement la nature là où elle vous mène, serait-ce vers des abîmes, ou vous n’apprendrez rien. » Les sentiments de Huxley étaient emplis de noblesse, son chagrin sincère. Mais Huxley lui-même ne suivait pas son propre précepte et aucun savant créatif ne l’a jamais suivi non plus.

Les grands penseurs ne sont pas passifs devant les faits. Ils posent des questions à la nature ; ils ne lui emboîtent pas le pas humblement. Ils ont des espoirs et des soupçons et s’efforcent de construire le monde dans cet éclairage. En conséquence de quoi, les grands penseurs commettent aussi de grandes erreurs.

Les biologistes ont écrit un long chapitre spécial à mettre au catalogue des grandes erreurs : les animaux imaginaires qui devraient théoriquement exister. Voltaire disait vrai lorsqu’il énonçait ironiquement : « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer. » Deux chimères apparentées et s’entrecroisant sont apparues dans les premiers temps de la théorie de l’évolution, deux animaux qui auraient dû être, selon les critères de Darwin, mais n’étaient pas. L’un d’eux eut Thomas Henry Huxley pour parrain.

Pour la plupart des créationnistes, l’écart séparant le vivant du non-vivant ne posait pas de problème particulier. Dieu avait simplement fabriqué le vivant, totalement distinct et plus avancé que les roches ou les éléments chimiques. Les évolutionnistes, eux, cherchaient à réduire tous ces écarts. Ernst Haeckel, le principal partisan de Darwin en Allemagne et à coup sûr le plus inventif et le plus imaginatif des pionniers de l’évolutionnisme, élabora des organismes hypothétiques pour franchir tous les espaces vides. L’humble amibe ne pouvait pas servir de modèle des débuts de la vie, car sa différenciation interne en noyau et cytoplasme indiquait déjà un grand progrès depuis la matière informe des origines. C’est ainsi que Haeckel proposa un organisme plus modeste encore composé uniquement de protoplasme inorganisé, la monère. (En un sens, il avait raison. Nous utilisons aujourd’hui le terme qu’il a forgé pour désigner le règne des bactéries et des algues bleu-vert, organismes sans noyau ni mitochondrie – mais pas vraiment informe comme l’entendait Haeckel.)

Haeckel définit sa « monère » comme « une substance intégralement homogène et sans structure, une particule d’albumine vivante, capable de se nourrir et de se reproduire ». Selon lui, la monère serait une forme intermédiaire entre le vivant et le non-vivant. Il espérait qu’elle résoudrait l’irritante question de l’origine de la vie à partir de l’inorganique, car aucun problème ne semblait plus épineux pour les évolutionnistes et aucun sujet ne permettait autant au créationnisme de mener son combat d’arrière-garde que l’écart manifeste séparant les éléments chimiques les plus complexes des organismes les plus simples. « Chaque vraie cellule, écrivit Haeckel, montre déjà une division en deux parties, le noyau et le protoplasme. L’apparition d’un tel organisme par génération spontanée n’est de toute évidence concevable qu’avec difficulté ; mais il est beaucoup plus facile de concevoir la formation d’une substance organique entièrement homogène, comme le corps albuminé dépourvu de structure de la monère. »

Entre 1860 et 1870, l’identification de monères s’arrogea la priorité absolue sur l’agenda des champions de Darwin. Plus la monère était diffuse et dépourvue de structure, mieux cela valait. Huxley avait dit à Kingsley qu’il suivrait les faits dans un abîme métaphorique. Mais lorsqu’il se trouva face à un vrai abîme, en 1868, ce furent ses espoirs et ses attentes qui guidèrent ses observations. Il étudia certains échantillons de boues draguées depuis le fond de la mer, au nord-ouest de l’Irlande, dix ans plus tôt. Il observa dans les échantillons une substance gélatineuse, d’aspect inachevé. Noyés dans cette masse, on trouva de minuscules disques calcaires appelés coccolithes. Huxley identifia dans cette gelée les fameuses monères informes annoncées et dans les coccolithes leur squelette originel. (Nous savons à présent que les coccolithes sont des fragments de squelettes d’algues tombés au fond de l’océan après la mort du plancton qui les a sécrétés.) En hommage à la prédiction de Haeckel, il nomma la monère Bathybius haeckelii. « J’espère que vous n’aurez pas honte de votre filleul », écrivit-il à Haeckel. Celui-ci répondit qu’il en était « très fier » et termina sa lettre par ce cri de ralliement : « Viva Monera. »

Rien n’étant aussi convaincant qu’une découverte anticipée, les Bathybius se mirent à surgir de partout. Sir Charles Wyville Thomson en dragua un échantillon des profondeurs de l’Atlantique et écrivit : « Cette boue est réellement vivante ; elle s’agglutine en grumeaux comme si elle était mélangée avec du blanc d’œuf ; et cette masse éblouissante se révéla, sous le microscope, être un sarcode vivant. Le professeur Huxley […] l’appelle Bathybius. » (Les sarcodinés sont un groupe de protozoaires unicellulaires.) Haeckel, suivant son inclination habituelle, se laissa aller à la généralisation et imagina que le fond de l’océan tout entier (à plus de 1 500 mètres) était couvert d’une pellicule de Bathybius vivants, le Urschleim (le limon originel) des philosophes romantiques de la nature (Goethe en faisait partie) que Haeckel avait idolâtrés dans sa jeunesse. Huxley, faisant une entorse à sa modération coutumière, déclara dans un discours en 1870 : « Le Bathybius formait un film vivant sur le fond de la mer, s’étendant sur des milliers et des milliers de kilomètres carrés. […] Il constitue probablement une écume continue de matière vivante entourant toute la surface de la Terre. »

Ayant atteint les limites de son expansion dans l’espace, le Bathybius s’infiltra dans le seul domaine qu’il lui restait à conquérir, le temps. Et c’est là que nous faisons connaissance avec notre seconde chimère.

L’heure de l’Eozoon canadense, l’animal de l’aube du Canada, avait sonné. Les fossiles avaient causé plus de chagrin que de joie à Darwin. Rien ne l’affligea plus que l’explosion du Cambrien, l’apparition simultanée de presque toutes les formes organiques complexes, non pas au début de l’histoire de la Terre, mais à plus des cinq sixièmes de son existence. Pour ses adversaires, cet événement représentait le moment de la création, car pas un seul témoignage de vie précambrienne n’avait été découvert lorsque Darwin écrivit L’Origine des espèces. (Nous possédons maintenant de nombreux fossiles de monères trouvés dans ces roches anciennes, voir chapitre 21.) Rien n’était donc attendu avec autant d’impatience qu’un organisme précambrien et plus il était simple et informe, mieux cela valait.

En 1858, un collectionneur apporta au Bureau géologique (Geological Survey) du Canada quelques spécimens trouvés au sein des roches les plus vieilles du monde. Ils étaient faits de fines couches concentriques où alternaient la serpentine (un silicate) et du carbonate de calcium. Sir William Logan, le directeur du service, pensait qu’il pouvait s’agir de fossiles et les montra à divers hommes de science, mais ne recueillit que peu d’avis allant dans le sens de sa thèse.

Logan trouva de meilleurs spécimens près d’Ottawa en 1864 et les apporta au plus éminent des paléontologistes canadiens, J. William Dawson, doyen de la McGill University. Dawson découvrit des structures « organiques » dans la calcite, y compris un réseau de canaux. Il vit dans la disposition concentrique des couches le squelette d’un foraminifère géant, formé de façon plus diffuse mais des centaines de fois plus gros que toutes les espèces actuelles apparentées. Il le nomma Eozoon canadense, l’animal de l’aube du Canada.

Darwin était enchanté. L’Eozoon fit son apparition dans la quatrième édition de L’Origine des espèces avec la bénédiction de Darwin : « Il est impossible d’avoir le moindre doute quant à sa nature organique. » (Il est assez ironique de remarquer que Dawson lui-même était un farouche créationniste, probablement le dernier grand savant à s’opposer aux idées évolutionnistes. En 1897 encore, il écrivit un livre sur l’Eozoon, Relics of Primeval Life (« Vestiges de la vie des premiers âges »), dans lequel il soutient que l’existence persistante des foraminifères simples à toutes les époques géologiques démontre la fausseté de la sélection naturelle puisque la lutte pour la vie aurait dû remplacer des créatures aussi primitives par des formes plus élaborées.)

Le Bathybius et l’Eozoon étaient destinés à s’unir. Ils partageaient cette propriété désirée, le caractère informe, et seul le squelette séparé de l’Eozoon les différenciait. Ou bien l’Eozoon avait perdu sa coquille pour devenir le Bathybius ou bien ces deux créatures primitives étaient des exemples de simplicité organique étroitement apparentés. Le grand physiologiste W.B. Carpenter, défenseur des deux créatures, écrivit :

« Si le Bathybius […] pouvait sécréter une coquille, celle-ci ressemblerait à l’Eozoon. En outre, le professeur Huxley ayant prouvé l’existence du Bathybius, dans un large éventail, non seulement de profondeurs, mais aussi de températures, je ne peux m’empêcher de penser que, selon toute probabilité, il a existé de manière continue dans les mers profondes à toutes les époques géologiques. […] Je suis tout prêt à croire que l’Eozoon, tout comme le Bathybius, a dû se maintenir en vie pendant toute la durée des temps géologiques. »

C’était là une vision bien faite pour titiller les évolutionnistes ! On avait trouvé la matière organique informe que l’on avait pressentie ; elle s’étendait dans le temps et l’espace et recouvrait le fond de ce mystérieux océan originel.

Avant de rapporter la fin de ces deux créatures, je voudrais souligner l’influence d’un préjugé qui a été passé sous silence et n’a fait l’objet d’aucun commentaire dans toute la littérature écrite par les pionniers de la science. Tous les participants au débat acceptèrent sans se poser de questions cette vérité « évidente » selon laquelle la vie la plus primitive serait homogène et dépourvue de forme, diffuse et inachevée.

Carpenter écrivit que le Bathybius était d’« un type inférieur même, parce que moins défini, à celui des éponges ». Haeckel déclara : « Le protoplasme existe ici dans sa forme première la plus simple, c’est-à-dire qu’il n’a pratiquement pas de forme définie et est à peine individualisé. » Selon Huxley, la vie sans la complexité interne d’un noyau a démontré que l’organisation venait de la vitalité indéfinie, et non le contraire : le Bathybius « prouve l’absence de tout pouvoir mystérieux dans le noyau et montre que la vie est une propriété des molécules de matière vivante, que l’organisation est le résultat de la vie et non pas la vie le résultat de l’organisation ».

Mais pourquoi, en y réfléchissant de plus près, devrions-nous assimiler informe et primitif ? Les organismes actuels ne viennent pas confirmer cette thèse. La régularité et la répétition des formes des virus ne connaissent presque pas d’équivalents. Les bactéries les plus simples ont des configurations bien précises. Le groupe taxonomique qui renferme les amibes, prototype même de la désorganisation rampante, contient aussi les radiolaires, les plus beaux de tous les organismes réguliers et ceux qui sont sculptés de la façon la plus complexe. L’ADN est un miracle d’organisation ; Watson et Crick ont élucidé le problème de sa structure en construisant une maquette exacte en Meccano et en s’assurant que toutes les pièces correspondaient. Sans vouloir mettre en avant cette notion mystique de Pythagore selon laquelle la régularité des formes est à la base de toute organisation, je voudrais déclarer que cette équivalence entre informe et primitif tire son origine de la métaphore progressiste dépassée qui considère l’histoire de la vie comme une échelle dont les barreaux sont autant de niveaux de complexité et qui conduit inexorablement du néant à la plus noble des formes, nous-mêmes. Cela flatte notre propre vanité, certes, mais ne donne pas une image très exacte de notre monde.

En tout cas, ni le Bathybius ni l’Eozoon ne survécurent à la reine Victoria. Le même Sir Charles Wyville Thomson qui avait parlé avec tant de chaleur du Bathybius comme d’une « masse éblouissante […] réellement vivante » devint plus tard, dans les années 1870, directeur scientifique de l’expédition du Challenger, la plus célèbre de toutes les croisières consacrées à l’exploration des océans. Les savants du Challenger essayèrent à de multiples reprises de trouver des Bathybius dans les boues extraites des bas-fonds marins, mais en vain.

Lorsque les chercheurs mettaient en réserve les échantillons de boue pour les analyser ultérieurement, ils ajoutaient traditionnellement de l’alcool pour conserver les matériaux organiques. Le premier Bathybius de Huxley avait été trouvé dans des échantillons conservés dans l’alcool depuis plus de six ans. Un des membres de l’expédition du Challenger remarqua que les Bathybius apparaissaient chaque fois qu’il ajoutait de l’alcool à un échantillon frais. Le chimiste de l’expédition analysa le Bathybius et découvrit qu’il ne s’agissait que d’un précipité colloïde de sulfate de calcium, produit de la réaction de la boue avec l’alcool. Thomson écrivit à Huxley, et Huxley, sans se plaindre, admit son erreur et fit amende honorable. Haeckel, comme on pouvait s’y attendre, se montra plus obstiné, mais le Bathybius finit par disparaître tranquillement.

L’Eozoon résista plus longtemps. Dawson le défendit littéralement jusqu’à la mort en écrivant certains commentaires qui comptent parmi les plus acerbes jamais prononcés par un homme de science. À propos d’une critique émanant d’un savant allemand, il fit, en 1897, la remarque suivante : « Mobius, je n’en doute pas, a fait du mieux qu’il a pu de son point de vue particulier et limité ; mais c’est un crime que la science ne devrait pas pardonner de sitôt aux rédacteurs de la revue allemande que d’avoir publié et présenté comme un travail scientifique un article qui est bien loin d’avoir l’honnêteté et le niveau souhaitables. » Dawson, à cette époque, restait le seul défenseur de l’Eozoon (bien que Kirkpatrick le fît revivre quelques années plus tard sous une forme plus étrange encore. Voir chapitre 22{19}). Tous les hommes de science s’étaient mis d’accord pour admettre que l’Eozoon était inorganique, un simple produit métamorphique de la chaleur et de la pression. En vérité, on ne l’avait découvert que dans des roches hautement métamorphisées, lieu particulièrement impropre à la conservation de fossiles. Si une preuve supplémentaire avait été nécessaire, la découverte de l’Eozoon au sein de blocs de calcaire éjectés du Vésuve en 1894 aurait clos le débat.

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Illustration originale du
Bathybius par Haeckel. Les structures discoïdales sont des coccolithes au sein d’une masse gélatineuse.

Le Bathybius et l’Eozoon, depuis cette époque, ont été considérés comme des épisodes gênants qu’il valait mieux oublier. Cette conspiration a admirablement réussi et je serais surpris si un pour cent des biologistes actuels avait entendu parler de ces deux créatures fantaisistes. Les historiens, à qui l’on a inculqué la vision traditionnelle (qui s’est révélée fausse) d’une science progressant vers la vérité en se débarrassant l’une après l’autre de ses couches successives d’erreurs, gardèrent aussi le silence. À quoi peuvent bien nous servir les erreurs si ce n’est à passer quelques instants de franche gaieté ou bien à moraliser sur le mode « il ne faut pas que… » ?

Les historiens de la science actuellement ont plus de respect pour ce type d’erreurs inspirées. Elles avaient un sens à leur époque ; le fait qu’elles n’en aient plus maintenant n’a rien à voir avec la question. Notre siècle n’est pas la norme de tous les temps ; la science est toujours l’interaction de la culture dominante, de l’excentricité individuelle et des contraintes empiriques. Ce qui explique que le Bathybius et l’Eozoon aient été l’objet de beaucoup plus d’attention depuis 1970 que dans toutes les années qui se sont écoulées depuis leur déclin. (Pour la rédaction de ce chapitre, j’ai été guidé vers les sources originales par les articles de C.F. O’Brien sur l’Eozoon et de N.A. Rupke et P.F. Rehbock sur le Bathybius qui m’ont apporté de grands éclaircissements. L’article de Rehbock est particulièrement complet et pénétrant.)

La science ne compte que peu de personnalités franchement stupides. Les erreurs répondent généralement à de bonnes raisons que l’on ne peut comprendre qu’en connaissant le contexte et en évitant de porter un jugement uniquement fondé sur la perception de la « vérité » qui est la nôtre maintenant. Elles apportent habituellement plus de clarté que d’embarras, car ce sont les signes d’un changement de contexte. C’est grâce à leur imagination que les grands penseurs engendrent leurs visions organisatrices et ils sont suffisamment aventureux (ou centrés sur eux-mêmes) pour les lancer dans un monde complexe qui ne peut jamais répondre « oui » sur tous les détails. L’étude des erreurs inspirées ne devrait pas être l’occasion d’une homélie sur le péché d’orgueil, mais devrait nous inciter à reconnaître que la capacité d’émettre de grandes idées ou de commettre de grandes erreurs sont les deux faces d’une même médaille ; et que l’une comme l’autre brillent du même éclat.

Le Bathybius a certainement été une erreur inspirée. Il a servi à faire progresser cette notion plus large qu’est la théorie de l’évolution. Il a offert une vision saisissante de la vie originelle, s’étendant dans le temps et dans l’espace. Comme le remarque Rehbock, le Bathybius a joué simultanément une multitude de rôles : forme la plus humble de la protozoologie, unité élémentaire de la cytologie, précurseur de l’évolution de tous les organismes, première forme organique fossile, principal composant des sédiments marins actuels (par ses coccolithes) et source alimentaire pour la vie supérieure dans les profondeurs nutritionnelles appauvries des océans. Lorsque le Bathybius disparut, les problèmes qu’il avait fait surgir ne s’évanouirent pas avec lui. Le Bathybius inspira de nombreux travaux scientifiques féconds et servit à mettre au point la définition de problèmes importants qui restent toujours d’actualité de nos jours.

L’orthodoxie peut être aussi bornée en science qu’en religion. Je ne sais comment l’ébranler autrement qu’en faisant preuve d’une forte imagination mise au service de travaux non conventionnels et contenant en elle-même un potentiel élevé d’erreurs inspirées. Comme le grand économiste Vilfredo Pareto l’a écrit : « Que l’on me donne une erreur féconde, pleine de graines, prête à éclater sous l’effet de ses propres corrections. Vous pouvez garder pour vous votre stérile vérité. » Et je voudrais terminer en citant un homme appelé Thomas Henry Huxley qui, lorsqu’il n’était pas accablé par le chagrin ou lancé dans ses combats anticléricaux, soutenait que « des vérités défendues irrationnellement peuvent être plus néfastes que des erreurs raisonnées ».