34.

Est-ce la chaleur lourde de cette fin de juillet 1805 ? Ou bien est-ce l’attente des nouvelles des escadres ? Mais, plusieurs fois par jour, Napoléon se laisse emporter par la colère. Il convoque Murat, qui arrive empanaché dans son uniforme de grand amiral et prince, de Grand Aigle de la Légion d’honneur, de chef de la 12e cohorte, qui parle, avant qu’on l’interroge, de la collection de tableaux qu’il a réunie dans son palais de l’Élysée !

C’est bien le moment et le lieu de parler de tableaux ! Où en sont les troupes ? Manoeuvrent-elles ? Les fournitures sont-elles assurées ? Murat bafouille.

Napoléon s’emporte dans le parc du château de Fontainebleau, marche le long des pièces d’eau.

Le temps est orageux, mais l’averse ne tombe pas et la chaleur s’entasse sous un ciel bas que fracturent les longs éclairs.

C’est comme si l’électricité de la foudre glissait sur ma peau.

Napoléon frissonne. Il rentre.

Quelles nouvelles ? Où sont ces amiraux ? Que fait Ganteaume ? Que fait Villeneuve ? Sait-on où se trouve Nelson ?

Il écrit à Ganteaume : « De grands événements se passent ou vont se passer ; ne rendez pas inutiles les forces que vous commandez… Ayez de la prudence mais aussi de l’audace. »

Il écrit à Villeneuve : « Pour le grand objet de favoriser une descente chez cette puissance, l’Angleterre, qui, depuis six siècles, opprime la France, nous pourrions tous mourir sans regretter la vie. Tels sont les sentiments qui doivent animer tous mes soldats. »

Il examine, penché sur sa table de travail, les états des différentes flottes : soixante-quatorze navires pour les Français et les Espagnols, à peine cinquante-quatre pour les Anglais !

Mais qu’attendent donc les amiraux pour agir !

Il se sent ligoté, englué. La chaleur poisseuse colle à la peau. Les courriers partent, avec mission de crever les chevaux mais d’atteindre Brest, Vigo ou Cadix sans jamais faire halte.

Comment se décider s’il ne sait pas où sont, que font les escadres ?

Pendant ce temps, Talleyrand le confirme, l’Angleterre pousse l’Autriche à s’engager dans le conflit, et la Russie a déjà partie liée avec Londres. Si Vienne ose, alors…

Il reçoit Cambacérès et le ministre des Finances, Barbé-Marbois.

Napoléon se tient debout devant la croisée ouverte. Pas un souffle de vent. Si, sur l’océan, le temps est identique, alors jamais les flottes n’atteindront Boulogne.

Il se tourne vers Cambacérès. L’archichancelier est inquiet. Barbé-Marbois est encore plus préoccupé. Les financiers renâclent, explique-t-il. Ils nous serrent à la gorge. Ils craignent l’entreprise hasardeuse de l’invasion de l’Angleterre.

Napoléon se met à marcher, les mains derrière le dos.

— Rassurez les hommes d’argent, dit-il d’une voix sourde. Que peut-il contre eux ? que peut-il sans eux ?

— Faites-leur entendre, reprend-il, qu’il ne sera rien hasardé qu’avec sûreté.

Qu’imaginent-ils, ces messieurs, qu’on fait la guerre sur un coup de tête ? Rien n’est plus médité qu’une de mes campagnes.

— Mes affaires sont trop belles, poursuit-il, pour rien hasarder qui puisse mettre à trop de hasards le bonheur et la prospérité de mon peuple. Sans doute que, de ma personne, je débarquerai avec mon armée, tout le monde doit en sentir la nécessité, mais…

Il lève la main.

— Mais moi et mon armée ne débarquerons qu’avec toutes les chances convenables.

Quant à l’Autriche, si elle ne désarme pas, « j’irai avec deux cent mille hommes lui faire une bonne visite dont elle se souviendra longtemps ».

Mais il se tourne vers Cambacérès :

— Dites que vous ne croyez pas à la guerre… Il faudrait en effet être bien fou pour me faire la guerre.

Il sourit :

— Il n’y a pas en Europe une plus belle armée que celle que j’ai aujourd’hui.

 

Il quitte Fontainebleau pour le château de Saint-Cloud.

Il faut qu’il se calme, mais la chaleur est aussi lourde qu’à Fontainebleau. Il dort mal. Il bouscule Roustam et Constant, exige à tout instant la présence de Méneval. Il doit écrire pour que ses mots agissent sur les hommes comme des coups d’éperon. « Entrez dans la Manche, dicte-t-il pour Villeneuve, l’Angleterre est à nous. Paraissez vingt-quatre heures et tout est terminé. »

Quand le crépuscule vient, la chaleur desserre un peu son étreinte. Il sort pour entamer une trop longue nuit. Presque chaque soir, il se rend à l’Opéra ou au théâtre. Et, parfois, il fait venir les comédiens à Saint-Cloud. Mais pourrait-il rire aux Femmes savantes ?

Les questions demeurent en lui. Pourra-t-il ou non passer ce bras de mer, planter le drapeau tricolore sur la tour de Londres ?

Il s’approche des comédiens. Il aime ce milieu du théâtre, ces femmes provocantes, belles souvent, expertes presque toujours, et si faciles à conquérir.

Elles réussissent à le distraire. Talma parle avec ce talent de conteur qui transforme une petite histoire de lit entre une dame et un dignitaire en un grand moment de comédie ou de tragédie.

Pour quelques instants, tout s’efface, et ne reste que Talma. Napoléon regarde l’acteur, l’écoute, parle.

— Vous fatiguez trop votre bras, lui dit-il un de ces soirs de juillet, après une représentation de La Mort de Pompée. Les chefs d’Empire sont moins prodigues de mouvements ; ils savent qu’un geste est un ordre, qu’un regard est la mort, dès lors ils ménagent le geste et le regard… Ne faites pas parler César comme Brutus, quand l’un dit qu’il a les rois en horreur, il faut le croire ; mais non pas l’autre. Marquez la différence.

Mme de Rémusat s’approche. Pourquoi s’étonne-t-elle qu’il parle ainsi à Talma ? Ce n’est qu’un comédien, dit-elle, et l’Empereur paraît avoir plus d’égard pour lui que pour un ambassadeur ou même un général.

Il rit.

— Savez-vous bien qu’un talent, dans quelque genre qu’il soit, est une vraie puissance, et que moi-même, vous l’avez vu, je ne reçois point Talma sans ôter mon chapeau.

Et, ajoute-t-il dans un murmure :

— Il est aussi des femmes de grand talent.

Mme de Rémusat se dérobe. Est-elle donc devenue fidèle ? ! Mais il y a Mme Duchâtel, Mme Gazzini, et cette Émilie Leroy qui vient d’arriver de Lyon à sa demande, et qu’il a mariée à un M. Pellapra, un homme à argent bien compréhensif et à qui va être attribuée la charge de receveur des Finances à Caen, de quoi calmer ses scrupules s’il en avait.

Ainsi, les nuits de juillet raccourcissent encore. Et il y a l’aube, les rapports des espions posés en évidence sur la table de travail.

Ce sont eux que Napoléon commence toujours à lire.

Dans certains cafés, racontent les informateurs, on s’étonne que le 14 juillet n’ait donné lieu à aucune fête, on critique l’annonce de cérémonies et de bals pour le 15 août, la Saint-Napoléon. On persifle. On s’inquiète des bruits de guerre, d’une nouvelle coalition qui va ruiner la France. Certains affirment que va revenir le temps des assignats. On cache son or.

Il jette ces rapports par terre.

Est-ce qu’il veut la guerre ?

Un espion assure que le général Moreau, loin d’avoir gagné les États-Unis comme il s’y était engagé après son procès, demeure en Espagne et qu’il proclame partout qu’il va se mettre au service du tsar, prendre la tête d’une armée royale et en finir avec Bonaparte et la Révolution !

N’eût-il pas mieux valu que les juges condamnent Moreau à mort ?

Qui l’a gracié ? Moi. Qui trahit-il ? Moi et la France, sa patrie. Et il faudrait ne pas répondre ?

Le vendredi 2 août à trois heures du matin, alors que la nuit est encore pleine, il part dans sa grande berline pour Boulogne afin de rejoindre l’armée.

Aux relais, il saute de la berline avant même qu’on ait déplié le marchepied, et, les mains derrière le dos, le visage fermé, indifférent aux acclamations de la petite foule qui, chaque fois, se rassemble, il fait quelques pas devant les bâtiments de la poste, dans la cour. Il montre des signes d’impatience après seulement quelques minutes, et l’aide de camp vient l’avertir en courant que les chevaux sont attelés.

Dans la berline, il dicte, donnant ses ordres aux Ponts et Chaussées pour que les routes qui, à partir de Paris, divergent vers le sud et l’est, Turin et Cologne, soient remises d’urgence en état. S’il devait renoncer à l’invasion de l’Angleterre, alors il faudrait marcher vers l’Allemagne afin d’écraser l’Autriche, et peut-être les troupes russes, si elles ont eu le temps de rejoindre le champ de bataille.

Il lui faut aussi envisager cette hypothèse. Et elle l’irrite tant, qu’il s’emporte, donne l’ordre qu’on brûle les dernières étapes, qu’on crève les chevaux si besoin est. Il veut être au château de Pont-de-Briques au plus tôt.

Parfois, lors de la traversée d’un village, il aperçoit un arc de triomphe sur lequel on a écrit : « Chemin de l’Angleterre », et ces mots avivent sa colère. Elle l’empoigne encore lorsqu’il arrive à quatre heures du matin le samedi 3 août, dans la cour du château de Pont-de-Briques.

Le bain brûlant est prêt. Roustam se tient à la porte. Mais Napoléon veut d’abord lancer ses ordres : revue de toutes les troupes demain dimanche, à partir de dix heures.

 

C’est ainsi qu’il se calme, c’est ainsi qu’il attend : chaque jour, revue.

Le dimanche 4 août, il est à cheval de dix heures à dix-neuf heures, et du cap d’Alprech au cap Gris-Nez, il galope devant le front des divisions. Jusqu’au 13 août, pas un seul jour sans qu’il inspecte les hommes et les bateaux.

Il embarque sur des chaloupes, il s’avance jusqu’à la ligne d’embossage. Il revoit les cartes : le débarquement principal, de quatre-vingt mille hommes, aura lieu à Deal, à treize kilomètres de Douvres. Londres ne sera qu’à deux ou trois jours de marche.

Il donne un grand dîner pour les officiers dans sa baraque de la tour d’Odre. Il parle peu, laissant les généraux évoquer cette traversée, cette campagne d’Angleterre, les beautés de Londres, « les putains anglaises », la peur et la fuite des émigrés.

On en aura fini avec le banquier des coalitions. La paix sera enfin établie quand on aura écrasé dans sa tanière le renard anglais.

Il ne dit rien, mais le banquet terminé, il interroge Méneval puis Monge, et Daru, qui est administrateur général de l’armée et qui depuis 1803 a organisé le camp de Boulogne.

— Où est Villeneuve ? répète-t-il.

Il lance ces mots d’une voix rageuse.

Il sort de la baraque. Le vent souffle fort, mais le ciel est dégagé. On entend le bruit du ressac. La mer est là, à quelques dizaines de mètres en contrebas. Il suffirait d’une poignée d’heures pour la franchir.

Parfois, comme ce soir, l’envie lui prend, un court instant, de lancer l’ordre d’embarquer et d’appareiller sans attendre l’arrivée des escadres, de compter sur la Fortune. Mais il chasse cette idée. La guerre n’est pas un jeu de hasard. Il ne peut risquer cette armée avec laquelle, s’il se retourne, il écrasera, de cela il est sûr, l’Autriche et la Russie. Il deviendra alors le maître de l’Europe entière. Et l’Angleterre pourra mourir dans sa tanière.

Il reste longuemement au bord de la falaise et, lorsqu’il rentre dans la baraque, il dit à Daru :

— À la guerre comme en politique, le moment perdu ne revient plus.

 

C’est le 13 août 1805, à l’aube.

Il est dans le château de Pont-de-Briques, devant les cartes d’Allemagne.

Il entend le galop d’un cheval, puis les voix des grenadiers de garde, celle de l’aide de camp. On apporte un courrier de l’amiral Villeneuve.

Il l’arrache à l’officier.

Villeneuve s’est mis à l’abri du Ferrol, au lieu de voguer toutes voiles dehors, vers la Manche où je l’attends.

Napoléon jette la dépêche à terre.

— Qu’on appelle Daru ! crie-t-il.

Il prise en l’attendant, dicte pour Talleyrand une courte lettre. « Mon parti est pris : je veux attaquer l’Autriche et être à Vienne avant le mois de novembre prochain pour faire face aux Russes s’ils se présentent. Ou bien je veux… »

Il reste un long moment silencieux. Peut-être tout n’est-il pas joué. Peut-être l’Autriche ne s’engagera-t-elle pas dans la guerre. Peut-être l’amiral Villeneuve surmontera-t-il sa peur et arrivera-t-il ici avant la fin de l’été.

— Ou bien je veux, reprend-il, et c’est là le mot juste, qu’il n’y ait qu’un régiment autrichien dans le Tyrol. Je veux qu’on me laisse faire tranquillement la guerre avec l’Angleterre.

Puis il dicte des courriers pour le ministre de la Marine, pour Villeneuve. Il faut, s’il le peut encore, le forcer à agir.

Puis il se laisse tomber, plus qu’il ne s’assoit, devant la table couverte de cartes.

Il les parcourt du regard, se lève, prise et, d’un signe, indique à Daru qu’il va dicter.

La voix est calme, les pas mesurés, les mots tombent avec précision. Il donne les lieux, les jours, les effectifs. Il semble suivre du regard la marche des troupes en Allemagne. Il fera, dit-il déferler sept torrents sous les ordres de Marmont, de Bernadotte, de Soult, de Lannes, de Ney, d’Augereau. Wurtzbourg, Francfort, Mannheim, Spire, Karlsruhe, Strasbourg, tels sont les buts de marche des sept armées. Il fixe les étapes, le nombre de kilomètres à parcourir, à 3,9 kilomètres par heure, les dépôts d’approvisionnement en vivres et munitions à constituer.

Il parle durant plusieurs heures, comme si, depuis des mois déjà, au-dessous de l’attente et de l’incertitude, un dispositif précis s’était mis en place qui surgissait, ce 13 août.

Il fera donc pivoter l’armée qui, à marches forcées, gagnera le coeur de l’Allemagne.

Il a fini.

Il semble découvrir Daru qui continue d’écrire, entouré des dizaines de feuillets qu’il a couverts de notes.

 

Tout est-il joué ?

Il ne veut pas encore lancer les dés. Tout est prêt pour l’une ou l’autre partie.

Si l’amiral Villeneuve paraît dans la Manche : « Il est encore temps, je suis maître de l’Angleterre, écrit-il à Talleyrand. Si au contraire mes amiraux hésitent, manoeuvrent mal et ne remplissent pas leur but, je n’ai d’autres ressources que d’attendre l’hiver pour passer avec la flottille. L’opération est hasardeuse. Dans cet état de choses, je cours au plus pressé. Je me trouve avec deux cent mille hommes en Allemagne et vingt-cinq mille hommes dans le royaume de Naples. Je marche sur Vienne et ne pose les armes que je n’aie Naples et Venise, et j’ai augmenté tellement les États de l’Électeur de Bavière que je n’aie plus rien à craindre de l’Autriche. L’Autriche sera pacifiée certainement, de cette manière, pendant l’hiver. Je ne reviens point à Paris, que je n’aie touché barre.

« Mon intention est de gagner quinze jours. Je veux me trouver dans le coeur de l’Allemagne avec deux cent mille hommes sans qu’on s’en doute. »

 

Il attend. Il pleut chaque jour, mais le vent est faible, la mer calme. Dans la nuit du 20 au 21 août, il est sur la falaise. Il appelle ses aides de camp : que tambours et clairons roulent et sonnent, que toutes les troupes fassent mouvement vers le port et embarquent.

Après quelques minutes, il entend monter du port les premiers cris mêlés aux tambours et aux clairons et, bientôt, c’est la rumeur des troupes en marche.

Il demeure jusqu’à l’aube debout sur la falaise.

Il pourrait sans la flotte tenter d’agir.

Il pourrait.

À la guerre, l’audace est le plus beau calcul du génie.

Mais ici, est-ce de l’audace, ou bien le pire des défauts d’un chef de guerre : l’ivresse de l’imagination, celle qui perd les batailles ?

Il rentre tête baissée dans sa baraque et donne l’ordre de faire débarquer les troupes.

 

Maintenant, sa décision est prise. C’est comme s’il avait été jusqu’au bout de l’une des hypothèses pour s’éprouver.

Il lit le courrier de Villeneuve que, le 22 août, lui transmet Decrès, le ministre de la Marine.

Il écrase la lettre dans son poing. Villeneuve s’est mis à l’abri et y demeure.

Aucune surprise, et pourtant la colère éclate.

Il hurle ce qui a grossi en lui au fil des jours :

— Villeneuve n’a pas le caractère nécessaire pour commander une frégate ! C’est un homme sans résolution et sans courage moral ! crie-t-il.

Il secoue la tête, les mains serrées dans le dos, le corps presque basculé en avant, comme s’il allait se précipiter sur quelqu’un.

— Deux vaisseaux espagnols sont abordés, quelques hommes sont tombés malades, un bâtiment ennemi est venu l’observer, le vent, le bruit de Nelson, et Villeneuve change ses projets ! C’est un pauvre homme qui voit double et qui a plus de perception que de caractère.

Napoléon prise, crache avec mépris.

— C’est un homme qui n’a aucune habitude de la guerre et qui ne sait pas la faire !

 

Tout est devenu clair. C’en est fini de cette gangrène de l’attente.

Daru a mis au point les différents courriers pour chaque chef d’armée. Ils partent.

« Je change mes batteries, écrit Napoléon à Talleyrand. Ils ne s’attendent pas à la rapidité avec laquelle je ferai pirouetter mes deux cent mille hommes. Mon mouvement est commencé. Il s’agit de me gagner vingt jours et d’empêcher les Autrichiens de passer l’Inn pendant que je me porterai sur le Rhin. »

Il consulte les cartes avec une sorte d’allégresse. Il n’a jamais combattu en Allemagne. Il va montrer que Napoléon est supérieur au général Bonaparte. Il vient de confier le commandement de l’armée d’Italie à Masséna.

Il songe à Lodi, à Arcole, à Marengo. Comme il était jeune alors, inexpérimenté encore !

Maintenant il sait. Il a vu tant de champs de bataille, commandé à tant d’hommes.

Il dicte l’ordre du jour.

« Braves soldats du camp de Boulogne ! Vous n’irez point en Angleterre. L’or des Anglais a séduit l’empereur d’Autriche, qui vient de déclarer la guerre à la France. Son armée a rompu la ligne qu’elle devait garder, la Bavière est envahie. Soldats, de nouveaux lauriers vous attendent au-delà du Rhin ! Courons vaincre des ennemis que nous avons déjà vaincus ! »

 

Il s’avance au bord de la falaise de l’Odre.

C’est une journée claire. Les péniches amarrées bord à bord oscillent dans le port.

De la poussière s’élève au-delà de Boulogne vers l’intérieur des terres.

Les armées sont déjà en marche.