11.
Les tentes du nomade
Depuis son adolescence, il chemine en pensée sur la route de la Soie, tantôt escortant Bouddha en direction de Xian et du Tibet, tantôt accompagnant Zhang Qian et Marco Polo qui s'avancent vers l'Afghanistan et la lointaine Antioche, ou encore imaginant Gengis Khan et ses cavaliers mongols fonçant sur les cortèges de marchands avant de bâtir leur grand empire. Cette route dont les caravanes ont véhiculé tant de soieries, d'épices, de métaux précieux, mais aussi et surtout tant de savoirs, d'idées, de cultures et de croyances, relie ses deux mondes, l'Occident et l'Orient, mais aussi son adolescence à sa présidence.
Son côté nomade a souvent été souligné. Il est effectivement souvent ailleurs, mais sa principale tente est son bureau de l'Élysée dans lequel, à Paris, il vit sept jours sur sept, douze heures par jour. Plus petite est celle où il dort. Dans les deux sont installés objets et livres qui constituent son monde et reflètent sa vision du monde. Quand il quitte l'Élysée – pour les G8 et autres sommets –, faute de pouvoir emporter de ses objets ou de ses grigris, il ne se sépare pas d'une serviette de cuir noir que personne n'a le droit d'approcher, encore moins d'ouvrir, dans laquelle se trouve une reproduction en réduction, encore plus ramassée, de son monde…
Je n'ai pas réussi d'emblée à convaincre le président de me faire visiter son bureau et n'aurais jamais pensé lui parler de sa serviette noire, puisque je n'en connaissais pas l'existence. Pourtant, c'est d'abord cette serviette que j'ai eu l'heur de « visiter ».
Le 26 août 2006, comme je l'interrogeais sur sa parfaite connaissance chronologique de l'histoire de l'humanité et des grandes civilisations : « C'est vrai, ces chronologies sont indispensables à la compréhension du monde, me répondit-il.
– Depuis votre jeunesse, en ayant commencé par l'art et l'Asie, vous avez eu l'ambition de comprendre les grands mouvements de l'humanité.
– Comme tout le monde, non ? »
D'un seul coup, il se lève et me quitte pour passer dans son bureau voisin. Quelques instants plus tard, il en revient avec une belle serviette de cuir noir.
« On se soûle, mais on se nippe, comme disait mon père… Voici ma serviette, le cartable que j'emporte dans les grandes réunions internationales… »
Et de m'expliquer que, dans celles-ci, il y a beaucoup de temps morts, qu'« on s'y emmerde, et que moi aussi j'y emmerde les autres… » Je crois comprendre que le président, par cet aveu, va me faire pénétrer un peu plus avant dans son intimité. J'apprendrai plus tard que si sa femme et sa fille connaissent l'existence de la fameuse serviette, elles n'ont jamais eu accès à son contenu. Lequel est manifestement une représentation de ce qui fait l'essentiel de sa vie : c'est son viatique (dans toutes les acceptions du mot 1 ). Il est de tous ses voyages, pour l'avoir toujours à portée de main.
Jacques Chirac ouvre devant moi le cartable noir, en sort des dossiers recouverts de plastique transparent, les pose devant lui, sur la table, avant de me les passer. Toutefois, il en garde un par devers lui en me précisant qu'il s'agit d'une grande photo de son petit-fils Martin.
Je consulte fébrilement les précieuses fiches et tente de les mémoriser, car j'ai peur que le président ne me les reprenne des mains rapidement. Il faut vraiment être passionné pour se plonger dans des chronologies aussi arides et trouver plaisir à consulter ces pensums rédigés pour la plupart par des spécialistes du CNRS : Les grandes étapes de l'Histoire de l'homme de l'origine à la Provence romaine… Corrélation Japon, Viêt-nam, Égypte (sous-titré : Du roi Scorpion), un magazine affichant en couverture Les Sept Grandes Religions, et, last but not least, une page recto verso intitulée D'où venons nous ?… Qui sommes nous ?… Où allons nous ? Des passages de cette fiche sont surlignés au stabilo vert. La fiche commence par ces lignes :
« Voici trois grandes interrogations fondamentales que chacun d'entre nous se pose, chaque jour, plus ou moins consciemment.
« En cette époque d'incertitude générale, le problème des origines de notre espèce a pris une très grande importance, comme le montre l'intérêt croissant que portent non seulement les chercheurs, mais aussi le grand public, à toutes les informations qui concernent l'homme fossile et son environnement… »
Suivent des informations chiffrées sur l'évolution de l'homme, avec mentions, soulignées en vert, « de l'émergence de la notion de symétrie et de l'acquisition d'un certain sens de l'esthétique avec l'Homo erectus […], des premiers rites funéraires et de la naissance de la pensée religieuse avec l'Homo sapiens […], de l'invention de l'art, il y a un peu plus de 30 000 ans, des outils composites : harpons dont les barbelures sont constituées de microlithes géométriques… » Toutes informations qui sont au centre de sa quête commencée dès l'âge de 14 ans…
La fiche se termine par : « C'est l'Humanité tout entière qui doit élaborer une nouvelle éthique planétaire capable de gérer l'Avenir de l'Homme en gardant en mémoire son origine, sa lente et laborieuse ascension, et ses liens essentiels avec le milieu naturel qu'il doit préserver. »
Je m'étonne de ne pas voir de fiche sur les Celtes. Il dit s'y intéresser depuis très longtemps. Et de s'enflammer sur les découvertes faites à Halstatt au xix e siècle, « sans lesquelles on ne pourrait comprendre la suite de l'histoire de l'Europe ». En 1824, les premiers indices d'une importante nécropole de l'âge de fer furent en effet découverts sur ce site de Haute-Autriche. Deux mille tombes furent progressivement mises au jour et permirent de situer les débuts de la civilisation celte. Pour parler de ces découvertes et de leurs conséquences sur la connaissance, le président use d'épithètes dont il est pourtant avare : l'adjectif « éblouissant » revient à plusieurs reprises.
Sa passion des Celtes me permet de faire une transition en m'appuyant sur une page du livre de son ancien directeur de cabinet à la mairie de Paris, Bernard Billaud. Celui-ci rapporte un dialogue sur l'histoire, qu'il a eu avec lui dans la capitale italienne, le 25 avril 1980 : « Il n'y a pas de lieu au monde où l'on ressente, plus qu'à Rome, la pesée de l'histoire, au point d'en être écrasé, lui confie Jacques Chirac. C'est comme si les pierres de ces colonnes en ruines me tombaient sur la tête. Je ne supporte pas d'être ainsi lapidé par ces réminiscences d'un passé qui étouffe la vie et qui bloque l'avenir ! » Il parle ensuite de « tous ces palais romains, de ces pierres, de ces rues d'où suinte la mort ». Billaud rapproche ces propos de ceux qu'il a tenus peu de temps auparavant devant cinq journalistes et qui lui furent rapportés par Jean Neuvecelle, alors envoyé spécial permanent à Rome de France-Soir et de l'ORTF. Chirac avait déclaré « vomir la civilisation romaine, qui nous a privés de notre identité et de notre âme celtes ». Pour lui, le christianisme n'a ni l'ancienneté, ni la tolérance, ni la véritable profondeur mystique des grandes religions asiatiques. Le doigt vengeur pointé vers moi, il proclame, mi-sérieux, mi-moqueur, son aversion pour la civilisation de la pierre qui s'est épanouie à Rome et à Athènes – une civilisation de barbares, dit-il : « Ici ne se trouvent sûrement pas nos racines et c'est une imposture de prétendre que nous sommes issus de Rome et d'Athènes… »
En ce samedi matin de la fin août, face à un Chirac en jean et pull léger, le visage cuivré par le hâle brégançonnais, je tente de savoir s'il assume toujours de tels propos. Le souffle n'y est pas, mais, à l'évidence, il n'a pas changé d'opinion. En quelques formules lapidaires, il m'expose que « Rome a été une civilisation occupationnelle qui a asservi les autres peuples, une civilisation de type colonial »…

Dès notre premier entretien, j'avais émis le vœu qu'il me fasse visiter son bureau. Il accepte finalement, sans enthousiasme, de se transformer en guide, lors du quatrième, le 3 septembre 2006, ne voyant pas très bien où je veux en venir et estimant de surcroît que je lui fais perdre son temps. Nous passons donc de la salle de réunion, où officiait en d'autres temps Jacques Attali, à son bureau.
À gauche de l'entrée, une console en ronce d'acajou, de style Louis XVI, avec un dessus de marbre blanc et deux étagères. Tout en bas, une sorte de coffret offert par Boris Eltsine : les deux éditions d'Eugène Onéguine évoquées précédemment. Sur l'étagère intermédiaire, une petite tête de cheval pré-hellénistique : « Je l'aime bien, non qu'elle soit particulièrement belle, mais parce que c'est Maurice Rheims qui me l'a offerte. » Posée au-dessus, une très imposante Boli du Mali : « Une très belle pièce bambara, que j'aime beaucoup et qui est très fragile. Elle incarne une certaine vision de la vie. Elle est fabriquée avec toutes sortes de cochonneries. C'est un fétiche. C'est mon cabinet qui me l'a offert. Elle appartenait à la collection de Jacques Kerchache… »
De l'autre côté du canapé de bois doré, la même console en ronce d'acajou supporte une reproduction du crâne de Toumaï.
Devant le canapé, des tasses japonaises – « Je les aime bien, mais elles n'ont aucune valeur » – sont posées sur une table chinoise de laque noire, aux côtés d'un cheval mongol du début du xviii e, deux petits éléphants « qui, eux non plus, ne valent strictement rien », mais qui lui ont été offerts par le ministre de la Culture et des Sciences d'Inde, lequel lui avait servi de cicerone lors d'un de ses voyages officiels : « Il parlait très bien de toutes sortes de choses, je lui ai offert une montre à double cadran et il m'a en retour offert ces deux petits éléphants qui ne présentent guère d'intérêt. Je les ai remis là parce qu'il est venu me rendre visite la semaine dernière… »
Toujours sur la même table basse chinoise, trois pièces inuits, un bœuf laineux, un phoque et un ours : « Je suis un grand amateur d'art inuit. Il y a très longtemps, j'ai collaboré avec Jean Chrétien à la promotion de l'art inuit. L'ethnie inuit est probablement celle qui compte le plus fort pourcentage d'artistes au monde. Un concentré d'artistes… J'avais plaidé pour l'autonomie du Nunavut et, dès que celle-ci a été proclamée, je suis allé rendre visite à Paul Okalik, le Premier ministre, que j'ai invité à mon tour à l'inauguration du musée du quai Branly. C'est un type très gentil… » Et de me faire profiter d'une longue explication sur la manière dont Jean Chrétien élabora un système de recensement des artistes et de leurs œuvres qui a permis d'éviter « le grand risque de voir ces gens se mettre à fabriquer des cochonneries à longueur de journées ».
Un peu plus loin, dans l'encoignure du mur latéral gauche, Jacques Chirac entreprend de me montrer ce qui m'apparaît comme un espace important de son musée personnel, délimité par le dessus et l'intérieur d'un médaillier en marqueterie Boulle de style Louis XVI. Y trône un rhinocéros, œuvre d'un élève de Dürer, qui fait pendant à un autre rhinocéros de même origine installé, lui aussi, à quelques mètres de là, sur un autre médaillier estampillé Montigny, exactement de même facture que le premier. Le président entreprend de me conter l'histoire de ces deux rhinocéros. En 1515, un événement autre que Marignan a marqué les esprits européens : l'arrivée à Lisbonne d'un rhinocéros offert par le roi Muzaffar II de Cambaye à Alfonso d'Albuquerque, qui l'expédia au roi Emmanuel Ier de Portugal. Aussitôt identifié comme « le » rhinocéros dont parlaient les Anciens, il devint une véritable vedette et suscita l'intérêt des savants. Le roi Emmanuel Ier organisa un combat opposant le rhinocéros à l'un de ses éléphants. Découvrant son adversaire, l'éléphant courut se réfugier dans son enclos et le rhinocéros fut déclaré vainqueur par forfait. Cet exploit fut colporté dans l'Europe entière. Emmanuel Ier décida alors d'envoyer le rhinocéros au pape Léon X, escorté par une ambassade fastueuse. La nef lusitanienne qui le transportait le relâcha en janvier 1516 sur l'îlot d'If, face à Marseille. Le 24 janvier, le roi de France, François Ier, s'y rendit avec sa cour afin de contempler le rhinocéros ; puis la nef repartit, mais elle fit naufrage au large de Portovenere, près de La Spezia. Albrecht Dürer reçut à Nuremberg un croquis du rhinocéros à partir duquel il réalisa un dessin intitulé Rhinoceros 1515, puis une célèbre gravure sur bois intitulée Rhinocervs 1515. Jacques Chirac m'en montre des reproductions. « C'est à partir de ces dessins qu'un élève de Dürer a fabriqué ces deux pièces que ma femme m'a offertes il y a très longtemps », conclut-il.
D'un air gourmand, le président ouvre les deux battants du médaillier comme s'il me livrait accès à Fort Knox : « Ça, c'est le sumo ! » Il prend une enveloppe sur laquelle figurent des idéogrammes, et entourée de fils bleus. « C'est le yokozuna Asashoryu qui m'en a fait cadeau le soir de son combat vainqueur, le 26 mars 2005, à Osaka, lors de la 14e journée du Grand Tournoi de printemps : il s'agit de l'enveloppe que l'arbitre lui a remise et qu'il m'a dédicacée. »
À partir de là, décidé à boire le calice jusqu'à la lie, je m'en vais demander à Jacques Chirac de bien vouloir m'épeler les noms des gens et objets qu'il va évoquer. À plusieurs reprises, j'ai cru lire dans ses yeux un brin de commisération pour mon inculture, et autant d'ennui pour avoir accepté de se prêter à un tel exercice. Un ennui qu'il traduira à plusieurs reprises par un courtois : « Tout ça ne présente aucun intérêt… »
Sur Asashoryu – que je crois transcrire ici sans faute, ou, s'il y a faute, en en rejetant honteusement la responsabilité sur mon interlocuteur –, le président émet toute une série de superlatifs : « C'est le grand champion mongol, le très grand… Chaque fois que je vais au Japon, je l'invite à dîner… Il est venu à Paris et m'a rendu visite… » Dans son panthéon, nul doute que le lutteur bénéficie d'une bonne place, voire de la meilleure. Jacques Chirac n'en a d'ailleurs pas terminé avec son amour du sumo, car le meuble de Philippe-Claude Montigny renferme d'autres « trésors » sur la lutte traditionnelle japonaise et ses champions. Une vulgaire chemise de carton bleue contient ainsi les résultats de tous les matchs de sumo depuis 1999.
« Vous connaissez par cœur tous ces résultats ?
– Évidemment, et pas seulement depuis 1999. Je les connais par cœur comme d'autres connaissent les résultats du Tour de France… Chaque fois que je participe à un sommet international qui se déroule durant un tournoi, je me flatte d'obtenir les résultats des matchs au moins une heure avant le Premier ministre nippon… »
Jacques Chirac me montre encore toute une série d'empreintes de mains de champions de sumo sur de grandes feuilles de papier de riz. N'osant demander au président de m'épeler tous les noms des yokozuna qu'il m'assène, je me suis arrêté à ceux de Takanohana, du frère de ce dernier et de Nashimahu.
« Vous connaissez probablement mieux le sumo que le Premier ministre japonais lui-même ?
– Là-dessus, je n'ai effectivement aucun complexe à son égard ! »
Toujours du même meuble le président extrait une chronologie comparée des premiers alphabets, et deux dragons chinois en jade : « Je suis toutes les ventes, même si je ne suis pas acheteur… »
Mon guide me conduit ensuite devant une console d'appui en bois doré, dessus de marbre blanc, avec quatre pieds cambrés, de style Napoléon III : « Voici une très jolie pièce offerte il y a très longtemps par ma femme à une époque où les objets d'art chinois valaient peu de chose. Elle est de l'époque Song, x e-xii e siècle après Jésus-Christ. Il s'agit d'une tête de Guanyin, un bodhisattva, c'est-à-dire celui qui n'a pas atteint l'Éveil, qui entend rester au service de ses concitoyens, un super-saint en quelque sorte… Là, un petit bouddha… Là, des bronzes archaïques chinois auxquels je me suis beaucoup intéressé… »
Puis il va prendre entre ses mains chacun des cinq vases et me faire un commentaire sur chacun :
« Le plus ancien est un vase à vin Jue de l'époque Xia, c'est-à-dire de la première dynastie… Il appartenait à la collection de Christian Deydier, le président du Syndicat national des antiquaires… Celui-ci appartient à la culture d'Erlitou, un site très ancien de la période des Xia et des Shang… Voici un vase à vin Gu, de la dynastie des Shang, des environs du xv e siècle avant Jésus-Christ, vers la période d'Erlitou, mais un peu plus tardive… Un vase tripode Ding, de la dynastie des Shang, entre 1600 et 1000 avant notre ère, étant entendu que la fin des Shang date de 1027… Enfin voici un vase à vin Zun, de l'époque Shang, que je daterais du xi e siècle avant Jésus-Christ. »
Au milieu de ces vases chinois, le président me montre une figure Mezcala du Guerrero, bien isolée : une « assez jolie pièce mexicaine » qu'il date de 350 ans avant Jésus-Christ. « Tout ça n'est pas extraordinaire… »
Je suis bien incapable de me prononcer sur son jugement tant je suis dépassé par sa culture extra-européenne.
Avant de rejoindre le médaillier en marqueterie Boulle où trône le second rhinocéros de l'élève de Dürer, Jacques Chirac s'arrête en quasi-extase devant « la plus belle pièce : c'est une statuette mumuye… Avec l'art mumuye, on atteint le sommet. Enfin, c'est mon goût à moi, mais personne ne conteste que c'est exceptionnel. Cette pièce venait de la collection de Jacques Kerchache ».
Une fois de plus je suis obligé de faire étalage de mon ignorance et lui demande des explications sur cette statue mumuye.
« Les Mumuye sont une ethnie du nord-est du Nigéria.
– C'est la plus belle pièce que contient votre bureau ?
– Oui. Enfin, je ne dirais pas cela, car j'ai du mal à établir une hiérarchie entre les pièces, mais je considère qu'elle représente un des sommets de l'art. »
Aux côtés de cette grande statuette africaine, une louche faite en os de mouton, venant de Colombie-Britannique, que lui a offert son cabinet : « Une louche pour faire des offrandes, pas pour prendre son petit déjeuner ! Elle est de l'ethnie Tingit et je la trouve très émouvante… »
Nous arrivons au meuble qui supporte le second rhinocéros, lequel est entouré de deux grandes photos de Rafik Hariri, le Premier ministre libanais assassiné le 24 février 2005 à Beyrouth. Jacques Chirac me fait à son sujet un très bref mais fort commentaire : « J'étais très lié à Hariri. » Il présente ensuite une petite pièce arawak, pré-taïno, qu'il situe entre 800 et 1400 avant Jésus-Christ, « probablement vers 1000-1100 » : « Elle n'a aucune valeur artistique, mais je me suis donné beaucoup de mal pour la trouver. J'imagine qu'elle vaut probablement quelque trois cents euros, mais, pour moi, elle a une grande valeur. Il en existe très peu… Je me suis beaucoup passionné pour les Taïnos 2 . J'étais donc heureux d'avoir dans mon bureau une pièce symbolisant cette époque pré-taïno.
« Et voici un petit bouddha de la période Sukhotai que le président Pompidou avait prise en affection et qu'il avait installée dans sa chambre. À sa mort, Claude Pompidou me l'a offerte… »
Nous passons à l'examen des pièces posées sur la cheminée située derrière et légèrement à droite du bureau présidentiel. Jacques Chirac prélève une statuette de terre cuite qui jouxte un candélabre ciselé en bronze doré, neuf lumières, style Louis XVI : « C'est une Haniwa de la période dite des Grandes Tombes japonaises en trous de serrure. Autour de la tombe, il y avait une série de terres cuites qui rendaient hommage au mort, qu'on appelait des Haniwas et qui représentaient un personnage ou un animal… On ne peut pas évoquer leur symbolique, car ces tombes de la période Kofun appartiennent toutes, pratiquement, à la famille impériale et il est par conséquent impossible de les ouvrir et de les fouiller. Je me suis longtemps battu pour participer à une fouille d'une “grande tombe”. Sans succès. Ce qui serait intéressant, c'est de connaître ce qu'il y a dans ces tombes. Pour y aller, il faudrait obtenir l'autorisation de la famille régnante ; or, elle ne la donne pas… »
Le président se met alors à me parler off. Il évoque l'hypothèse historique de l'origine coréenne des personnes inhumées dans ces tombes impériales… Tout cela relèverait donc du secret d'État. « Allez vous rhabiller, c'est pesé !… » s'exclame le président.
À côté de l'Haniwa, deux sceptres cérémoniels olmèques en jadéite que mon guide « aime beaucoup ». Mais que n'aime-t-il pas en son musée ?« On peut les situer entre 1200 et 800 avant Jésus-Christ. Là, j'ai une statue précolombienne de Veracruz qui m'a été offerte par mon cabinet. Elle date de quelque 500 ans après Jésus-Christ. Elle est jolie et je l'aime bien. »
Dépassé par l'érudition de mon hôte, je veux faire l'intéressant en remarquant un petit tableau encadré, de facture moderne :
« Une reproduction ?
– Pensez donc ! C'est mon petit-fils qui se passionne pour la peinture… »
Et, comme s'il s'était déjà trop épanché, il passe rapidement à l'examen d'une autre statuette que j'aurais dite africaine :
« Ça, c'est sentimental. J'aime beaucoup la Papouasie-Nouvelle-Guinée. C'est un pays bordélique à souhait. C'est le dernier conservatoire des langues du monde. Cette pièce m'a été offerte par Nicolas Hulot après qu'il a eu fait ses émissions sur la Nouvelle-Guinée, notamment sur les Asmats. Il m'a rapporté ça… »
J'essaie de me rattraper après avoir qualifié l'œuvre de son petit-fils de « reproduction ».
« Il n'est pas mauvais, votre petit-fils.
– Il est passionné de peinture. Il avait 8 ans quand il a exécuté ce tableau… »
Le président met le holà à ce qu'il doit considérer comme un dérapage sentimental. Et enchaîne sur un autre type d'émotions :
« Là, c'est le Timor-Oriental. Comme je m'étais beaucoup engagé dans la défense du Timor, le président Guzmán m'a offert cela lors de sa visite officielle à Paris, il y a quatre ou cinq ans. »
Le « cela » est composé de deux statuettes noires : « C'est le symbole de la famille. Les deux figurines sont installées devant la case principale, pendues ou posées. »
J'aperçois sur un guéridon ce qui me semble être de menus objets d'ivoire ciselés.
« Des ivoires ?
– Des faux qu'on m'a offerts en me prenant pour un con. Des faux qui ont la prétention d'être vrais… »
Un autre tableautin du petit-fils. Je n'émets plus de commentaire. Jacques Chirac m'en sait gré et continue : « Un petit monsieur Kasongo du Zaïre, assez ancien, de la première moitié du xix e. » À ses côtés, une photo où je reconnais l'ancien chancelier Schröder et sa famille. Le président commente :
« C'est Schröder avec la petite fille russe qu'il a adoptée. Elle est adorable. Du jour où elle est entrée dans la famille Schröder, elle a refusé de prononcer un seul mot de russe. »
Nous en arrivons au bureau du président, marqueté de bois de rose et de violette, au dessus de maroquin rouge. De style Louis XV, il est attribué au grand ébéniste Charles Cressent. C'est le président Félix Faure qui le fit installer au palais de l'Élysée.
Jacques Chirac se montre réticent à poursuivre cette visite dont il ne voit guère l'utilité. Il ressasse ses : « Mais ça n'a aucun intérêt… »
Il ne me présente pas la pendulette de voyage « L'Épée » en bronze et laiton dorés, poignée en laiton tourné, mais entame la description suivante :
« Voici une petite coupe anthropomorphe qui est Bembe. Elle n'est pas laide. »
Puis il me montre en souriant une statuette africaine :
« Je l'aime beaucoup, parce que je trouve qu'elle ressemble, à la barbe près, à Kofi Annan. Elle a quelque chose de lui. Je le lui ai dit. C'est une statuette Kongo… »
Je désigne deux petites statuettes amérindiennes et hasarde.
« C'est olmèque ?
– C'est madame de Villepin qui me les a ramenées d'un voyage en Inde. »
Fatigué de jouer les guides, le président fait un dernier effort pour décrire quelques-uns des « petits riens » qui foisonnent sur son bureau : « Un objet que les lettrés japonais posaient sur leurs papiers pour empêcher qu'ils ne s'envolent… Une statuette offerte par David Lee, qui, selon lui, a été faite par un moine bouddhiste. S'il le dit, ce doit être vrai… Voici des monnaies de Calédonie… »
Installé à son bureau, le président peut voir, légèrement sur sa gauche, deux portraits : un petit, de la dimension de deux Photomaton, celui du général de Gaulle, et un beaucoup plus important, celui, très posé, de Martin, son petit-fils, œuvre de Bettina Rheims.
Une clochette en bois : « C'est Maurice Ulrich qui me l'a ramenée d'un voyage. » Enfin « une petite montre de Takanohana, le grand, le très-très grand champion »…
En terminant la visite, le président lâche : « Ça n'avait vraiment pas d'intérêt particulier. Tout cela n'a de valeur que pour moi… »
Nous passons sous le lustre à cinquante-six lumières, bronze doré et cristaux, de la fin du xix e, et foulons le tapis de savonnerie Louis XIV, pour regagner la salle de conférence mitoyenne du bureau présidentiel et y reprendre nos entretiens.

Pour compléter mon approche de la sphère intime du président Chirac, il me faudrait avoir accès à sa bibliothèque. Par son plus proche collaborateur, je sais que l'affaire est délicate dans la mesure où ses livres sont entreposés dans sa chambre.
En attendant de trouver le sésame, j'ai glané quelques informations sur ses lectures. Il a aimé les auteurs russes : Pouchkine, évidemment, mais aussi Dostoïevski. Il a dévoré depuis belle lurette, comme on l'a vu, tous les livres d'André Malraux, et en possède deux dédicacés par l'auteur. Aimé beaucoup les romans de cape et d'épée d'Alexandre Dumas dont il a fait entrer les cendres au Panthéon, le 30 novembre 2002 : « Avec vous c'est l'enfance, ses heures de lecture savourées en secret, l'émotion, la passion, l'aventure, le panache qui entrent au Panthéon. Avec vous nous avons été d'Artagnan, Monte Cristo ou Balsamo, chevauchant les routes de France, parcourant les champs de bataille, visitant palais et forteresses. Avec vous nous avons emprunté, un flambeau à la main, couloirs obscurs, passages dérobés et souterrains. Avec vous nous avons rêvé. Avec vous nous rêvons encore. […] Dumas incarne la France dans ses contradictions les plus intimes. C'est aussi pour cela que les Français l'aiment tant. »
Malraux et Dumas étaient deux auteurs détestés par François Mitterrand… Les bibliothèques des deux hommes d'État n'ont d'ailleurs pas – ou pratiquement pas – de livres en partage. Fromentin, Barrès, Proust, Montherlant, Chardonne, Drieu, qu'aimait François Mitterrand, n'ont jamais inspiré son successeur. Et je doute fort que le provincial de Jarnac ait éprouvé un quelconque engouement pour Francis Carco dont l'ancien député de la Corrèze a lu tous les livres, encore moins pour La Négresse blonde de Georges Fourest.
Questionnant l'intéressé pour savoir s'il est vrai qu'il connaissait par cœur La Négresse blonde, je l'entends me répondre :
« C'est vrai que je savais par cœur La Négresse blonde, ce grand moment de la littérature française… Vous connaissez ? Vous l'avez lue ? »
Une fois de plus, je perçois, à sa mimique, que Jacques Chirac ne comprend pas comment on peut vivre sans avoir lu et relu cette œuvre majeure.
« C'est un merveilleux livre », conclut-il pour enfoncer le clou.
Je me suis évidemment procuré La Négresse blonde. Avant d'essayer de tirer quelques menus enseignements d'une telle passion pour un tel livre, je ne résiste pas à l'envie de citer un bref passage que le président de la République non seulement appréciait, mais pouvait encore réciter par cœur :
Quand j'atteignis 15 ans, le Cid Campeador,
Pour m'offrir sa tueuse et ses éperons d'or,
Sortit de son tombeau ; d'une voix surhumaine :
« Ami, veux-tu coucher, dit-il, avec Chimène ? »
Moi, je lui répondis « Zut ! » et « Bran ! » Par façon
De divertissement, d'un coup d'estramaçon
J'éventrai l'Empereur ; puis je châtrai le Pape
Et son grand moutardier : je dérobai sa chape
D'or, sa tiare d'or et son grand ostensoir
D'or pareil au soleil vermeil dans l'or du soir !
Des cardinaux traînaient mon char à quatre pattes,
Et je gravis ainsi, sept fois, les monts Karpathes.
Je dis au Padishah : « Vous n'êtes qu'un faquin ! »
Pour ma couche le fils de l'Amorabaquin
M'offrit ses trente sœurs et ses quatre-vingts femmes,
Et je me suis grisé de voluptés infâmes
Parmi les icoglans du grand Kaïmakan !
…………………………………………
Matagrabolisant le pleutre qui me rase,
Me souciant très peu que l'on m'approuve ou non
Et laissant aux châtrés l'exsangue périphrase,
Eh bien oui ! j'ai nommé la Merde par son nom !
Fourest a aussi parodié les écoles littéraires et les grands classiques (Corneille, Hugo…), et c'est probablement une des raisons qui l'ont fait aimer de Jacques Chirac. L'anticonformisme de cet avocat natif de Limoges, menant apparemment une vie rangée, avait tout pour séduire un garçon qui avait pris le contrepied culturel de son milieu.
Provincial mais voyageur, poète, ami des peintres, Carco était aussi un bourgeois qui, le soir venu, traînait dans les quartiers chauds pour en tirer l'inspiration de Jésus la Caille ou de Prison de femme, entre une centaine d'autres œuvres…
Pour avoir une connaissance plus précise des livres que Jacques Chirac aime à prendre en main, feuilleter, regarder, lire, l'idéal aurait été d'entrer dans sa bibliothèque, mais celle-ci et sa chambre ne font qu'un. Intime est donc le cabinet de lecture du président. Je sais néanmoins qu'il a gardé intactes la chambre décorée par Jean-Michel Wilmotte et l'antichambre dallée noire, décorée par Philippe Starck et dans laquelle François Mitterrand se plaisait à travailler quand il souhaitait n'être pas dérangé. L'esprit de François Mitterrand rôde toujours à l'Élysée, avec la complicité des Chirac. Depuis l'Élysée, pour ses derniers vœux, il avait déclaré aux Français : « Là où je serai, je resterai avec vous. » Il est resté dans ce palais plus qu'ailleurs. Mais, sur la table ronde de la pièce noire, livres et dossiers ont été remplacés par de petits objets inuits et de menus cadeaux faits par Laurence à son père. Dans la chambre elle-même, à part les œuvres de Baudelaire et certains titres de Jean d'Ormesson, François Mitterrand n'aurait sans doute pas aimé être enfermé ou malade avec les ouvrages de son successeur pour seuls compagnons.
Les livres de Chirac, à quelques exceptions près, sont en harmonie avec les objets de son bureau et avec sa serviette noire. D'abord les exceptions. Celle, peu surprenante : tout ce que le général de Gaulle a écrit s'y trouve – certains livres y figurent même en plusieurs éditions. Plus surprenantes : toute la collection des livres de la Pléiade, Verlaine, les romans de Gide, six tomes de Paul Éluard dans une jolie reliure, le Dictionnaire abrégé du surréalisme de Paul Éluard et André Breton, un livre sur les rapports entre Paul Éluard et Max Ernst, les œuvres complètes de Saint-Exupéry, plusieurs anthologies de la poésie française, dont évidemment celle de Georges Pompidou, quelques livres qui appartenaient à ce dernier, les fables de La Fontaine, le Catalogue raisonné de l'œuvre peint de Nicolas de Staël, Amers de Saint-John Perse, quelques dizaines de romans policiers.
Tout le reste de la bibliothèque est consacré aux origines de l'humanité, à l'archéologie, aux civilisations perdues, à l'Asie, aux religions, à l'écriture, aux langues et aux arts premiers. Sans prétendre être exhaustif, citons : les grands Atlas Universalis de l'archéologie et des religions, Splendeurs des civilisations perdues, Femmes de Philippe Sollers, Chinese Ceramics, Les Arts de l'Asie centrale, Les Arts de la Chine (de 1665, dédié à Mgr de Colbert, cadeau de Charles Pasqua), Le Japon artistique, les cinq volumes du Dictionnaire encyclopédique d'histoire (de Michel Mourre, chez Bordas), le Dictionnaire universel francophone, l'Encyclopédie des Religions (de Frédéric Lenoir et Ysé Tardan-Masquelier), l'Histoire de l'écriture, des religions et des hommes (Jean Delumeau), Halte à la mort des langues (Claude Hagège), L'Enfant aux deux langues (Claude Hagège), Naissance de l'écriture cunéiforme et hiéroglyphique, L'Aventure des écritures, Les Rites de l'au-delà (Jean-Pierre Mohen), La Femme des origines (Claudine Cohen), L'Âge d'or de l'Humanité (Jean Chavaillon), Trois millions d'années, quatre-vingts milliards de destins (Pierre Chaunu), Mythologies, une anthologie illustrée des mythes et légendes du monde (Gründ), L'Archéologie en France et dans le monde (Nathan), de nombreuses publications d'Yves Coppens, Pascal Picq, Henry de Lumlet, Jean Malaurie, L'Aube de la France (Paul Guth), L'Identité de la France (Fernand Braudel), tous les livres d'art de la collection « Citadelles » chez Mazenod, de nombreux livres sur l'Égypte ancienne, sur l'art précolombien, sur l'histoire et l'art chinois, et toute la collection de l'univers des formes par André Chastel, L'Histoire générale de l'Afrique en huit tomes, d'autres ouvrages sur l'art africain, une Histoire de l'empire mongol, des livres sur Confucius, de Lao-Tseu, Les fils de Gengis Khan, des ouvrages sur le Tibet et beaucoup d'autres de la même eau, sans oublier celui qui a probablement été le plus lu depuis son adolescence, L'Empire des steppes : Attila, Gengis Khan, Tamerlan, de René Grousset, livre qui concentre et résume à lui seul le « Chirac intime ».
René Grousset était le directeur du musée Guimet quand le jeune Chirac entama la quête qui allait ouvrir un large champ à son imagination enfiévrée : monde des nomades et des chamanes, où l'art des steppes représente incontestablement l'une des communions les plus saisissantes de l'homme avec l'univers, selon l'expression d'André Malraux.

À partir d'un fonds culturel aussi « décalé » – je pense encore au parallèle avec François Mitterrand –, Jacques Chirac a-t-il, comme tous ses prédécesseurs de la Ve République, envisagé d'écrire ?
Il commence par répondre « non » , puis nuance :
« J'ai écrit en grande partie La Lueur de l'espérance… Il faut vous dire que j'ai toujours été suroccupé … Il y a des gens qui ont une intelligence très véloce, moi je suis un besogneux, je ne suis pas un rapide, je n'ai donc pas trouvé le temps d'écrire.
– Vous auriez aimé écrire ?
– Probablement.
– Vous avez omis de me dire que vous avez rédigé en partie un manuscrit qui s'appelle Les Mille Sources. »
Le président de la République s'abstient de me répondre, mais me livre une confidence :
« Il y en a un qui me poussait à écrire : c'est Pierre Seghers… Et puis je ne l'ai pas fait », dit-il avec une pointe de regret dans la voix.
Quelques entretiens plus tard, ayant lu dans un ouvrage récent, La Guerre des trois 3 , que Jacques Chirac, envisageant à la fin de 1994, pour cause de mauvais sondages, d'abandonner la politique, avait commencé à élaborer un scénario sur une princesse chinoise, je l'interroge sur ce projet cinématographique.
« Je suis insensible à la haine et tout aussi insensible au découragement. Je ne crois pas aux sondages, qu'ils soient bons ou mauvais. C'est ma grande différence avec Sarkozy… Je lui dis toujours : “Arrête de te fier aux sondages !” »
– Vous voulez dire par là que vous n'avez jamais songé à arrêter à la fin 1994 ?
– Absolument pas !
– À quel moment avez-vous commencé à rédiger ce scénario ?
– J'ai commencé il y a sept ou huit ans… C'est l'histoire de Yang Guifei, La Concubine précieuse Yang, le grand amour qui anima la vieillesse de l'empereur Xuanzong, des Tang. J'avais réussi à convaincre la ravissante actrice chinoise Gong Li de jouer le rôle de Yang Guifei. C'est une merveilleuse histoire qui se passe au Moyen Âge, au viii e siècle. J'en ai écrit un bon tiers, je l'ai toujours sous le coude… »Toujours la même fascination pour la Chine, mais aussi pour le Tibet, le Japon. Sa femme rapporte qu'il ne se lasse pas de visionner Les Sept Samouraïs… On est bien loin de l'« agité », buveur de bière, quasi analphabète, n'aimant que les polars, dont le seul vrai plaisir serait d'arpenter les campagnes françaises et d'y flatter le cul des vaches. Sa culture, la vision du monde qui en découle, en font un président hors normes, et sa pensée politique ne peut pas, à l'évidence, ne pas en être imprégnée.
1 Le petit Larousse écrit : n. m. (lat. viaticum, de via. route). a. Vx. Argent, provisions que l'on donne pour faire un voyage. b. Litt. Moyen de parvenir, soutien, atout. c. Liturgie. Sacrement de l'eucharistie administré à un chrétien en danger de mort.
2 Dans une interview au Figaro datée du 23 novembre 1996, Jacques Chirac a déclaré à propos des Taïnos : « Quand toute l'Europe a célébré à sons de trompe Christophe Colomb, j'ai souhaité pour ma part rendre hommage aux peuples qui ont été les victimes de la découverte du Nouveau Monde. C'est pour cela que nous avions monté l'exposition consacré à l'art des Taïnos. »
3 De Serge Raffy, Fayard, 2006.